7-1
Point de vue de Ameer Makhoul : L'existence
de la Palestine et l'existence d'Israël sont
antinomiques
Dans son ensemble
et son fondement, le projet sioniste est
historiquement un projet colonial. Il ne fut
jamais adopté pour résoudre un conflit mais a été
plutôt conçu pour créer un conflit et
s'imposer, adoptant la résolution de la question
juive comme il l'a voulu, et non la résolution de
la question palestinienne ou le conflit israélo-palestinien
en Palestine.
Le projet sioniste
a de fait vu, avant et après 1948, dans l'Etat
Palestinien, dans le mouvement de libération
nationale et dans le droit à l'autodétermination
du peuple palestinien, une antinomie à Israël.
Unanimité israélienne
: la Palestine est l'Etat antinomique
Il existe une
conception arabe et internationale erronée considérant
que les courants qui voient dans l'Etat
Palestinien une antinomie à Israël sont ceux de
la droite extrémiste et que le problème résiderait
dans les propositions qu'ils avancent.
Mais en réalité,
aucune initiative israélienne, du parti
travailliste ou du Likoud, n'a jamais admis la création
d'un Etat palestinien souverain, selon le droit
international et la légalité internationale, ce
qui signifie que le centre politique ou les
courants du centre politique qui gouverne sont également
opposés à l'idée, considérant qu'ils veulent protéger
le projet sioniste.
Si nous parlons
d'un Etat Palestinien aux côtés de l'Etat d'Israël,
sur l'ensemble de la Cisjordanie, de la bande de
Gaza ou d'al-Quds, nous trouvons une unanimité,
ou à la rigueur, une quasi-unanimité sioniste
qui verrait cet Etat antinomique.
Si nous ajoutons la
question du droit au retour des réfugiés,
l'unanimité sera absolue, à droite, au
centre et à la gauche des courants sionistes.
Un bref aperçu des
documents israéliens se rapportant à ce sujet
indique qu'ils refusent l'Etat palestinien comme
le montre l'annexion à Israël par la Knesset de
la partie orientale d'al-Quds, suite à son
occupation, la considérant comme étant une
partie indissociable de la capitale "éternelle"
d'Israël, il en est de même du "plan Alon"
(Ygal Alon) dans les années 70 qui a essayé de
dessiner les nouvelles frontières incluant les
blocs de colonies après l'occupation de 1967,
ainsi que la version israélienne de la résolution
242 des Nations-Unies, les accords de Camp David,
le plan d'autonomie en Cisjordanie et la bande de
Gaza, et pour finir, la conférence de Madrid et
les accords d'Oslo, et ce qui s'ensuivit comme déclarations
sur les constituants du conflit, mais non sur la
façon de le résoudre ni sur les limites de sa résolution.
Fondamentalement,
le point de vue israélien qui essaie de concevoir
l'Etat Palestinien, quelles que soient ses frontières
ou sa souveraineté, le conçoit comme antinomique
à l'Etat hébreu, il s'agit d'un point de vue
profondément ancré dans l'opinion israélienne
et encore plus ancré dans la pensée de
l'institution israélienne.
Il est l'expression
du projet sioniste historique, qui est venu
effectivement antinomique au projet
palestinien, il a fondé son Etat sur les ruines
du peuple palestinien après l'occupation de sa
patrie, l'expulsion de la majorité de sa
population, la destruction de ses villages et
villes, et de ses institutions, et la mainmise sur
ses propriétés collectives et individuelles.
La victoire du
projet sioniste en 1948 et la défaite du peuple
palestinien et de la nation arabe ont créé un
sentiment de peur ancré dans la mentalité israélienne, qui
a peur que le peuple palestinien ne conserve
sa mémoire collective et ne se reconstitue en
tant que peuple et n'accomplisse sont projet de
libération.
