AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP |
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De septembre
à janvier, Anne Brunswic, écrivain et journaliste, a séjourné à
Ramallah. Elle a rédigé chaque semaine des chroniques (qui paraissent
chez Actes Sud le 4 mai sous le titre « Bienvenue en Palestine ».
A la demande de la LDH, elle fait ici le point sur la manière dont ses
propres idées sur le conflit israélo-palestinien ont évolué au cours
de son séjour. Voici bientôt trois mois que j’habite à Ramallah, en plein centre ville, dans un appartement confortable que je loue et partage à l’occasion avec des étudiants ou des amis de passage. Je suis venue ici sans être envoyée par personne,
ni un journal, ni une chaîne de télévision, ni une université, ni une
O.N.G., ni une association, ni un parti politique, ni une administration
publique. En toute liberté, ce qui est plutôt exceptionnel ici où tous
les étrangers relèvent plus ou moins d’une mission de ce genre. Cette
liberté m’était essentielle pour faire un travail d’écrivain, un
travail où j’assumerais ma propre subjectivité dans cette rencontre
avec ces Autres qu’étaient à mes yeux les Palestiniens. Selon les époques
et les circonstances, on a pu me définir comme une ex-communiste plus ou
moins repentie, comme une féministe hors cadre, comme une juive laïque
non-sioniste et résolument diasporique. Ou professionnellement comme
ex-professeur de lettres, ex-fonctionnaire de la culture, intermittente du
journalisme…Ce que je suis aujourd’hui ici c’est un écrivain du réel
travaillant dans les marges du journalisme. J’emprunte cette expression
au monde du cinéma documentaire qui s’est bâti un domaine de création
entre le reportage et le cinéma de fiction qu’il a nommé « cinéma
du réel », « fictions du réel »… 1. Misérabilisme.
Ma première surprise a été de découvrir à Ramallah une société développée
et occidentalisée avec des téléphones portables, des cafés internet,
des distributeurs de banque, des publicités projetées au sommet des
immeubles de l’artère principale sur des écrans géants, des immeubles
coquets, des jardins bien entretenus, des paraboles et des chauffe-eau
solaires sur tous les toits. Fort loin des images de Jenine dans les décombres,
fort loin des camps de réfugiés de Gaza. Pourquoi ce misérabilisme dans
la présentation de la réalité palestinienne ? Pourquoi nier les
oppositions de classe, la diversité des situations sociales ? Je
hasarde une réponse : n’osant pas intervenir sur le fond politique
de la question israélo-palestinienne, la plupart se contentent
d’orienter la solidarité vers l’humanitaire, le caritatif…Comme
l’a fait Chirac récemment à Tunis, on réduit volontiers les droits de
l’homme à celui de manger à sa faim. 2. Sensationnalisme.
L’occupation, ce n’est pas la guerre. Les Palestiniens n’ont pas
d’armée, ils n’ont que des groupes de combattants divisés, coupés
les uns des autres, à peine équipés pour la guerrilla urbaine et 6 000
prisonniers en Israël. Les Israéliens ont certes intérêt à accréditer
l’idée qu’on est en guerre, cela justifie toutes les violences contre
les civils. Les médias aussi : la guerre se vend mieux que
l’occupation. La réalité est moins photogénique. Le quotidien n’est
pas fait de bombardements et de tirs à l’arme automatique mais
d’humiliations, d’entraves à la circulation et à la vie économique,
d’arbitraire, de déni de droits élémentaires. Et de violences
sporadiques : 6 morts à Ramallah depuis mon arrivée, dont 4 le 1er
décembre. 3. Diaspora.
Les Palestiniens ont tous de la famille à l’étranger. En Europe, aux
Etats-Unis, au Canada pour les couches les plus aisées et les chrétiens.
Dans les Etats arabes voisins, les Emirats, l’Arabie Saoudite pour les
autres. La diaspora (plus ou moins 4 millions)
pèse plus que les habitants de la Cisjordanie (2,4 millions) et de Gaza
(1,2). Beaucoup ont aussi des cousins titulaires d’un passeport israélien
(1,2 millions d’Arabes israéliens soit 20% de la population d’Israël).
