AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   



MASSACRES A GAZA
Octobre  2004

 

Evaluation de l'opération de l'armée israélienne 
dans la Bande de Gaza


Unwra

Le 28 septembre en fin de journée, un grand nombre de tanks, de bulldozers et de véhicules blindés de l'armée israélienne ont pénétré dans le nord de la Bande de Gaza.

Introduction

Ils venaient de bases permanentes de la colonie de Nissanit, dans la zone industrielle d'Erez et de la frontière Est. Ils ont avancé en ravageant les routes et en broyant les maisons et les récoltes. Les unités de l'armée israélienne ont établi des positions stratégiques sur les hauteurs surplombant les régions de Jabalya, Izbet Beit Hanoun et Beit Lahia ; les troupes se sont également déployées le long de la route principale entre le camp de réfugiés de Jabalya et Beit Hanoun ainsi que sur les bords au Nord et à l'Est du camp de Jabalya.

Pendant les 17 jours suivants, l'armée a gardé le contrôle du nord de la Bande de Gaza. On estime à 200 le nombre de véhicules blindés qui étaient sur le terrain dans les villes et villages et dans les camps de réfugiés surpeuplés, lançant des raids réguliers sur des zones civiles, tirant par air et au sol sur des cibles palestiniennes, fermant hermétiquement des quartiers palestiniens et restreignant les déplacements des civils et des équipes d'assistance humanitaire et d'urgence. De larges zones de terres agricoles ont été nivelées et les propriétés privées et publiques ont été grandement endommagées (maisons, écoles, commerces) ainsi que les infrastructures publiques. Les bulldozers de l'armée ont creusé de larges et profondes tranchées en travers de plusieurs routes, coupant des canalisations d'eau, d'égouts et d'électricité.

Pendant cette Opération, environ 36.000 Palestiniens dans plusieurs secteurs y compris Beit Hanoun (22.000 personnes), Izbet Beit Hanoun (5.000 personnes), les régions à l'Est des rues Sikka et Salah al-Din (2.500 personnes), les tours Awda et Nada (2.500 personnes) et certaines parties du camp de Jabalya (4.000 personnes) ont été sous blocus. Des milliers de civils n'ont pu quitter leurs maisons étant donné que les combats faisaient rage autour d'eux. 4.000 personnes supplémentaires ont fui leurs maisons dans les zones touchées.

Le but déclaré de l'opération de l'armée était de prévenir les tirs de roquettes domestiques palestiniennes sur la ville israélienne de Sderot. Ces attaques avaient tué 4 Israéliens ces derniers mois. Au moment du redéploiement de l'armée le 15 octobre, plus de 100 Palestiniens avaient été tués dont 27 enfants et plus de 400 Palestiniens avaient été blessés. L'opération "Jours de Pénitence" a été la plus importante incursion de l'armée israélienne dans la Bande de Gaza depuis le début de l'intifada Al Aqsa en septembre 2000.

Données générales

-  Pertes humaines

Selon les données rassemblées par le Bureau de Sécurité sur le terrain de l'UNRWA, 107 Palestiniens ont été tués et 431 autres ont été blessés pendant l'opération Jours de Pénitence. Ce chiffre est celui des victimes confirmées et ce chiffre risque encore d'augmenter. Les obus de tanks et les missiles d'hélicoptères tirés sur des zones à population dense, ont provoqué beaucoup de pertes. Un quart des tués (27) étaient âgés de 18 ans et moins. Cinq Israéliens ont été tués pendant cette même période.

Les morts incluent 9 élèves d'écoles de l'UNRWA ainsi que 2 professeurs.

Les derniers morts amènent le nombre de Palestiniens tués dans la Bande de Gaza depuis le début de l'Intifada, à 1.796 ; 12.600 personnes ont été blessés. Octobre 2004 a été jusqu'à présent le mois le plus mortel avec 112 tués à la date du 17 octobre 2004.

-  Destruction de maisons

Selon les enquêtes initiales menées par les travailleurs sociaux et les équipes techniques de l'UNRWA, 91 maisons (143 familles) ont été détruites. Plus de 90% des personnes concernées sont des réfugiés. Le coût total pour reconstruire ces maisons est estimé à environ 2.5 $ millions. De plus, 101 maisons supplémentaires (où logeaient 833 personnes) ont été endommagées.

La plupart des maisons détruites étaient à la lisière est du camp de Jabalya, près du Bloc 4. Ceci représente l'opération de démolition de maisons la plus intense au nord de la Bande de Gaza depuis le début de la deuxième Intifada.