A partir de ces
remarques, nous dégageons des constantes
fondamentales représentant les points d'appui de
l'unanimité nationale sioniste :
- Unanimité
nationale sioniste qui conçoit Israël en tant
qu'Etat Juif et pour les Juifs - les Juifs d'Israël
et les Juifs du monde - la droite et la gauche
sionistes sont d'accord sur ce point, la
divergence concerne seulement la définition
relative au caractère juif juif ou juif démocratique
de l'Etat.
- Unanimité pour
refuser le retour aux frontières de 1967.
- Unanimité pour
annexer al-Quds et la considérer comme capitale
éternelle de l'Etat d'Israël.
- Unanimité pour
refuser le droit au retour.
Il y a aussi une
unanimité stratégique et fondamentale sur la
coordination et la coopération stratégiques avec
l'administration américaine, pour agir dans le
cadre des intérêts planétaires américains,
dans le cadre du soutien absolu des Etats-Unis, ou
du moins, pour assurer l'intérêt constant
de toute administration américaine par le soutien
à Israël en tant que constituant structurel
stratégique dans ses stratégies.
La plus grande
réalisation en 1948 fut assurée par le mouvement
travailliste et la gauche sioniste, et non par la
droite, c'est ce courant de gauche qui a construit
l'Etat, qui a développé sa force militaire et économique,
c'est le courant responsable du bras colonisateur
avant 1948 et après, avant 1967 et après.
En signe de
comparaison, ce qu'exécute actuellement le
premier ministre israélien, président du Likoud,
Ariel Sharon, c'est la politique du parti
travailliste, le démantèlement des colonies de
Gaza, le désengagement, le développement du
Naqab et de la Galilée, l'obtention de la
reconnaissance palestinienne et internationale
d'Israël, non en tant qu'Etat seulement, mais en
tant qu'Etat juif.
Si nous observons
les buts officiels du désengagement du
gouvernement, nous constatons qu'il vise à
renforcer les blocs de colonies en Cisjordanie, à
judaïser al-Quds de façon rapide et intense, à
développer le Naqab et la Galilée, ce qui
signifie leur judaïsation, ou plutôt à
renforcer leur caractère juif, en empêchant
toute continuité démographique palestinienne.
Comment administrer l'unanimité
israélienne
Malgré les
constantes et l'unanimité sioniste sur le fond,
il existe des différentes dans les formes du
comportement avec l'unanimité ou sur la façon
d'assurer la permanence et de renforcer le
fondement d'Israël.
la vision du
courant central
Ce courant israélien
accorde la priorité au fondement d'Israël
(courant du règlement), pour le protéger et le
renforcer en tant qu'Etat juif démocratique,
selon leurs critères. Ce qui signifie la préservation
des acquis essentiels du projet sioniste colonial,
et en contrepartie, supprimer la question des
droits et du droit à l'autodétermination de l'équation
du conflit, en le transformant en conflit
frontalier et sécuritaire.
Ce courant souhaite
un Etat palestinien ou une autorité palestinienne
qui exécute ses buts et qui réprime
"la violence" palestinienne, en occupant
le monde par la forme et se réservant le
fondement pour son action.
De cette manière,
il préserve Israël et sa légalité, empêche un
situation inéluctable qui impliquerait par
exemple que les habitants de Gaza deviennent des
citoyens d'Israël, ce qui signifierait sa
fin en tant qu'Etat juif ou empêche une situation
où Israël serait légalement gouverné selon un
système d'apartheid, ce qui supprimerait la légalité
de l'Etat.
Il n'est un secret
pour personne qu'après avoir consacré ses énergies
à assurer l'émigration collective juive, pour maintenir
sa nature, Israël a légiféré pour limiter la
présence arabe palestinienne. La loi récente
relative à la citoyenneté et le regroupement
familial, qui empêche le mariage des deux côtés
de la ligne verte (pour les Palestiniens, bien
entendu, et non pour les colons) pour ne pas bénéficier
de la nationalité israélienne, impose le démembrement
d'une famille ainsi constituée.