L’importance de cette diaspora, sa prospérité, son haut niveau d’éducation,
sa dissémination géographique fait de la société palestinienne un
croisement d’influences en perpétuel mouvement. Je ne m’attendais pas
à découvrir les Palestiniens si proche des juifs, au moins par leur expérience
contemporaine. 4. Femmes. La grande majorité des femmes sont voilées. En ville, c’est un phénomène récent. A Ramallah, celles qui ne le sont pas ont de fortes chances d’être des chrétiennes et/ou des bourgeoises. Mais il y a bien des manières de porter le foulard, avec des raffinements de coquetterie illimitées. Ses significations sont variées et souvent confuses. S’agit-il de se montrer comme une jeune fille sérieuse cherchant un époux ? comme une musulmane fière de l’être en face du soldat ou du colon juif qui vous envisage comme du bétail ? S’agit-il d’un cache misère, dissimulant l’inégalité des conditions ? S’agit-il d’échapper aux avances insistantes des garçons qu’on est bien obligée de cotoyer dans les transports en commun ? Ma plus grande surprise a été de rencontrer une jeune femme voilée qui m’a tenu à peu près ce langage : « L’Autorité palestinienne devrait réprimer plus sérieusement les auteurs d’attentats. Son double-jeu n’est pas admissible. Au début du processus d’Oslo, on les a mis en prison. Il faut sévir avec le Hamas. Le Coran ne permet pas de s’attaquer aux civils. » Le foulard ne laisse rien augurer des idées de celle qui le porte. Il ne traduit pas non plus forcément une régression de la position sociale des femmes même si celles-ci souffrent sans doute plus que les hommes de tous les maux liés à l’occupation. 5.
Islamisation. La résistance palestinienne est apparue dans un
contexte laïque et tiers-mondiste. Depuis dix ans l’islam
incontestablement gagne du terrain sur les terres abandonnées par les
autres (fin du communisme, fin du nassérisme), avec des hauts et des bas
selon la conjoncture politique. Ce qui progresse, c’est à la fois un
islam politique influencé par l’Arabie Saoudite ou l’Iran et un islam
traditionnel et familial vécu comme refuge contre les vicissitudes de
l’occupation israélienne. Encore que cette distinction ne soit pas
toujours aisée ni claire pour les gens concernés. Il semble que, plus
l’occupant israélien s’affirme juif, non seulement ethniquement mais
religieusement, plus le Palestinien semble entraîné vers une affirmation
identitaire religieuse. 6. Terrorisme.
Concernant les attentats suicides, les réactions des Palestiniens
m’ont paru fort éloignées de ce qu’on affirme généralement en
Occident. Au soir de l’attentat de Haïfa du 4 octobre dernier, je
n’ai vu personne festoyer à Ramallah. Les gens se précipitaient
pour faire des provisions, en prévision d’un probable couvre-feu. Et
certains s’inquiétaient du sort d’Arafat dont les dirigeants israéliens
unanimes annonçaient la liquidation prochaine (d’une manière ou
d’une autre). Dans les jours suivants et à mesure que l’on apprenait
des détails sur la personnalité de la jeune kamikaze, sur son frère et
son fiancé tués devant elle, sur son père malade, tous cherchaient à
la comprendre, tous exprimaient pour elle une profonde compassion. Mais
personne ne s’intéressait au Djihad islamique qui avait revendiqué
l’attentat, ni pour l’approuver ni pour le condamner. Pour résumer
mon impression, le soutien populaire que les Palestiniens accordent aux
attentats ne signifie pas soutien aux organisations qui les mettent en œuvre ;
il a plutôt un caractère moral et affectif. Beaucoup me l’ont dit :
« L’étonnant, c’est
qu’il n’y ait pas davantage de suicides. Tous les jeunes se posent
d’une manière ou d’une autre la question du sacrifice de leur vie. »
Qu’ils approuvent ou qu’ils condamnent les attentats-suicides, les
Palestiniens n’emploient jamais le mot « terroriste » qui
est précisément celui par lequel l’occupant tente de les criminaliser
collectivement. Il est également inutile de leur demander d’interdire
certaines organisations politico-religieuses (au moins tant que les
organisations équivalentes en Israël n’auront pas été interdites). 7. Le fait
accompli. Contrairement à leurs engagements internationaux, les Israéliens
ne sont pas encore décidés à se retirer de Cisjordanie. Au contraire,
ils travaillent inlassablement à son annexion. Voilà le principal
obstacle à la paix. Je ne fais là aucun procès d’intention :
c’est le programme politique sur lequel Ariel Sharon a été élu et réélu.
