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Un plan de désengagement de la bande de Gaza et non un retrait Dr. Fayez Salah Abu Shamaleh 28 juillet 2005
Personne n'ignore la signification de l'appelation répétée par les
Israéliens à propos du plan de désengagement de la bande de Gaza. Les
médias israéliens n'ont jamais évoqué une seule fois le retrait, que
les Arabes pourtant répètent consciemment, dans leurs médias. Il est
clair que l'appelation indique une planification stratégique israélienne
pour la région, une tactique politique pour la réaliser. Est-ce que
les Arabes ont leur planification et leurs tactiques ? Ou serait-ce une
ruse politique arabo-palestinienne pour répondre au plan de désengagement
tel qu'il est, et dans son état ? Est-ce que cette réponse sert la
cause palestinienne ou bien n'est-ce qu'un moyen de tromper l'opinion
arabo-palestinienne, lui donnant l'illusion d'un avenir qui pourrait être
pire que l'occupation directe actuelle ?
L'insistance israélienne à répéter le terme de désengagement de la
bande de Gaza peut évoquer le refus d'abandonner totalement la maîtrise
du cours des choses dans la bande de Gaza, mais Israël cherche à ce
que cela se passe sans qu'il y ait de friction quotidienne directe avec
les citoyens. Cela pourra être réalisé pour Israël en s'éloignant
du lieu où il n'y a plus de possibilité pour qu'un soldat israélien
se déplace sans provoquer un massacre, en se contentant de
l'administrer en le maîtrisant de loin (le remote control) alors que
l'insistance palestinienne sur le terme retrait de la bande de Gaza
affirme la volonté palestinienne à vouloir totalement contrôler
toute parcelle de terre d'où se retirerait Israël, même si la terre
de Gaza représente 4% de la Palestine, et la proclamation d'un Etat indépendant
souverain, en attendant la libération des terres de la Cisjordanie que
les Juifs n'ont pas encore dominées.
Le désengagement, selon la conception israélienne, signifie une
solution unilatérale qui assure la poursuite de la domination sur la
bande de Gaza, avec une minimisation des pertes politiques et militaires
que pourraient subir les Israéliens. Il s'agit d'un plan israélien qui
a été retiré des tiroirs et il ne s'agit pas d'une réaction non étudiée,
dépourvue de dimensions politiques, de résolutions stratégiques du
conflit avec les Palestiniens. Israël a réussi, et notamment Sharon,
à mettre à profit les changements politiques sur la scène
internationale, à utiliser l'effort international pour le faire passer
et le vendre sur la scène arabe. C'est ce qu'a confirmé . Ahmad Qorei
dans un discours devant les conseils municipaux élus à Ramallah, le 26
juillet dernier, en disant : "Je ne vous cache pas que le Quartet
qui a été constitué par une décision internationale et dont les prérogatives
sont soutenues par une décision du conseil de sécu rité pour exécuter
le plan de route, c'est lui-même qui a fait pression sur nous pour que
nous acceptions le plan de retrait unilatéral", ce qui veut dire :
la direction palestinienne réalise l'erreur de se comporter avec le
plan de désengagement, mais elle y est obligée en l'absence
d'alternatives à cet interdit. C'est ce qui nous permet de dire que
toute rencontre entre des dirigeants de l'Autorité palestinienne et les
Israéliens en vue de la coordination, se fait sous la pression, par le
choix de la nécessité, et que c'est dans ce cadre qu'a eu lieu la
rencontre entre M. Muhammad Dahlan, le ministre des questions civiles et
M. Sha'oul Mofaz, le ministre sioniste de la guerre, le mardi dernier 26
juillet, et la coordination sur les futures mesures qui s'est établie
en vue de la réussite de plan israélien de désengagement de la bande
de Gaza, et même de confirmer cette réussite.
C'est ce qui peut être considéré comme une erreur tactique
palestinienne consistant à faire semblant de croire, et faire croire à
la société arabe et palestinienne que ce qui va se réaliser, c'est le
retrait israélien de la bande de Gaza comme un pas vers l'application
de la feuille de route.
Les médias ont dévoilé les sujets discutés entre les deux ministres,
le palestinien Dahlan et l'Israélien Mofaz. Tous confirment que les
choses entre les deux vont selon la vision israélienne du désengagement,
et non selon la logique palestinienne du retrait, c'est-à-dire le désengagement
et non le retrait de la bande de Gaza, car le retrait peut se dérouler
sans coordination, alors que le désengagement a besoin d'une
coordination, et nécessite un accord sur quelques questions qui
confirment la conception israélienne du désengagement.