La vision du
courant nationaliste et religieux
Le courant
nationaliste extrémiste et le courant
nationaliste religieux, devenu plus violent,
considèrent que les frontières de l'Etat d'Israël
vont du fleuve à la mer, et que la légalité des
colonies construites après 67 équivaut à celle
des colonies construites après 1948. Après Oslo,
ces courants sont devenus plus extrémistes, ne se
contentant plus d'influencer à l'intérieur du
pouvoir sur les valeurs religieuses et sionistes
et sur l'enseignement et l'identité, ils ont
voulu aller plus loin et arrêter le processus du
règlement. Ce n'est pas un hasard si le meurtrier
du premier ministre Rabin en 1985 est issu des
rangs de ces courants qui attirent des éléments
quasi-criminels, comme Liberman et d'autres.
L'attitude de ces
courants aujourd'hui (Mafdal, bloc nationaliste)
consiste à assurer de larges frontières, en
tant que question religieuse, nationale, en tant
que défense de l'Etat juif et non de l'Etat juif
démocratique.
Ils appellent
clairement au nettoyage ethnique envers les
Palestiniens de 48 et les Palestiniens de
Cisjordanie et de la bande de Gaza, le principal
mot d'ordre de l'un d'eux, le parti de l'unité
nationale, étant : transfert = paix.
C'est ce parti qui
a constitué une des assises de la coalition
gouvernementale de Sharon à ses débuts.
Vision de Sharon
Quant à Sharon, qui
traite la question avec ruse, une riche expérience
et un soutien américain très large, il a la même
conception mais propose d'autres solutions, comme
"ballons d'essai". C'est ainsi qu'on
peut comprendre sa demande à ses conseillers
et à l'institution sécuritaire de préparer
une étude sur la possibilité d'exécuter un échange
de population entre d'une part les villages
palestiniens de Wadi Ara situés à l'intérieur
d'Israël et limitrophes de la ligne verte et
d'autre part les blocs de colonisation israéliens
en Cisjordanie, de façon à ce que ces derniers
soient maintenus dans la zone d'influence israélienne
alors que les premiers rejoindraient la zone
d'influence de l'autorité palestinienne. Ce genre
de proposition, issu de l'école du parti
travailliste au début des années 80, est de plus
en plus abordé, même au niveau international, et
notamment par l'administration américaine.
Par cette
proposition, Sharon se débarrasserait de ce qu'il
considère comme deux dangers, le danger démographique
palestinien dans le cadre des citoyens d'Israël
(la région de Wadi Ara est une région à haute
densité de population palestinienne) et en
accordant la légalité aux blocs de colonisation
en Cisjordanie, il s'en assure la mainmise et empêche
la création d'un Etat palestinien ayant les composants
d'un Etat.
Israël a peur de
la démographie non pas du point de vue du nombre
en tant que tel, en Afrique du Sud, le régime de
l'apartheid a dominé une majorité noire, et en
1948, le nombre des Palestiniens dépassait de
loin les habitants des colonies juives. La peur
vient fondamentalement du fait que la démographie
est considérée comme un défi qui lui est imposé
et dévoilerait sa véritable nature et son
fondement, ce qui remet en cause la
légalité de son régime.
En réalité, la
peur n'est pas vis-à-vis d'un Etat palestinien
sur le plan stratégique dans le sens des capacités
militaires, économiques ou représentant un
danger militaire pour Israël, mais il s'agit
d'une peur de définir la frontière d'Israël et
des possibilités de transformations futures dans
la région.
Sharon lui-même
qui considérait, 20 ans auparavant, l'Etat
palestinien comme possible en Jordanie, a peur,
tout comme Pérès, des transformations possibles
en Jordanie, et c'est pourquoi l'accord de paix
signé avec le royaume jordanien a constitué un
but stratégique pour Rabin à la fin des années
90.
