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Les vraies raisons d'un massacre Pierre Barbarencey - l'Humanité
L'interview publiée aujourd'hui vendredi par le
quotidien israélien Haaretz (et dont des extraits sont parus cette
semaine) devrait faire réfléchir tous ceux qui.....
..., de bonne foi, croient le gouvernement israélien lorsque, par exemple, il explique que l'opération « Jours de repentir » n'a été lancée le 28 septembre que pour répliquer à des tirs de roquettes palestiniens sur la ville de Sdérot, qui avaient tué deux enfants israéliens. L'interviewé a pour nom Dov Weisglass. Il n'est autre que l'un des principaux conseillers d'Ariel Sharon et l'un des initiateurs du plan de désengagement de Gaza, l'une des clés de la stratégie du premier ministre, l'autre étant la construction du fameux mur dit « de protection » en Cisjordanie. L'ensemble scellant l'occupation israélienne dans les territoires palestiniens. Revenant sur le fameux plan de désengagement de la bande de Gaza, l'homme explique tranquillement : « La signification de notre plan de désengagement est le gel du processus de paix. Cela fournit le formol nécessaire pour qu'il n'y ait pas de processus politique avec les Palestiniens. » Il ajoute que la persistance des violences palestiniennes doit être tenue pour responsable de l'absence de progrès diplomatiques dans la mise en oeuvre de la « feuille de route », plan de paix prévoyant la création d'un État palestinien en 2005 et supervisé par le « quartet » (États-Unis, Union européenne, Russie et ONU). empêcher la création d'un État palestinien Dans l'interview accordée à Haaretz, Weisglass estime que « quand vous gelez le processus, vous empêchez la création d'un État palestinien, vous évitez toute discussion sur les réfugiés, les frontières et Jérusalem (...). Effectivement, cet ensemble appelé État palestinien, avec tout ce que cela suppose, a été supprimé indéfiniment de notre calendrier. Et tout cela a été obtenu avec (...) une bénédiction présidentielle et la ratification par les deux chambres du Congrès », insiste-t-il, en référence au soutien apporté en avril par le président états-unien George W. Bush au plan de retrait de Gaza et l'accord donné pour que les frontières ne tiennent plus compte de celles de 1967 comme le prévoient pourtant les résolutions internationales, les accords d'Oslo et même la « feuille de route ». Israël est ainsi « autorisé » à conserver de vastes implantations juives en Cisjordanie. « Sur 240 000 colons, 190 000 ne seront pas déplacés », observe Weisglass. Il ajoute : « Avec la lecture que les Américains ont faite de la situation, la faute est retombée sur les Palestiniens, pas sur nous. » Si on comprend bien, le plan unilatéral israélien de retrait de la bande de Gaza a pour but d'empêcher indéfiniment, avec l'accord des États-Unis, la création d'un État palestinien. Mais Weisglass va plus loin en expliquant pourquoi un tel plan a été échafaudé. « À la fin de l'année 2003, nous avons compris que tout était figé (...). Le temps n'était pas de notre côté. Il y avait une érosion internationale, une érosion interne. D'un point de vue intérieur, dans le même temps, tout était en train d'éclater. L'économie stagnait et l'initiative de Genève (du nom du plan informel élaboré notamment par Yossi Beïlin et Yasser Abed Rabbo) gagnait un soutien de plus en plus important. Nous recevions des lettres d'officiers, de pilotes, de commandos [1]. Il ne s'agissait pas de gosses bizarres avec des queues de cheval vertes, un anneau dans le nez et dégageant une forte odeur d'herbe. Il s'agissait de gens comme Spector [2]. C'était vraiment les meilleurs de nos jeunes gens. » Pas de négociations avec les Palestiniens Gêné aux entournures par de telles déclarations, forcé de ne pas désavouer Colin Powell qui a déclaré aux journalistes que les États-Unis croyaient que Sharon était toujours attaché au plan de paix, le premier ministre israélien a réaffirmé l'engagement d'Israël en faveur de la « feuille de route ». « C'est le seul projet permettant de progresser vers un accord politique durable avec les Palestiniens », a-t-il estimé dans un communiqué. « Mais en l'absence de partenaires palestiniens, nous avons amorcé le désengagement (...) afin d'améliorer la capacité d'Israël à défendre ses citoyens. » Il y a quelques semaines, Sharon avait pourtant lui-même dit qu'une fois le désengagement unilatéral opéré, la question palestinienne ne se poserait plus de sitôt. Le mois dernier, il avait même reconnu qu'Israël n'adhérait plus à la « feuille de route ». C'est dire si les précisions de Weisglass sur Radio-Israël, affirmant qu'il n'avait pas voulu dire qu'Israël ne négocierait jamais avec les Palestiniens, mais que ceux-ci devaient auparavant agir contre le terrorisme, n'ont convaincu personne. Et surtout pas les Palestiniens. « Je pense qu'il a révélé les véritables intentions de Sharon. Nous avions dit au "quartet" il y a huit mois que le projet de retrait de Gaza avait pour but d'affaiblir sa feuille de route », a déclaré le ministre palestinien Saëb Erekat. De son côté, le ministre palestinien des Affaires étrangères, Nabil Chaath, a estimé que le conseiller avait révélé les véritables intentions d'Israël. « Weisglass affirme que les Américains le soutiennent et j'aimerais entendre la réponse américaine sur ce point. » Plus de 80 Palestiniens massacrés [3] Les déclarations du conseiller de Sharon mettent évidemment dans l'embarras le Parti travailliste et surtout Shimon Peres, ardent défenseur d'une participation au gouvernement de Sharon dans la perspective du désengagement de Gaza, présenté comme un pas positif. « Nous ne connaîtrons pas la tranquillité et la sécurité tant qu'il n'y aura pas la paix », a-t-il dit. À l'évidence, le plan de désengagement ne s'engouffre pas dans cette voie. Mais les déclarations de Weisglass, si elles ont le mérite de la clarté, pourraient s'adresser aux adversaires de Sharon au sein du Likoud et à l'extrême droite israélienne, farouchement opposés à la moindre restitution de terre aux Palestiniens. Le premier ministre n'a, en effet, plus de majorité au Parlement. La Knesset doit faire sa rentrée la semaine prochaine et votera sur le retrait de la bande de Gaza dans les mois à venir. En attendant, les opérations militaires se poursuivent depuis une semaine dans la bande de Gaza. Près de cent Palestiniens ont été tués, des dizaines d'autres sont emprisonnés. Sans la mise en place d'une force de protection internationale du peuple palestinien, des centaines de civils risquent de mourir dans les prochains mois car ce scénario peut se répéter à l'infini. C'est ce qu'explique, en filigrane, le conseiller de Sharon, qui n'est pas, que l'on sache, un ennemi d'Israël. [1]
(refusant de servir dans les territoires occupés - NDLR) Avec l'aimable autorisation de : Pierre Barbarencey. Article paru dans le journal l'Humanité du 08-10-2004 Source : France Palestine http://www.france-palestine.org/article666.html |
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