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Interview d'Arafat
par Gush Shalom
10 avril 2004
Arafat
:
agir avec le Hamas dépend de l'arrêt total des attentats suicides et des
attaques contre les civils a-t-il déclaré à une délégation de Gush
Shalom qui est arrivée à la Moqa'ata aujourd'hui.
Uri Avneri : à la suite des menaces d'attaque de Sharon contre
Arafat nous avons décidé de renouveler des actions de bouclier humain.
Arafat : Sharon menace de me tuer mais il envoie son fils Omri pour
me rencontrer.
Arafat révèle :" Menahem Begin nous avait déjà proposé la
bande de Gaza, mais je n'ai pas accepté sans la Cisjordanie"
"Toute participation du Hamas, que ce soit dans la direction de la
bande de Gaza après un possible retrait ou que ce soit sous n'importe
quelle autre forme, dépend de l'accord de la direction du Hamas d'arrêter
totalement les attentats suicides et les attaques de civils.
Nous le leur avons annoncé lors du dialogue que nous menons ensemble à
l'initiative des Egyptiens" a déclaré le chef de l'Autorité
palestinienne, Yasser Arafat, aux délégués de Gush Shalom qui se sont
rendus ce matin à la Moqa'ata à Ramallah.
Les
délégués, arrivés sur place après avoir réussi à esquiver les
barrages militaires à l'entrée de Ramallah, ont déclaré à Arafat être
venus pour exprimer leur protestation quant aux menaces du chef du
gouvernement Sharon d'attaquer Arafat.
"Nous sommes conscients de votre rôle historique dans le mouvement
nationaliste palestinien, et nous savons que vous êtes le seul du côté
palestinien qui peut signer et concrétiser un accord de paix avec Israël"
a déclaré Uri Avneri membre de Gush Shalom, à Arafat.
"Les fois précédentes où Sharon a menacé et qu'il semblait y
avoir un danger sensible, nous sommes venus ici à la Moqa'ata pour les
faire reculer, qu'il sache qu'il y a ici des citoyens israéliens. C'est
ce que nous avons l'intention de faire
aussi cette fois
Sharon menace de me tuer mais il m'a envoyé son fils. Omri Sharon s'est
assis pour discuter avec moi ici dans cette pièce" a dit Arafat
"j'aime bien Omri Sharon, c'est un bon garçon à l'esprit ouvert.
Même après que Sharon m'ait fait assiéger en 2002 et que ses soldats
aient démoli la plupart de la Moqa'ata, même après cela il m'a de
nouveau envoyé Omri. Et je me souviens encore de la conférence de Wye,
Sharon et Netanyahou étaient assis en face de moi à côté de la table,
comme vous maintenant, Clinton était assis au milieu, nous avons marchandé,
discuté et finalement nous sommes arrivés à un accord. Nous pouvons
faire de même aujourd'hui aussi, je suis prêt à les rencontrer tous les
deux demain matin".
Saëb Erekat, le ministre palestinien pour les affaires de négociations,
qui participait aussi à la rencontre a ajouté que Sharon , lorsqu'il était
ministre des Affaires étrangères d'Israël, l'esprit le plus vif de la
conférence de Wye , il a proposé toutes sortes de conseils et d'idées
qui ont aidé à aboutir à un accord. Aujourd'hui il a complètement
arrêté toute négociation et coupé toute relation. Il y a plus d'un
mois Weissglas m'a rencontré, depuis il n'y a eu aucune relation. Comment pense-t-il réaliser un
retrait de la bande de Gaza sans aucune coordination avec nous ? Comment
videra-t-il les colonies sans que les forces de sécurité palestiniennes
n'empêchent les attaques contre les colons qui partent ? Veut-il que la
bande de Gaza se transforme en arène d'une guerre civile, un tohu-bohu
d'escadrons et de milices ? Regardez ce qui arrive maintenant dans les
villes de Cisjordanie. Sharon a détruit tous les commissariats
palestiniens, il a défaits nos forces, et maintenant regardez ce qui se
passe à Naplouse. Est-ce pour le bien d'Israël?
L'historien
Teddy Katz, membre de la direction de Gush Shalom, a demandé l'avis des
dirigeants palestiniens sur le projet de séparation de Sharon. "Je
doute vraiment que Sharon ait sérieusement l'intention de le réaliser et
de démanteler les colonies.
Mais nous, en tant que direction palestinienne, devons être prêts à
toute possibilité afin de faire progresser ce qui est bon pour les
enfants de notre peuple".
Saëb Erekat ajoute. "Un retrait de la bande de Gaza comme élément
de la feuille de route, nous
l'acceptons tout à fait et nous le regardons positivement.
Un retrait de Gaza comme substitut à la feuille de route accompagné du
morcellement de la Cisjordanie et de l'annexion des blocs de colonies en
faveur d'Israël, nous ne l'accepterons jamais. Nous avons dit aux Américains
qu'ils étaient habilités à définir les frontières des Etats-Unis mais
pas les frontières de la Palestine.
Arafat a révélé qu'en son temps Menahem Begin avait conseillé au Président
d'Egypte Sadate de transmettre aux Palestiniens la bande de Gaza :
"Sadate m'a téléphoné et transmis le conseil de Begin, mais je lui
ai dit que jamais je n'accepterai de séparer Gaza de la
Cisjordanie". Saëb Erekat ajoute : "La bande de Gaza ne peut
pas exister sans une relation avec la Cisjordanie. Aujourd'hui elle
contribue seulement pour 18% au PIB de l'Autorité palestinienne, mais 52%
des ressources de l'Autorité y sont investies parce qu'elle est la partie
la plus pauvre et la plus abandonnée des territoires palestiniens.
Nous
avons l'intention d'être à l'initiative d'élections dans tous les
territoires palestiniens parallèlement au retrait de Gaza" des élections
présidentielles, parlementaires et régionales. C'est la seule possibilité
pour arrêter le chaos et le règne des milices. Bien entendu les élections
nécessitent la sortie de l'armée israélienne des villes et des villages
palestiniens. Il est impossible d'avoir des élections quand l'armée peut
entrer à chaque instant et arrêter qui elle veut, y compris les députés
et les candidats aux élections"
a
déclaré Erekat.
Traduit par Rachel (UJFP)
E-Mail:
info@gush-shalom.org
La
version anglaise de cet article se trouve sur le site de Gush Shalom à
l'adresse suivante
http://www.gush-shalom.org/actions/mukata2_eng.html
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