Et Israël essaie,
dans le cadre du plan américain, de recomposer la
région selon les alignements et les mécanismes régionaux,
et non seulement de façon bilatérale. Mais ce
que cherche le plus Israël c'est la normalisation
et sa reconnaissance par les Etats arabes, de façon
à créer des intérêts chez les régimes
corrompus par le soutien ou la reconnaissance
d'Israël, pour bénéficier de l'approbation
américaine. Bien que la position américaine déclarée soit
la démocratisation et la réforme, la réalité
est tout autre, le critère de la réforme et de
la démocratisation reste lié à l'attitude des régimes
arabes envers Israël, et non envers leurs propres
peuples.
Vision de
l'institution militaire
Le chef de l'armée
israélienne est l'une des personnalités les plus
influentes dans cet Etat. L'armée, contrairement
à l'institution politique, agit selon un plan
stratégique à long terme, en prévoyant les défis
locaux, régionaux et mondiaux, et planifiant pour
les long et court termes.
Dans une interview
avec le chef de l'armée israélienne, qui vient
de terminer son mandat, Yaalon, publiée par le
quotidien Haaretz le 3 juin dernier, Yaalon déclare
ce qui suit :
- Dans le cadre
d'une évaluation des services de
renseignements que j'ai présentée en 1998, j'ai
affirmé que la menace existentielle vient du
conflit israélo-palestinien, et non de l'Iran ou
de la Syrie ou de l'Iraq, qui existait à l'époque,
mais ce ne sont pas des menaces existentielles, il
y a une menace existentielle interne qui m'inquiète
beaucoup, que je ne traiterai pas tant que je
porte l'uniforme, mais la menace existentielle
exterme est la menace palestinienne.
- concernant la
question palestinienne, je considère qu'il y a
une interaction entre le terrorisme et la démographie,
avec des points d'interrogation chez nous, sur le
chemin que nous suivons, ce qui me laisse dire
qu'en fin de compte il n'y aura pas d'Etat juif.
- le gouvernement
d'Israël et la société israélienne ont décidé
dans les dix dernières années de diviser le
pays. En la période présente, je vois la
difficulté de confirmer une situation stable pour
la fin du conflit...
Il s'agit d'une
vision importante car elle est appliquée sur le
terrain et elle exerce une influence politique sur
l'ensemble de l'institution politique. Ce n'est
pas de l'idéologie, mais une vision sécuritaire,
elle bénéficie de l'intérêt militaire et
professionnel et est crédible pour l'opinion
publique israélienne.
Conception et conséquences
de l'Etat antinomique
Il n'y a pas
une conception israélienne claire ni une unanimité
sur une image définitive clairement déclarée.
Mais la conception
de l'Etat palestinien antinomique a été, dans
une grande mesure, définie sur le terrain de la réalité
par :
- les barrages
- le mur sioniste
- les colonies et
les routes de contournement
- la mainmise sur
les frontières, sur le sous-sol et les airs
- le morcellement
du peuple palestinien en cantons et grandes
prisons nommées villes palestiniennes
ainsi que la judaïsation
d'al-Quds et son isolement de la Cisjordanie.
Telle est l'image
israélienne de l'Etat antinomique.
Cette image de l'Etat
antinomique se complète si nous prêtons
attention à ce qui se déroule à l'intérieur de
la ligne verte, avec la judaïsation du Naqab et
de la Galilée (le concept israélien étant le développement
du Naqab et de la Galilée), la destruction des
maisons, l'épuration ethnique envers les villages
non reconnus et les nouvelles lois racistes, ainsi
que la confiscations des terres, la
criminalisation du soutien humanitaire et moral
des Palestiniens de 48 aux Palestiniens de
Cisjordanie et de la bande de Gaza.
Elle se complète
encore plus si nous faisons intervenir la question
des réfugiés et du droit au retour qu'Israël
combat, par tous ses courants et institutions
sionistes, et essaie de le faire résoudre dans
les lieux de la présence des réfugiés, partout
ailleurs, sauf dans leur patrie.
