18 août 2005
agences : Nida' al-Quds, arabs48 (Romel Suyuti)
Un ordre militaire pour exproprier
1200 dunums des terres de Qiryut, à l'est de Naplouse
Les forces de l'occupation israélienne ont
remis à plusieurs villageois de Qiryut, au sud-est de
Naplouse des ordres militaires d'expropriation de superficies
supérieures à 1200 dunums, faisant partie des terres du
bassin 1 dans le site Jabal Qala'at al-Hamra'.
Jabal qal'at al-hamra' est situé dans la
partie ouest des terres du village, sur lesquelles s'est
installée la colonie de Shilo, et près de la colonie de Ili.
Les propriétaires des terres ne peuvent arriver à leurs
terres depuis plus de cinq ans, les forces de l'occupation et
les colons les empêchent de cueillir les fruits et notamment
les olives. Ce site est proche également des terres de Khilla
Sanaa, dominées par les colons depuis 4 ans.
Le bureau national de la défense de la terre
et la résistance à l'occupation a pris contact avec les intéressés
dans le village de Qiryut, et notamment avec le président du
conseil villageois, afin de prendre les mesures nécessaires
pour s'opposer à cette décision.
M. Hassan Ayoub, directeur du bureau national,
a déclaré que la décision de s'approprier ces terres vient
après l'odieux massacre commis dans la colonie de Shilo, ce
qui montre que les autorités de l'occupation pratiquent
clairement une politique de collaboration avec les crimes des
colons et leurs agressions constantes sur les citoyens
palestiniens et leurs terres. Ce qui signifie qu'ils veulent
menacer les propriétaires et les empêcher d'agir pour la défense
de leurs terres.
Les forces de l'occupation ont intensifié ces
derniers temps les décisions d'expropriation et de vol de
larges superficies de terres de la province de Naplouse, comme
elles ont démoli plusieurs constructions agricoles et des
maisons individuelles dans la région de Tana.
Des dizaines de familles avaient été menacées
de destructions de leurs maisons dans la région de Jafatlik,
comme les terres de Sabastia, de Deir Sharaf et de Barqa sont
menacées.
Il faut se rappeler que la mainmise sur les
terres en Cisjordanie fait partie du plan de désengagement
qui inclut l'intensification de la colonisation en
Cisjordanie. Cela se passe en même temps que l'évacuation
des colonies de la bande de Gaza et du nord de la Cisjordanie
(quatre colonies autour de Jénine).
Les habitants de Barqa attendent l'évacuation
de Homesh pour reprendre leurs terres
Les traits du visage d'Abu Khaled, âgé de
plus de 70 ans, dans le village de Barqa, au nord de Naplouse,
expriment toutes les douleurs déposées par plusieurs années
de lutte amère contre les colons de Homesh.
Depuis que les nouvelles ont été entendues
à propos de l'évacuation de cette colonie, et Abu Khaled ne
cesse de raconter la série des malheurs qui l'ont frappé,
et qui l'ont rendu diabétique. Depuis 25 ans, Abu Khaled se
bat pour récupérer ses terres.
Au cours de l'été 1980, les colons ont posé
leurs caravanes dans une région montagneuse donnant sur le
village, du côté nord, pour que le début de la colonisation
commence et s'étende en avalant de plus en plus de terres.
Le village a beaucoup souffert de l'oppression
de cette colonie et de ses habitants. "Même les morts
dans leurs tombes ont souffert, le cimetière du village n'est
éloigné que de 200 mètres de la colonie", dans le
cimetière, ils circulaient à cheval et à bicyclettes.
Abu Khaled raconte : J'ai vécu ma jeunesse
dans cette région, la famille possédait une terre de 40
dunums, cultivée de figues et d'olives, cette terre était la
source de nos provisions pendant tous les mois de l'année,
car elle était fertile.
Il n'oubliera jamais ces instants lorsqu'il a
dû quitter cette terre, laissant derrière lui les outils de
travail, qu'il n'a jamais pu reprendre. Ses regards n'ont cessé
de lorgner vers la terre et les outils, jour et nuit, sans
qu'il puisse s'en approcher, ni les reprendre.
Mais au moment où les discussions tournent
autour de l'évacuation des colons, les ordres d'expropriation
se poursuivent :
Iyad Abu Umar, membre du conseil villagesoi
dans Barqa dit : Nous avons été surpris par l'ordre
d'expropriation de 44 dunums pour faire une route autour de la
colonie, de 10 mètres de largeur et de 4400 mètres de long.
A peine le projet de construction de cette
route a-t-il commencé, que les gens furent surpris de découvrir
que l'ordre d'expropriation ne concerne pas la route longeant
les barrières anciennes installées par les colons, mais la dépasse
pour arriver jusqu'aux maisons du village. Leurs habitants
craignent que les colons ne viennent jusqu'à eux, surtout que
ces derniers temps, les colons font rouler les grosses pierres
des champs qu'ils occupent vers la population du village.
En attendant l'heure de la délivrance de ces
colons, près de 30 d'entre eux ont occupé deux maisons dans
le village de Barqa, investies pour exprimer leur colère
contre le désengagement.