Dans tout le territoire, le niveau de démolitions a atteint un niveau alarmant en 2004 : 1.360 habitants de la Bande de Gaza par mois soit 45 personnes chaque jour, ont été réduites à l'état de sans-abri suite aux opérations de démolition de l'armée. Alors que l'opération Jours de Pénitence se déroulait dans le nord de la Bande de Gaza, 482 personnes sont devenues des sans abri à Rafah étant donné que l'armée a continué à « taillader » les zones palestiniennes le long de la frontière égyptienne.

-  Destruction de bâtiments publics et de propriétés commerciales

En plus, 19 bâtiments publics et propriétés commerciales ont été totalement détruits pendant l'incursion, soit par les pilonnages de l'armée soit par les bulldozers. Ces destructions comprennent les ensembles de sécurité de l'Autorité Palestinienne ainsi qu'une mosquée, 2 fermes, 3 usines et plusieurs ateliers et petites boutiques.

16 bâtiments supplémentaires ont été endommagés dont cinq complexes scolaires de l'UNRWA qui hébergeaient 8 écoles sur la frontière est du camp de Jabalya (voir les détails ci-dessous), une école gouvernementale, un jardin d'enfants privé et deux mosquées.

-  Infrastructures endommagées

Des ingénieurs du Programme Spécial Environnemental de l'UNRWA estiment qu'il coûtera 240.000$ pour réparer les dommages faits aux routes dans les régions concernées : les bulldozers et les tanks ont arraché l'asphalte, ont creusé des fossés profonds pour empêcher la circulation de véhicules et ont détruit les chemins de terre (sable). Une grande partie des dommages ont été faits quand l'armée a étendu son opération au centre de la ville de Beit Lahia le 13 octobre.

La zone totale de réseau de routes endommagé est d'environ 12.000 m². Des réparations temporaires ont déjà été faites dans beaucoup d'endroits. Mais ces réparations ne survivront pas aux pluies hivernales.

Les canalisations d'eau, d'égouts et électriques ont également été détruites lors de l'incursion. Le coût des réparations est estimé à 80.000$.

Le total des dommages infligés aux infrastructures est estimé à 355.000$.

-  Nivellement des terres

De grandes zones de terre agricole et en particulier des oliveraies et des vergers d'agrumes à Beit Hanoun, ont été nivelées pendant les deux semaines de l'incursion. Le Gouvernorat du nord de la Bande de Gaza continue à travailler sur l'évaluation des dommages : selon les informations datant du 15 octobre, entre 100 et 110 hectares de terres agricoles et 30 serres ont été détruits. Plus de 50% de toutes les terres arables à Beit Hanoun ont maintenant été détruites depuis septembre 2000.

Compte rendu des secteurs

-  Département de l'éducation

L'enseignement de 40.000 élèves dans 34 écoles de l'UNRWA à Jabalya, Beit Lahia et Beit Hanoun a été suspendu lorsque l'opération de l'armée a débuté le 29 septembre. Alors que 17 écoles dans Jabalya ouest ont été ré-ouvertes le 9 octobre et que 15 autres ont commencé à fonctionner le 16 octobre suite au redéploiement de l'armée, deux écoles qui ont été très endommagées (voir les détails ci-dessous) sont restées fermées.

A cause des combats et des restrictions sur les déplacements, 1.154 enseignants de l'UNRWA ont été empêchés de rejoindre leurs lieux de travail ce qui a résulté en 13.938 jours de perte d'enseignement pour un coût, à la fin de l'opération, de 280.000$. Chaque fois que cela a été possible, les étudiants concernés ont été envoyés vers des écoles qui fonctionnaient.

Comme mentionné ci-dessus, neuf élèves de l'UNRWA (âgés de 15 ans et moins) et deux enseignants ont été tués lors des opérations de l'armée. Cela inclut quatre garçons d'une même école.

Cinq complexes scolaires de l'UNRWA ont été endommagés lors de l'Opération : 4 écoles du côté Est de Jabalya et 1 à Beit Lahia. Deux des écoles ont été très endommagées et restent fermées. Les élèves et enseignants touchés sont logés temporairement dans des écoles avoisinantes.

Des obus de tanks et de balles ont été tirées sur les écoles, détruisant des murs et des salles de classe, des fenêtres et les chambranles et laissant les tableaux noirs grêlés de trous. Des bulldozers ont détruit les murs d'enceinte. Un abri d'un gardien de l'école a également été détruit. Les meubles et l'équipement dont des ordinateurs, des fax, des ventilateurs et tous les articles de papeterie ont été volés.