Ce qui signifie que
l'image israélienne de l'Etat antinomique n'est
pas très différence de l'image actuelle, dont
les parties se complètent.
La réalité, c'est
qu'il n'y a pas d'Etat palestinien, mais une
Autorité Palestinienne responsable des agglomérations
de population, séparées, alors qu'Israël est le
seul à posséder la conitnuité géographique
pour exercer son pouvoir.
Derrière cette
image de l'Etat antinomique se profile la stratégie
de résolution par étapes et "la solution
provisoire à long terme", au cours de
laquelle le déséquilibre des forces sera accentué
au profit d'Israël et sera créé un état de
fait qui ne peut être remis en cause.
Cet "Etat"
est un intérêt israélien bien qu'ils soit
intitulé Etat, au moment où son fondement est
sous la mainmise israélienne et selon les règles
du jeu israélien.
Les conséquences
Les conséquences
de cette vision sur l'avenir des négociations et
l'avenir des deux Etats sont, dans la pratique et
dans une grande mesure, tributaires du fait
qu'Israël a créé une situation où il a détruit
les composants de l'Etat palestinien dans le cadre
d'une solution à deux Etats.
Selon l'équlibre
actuel des forces locales, régionales et
mondiales, la légalité internationale est annulée
ou tout au plus dépendante du plan américain, et
non le contraire.
A mon avis, Israël,
représenté par Ariel Sharon, veut profiter de l'étape
actuelle pour imposer ses solutions, il déclare
respecter la création d'un Etat Palestinien, et
en cela, il répond au "rêve de George
Bush", mais il est engagé également pour
empêcher la création d'un Etat palestinien
souverain selon la légalité internationale et
les résolutions des Nations-Unies.
A partir de cette réalité
de l'occupation qu'il a réalisée, Israël a
besoin d'un "Etat" palestinien dans les
limites de ce qui reste, en tant que zone
d'influence, géographie et population.
Cela s'intitule
Etat, cela a une autorité et un appareil de
sécurité, mais dirigé vers l'intérieur
palestinien, au moment où la question
palestinienne est soulevée en tant que question sécuritaire
et le conflit israélo-palestinien en tant
que conflit frontalier et non de droits
historiques.
A l'opposé,
l'absence d'un projet national palestinien de libération
et de son organe l'OLP en tant que projet de libération
pour un peuple dans toutes ses composantes, devient
un appui incontestable au projet israélien, et
Israël mettra son poids à profit pour empêcher
l'alignement de nouveau du peuple palestinien dans
son mouvement de libération nationale.
La faiblesse de la
direction officielle palestinienne n'est pas un
facteur positif, elle ne peut activer la
légalité internationale et absout Israël à
payer le prix de sa politique.
Israël a
pratiquement détruit la solution de deux Etats
sur les bases des frontières de 1967. Il est donc
important que dans l'absence d'un projet
palestinien organisé et collectif, nous
refusions, ni au niveau palestinien, ni au niveau
arabe, d'approuver la résolution du conflit en
cette période, mais il nous faut plutôt nous
accorcher aux constantes nationales
palestiniennes, qui sont le retour, l'autodétermination
et l'Etat indépendant.
Nous devons
renforcer la campagne palestinienne, arabe et
internationale contre la normalisation, pour le
boycott d'Israël afin de dépouiller cet Etat de toute
légalité.
A mon avis, la
solution d'un seul Etat commence à prendre une
ampleur plus grande dans le discours palestinien
et international, c'est une question digne d'intérêt,
de réflexion et d'élaboration.
