AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   



Tragédies au point de passage de Rafah

Aljazeera
Au moins sept réfugiés palestiniens bloqués au point de passage frontalier de Rafah, sur la frontière égyptienne, fermé par les Israéliens depuis 6 semaines, sont décédés suite à différentes maladies. 

Les morts font partie des 7.000 personnes coincées quelque part entre le Caire et le point de passage frontalier de Rafah (le seul point de passage utilisable pour entrer ou sortir de Gaza) et ce depuis l’explosion d’un tunnel sous la frontière, explosion qui avait tué le 12 décembre, 6 soldats d’occupation israéliens.

Les sources médicales à Gaza et les sources de sécurité d’Egypte ont parlé avec les familles qui attendent dans leur ville natale de Gaza de pouvoir enterrer leurs morts. Les familles ont été obligées d’avoir recours à la ville frontalière égyptienne d’al-Arish après avoir été refoulées du point de passage.

Selon le Centre Palestinien pour les Droits Humains (PCHR), les malades palestiniens qui avaient grandement besoin de soins médicaux à l’étranger, ont également été bloqués au point de passage, ce qui est une violation flagrante de leurs droits fondamentaux.

Aucune protection

Lutfi Beldjelti, officier de la protection dans les bureaux de l’UNHCR au Caire, a visité le point de passage frontalier la semaine dernière afin de se rendre compte de la situation des milliers de Palestiniens coincés qui sont en fait effectivement devenus maintenant des réfugiés, et beaucoup d’entre eux pour la deuxième fois.

Selon Beldjelti, il y a au moins 23 cas de Palestiniens qui n’ont pas le droit de quitter le hall du terminal pour se rendre dans d’autres villes égyptiennes, soi-disant pour des « raisons de sécurité ».

« Hier, il y avait encore 22 personnes ici, qui n’ont pas le droit de rester sur le sol égyptien. Nous essayons avec les autorités, de les aider pour qu’ils puissent rester en Egypte. Nous avions même trouvé un membre du personnel des Nations Unies avec lequel ils pouvaient rester, mais le gouvernement égyptien a refusé » raconte-t-il.

Les réfugiés palestiniens sont normalement sous mandat de l’UNRWA [1] mais celui-ci n’a pas de bureaux en Egypte. En conséquence, l’UNHCR [2] fait ce qu’il peut pour aider cas par cas, les milliers de Palestiniens bloqués. Mais ils ont été incapables de contacter les Palestiniens éparpillés dans les villes frontalières.

« Les Palestiniens piégés ne bénéficient pas d’un programme de protection, mais nous avons montré la volonté d’aider le gouvernement à aider ces personnes. C’est limité mais nous faisons de notre mieux. Nous sommes très préoccupés du fait que les personnes n’ont pas le droit de se déplacer dans le pays » dit Beldjelti.

Réduits à la mendicité

Suite à la fermeture, les familles ont été séparées, alors que dans une semaine, les Palestiniens célébreront leur fête principale : Eid al-Adha.

Wisam Abu Shariya, médecin, a téléphoné à Aljazeera.net à partir d’un motel du côté égyptien du point de passage. « Je suis venue assister à un cours de quatre jours à l’Université du Caire et cela fait maintenant 40 jours que je suis coincée ici », raconte-elle.

« Depuis ces deux derniers mois, je n’ai vu que de l’amertume et du désespoir. J’ai laissé mon fils de 15 mois à la maison avec mon père. Mon fils est malade et il boit encore au biberon et l’argent que j’avais amené avec moi est épuisé »

« Mais ma situation est meilleure que celle de la plupart des autres personnes » dit-elle. « J’ai vu hier une femme palestinienne qui mendiait. Elle avait juste besoin d’argent pour acheter de la nourriture ».

Une situation horrible

La compagne de chambre d’Abu Shariya, la Dr Manal Muhsin, qui travaille au ministère palestinien de l’environnement, est comme elle, bloquée depuis 40 jours.

« C’est une situation horrible. On peut faire ressortir un ou deux cas, mais il y en a des milliers. Et que changeront quelques pièces pour les personnes qui sont dépourvues de tout ? » demande Muhsin en parlant de la somme d’argent symbolique que l’ambassade palestinienne au Caire a fait parvenir à certaines familles bloquées.

Abd Allah Abd Allah, directeur général du ministère palestinien des affaires étrangères, a dit à Aljazeera.net que l’Egypte, la Jordanie, le Comité International de la Croix Rouge ainsi que d’autres organismes internationaux, avaient été contactés pour essayer de faire pression sur Israël afin que celle-ci autorise le rapatriement des Palestiniens, mais apparemment sans résultat .

Le gouvernement israélien insiste : « Ce sont les ‘terroristes palestiniens’ qu’il faut blâmer pour la présente épreuve » en faisant référence à l’explosion du 12 décembre au point de passage de Rafah.

Mais les responsables palestiniens réfutent cette justification israélienne et disent qu’elle n’est qu’un prétexte pour punir et tourmenter des personnes innocentes.

Situation difficile oubliée ?

Dimanche, un haut responsable du ministère des Affaires étrangères israélien s’est rendu au Caire pour discuter des « relations bilatérales » et de la dernière crise dans les relations entre Israël et l’Autorité Palestinienne.

Il n’est néanmoins pas clair si le sort des Palestiniens bloqués a été évoqué lors des discussions.

Une porte-parole du ministère israélien des affaires étrangères, Amira Oron, a déclaré à Aljazeera.net que bien qu’elle ait conscience du problème, elle n’avait pas connaissance d’efforts visant à ramener ‘à Gaza) les Palestiniens bloqués dans un avenir proche.

Suite à la demande d’Aljazeera.net, le gouvernement égyptien a refusé de commenter le sujet.

Motifs contestés

De son côté, la Ligue Arabe dit que les actions d’Israël « soulèvent une série de questions » sur les véritables intentions du gouvernement israélien et de son désir d’arriver à une paix juste et durable.

« La vérité est que ce qui se passe est juste une autre manifestation de la politique israélienne, politique d’agression vis-à-vis du peuple palestinien. La fermeture du point de passage n’est qu’une autre facette de ces politiques en cours » a dit le porte-parole de la Ligue Arabe, Hisham Yusuf à Aljazeera.net.

A la question sur les mesures qui vont être prises (si mesures il y a) pour mettre fin à la fermeture, Yusuf a dit qu’il y avait des discussions en cours entre autre sur ce sujet entre les pays arabes et leurs ministres des affaires étrangères et que le ministre palestinien des affaires étrangères, Nabil Shaath, est actuellement en discussion au Caire.

Au moins 2.000 Palestiniens de plus vont rejoindre la semaine prochaine ceux qui sont bloqués en Egypte, quand les pèlerins musulmans commenceront leur voyage de retour (de la Mecque) de l’Arabie Saoudite pour revenir à Gaza.

[1] organisme des Nations- unies pour les réfugiés palestiniens
[2] haut commissariat aux réfugiés, des Nations- unies

Par Laila El-Haddad au Caire et Khalid Amayreh en Cisjordanie

17 janvier 2005,

Aljazeera.Net : http://english.aljazeera.net

traduction : Ana Cleja

Source : France Palestine
http://www.france-palestine.org/article971.html                           

 

Ce texte n'engage que son auteur et ne correspond pas obligatoirement à notre ligne politique. L'AFPS 59/62,  parfois en désaccord avec certains d'entre eux, trouve, néanmoins, utile de les présenter pour permettre à chacun d'élaborer son propre point de vue."

Retour  Ressources  -  Débat  -  Communiques  -  Accueil