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DOSSIERS PRESSE Les accords de Genève La
charrue avant les bœufs ou la fin d'un rêve ... Par Silvia
Cattori
On peut légitimement se demander si les tractations officieuses, qui
ont abouti - après deux ans de négociations " secrètes " - au
document de paix finalisé à mi octobre sur les rives de la mer Morte,
n'est pas une paix mort née. L'initiative suisse ne se joue-t-elle pas - comme toutes celles qui
l'ont précédée - un peu trop facilement de la tragédie que connaît le
peuple palestinien ? Une tragédie humaine qui demande des solutions immédiatement
applicables. Il y a là un peuple livré à la cruauté et la vindicte d'un Etat qui
ne connaît que le langage de la force et qui s'est toujours ingénié à
torpiller toutes les initiatives de paix. Comment les états qui cherchent
une solution pour mettre fin au pire du pire, peuvent-ils continuer à
s'enferrer dans ce genre de diplomatie des petits pas ? Faire passer dans les faits les points inscrits dans les quelques
cinquante pages du document, qui devrait être signé sous peu à Genève,
ne sera pas une partie de plaisir pour la diplomatie suisse, qui a certes
eu l'audace d'être le moteur de ce rapport, mais aussi l'imprudence,
d'avoir, semble-t-il, joué un rôle
actif, dans sa rédaction et sa terminologie. La Suisse officielle se défend de toute critique en disant, ce qui est
vrai, que l'accord de Genève va dans la direction opposée de celle
d'Oslo. Qu'Oslo était un processus qui avait laissé les sujets les plus
brûlants en suspens. Le peuple palestinien martyrisé à Naplouse, Jenin, Gaza, n'a plus
rien à perdre - contrairement à la direction palestinienne qui, elle, a
son pouvoir à défendre et le souci constant de se positionner - n'a pas
plus de foi en l'initiative de Genève, qu'il n'en a eu pour les défunts
accords d'Oslo, dont il n'a pas encore fini de payer le conséquences. En
reprenant encore une fois ce chemin, l'initiative suisse semble oublier
deux questions capitales. Premièrement : quel a été le véritable résultat du "
processus " d'Oslo ? La réponse est claire : alors que l'objectif
proclamé était la fin de Deuxièmement : qu'elle est la force qui s'est, à un moment donné,
dressée contre la poursuite de cette spoliation ? Là aussi la réponse
est claire : ce n'est pas l'autorité palestinienne divisée, mais le
peuple palestinien, la résistance héroïque du peuple - que les médias
occidentaux se complaisent à assimiler à des terroristes - qui n'était
pas représentée à la table des négociations. En bref : peut-on vraiment préparer la paix en reprenant une formule
discréditée, dans des discussions qui maintiennent à l'écart ceux qui
se battent légitimement contre l'occupant ? Il ne faut donc pas s'étonner si les dirigeants du FPLP, du Hamas, du
Jihad, ont manifesté leur dépit. Ceux qui taxent d'extrémistes les
Palestiniens qui rejettent cette initiative ont tort. Le droit de retour
des réfugiés est au cœur de la question palestinienne. Il n'est pas négociable
de leur point de vue. Les Palestiniens, qui ont déjà tout perdu, veulent vraiment la paix.
Si dans l'accord de Genève, il y avait eu une perche tendue pour qu'ils
puissent sortir de l'enfer, ils la saisiraient. Or quand ils s'entendent
dire - après tout ce qu'ils ont déjà concédé - que la question des réfugiés
de 1948 sera résolue hors des frontières de l'Etat d'Israël, qu'il
faudra " trouver une solution pratique " avec des fonds
internationaux, qu'ils devront renoncer à leur droit de retour, qu'ils
seront envoyé nul ne sait où, hors du Moyen Orient, une Alors qu'Arafat a applaudi l'initiative suisse, Sharon, y a vu son intérêt
mais, pour des raisons tactiques, l'a banalisée. Quant au peuple
palestinien, loin des feux de la rampe, mais sous les feux incessants des
avions de guerre, il n'a pu ressentir que comme une nouvelle humiliation
le fait que, dans ce document, l'on ait balayé ce qui faisait déjà
partie d'un acquis inaliénable : Quant à la composition des délégués, il y a de quoi s'interroger
sur leur représentativité. Même si l'écrivain Amos Oz ou Avraham Burg,
applaudissent aveuglement et cherchent à " vendre " cette
initiative en disant qu'elle est soutenue par un groupe appartenant à une
" gauche de premier plan ". On croit revenir dix ans en arrière.