C'est ce que confirment les déclarations du ministre des affaires
civiles, M. Muhammad Dahlan, quand il a dit : "la construction du
port sera à sa place actuelle", indiquant par là qu'Israël a
accepté que les techniciens et équipes poursuivent
leur activité. Si la rencontre entre les deux avait pour sujet le
retrait de la bande de Gaza, il n'aurait pas été nécessaire d'aborder
la construction du port qui est une affaire purement palestinienne, Israël
n'ayant rien à y voir, ni de près ni de loin. Est-ce qu'un Palestinien
pourrait-il intervenir à propos de l'activité du port de Haïfa, par
exemple (bien que le port de Haïfa soit, en fin de compte, un port
palestinien, ndlt) ?
M. Dahlan a ajouté ce qui confirme que la rencontre avec les Israéliens
se déroule selon la conception du désengagement et non du retrait, il
dit : "Nous avons abordé la discussion à propos des autorisations
de visite des investisseurs et des cas humanitaires venant de l'extérieur,
le changement d'adresse entre la Cisjordanie et Gaza, et toutes les
questions liées à la vie quotidienne de notre peuple palestinien, le
retour des fonctionnaires de l'Autorité qui ont été expulsés aux
barrages sur ordre israélien, au cours de l'Intifada, que ce soit le
barrage de Rafah avec l'Egypte ou le barrage d'al-Karameh, avec la
Jordanie, et cela dans les plus brefs délais".
Il faut remarquer à ce propos que ces questions sont des questions entièrement
palestiniennes qu'il ne faut pas discuter avec Sha'oul Mofaz, s'il
s'agissait du retrait de Gaza. Mais la discussion de ces sujets confirme
la poursuite de l'intervention israélienne dans les affaires internes
palestiniennes, et la négation de l'indépendance de la décision
palestinienne, après le désengagement.
M. Dahlan ajoute : "Nous avons reçu quelques accords en ce qui
concerne des questions importantes, pour régler les cas des citoyens
venus en visite vers les régions de l'Autorité, et qui ne sont pas
sortis, clarifiant : nous allons mettre en place un mécanisme avec le
coordinateur Michelik"
Ce qui signifie que la domination israélienne se poursuit dans toute
son étendue, sur toute la vie dans la bande de Gaza, après le désengagement
: le séjour ou non séjour de tout citoyen palestinien dans la
bande de Gaza est lié à l'accord israélien. La remise de l'identité
palestinienne est conditionné par le fait d'avoir eu l'identité israélienne,
ou par l'accord israélien de lui donner une identité. Le droit des
Palestiniens à retourner dans la bande de Gaza est rattaché à la
coordination avec la partie israélienne. Tout ce qui précède est en
contradiction avec l'idée du retrait israélien de la bande de Gaza, et
renforce au contraire la domination israélienne sur cette partie de la
Palestine.
Ceci est également confirmé par l'accord palestinien sur la présence
d'observateurs étrangers sur le point de passage entre la bande de Gaza
et la République arabe d'Egypte, qui auraient la responsabilité de
contrôler les identités de ceux qui y viennent, comme ils contrôleront
tout corps ou produit de ravitaillement arrivant à la bande.
La différence est grande entre le retrait de la bande de Gaza et le désengagement
de la bande de Gaza. Et l'implication palestinienne devra être en
fonction de l'appelation. Si Israël exécute le retrait total,
l'Autorité Palestinienne aura l'entière responsabilité de
l'administration des moindres détails, ce qui reste entièrement
différent de l'implication palestinienne en cas d'accord sur le plan de
désengagement qui fait porter à Israël la responsabilité de toute
violation de la stabilité de la vie sociale palestinienne. C'est ce qui
se passera immédiatement après le désengagement.
Pourquoi la direction politique palestinienne refuse-t-elle d'appeler
les choses par leur nom ?
Quel préjudice supportera la direction politique palestinienne si elle
déclare clairement que ce qu'Israël est en train d'exécuter c'est un
désengagement sécuritaire unilatéral, qui est la conséquence de développements
sur le terrain à Gaza, après qu'il soit devenu impossible d'assurer la
sécurité des colons et des soldats israéliens ?
Pourquoi la direction politique palestinienne n'est-elle pas claire avec
son peuple vis-à-vis de l'appelation israélienne du plan de désengagement,
ce qui lui évitera de se retrouver devant dans une impasse avec un
non retrait israélien, des conséquences attendues par le peuple arabe
palestinien de ce retrait illusoire, ce que la direction politique ne
pourra pas assumer.
Traduit par :
Centre d'Information sur la Résistance en Palestine
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