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Au milieu
du chaos de Naplouse, The
Guardian Des factions palestiniennes s'affrontent dans la ville cisjordanienne Naplouse - Les gros bras habillés de cuir et entourant Ghassan Shaqa ne sont pas là pour le protéger des troupes israéliennes qui se fraient violemment un chemin à travers la casbah à la recherche des «résistants». Ils protègent le maire de Naplouse d'autres Palestiniens. Son frère a été tué deux mois auparavant lors d'une embuscade qui visait le maire. Il est l'un des morts parmi les dizaines d'autres Palestiniens tués par des Palestiniens ces derniers mois. Cette ville de Cisjordanie d'environ 150.000 habitants est devenue une ville sans loi, avec des crimes organisés et une justice expéditive. Mais beaucoup de gens à Naplouse disent que M. Shaqa contribue à la déstabilisation à cause de sa politique de rivalité âpre, et violente d'après certains, avec le gouverneur de la région, Mahmoud Aloul. Des gangs armés ont enlevé le frère du gouverneur, ont rasé l'affaire familiale et ont essayé d'assassiner ses alliés politiques de l'OLP. Avec l'effondrement de l'ordre, est arrivée une vague d'extorsions, de kidnappings contre rançons et de règlements de querelles entre familles sous couvert de tueries de collaborateurs. Plusieurs passants innocents sont morts tués par des feux croisés pendant des enlèvements ratés et des tirs croisés dans les rues. Parmi les morts se trouvaient un jeune de 13 ans qui a été tué alors qu'il se rendait chez le coiffeur et une mère de trois enfants qui a été assassinée alors qu'elle achetait des médicaments pour l'un de ses enfants. Taysir Naserallah, un des principaux représentants du mouvement Fatah d'Arafat à Naplouse, a maintes fois répété que l'invasion israélienne de la ville, maintenue pendant des mois sous couvre-feu, et l'effondrement économique, ont conduit au chaos. Mais il dit qu'Arafat lui aussi doit être blâmé. «Nous vivons à Naplouse dans une situation de chaos parce que l'on ne sait pas qui frappe sur qui, et beaucoup de gens en profitent», dit-il. «Il y a deux facteurs derrière cela: l'effondrement du contrôle de l'Autorité Palestinienne à cause des Israéliens, et le refus d'Arafat de donner du pouvoir à qui que ce soit. Il a désigné un maire et un gouverneur pour Naplouse, qui sont deux hommes assis dans le même siège et essayant de faire le même travail. Arafat les oppose l'un contre l'autre pour garder le contrôle.» M. Naserallah, ainsi que beaucoup d'autres personnes parmi l'élite de Naplouse, attribue beaucoup la violence à la rivalité entre les factions des Brigades des Martyrs d'al-Aqsa qui mènent la résistance dans la ville et la demi-douzaine de gangs criminels qui opèrent sous couvert des Brigades. Certaines sont loyales envers le maire, d'autres le sont envers le gouverneur. Peu de gens acceptent d'en parler publiquement, mais la plupart des politiciens et des hommes d'affaires pensent que les hommes armés qui sont loyaux envers le maire représentent le vrai problème. «Il y a un groupe de brigadistes soutenus par le maire», dit M. Naserallah. «Ce sont eux qui sont les responsables du chaos, ce sont eux qui commencent les combats. On soupçonne fortement ici que les Israéliens leur permettent d'exister justement parce qu'ils engendrent le chaos. Les véritables Brigades n'importunent pas les gens.» Le maire n'est pas d'accord. «Je crois qu'il y a des gangs qui font chanter des personnes, en les gardant en otage», dit-il. «Ce sont eux qui ont tué mon frère, mais ils ont également kidnappé le frère du gouverneur. Ils font honte au bon renom des mouvements de résistance. Ils n'ont pas de rapports avec moi.» M. Shaqa, qui est membre du comité exécutif de l'OLP et du conseil national de sécurité, estime que près de 40 Palestiniens ont été tués par d'autres Palestiniens pendant l'anarchie de ces derniers mois, presque autant que ceux qui sont morts