Le coût pour réparer les dommages des écoles de l'UNRWA s'élèvera à près de 100.000$.

-  Département de la santé

Les centres de santé de base de l'UNRWA à Jabalya et Beit Hanoun fonctionnaient par équipes de 24 heures pendant l'incursion et du personnel supplémentaire a été appelé pour prendre en charge la situation d'urgence : des chauffeurs d'ambulance étaient en disponibilité pendant toute la durée de l'Opération. Ils ont transporté 46 blessés vers des hôpitaux avoisinants.

Il n'y a pas eu d'éruption majeure de maladies ou d'infections. Les centres de santé de l'UNRWA avaient des stocks pharmaceutiques suffisants et la coordination avec d'autres pourvoyeurs était assurée (par ex. le Ministère de la Santé, le PRCS [1]).

L'accès aux services réguliers de la clinique de l'UNRWA à Beit Hanoun a été affectée par les restrictions sur les déplacements : la présence des patients de jour a baissé de 400/500 patients par jour à 200 ; les services de planning familial et de dentistes et les traitement de maladies chroniques ont été suspendus ; le programme de vaccinations d'enfants et les soins ante/post natals ont été réduits. Sur une équipe régulière de 29 personnes, 14 membres du personnel (vivant en dehors de Beit Hanoun) ont été initialement empêché d'atteindre le centre de santé. Cinq des personnes piégées dehors ont pu par la suite entrer suite à une coordination avec l'armée.

Six membres du personnel en plus ont été assignés au centre de santé de l'UNRWA à Jabalya pendant l'incursion ce qui amenait à 79 le personnel de service. Le nombre moyen de visites de patients est passé de 1.000 par jour à 500 les cinq premiers jours de l'opération et par la suite est remonté à 1.200 par jour. L'approvisionnement pour tous les services des centres de santé de base a continué normalement pendant toute la période de l'incursion.

-  Services d'assistance et sociaux

Pendant toute la durée de l'opération, l'UNRWA avec l'aide du WFP(World Food Programme), a pu distribuer des colis d'alimentation d'urgence à 1.000 familles assiégées dans le nord de La Bande de Gaza. L'accès n'était pas possible pour les assistants sociaux jusqu'au 17 octobre, huit jours après le début de l'incursion. Un nombre de distributions planifiées, principalement aux 26.000 personnes piégées à l'intérieur de Beit Hanoun, a dû être annulé malgré les tentatives répétées de coordination avec l'armée israélienne. Des déficits important de nourriture n'ont pas été signalés pendant l'opération et les approvisionnements en eau n'étaient coupés que par intermittence.

Les colis de nourriture comprenaient du riz, du sucre, de l'huile, du lait en poudre, des lentilles et des conserves. L'Agence a également distribué de l'eau à plusieurs centaines de familles touchées. L'Agence a coordonné ses distributions avec le WFP et le ICRC (International Committee of the Red Cross).

Suite au redéploiement de l'armée et la levée de la coupure en trois de la Bande de Gaza, l'Agence a pu recommencer ses distributions de colis de nourriture aux familles éligibles dans le cadre de son Programme d'Urgence et de Cas Spéciaux en Difficultés [2]. Au total 9.000 familles dépendant du programme d'urgence et 300 autres du programme de SHC recevront d'ici fin octobre des colis de nourriture. Les distributions qui avaient été suspendues mi-juin à cause des restrictions subies par l'Agence au point de passage de Karmi, ont recommencé le 19 septembre seulement pour être à nouveau suspendues à cause de l'opération Jours de Pénitence de l'armée.

Plus de 60 familles dont les maisons ont été détruites, ont déjà reçu des allocations de logement. Des travailleurs sociaux continuent à traiter les cas exceptionnels. L'Agence a également fourni une assistance concrète aux familles nécessiteuses (qu'elles soient réfugiées ou non) sous forme de matelas, couvertures, ustensiles de cuisine et autres équipements.

En 2004, l'UNRWA a distribué presque 145.000$ chaque mois en allocation logement à des familles (principalement réfugiées) dont les maisons ont été détruites. Au total, 4.250 familles ont été aidées.

[1] Croissant Rouge palestinien
[2] Special Hardship Case : SHC
UNRWA : http://www.un.org/unrwa/news/incursion_oct04.pdf 25 octobre 2004
http://www.un.org
traduction : Ana Cleja

Source : France Palestine  http://www.france-palestine.org/article727.html

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