Des témoins affirment que les forces de
l'occupation ont occupée la maison du martyr Khaled Sayf Abul
Abed, à l'entrée principale du village, qui est abandonnée
depuis le début de l'Intifada, les colons ont occupé une
autre, habitée par Iyad Husni, qu'il a dû abandonner il y a
deux ans, suite aux menaces de l'occupation. Cette dernière
maison se trouve également à l'entrée du village.
Le conseil du village a indiqué que les
forces de l'occupation ont posé un poste militaire
dans la région de Sartasa, face à la colonie de Homesh,
qu'il va faire évacuer, comme il a posé un autre poste dans
les terres du village Saoudiya, que l'occupation prétend s'être
appropriées.
Jani Tal, un cauchemar qui va prendre
fin
Mustafa al-Aqqad tient à monter tous
les jours à la terrasse de la maison modeste qu'il a louée
il y a cinq ans pour regarder son ancienne maison, donnant sur
la colonie Jani Tal, qu'il a été contraint d'abandonner du
fait de la terreur sioniste.
Al-Aqqad a 50 ans, il déclare : depuis que le
gouvernement de l'occupation a annoncé son plan de faire évacuer
les colonies de la bande de Gaza, le rêve ne me quitte plus,
le rêve de retourner dans ma maison, de l'arranger à
nouveau, vu qu'elle a été saccagée par les hordes des
colons. Depuis cette date, al-Aqqad vit avec sa nombreuse
famille dans une maison louée, éloignée de quelques
centaines de mètres de son ancienne maison.
Cette colonie construite en 1978 est une
extension de la colonie de Qatif, construite sur les plages de
la ville de Khan Younes. Elle est étendue sur 3000 dunums,
ses habitants sont des juifs extrémistes orientaux. Al-Aqqad
essaie d'exprimer son émotion avec le début du retrait des
colons, en disant : je continue à vivre le moment comme un rêve,
et j'espère que je ne reverrai jamais ces terroristes, un
jour".
Al-Aqqad attend avec impatience que l'évacuation
des colons se termine, afin qu'il puisse arriver à sa maison
à moitié saccagée, pour qu'il puisse de nouveau rebâtir ce
que les machines de guerre ont détruit et recommencer la vie
au milieu de sa famille.
Al-Aqqad vivait dans une maison composée de
trois étages, avec sa famille de dix membres, jusqu'au début
de l'année 2001, au moment où les forces de l'occupation ont
bombardé la maison sans aucune raison. Il a dû la quitter
pour protéger sa famille, et depuis, il ne peut y retourner.
Il a essayé plus d'une fois d'y arriver et même
d'y vivre, mais les soldats de l'occupation postés dans la
caserne militaire qui protège la colonie, le guettaient. Il
dit : J'ai essayé d'y retourner, surtout lorsque la situation
était calme, qu'il n'y avait pas d'affrontements avec l'armée
sioniste, mais les soldats de l'occupation ne m'ont pas laissé
faire".
La dernière tentative de Mustafa al-Aqqad
remonte à la période de la trêve en 2003, et pour lui, ce
fut le moment le plus terrible dans sa vie et celle de sa
famille. "Il ne restait que quelques mètres pour arriver
à la maison, lorsque les soldats nous ont surpris par des
balles qui volaient au-dessus de nos têtes, nous nous sommes
enfuis pour préserver nos vies. Les soldats nous ont suivis,
avec des bombes lacrymogènes, et depuis ce moment, je me
contente de regarder la maison, de loin.
Il me semble maintenant que je n'ai plus à
attendre quelques semaines, le temps que l'évacuation se
termine, pour retourner à mes souvenirs dans la maison.
La colonie de Jani Tal ne représentait pas la
terreur pour al-Aqqad seulement, mais la terreur exercée par
les colons fut vécue par tous les habitants palestiniens de
la zone des Rabwat occidentales, proches de la colonie. Les
colons, protégés officiellement par les forces de
l'occupation, au cours des années de l'Intifada, menaient des
raids continus en pleine nuit et semaient la panique et la
terreur, tout comme ils poursuivaient les Palestiniens en leur
volant leurs productions agricoles, en détruisant leurs
terres, dans une région où la majeure partie de la
population vit de l'agriculture.
alors que le terme Jani Tal en hébreu
signifie la colline du paradis, à cause de la beauté du
paysage, les colons ont transformé la vie de la population
autochtone, les Palestiniens, en colline de l'humiliation et
de la souffrance quotidiennes. Les habitants disent qu'ils ont
perdu de larges superficies de leurs terres agricoles au cours
des dernières années, que ce soit par leur nivellement ou
par leur expropriation et leur rattachement à la colonie.
L'avocat Diya' al-Astal dit que les colons
inventaient tous les jours de nouveaux moyens pour obliger la
population à partir, à quitter leurs terres et leurs
maisons. Certains ont craint pour leurs vies et pour celles de
leurs familles, mais la plupart des gens sont restés et ont résisté.
Les forces de l'occupation ont détruit des
dizaines de dunums de terres agricoles appartenant à la
famille d'al-Astal dans la région, et Diya' ajoute qu'il ne
peut déterminer la véritable surface des terres démolies,
car il est encore difficile d'y arriver, mais plusieurs
membres de la famille ont été obligés de faire d'autres métiers
car ils ne pouvaient plus arriver à leurs terres.
Traduit par : Centre d'Information sur
la Résistance en Palestine