Sur le terrain, ce que j’ai pu voir, c’est une emprise israélienne
qui ne cesse de s’accroître. La « barrière de sécurité »
de près de sept cents kilomètres, actuellement en construction, en est
le signe le plus évident. Au lieu de suivre la ligne verte de 1967 (320
kms) qui, selon tous les projets de paix négociée sert de référence au
tracé des futures frontières de l’Etat palestinien, la « clôture »
empiète systématiquement sur les terres palestiniennes, parfois de 5
à 6 kilomètres. Si, comme il est prévu, elle les enserre aussi
à l’Est, du côté de la vallée du Jourdain, plus aucun Etat
palestinien n’est possible. Sur le terrain, la politique d’Israël
n’a pas varié depuis cinquante-cinq ans. Elle consiste à créer des
faits accomplis qui élèvent sans cesse la base sur laquelle il faudra un
jour négocier. En attendant, on avance ses pions méthodiquement. Le
nombre des colons a augmenté de 50% au cours de la dernière décennie et
l’espace palestinien rétrécit comme une peau de chagrin. Chaque
semaine, des Palestiniens découvrent sur une colline une caravane où
sera peut-être posée la première pierre d’une implantation coloniale
juive. Les colons exercent une pression si violente sur les paysans
voisins que ceux-ci se voient rapidement contraints à abandonner leurs
terres. La loi permet au gouvernement israélien de s’approprier à bref
délai une terre en jachère. Ainsi, la colonisation progresse,
inexorablement. Ces temps derniers, de Genève à Jérusalem en passant
par Washington, on a perçu des signes d’évolution dans les discours.
Les Palestiniens, qui en ont beaucoup
entendu, jugeront sur pièces. 8. L’impasse
du tout-sécuritaire. C’est au nom de la sécurité des Israéliens
que sont imposées les restrictions de circulation, les couvre-feu, les
contrôles d’identité à toute heure du jour et surtout de la nuit.
C’est aussi au nom de la sécurité que les pilotes assassinent
indistinctement combattants et civils, que les bulldozers ravagent des
maisons, des immeubles d’habitation et des infrastructures (adduction
d’eau notamment). C’est encore au nom de la sécurité que sont
conduites des opérations militaires d’envergure comme celles de Rafah
dont l’objectif officiel est de détruire les tunnels reliant Gaza à
l’Egypte. Vu du côté palestinien tout cela n’est que punition
collective, humiliation quotidienne, tentative obstinée de les mettre à
genoux. L’intensité de la répression (6 000 prisonniers sous les
verrous, 3 000 morts en trois ans) rend pratiquement impossible la
formation de maquis ou de groupes de résistance armée. La voie des
attentats-suicides reste une des rares qui soient ouvertes à ceux qui
veulent rendre un peu aux Israéliens la monnaie de leur pièce.
Officiellement, ceux-ci se plaignent de l’absence de partenaires pour
faire la paix mais leur politique consiste à couper l’herbe sous le
pied de toutes les forces qui pourraient porter un tel projet. Plus ils
veulent acculer les Palestiniens au désespoir et à l’exil, plus
ceux-ci s’accrochent et résistent par tous les moyens. Les anciens
directeurs des services de renseignements israéliens en sont venus dernièrement
à dénoncer publiquement cette impasse. 9. Résistance
nationale. Encore un autre objet de surprise : la résistance
n’est pas l’apanage des musulmans, des jeunes ou des pauvres. J’ai
rencontré des grands-mères chrétiennes, assidues à la messe tous les
dimanches, expertes en gâteaux et en baby-sitting, qui m’ont dit,
rigoureusement dans les mêmes termes que les étudiants : « Je
ne bougerai plus d’ici. Ils peuvent me faire tout ce qu’ils veulent.
Nos parents ont quitté leurs terres, ils n’ont jamais pu y remettre les
pieds. Moi, je n’irai pas plus loin. Je n’irai ni en Jordanie ni
ailleurs. J’y suis, j’y reste. » La résistance nationale
transcende ici les classes, les générations, les religions et les
engagements politiques. Les candidats aux opérations suicides se
recrutent dans tous les milieux et toutes les villes. En novembre, à
Ramallah, c’est un jeune avocat de 28 ans qui s’est fait sauter en
manipulant sa ceinture d’explosifs. Il est probable qu’on trouve aussi
des mouchards et des collabos dans tous les milieux. 10. Racisme.