Ameer Makhoul
Directeur général
de l'Union des associations civiles arabes,
Ittijah - Haïfa
Traduit par
Centre
d'Information sur la Résistance en Palestine
7-2
Point de vue de Uri Davis, Ilan Pappé et
Tamar Yaron : Tous les yeux sur le retrait de
Gaza
Ce qui peut survenir après que l'évacuation des
colons juifs de la bande de Gaza Une alerte en
provenance d'Israel
Nous estimons qu'il est urgent et nécessaire de
donner l'alerte sur ce que pourrait se passer
pendant et après l'évacuation des colons juifs
de la bande de Gaza occupée par Israel en 1967,
au cas où l'évacuation serait mise en
application. Nous avions retardé la publication
et la diffusion de cet appel, en attendant des réactions
supplémentaires de nos pairs. La
publication dans Ha'aretz (22 juin 2005) de déclarations
citées par le Général Eival Giladi (réservistes),
responsable de l'équipe de coordination et de
stratégie du bureau du premier ministre, nous a
motivés à ne pas en retarder sa publication
ainsi que sa diffusion.
Confirmant nos pires craintes, le Général Eival
Giladi (réservistes) est allé annoncer aux
journaux et à la télévision que "Israel
agira de façon très déterminée afin d'empêcher
des attaques terroristes et les tirs des
(militants) pendant que le retrait sera effectué"
et que "si une réponse ponctuelle s'avère
insuffisante, nous pourrions devoir utiliser des
armes qui causeraient d'importants dégâts collatéraux,
dont des hélicoptères et des avions, avec un
danger élevé pour les populations
environnantes."
Nous pensons que le principal motif non spécifié
de la détermination du gouvernement de l'état
d'Israël pour faire sortir les colons juifs du
bloc de colonies de Qatif (Katif) de la bande de
Gaza pourrait être de les mettre à l'abri quand
le gouvernement et les militaires israéliens déclencheront
probablement une attaque massive et intensive sur
environ un million et demi de Palestiniens dans la
Bande de Gaza, dont à peu près la moitié sont
des réfugiés palestiniens de 1948.
Le scénario pourrait être semblable à ce qui
s'est déjà produit par le passé - une stratégie
qu'Ariel Sharon a utilisé à de nombreuses
reprises dans sa carrière militaire - c.-à-d.,
utiliser la provocation afin de lancer des
attaques massives.
D'après ce plan, nous croyons que le premier
ministre Ariel Sharon et le ministre de la Défense
Shaul Mofaz envisagent d'utiliser la provocation
pour des attaques odieuses dans un proche avenir
sur environ un million et demi de Palestiniens
dans la Bande de Gaza : une combinaison possible
de terrorisme d'Etat intensif et d'assassinats
massifs.
L'armée israélienne ne fera pas prendre de
risque d'accidents à ses soldats qui seraient
impliqués dans l'utilisation des troupes
terrestres à grande échelle dans la bande de
Gaza. Avec le Général Dan Halutz comme
Chef d'Etat-Major, ils n'en ont pas besoin.
C'était ce dernier, en sa qualité de commandant
de l'Armée de l'Air israélienne, qui a autorisé
le bombardement d'un quartier civil de la ville de
Gaza avec une bombe pesant une tonne, et est
ensuite allé dire qu'il dormait bien et que la
seule chose qu'il ressentait lorsqu'il laissait
tomber une bombe était une légère secousse de
l'avion.
Les initiateurs de cette alerte ont été actifs
depuis de nombreuses décennies dans la défense
des droits de l'homme à l'intérieur de l'Etat d'Israel
et au-delà. Nous n'avons pas la preuve
pratique pour appuyer notre sentiment, mais étant
donné les précédents comportements, les
tendances idéologiques et le retournement actuel
des médias initié par le gouvernement et l'armée
israéliens, nous pensons que les projets de l'Etat
d'Israel sont clairs et nous suggérons que notre
flair entrainé sur des sujets concernant la défense
des droits de l'homme a été plus souvent correct
que l'inverse.
Uri Davis, Sakhnin.
Ilan Pappe, Tiv'on.
Tamar Yaron, Kibbutz Hazorea.
July 15, 2005