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TAIBE
Dimanche
3.08.2003
Rencontre avec un responsable local d'un parti arabe israélien à Taibe,
ville israélienne en face de Tulkarem dont les habitants sont arabes
(1948).
B. nous explique les tentatives menées par les
autorités israéliennes et leurs supports arabes
visant à effacer l'histoire et l'héritage de la Palestine. Trois
exemples emblématiques illustrent ce conditionnement institutionnel et
sous-entendent les pratiques discriminatoires.
D'abord, on ne cesse d'affirmer aux arabes israéliens qu'ils ont vraiment
beaucoup de chance d'être citoyens de cette magnifique démocratie
ensoleillée.
Figurez-vous que les arabes ne doivent pas faire leur service militaire et
qu'ils n'ont pas d'impôts supplémentaires à payer. C'est formidable d'être
sous la protection gratuite d'un pays !
De plus, ils bénéficient d'un niveau de vie excellent par rapport
aux miséreux des Territoires Occupés. Le pied! L'état protecteur leur
offre des emplois et des revenus décents. Les réalités chiffrées sont
très souvent plus proches de la réalité aussi ténébreuse soit elle.
Sachez que le taux de chômage des arabes est plus de deux fois supérieur
au taux de chômage israélien. On remarque
que la discrimination auto-entretenue consiste à prendre comme étalon de
mesure la situation des territoires occupés et non pas celle du pays.
Comme c'est étrange! Les citoyens arabes ne seraient-ils pas considérés
comme des citoyens
israéliens? L'obligation de service militaire n'est-elle pas régie par
une loi? Si oui, pourquoi
certains citoyens sont exclus de son champ d'application? L'égalité
n'est pas, ici, un principe
constitutionnel.
Le programme officiel des enseignements fondamentaux révèle également
cette manipulation des autorités. Ainsi, la Palestine n'a jamais existé.
Elle ne fait pas partie des programmes. F. qui est professeur d'histoire
nous affirme qu'il est très difficile de ne pas répondre aux questions
de ses élèves lorsque ceux-ci abordent par exemple la question de leurs
grands parents réfugiés. Fi des batailles sionistes de 48 qui ont vidé
les villages. Triste ressemblance avec l'époque lointaine de la
colonisation où on enseignait aux algériens, sénégalais et khmers que
leurs ancêtres étaient des gaulois. La libération française de 1945
vantée dans l'ensemble des colonies à la même allure que la
guerre d'indépendance de 1948! Histoire, Histoire, révèle nous encore
tes principes! La situation des étudiants arabes est très enviable.
Puisqu'ils ont la grande chance de ne pas faire leur service militaire,
ils ne peuvent donc pas recevoir
les bourses nationales. Pas de bras, pas de chocolat, pas d'armée, pas de
bourses! Nous apprenons avec stupéfaction que le système scolaire israélien
impose la lecture obligatoire de la Torah. En cas d'échec, la fin des études
est impossible. Nous apprenons également que les étudiants doivent
attendre un an avant de s'inscrire en université même s'ils ont leur
examen de passage. M., étudiant en médicine semble être lassé
par la situation. Ils affirment que c'est
comme ça. Il n'y a pas de relations amicales entre les étudiants arabes
et juifs, juste une entente sympathique. Son oncle qui a une spécialité
médicale qu'il exerce dans un grand hôpital israélien affirme qu'il est
l'unique personne à ne pas progresser. Il nous relate qu'il participait
à des programmes de recherche et qu'il est le seul spécialiste à avoir
gardé le même poste. Ces autres confrères juifs ont eu des promotions
professionnelles. Ce blocage inégalitaire ne l'empêche pas de poursuivre
ses recherches. Son nom figure malgré tout sur les
conclusions des recherches. De quoi va-t-il se plaindre? La fraternité
n'est pas, ici, un principe constitutionnel.
Le parti arabe israélien avait organisé en toute légalité un chapiteau
culturel. Le récit de la
destruction de cette plate-forme culturelle constitue le troisième
exemple de cette tentative de destruction de la mémoire palestinienne.
Les militants de ce parti avaient réussi à monter un chapiteau de 500 m2
conçu pour durer et pour recevoir des manifestations socioculturelles.
Une très grande manifestation a eu lieu avant la destruction de
l'infrastructure.
L'évènement a été organisé en toute légalité. Des drapeaux
palestiniens ornaient le chapiteau, ce qui est tout à fait légal dans la
mesure ou il y des négociations de paix en cours. Des artistes
palestiniens ont pu y montrer leurs oeuvres. Il y avait également des
photos montrant les destructions récentes qu'Israël a infligées à la
Palestine. Des photos d'arabes morts en Palestine étaient exposées
ainsi que des photos de prisonniers. Des dessins d'enfants étaient proposés
au public ainsi qu'une exposition du créateur de Handalla (amertume)
assassiné en 1987 en Irlande par des inconnus connus qui ne l'aimaient
sans doute pas. Le petit personnage
caricatural, misérable avec ses habits retouchés, pieds nus avec les
mains attachées derrière le dos et debout avec ses cheveux
ressemblant a des pics d'hérisson est en train de devenir le
symbole de la lutte du peuple palestinien. L'ensemble des parties en
prennent pour leur grade. Israël, les USA, l'Europe et les pays Arabes
sont tranches a vif par des caricatures touchantes et contre-balancant la
fausse pensée dominante. Une exposition a eu lieu récemment
en Belgique. Quelques caricatures parmi les 4 000 de l'auteur ont été
traduites en français. Recherchons les coordonnées de cette organisation
belge et organisons un tour de France! Chouette, encore une idée projet.
A bon entendeur salut!
Ce stand a été détruit par le maire en une seule journée. Le maire a
reçu des instructions d'un service israélien dont il est inutile de préciser
le nom sous peine de mort subite!
B. nous précise que son parti et ses sympathisants avaient des tas d'idées
comme la création d'une bourse aux livres afin d'échanger des livres
qu'on ne retrouve pas forcement dans les circuits de distribution
classiques. La liberté n'est pas, ici, un principe constitutionnel.
Voila, ce court passage dans une ville arabe israélienne était une expérience
très intéressante.
Les esprits sont conditionnes de telle manière à faire oublier aux
habitants qu'ils habitaient cette terre avant la création de l'état
sioniste. L'égalité, la fraternité et la solidarité sont des principes
a géométrie variable. Le rouleau compresseur est véhicule par les médias
qui ont un autre os entre leurs mains. Aussi des journalistes télévisés
comme Ehod YARI sont déclarés spécialistes de la question arabe. Une
phrase suffit pour faire vaciller l'opinion. L'arabe d'Israël est devenu
un individu dangereux. L'opinion publique est convaincue que l'arabe, quel
qu'il soit et ou qu'il soit est un terroriste.
La situation des palestiniens de l'intérieur et de l'extérieur d'Israël
est insoutenable. Après avoir perdu leurs terres, leurs habitations,
leurs vies, on essaie d'effacer leur patrimoine culturel et leur histoire.
Le Palestinien n'a jamais existe. Un système d'apartheid déguise rampant
suinte et léprose les fondations de cette nation organisée malgré elle
même. Tout est fait pour faire de cet état une entité juive Informons,
informons, il en restera toujours quelque chose. La démocratie n'est pas,
ici, un principe constitutionnel.
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