Les Israéliens sont imbibés de racisme anti-arabe. Non seulement la
droite dont c’est explicitement le programme et le credo. Non seulement
la gauche qui actuellement tente de vendre à l’opinion israélienne les
Accords de Genève en expliquant que c’est le seul moyen de ne pas
cohabiter avec une majorité d’Arabes. Mais aussi bon nombre de
militants de l’extrême gauche qui expriment ce racisme sous la forme
d’un paternalisme colonial. Fort peu ont pris la peine d’apprendre
l’arabe, fort peu nouent avec les Palestiniens des relations d’égal
à égal. En novembre, s’est tenu à Tel Aviv un marathon pour les
droits de l’homme organisé par la revue Palestine-Israël. La délégation
palestinienne comptait quinze universitaires et chercheurs venus tout exprès
de Jérusalem-Est. J’ai eu la surprise d’entendre tous les orateurs
israéliens s’exprimer en hébreu, sans que la moindre traduction vers
l’arabe ou l’anglais ait été prévue. Cerise sur le gâteau,
lors de l’intermède musical, la chanteuse pacifiste Yaffa Yarkoni a
gratifié son public de chansons de la guerre d’indépendance de 1948
(la nakba des Palestiniens) ! 11. Le piège de l’humanitaire. Les Européens et notamment les Français sont plutôt bien vus en Palestine. On apprécie leur opposition à la guerre en Irak, leur soutien aux initiatives de paix, leur engagement dans les ONG, leur générosité dans les programmes humanitaires et culturels. N’empêche, on ne les a jamais entendu condamner que du bout des lèvres la colonisation-occupation israélienne. Qu’ont-ils fait pour empêcher la construction du mur ? Qu’ont-ils fait pour protéger les populations palestiniennes ? Ils laissent la voie libre aux tanks, aux hélicoptères, aux bulldozers et se contentent d’envoyer du mercurochrome. Voilà ce que les Palestiniens me disent. Comment leur donner tort ? Les Européens votent des sanctions économiques mais tardent à les appliquer, paralysés qu’ils sont par la crainte de passer pour antisémites. La culpabilité de la Shoah leur lie les mains. L’idée que les Européens se sont débarrassés sur le Moyen-Orient de leurs dettes vis à vis des survivants juifs est ici fort populaire. Nos leçons de démocratie (y compris celle que Lionel Jospin tenta de donner sur le campus de l’université de Bir Zeit) ne passent pas. Là aussi, les Palestiniens jugent sur pièces. 12. Négocier
la paix. Compte tenu d’un rapport des forces catastrophique, la négociation
se résume pour les Palestiniens au niveau de renoncements qu’ils
peuvent faire accepter à leur peuple. Ils ont déjà renoncé à 78% de
leur territoire historique. Ils ont déjà accepté de reconnaître non
seulement l’Etat d’Israël mais l’Etat juif, ce qui signifie
qu’ils abandonnent à leur sort les 1,2 millions de Palestiniens de
l’intérieur, condamnés à demeurer en Israël des citoyens de seconde
zone. Ils ne demandent même pas l’abrogation par Israël de cette « loi du retour » qui permet à n’importe
quel juif du monde entier d’accéder immédiatement à la citoyenneté
israélienne, pourvu qu’un rabbin lui donne le feu vert. Les deux points
les plus sensibles restent Jérusalem et les droits des réfugiés. Les
accords de Genève leur accordent Jérusalem comme capitale et la
souveraineté sur la mosquée Al Aqsa mais feront passer 100 000
Palestiniens de la banlieue sous souveraineté israélienne avec un statut
d’apatrides. Quant au droit au retour des réfugiés sur les territoires
perdus en 1948, il ne devrait être effectif que pour un nombre très réduit
d’individus âgés. Pour que les Palestiniens renoncent à ce « droit
au retour » placé au centre de leur combat politique depuis 1948 et
que maintes résolutions de l’ONU leur ont reconnu, que leur offre-t-on ?
Un plat de lentilles ? Même pas des excuses en bonne et due forme
pour les souffrances endurées par les réfugiés. Il saute aux yeux que
ce sont les Palestiniens qui font depuis dix ans les offres généreuses.