dans la ville, tués par les Israéliens. Ahmad Shaqa, son frère, était en visite venant de Jordanie, quand il est tombé dans une embuscade alors qu'il conduisait la voiture du maire. Cela a laissé penser que le maire était la véritable cible. Les semaines précédentes, des affichettes avaient été distribuées au nom des Brigades al-Aqsa, affichettes qui accusaient le maire de collaborer avec Israël. Le gouverneur a également été la cible d'attaques. Sa voiture a été incendiée, et l'un de ses frères a été kidnappé au mois d'août lors d'un déchaînement d'hommes armés à travers la ville qui ont incendié des voitures et des maisons et installé des «check-points» suite à la mort d'un des leurs dans le camp de réfugiés de Balata. Le meurtre semble avoir été un acte de vengeance en représailles à une fusillade advenue quelques semaines auparavant. Le frère de M. Aloul a été rapidement libéré après l'intervention d'Arafat, ce qui semble confirmer pour beaucoup de personnes le lien entre la violence et les Brigades al-Aqsa, qui reconnaissent le président palestinien comme seule autorité. Un restaurant appartenant à un autre des frères de M. Aloul a été totalement détruit par un incendie. Les gangs «Il y a des gangs qui se présentent comme étant des résistants», dit M. Aloul. «Je n'aimerais pas dire qui soutient ces gangs, mais ils aident l'occupation. C'est pour cela que ceux qui soutiennent les gangs sont des collaborateurs d'Israël.» Le mois dernier, des hommes armés ont tiré sur la voiture d'un membre du comité exécutif de l'OLP, Tayseer Khalid, qui a décrit l'attaque comme étant une extension de la culture de «miliciens, de chaos et d'hooliganisme» qui engloutit Naplouse. Un ancien chef de la brigade des pompiers, Firas Amieh, a reçu des balles dans les jambes à la suite d'une distribution de tracts au nom du Fatah, tracts l'accusant de corruption. Amneh Abou Hijleh, une mère de trois jeunes enfants, âgée de 37 ans, est l'une des personnes innocentes à avoir été tuées. Elle a reçu une balle alors qu'elle était sur les marches d'une pharmacie en juillet dernier lors d'une tentative de kidnapping de membres d'une faction rivale par des hommes armés palestiniens. Shouib al-Shashir a été tué dans son magasin de meubles par des gangsters qui l'ont pris pour un membre d'un groupe rival. Le jeune Firas Aghbar (13 ans) est mort en allant chez le coiffeur quand il s'est retrouvé au milieu d'un échange de tirs entre des factions. L'auteur palestinien Hani Masri a dit dans un article publié dans le journal al-Ayyam que la plus grande menace pour les habitants de Naplouse n'était pas l'occupation, mais le «chaos, l'anarchie, le manque de sécurité et les gens qui font eux-mêmes la loi». Il blâmait principalement l'Autorité Palestinienne parce que, disait-il, elle avait la possibilité de faire quelque chose mais ne le faisait pas. Beaucoup de personnes à Naplouse qui endurent déjà une pauvreté écrasante, des couvre-feux et les incursions militaires israéliennes, sont d'accord. «Il y a un manque sévère de confiance envers l'Autorité Palestinienne, sa direction et son administration», dit M. Naserallah. «J'ai souvent réclamé à Arafat de changer radicalement la direction à Naplouse. En fin de compte, le Hamas et le Jihad Islamique tirent les bénéfices de cette situation car ils sont hors du cercle de combat entre l'Autorité Palestinienne et le Fatah, et ils recueillent ainsi beaucoup de soutien.» Le premier ministre Ahmad Qoreï a dit au Guardian que c'était les Israéliens qui finalement étaient responsables de ce chaos. «N'oubliez pas, s'il vous plaît, que tous ces territoires sont sous occupation israélienne», dit-il. «Il n'y a pas une seule ville où nous pouvons exercer notre pleine autorité et responsabilité. N'importe quoi peut donc arriver. Et la Cisjordanie est entièrement sous la responsabilité d'Israël.» Chris
McGreal |
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