Quand on veut donner une légitimité à des actes illégitimes - comme le
mur de l'apartheid hier - on affirme que la gauche les soutient. Il faut
s'entendre sur ce que l'on appelle, par erreur, gauche israélienne. Aussi, la composition des délégations israéliennes et
palestiniennes, impliquées dans ces travaux, est-elle des plus
discutable. En quoi les représentants des partis religieux israéliens,
sont-ils plus présentables que les représentants politiques des
mouvements religieux palestiniens qui étaient les grands absents ? A côté des figurants de dernière minute, utiles pour faire le
marketing, nombre de ces délégués qui sont considérés comme les
architectes de l'accord, sont Le Ministère des Affaires étrangères suisse, qui a appuyé et financé
ces rencontres, ne pouvait pas ignorer que ces mouvements se sont toujours
opposés à ce que l'autorité palestinienne négocie avec Israël, dans
un rapport d'inégalité ; et que, aussi longtemps qu'il maintient leur
territoire sous occupation, et qu'il ne se retire pas au delà de la
frontière de 1967, il n'était pas question de déposer les armes. Ne pas
les voir associés aux négociations, c'était faire peu de cas du vrai
rapport de force sur le terrain, c'était nier les simples règles de la démocratie. Il eut fallu avoir le cran de mettre tout le monde autour de la table.
Et non pas laisser de côté les parties qu'Israël considère infréquentables.
Le Hamas, le Jihad, le FPLP incarnent aux yeux du peuple palestinien la
dignité de sa lutte. Les avoir laissé en dehors de la table des négociations,
était une grave erreur. Pire, c'était avaliser les thèses du
gouvernement Sharon qui assimile la résistance au terrorisme. Si Arafat
demeure le symbole qui rassemble, cela ne veut pas dire qu'il représente
toutes les composantes de la résistance, Les Palestiniens sont victimes de toutes les manipulations. Il y a
toutes raisons de penser que Sharon, informé point par point, par ses
agents, du déroulement de ces négociations " secrètes ",
avait programmé l'assaut final de Rafah, pour le faire coïncider avec le
moment où les médias auraient les yeux braqués sur la Jordanie. Ce sont
assurément les " indiscrétions " des services secrets israéliens
du Mossad, qui ont divulgué la rencontre feutrée qui se tenait dans un hôtel
de Jordanie les 12 et 13 octobre et qui devait rester secrète. C'est dans ce contexte de paix sur fond de guerre d'extermination que
certains médias ont eu la légèreté, voir l'immoralité, de présenter
l'accord finalisé en Jordanie, comme " un espoir pour le camp de la
paix en Israël ". Comme si les Palestiniens, agressés, n'étaient
pas les premiers concernés par la paix. Cela illustre, une fois de plus, le regard que
l'Occident porte sur "l'autre partie ". Un regard biaisé qui
fait peu de cas des vraies victimes de la brutalité aveugle de l'Etat
d'Israël. Le " camp de la paix " israélien, est souvent égoïste dans
son désir de paix. La paix oui, mais pour autant qu'Israël puisse garder
tous les acquis obtenus durant un demi siècle de dépossessions. Cela
explique pourquoi, dans leur écrasante majorité, les Israéliens sont
resté muets durant ces années où leur Etat a humilié, détruit, tué
des centaines d'enfants, violé les droits de millions de palestiniens. Et
c'est leur déshonneur. Tant que l'Europe, ne se donne pas les moyens d'exiger d'Israël de
respect de la légalité internationale, Israël continuera, comme par le
passé, de torpiller toutes les initiatives de paix, et fera, comme par le
passé, porter aux victimes palestiniennes, la responsabilité de
l'impasse. Cet accord de Genève, n'aurait de sens que s'il aboutissait, au moment
de sa signature en novembre 2003, au retrait immédiat des troupes
d'occupation qui martyrisent les Palestiniens. Accepter que l'armée israélienne,
forte de plus de 50'000 hommes et plus de 1000 chars continue, un jour de
plus, d'exercer la force sur un peuple sans défense, est une chose
inadmissible. Dans l'immédiat, ce n'est pas une trêve qu'Israël préconise, mais
le nettoyage ethnique. Face à la sauvagerie de l'état d'Israël, l'urgence serait de mettre
en place en Palestine une force d'interposition internationale sans délai.
Tant que cette force n'est pas effective, le seul semblant de protection
dont peuvent disposer les victimes innocentes, sont les volontaires
internationaux. La Suisse, tout en oeuvrant pour la réussite de cet
accord, ne devrait-elle pas avoir le courage de soutenir parallèlement ce
genre de simple solidarité ? source : http://www.ism-france.org/news/article.php?id=113&type=analyse
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