Et qu’on leur répond à la cannonière. Echaudés par la descente aux
enfers des années 1990, les Palestiniens sont aujourd’hui très
circonspects devant les faiseurs de paix. Quand ils ne les mettent pas
tout de suite à la porte. 13. L’Etat juif. Dernier point sur lequel j’ai sensiblement évolué au cours de ces dernières semaines. Non-sioniste depuis toujours, je n’ai jamais été d’avis que la place de tout Juif se situait en Israël, ni qu’Israël était la patrie de tous les Juifs. Vu de France, Israël est souvent caractérisé comme un Etat religieux ce qu’il n’est pas, même si les religieux y tiennent une place importante à tous les échelons. Mais rarement hégémonique. Ce qu’Israël est, en revanche, c’est un Etat fondé sur la discrimination raciale. Son code de la nationalité ne reconnaît aucun droit du sol. N’importe quel juif, pourvu qu’un rabbin l’agrée, a le droit de devenir immédiatement citoyen israélien. Mais un indigène réfugié au Liban ou à Gaza, dont les parents ou les grands-parents ont subi l’épuration ethnique, n’a aucune chance de le devenir. La définition d’Israël comme Etat juif entraine d’autres conséquences à mon sens également inacceptables. La main-d’oeuvre palestinienne étant indésirable pour des raisons de sécurité, cet Etat a fait appel massivement à des travailleurs roumains, ghanéens, philippins dépourvus de tous droits sociaux et même de droits humains. Lundi 24 novembre, à l’aéroport Ben Gourion, une file d’ouvriers turcs attendait l’avion qui leur permettrait de passer les fêtes de l’Aïd en famille. Pas une femme, pas un enfant, pas un vieillard dans la file d’attente pour Istanbul : le regroupement familial est strictement interdit aux non-juifs. L’Etat juif réinvente en toute bonne conscience l’immigration des années cinquante avec ses armées de célibataires forcés, ses marchands de sommeil et ses bordels (tenus par la mafia russe). A côté de la gare de Tel Aviv, des Africains s’entassent dans des squats. Par surcroît de misère, ils doivent faire face aux agressions des nervis d’extrême droite qui mènent campagne contre ceux qui volent le pain des juifs. Les immigrants juifs du monde entier sont d’abord courtisés puis accueillis et subventionnés à proportion de l’antisémitisme réel ou supposé qu’ils subissent dans leur pays d’origine. L’antisémitisme est le meilleur carburant de l’immigration. De là à le favoriser discrètement, il n’y a qu’un pas qu’il n’est que trop tentant de franchir. Etant concernée par ce qu’Israël appelle « loi du retour », je déclare ici que j’y renonce définitivement. J’invite les juifs antiracistes à faire de même par voie de presse ou par courrier à l’ambassade d’Israël. Quant aux amis non-juifs, je me permets de compter sur leur discrète solidarité pour le cas où un gouvernement français ou européen s’aviserait de rouvrir une chasse interdite depuis mai 1945. 14. Une paix juste ? Que diriez-vous d’un État démocratique et laïque, reconnaissant à tous ceux qui vivent ici, juifs, musulmans, chrétiens, de religion indéterminée ou sans religion, issus de couples mixtes ou nés sous X, le droit d’y rester, d’y travailler et d’y élever leurs enfants à égalité de droits et de devoirs avec tous leurs concitoyens ? Avec interdiction formelle de toute propagande raciste et liberté de conscience garantie à tous. Voilà à quoi ressemblerait, me semble-t-il, une paix juste et durable. Voilà qui ferait un peu avancer l’humanité vers des chemins de progrès. Ça vous fait rire ? Soit riez. Admettons que je sois une dangereuse rêveuse. Restons dans la glaise. Vous préférez une paix injuste à la guerre ? C’est humain. Il me semble pourtant avoir appris au lycée que du traité de Versailles, paix injuste et humiliante s’il en fut, était sortie toute chaude vingt ans plus tard une nouvelle guerre mondiale, dix fois plus meurtrière et plus destructrice. Renonçant à parler de « terrorisme » et « d’antisémitisme », avant un inventaire circonspect de ces concepts, je suggère également d’appliquer un moratoire sur l’usage du mot « pacifiste ». Anne Brunswic Ramallah, 17 décembre 2002 Copyright Anne Brunswic |
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Abu
Dis, janvier 2004. Les éléments du mur ne sont pas encore tout à fait
assemblés. On peut encore s'apercevoir par endroits. Des deux côtés,
des populations palestiniennes désormais séparées, les unes vouées à
l'annexion dans Jérusalem, les autres au confinement.
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Anne B. devant le mur de Qalqilya. Le mur fait 8 mètres de haut et ceinture complètement cette ville de 30 000 habitants. |
Check
point de Kalandia, pour passer de Ramallah à Jérusalem. La
carte d'identité verte ne permet pas d'entrer dans Jérusalem. Il faut
donc montrer des papiers supplémentaires, des autorisations spéciales
que l'armée délivre selon son bon plaisir. |
Ramallah. Garçons devant leur immeuble qui vient d'être détruit. Le 1er décembre 2003, plusieurs dizaines de blindés ont envahi le centre de Ramallah. Un immeuble de 4 étages comportant 20 appartements a été dynamité au motif qu'il aurait servi de refuge temporaire à des activistes du Hamas | Hébron : 400 colons se sont installés au centre du vieux souk, à proximité du Tombeau des Patriarches. Les soldats interdisent l'accès aux rues qu'ils occupent. Ils s'acharnent en outre à faire fermer la plupart des commerces arabes |
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