|
Les élections sont la seule
solution
Par Palestine Report
Cette semaine, Palestine Report Online s’est
entretenu avec Khalil Shikaki, le directeur du Palestinian Center
for Policy and Survey Research, PCPSR, sur la récente crise dans
les territoires palestiniens.
|
Maintenant, la véritable difficulté est politique. La vieille
garde a intérêt à repousser les élections le plus tard possible
parce qu’ils en sortiront perdants. Ils seront remplacés au
Parlement par la jeune garde nationaliste et ils feront tout ce
qu’ils peuvent pour l’empêcher. C’est pourquoi, à mon avis,
(le Président Yasser) Arafat continuera de s’opposer aux élections.
PR : Nous avons vu beaucoup de troubles aussi bien en Cisjordanie
que dans la Bande de Gaza. Dans quelle mesure sont-ils liés et
comment se différencient-ils ?
Shikaki : Bien, en gros ce que nous voyons est une rupture
avec la Loi et l'ordre. Cette rupture est exploitée par différents
acteurs, en particulier, la jeune garde qui a tout intérêt à
affaiblir le contrôle de la vieille garde, en particulier à Gaza,
avant le retrait israélien de Gaza.
PR : Pensez-vous que ce qui arrive dans ces deux régions fait
partie d’un même phénomène ?
Shikaki : Ca l’est, en partie, bien qu’à Gaza, je dirais
qu’il y a plus d’intentions délibérées qu'en Cisjordanie dans
ce qui arrive.
PR : A quel point la crise est-elle sérieuse ?
Shikaki : Elle n’est pas très grave. Je pense que ce que
nous voyons est un épisode et que beaucoup d’autres suivront. Il
y a un problème très sérieux dans le système politique
palestinien. Nous avons une composante significative des activistes
du nationaliste palestinien qui pense qu’ils ont été marginalisés
lors de la dernière décennie du processus de paix, qu’ils ont été
marginalisés par la vieille garde du mouvement nationaliste, et que
cette composante a été exploitée lors de ces quatre dernières
années d'Intifada.
PR . Vous voulez dire qu’il s’agit d’une lutte entre la
nouvelle et la vieille garde ? Quelles seraient les ramifications
d'une victoire pour l'un ou l'autre camp ?
Shikaki : Je pense qu'il est très clair que si, cette fois,
la jeune garde ne peut pas gagner le genre de primauté qu’ils
recherchent dans le système politique palestinien, en particulier
à Gaza, ils auront intérêt à continuer la violence de et dans
Gaza, parce que c’est seulement par la poursuite de la violence
qu’ils peuvent continuer à s'armer et à former des milices.
C’est par ces moyens qu'ils ont pu être en mesure de s’affirmer
lors de ces trois ou quatre dernières années. S’ils perdent
cela, quand les Israéliens se retireront de Gaza, ils deviendront
beaucoup plus faibles et la vieille garde pourra facilement les
marginaliser une nouvelle fois. C’est pourquoi la vieille garde a
une raison très importante de les empêcher.
D'autre part, la vieille garde a le pouvoir et si elle perd face aux
jeunes, le système politique palestinien entrera dans un état
d'agitation, parce que les jeunes n’ont pas de chef clair et
manquent d’une vision nette et cela pourrait amener beaucoup de
luttes internes parmi les différentes factions et les hommes de
guerre dans cette jeune garde.
Mais la sortie éventuelle pourrait être que le système politique
palestinien s’ouvre, la possibilité d’avoir des élections
pourrait être renforcée et les Palestiniens pourraient avec une
position renforcée dans la négociation avec Israël.
PR : Vous mentionnez des élections. Voyez-vous des élections
comme issue à la crise actuelle ?
Shikaki : Je ne vois aucun autre moyen de sortir, d’une
part, de la crise interne actuelle, et d’autre part, de sortir de
l'impasse actuelle entre les Israéliens et les Palestiniens. Des élections
fourniraient les moyens, je pense, de provoquer une stabilité immédiate
sur la scène domestique en mettant un terme à la lutte de pouvoir
actuelle et elles pourrairnt également apporter la stabilité dans
les relations Israélo-Palestiniennes, parce qu'elles sont, je
pense, le seul moyen d’obtenir l'acceptation d’un cessez-le-feu
des différentes factions.
PR : Mais dans quelle mesure pensez-vous que des élections
soient faisables à l'heure actuelle? En plus des problèmes de
logistique, que peuvent, à ce stade, promettre aux gens ceux qui
cherchent à être élus ?
Shikaki : Au niveau technique, je ne vois pas cela comme un
problème. Je crois que des élections pourraient être tenues
d’ici trois mois et l'infrastructure pour les faire est déjà en
place. La principale difficulté se situe dans l'inscription des électeurs,
qui pourrait commencer immédiatement.
Officiellement, elle commencera début septembre, mais il y a aucune
raison de ne pas commencer immédiatement.
Peu importe, si nous commençons le processus en septembre comme prévu,
nous devrions avoir un registre des électeurs prêt en décembre et
cela pourrait alors permettre aux élections d’avoir lieu immédiatement.
Maintenant, la véritable difficulté est politique. La vieille
garde a intérêt à repousser les élections le plus tard possible
parce qu’ils en sortiront perdants. Ils seront remplacés au
Parlement par la jeune garde nationaliste et ils feront tout ce
qu’ils peuvent pour l’empêcher. C’est pourquoi, à mon avis,
(le Président Yasser) Arafat continuera de s’opposer aux élections.
Le second problème est les Américains. Les Américains ne
permettront pas – c’est leur position aujourd’hui – des élections
présidentielles, parce qu’ils ne veulent pas qu’Arafat soit réélu
et il est certain que ces élections conduiront à sa réélection.
Et troisièmement, il y a les Israéliens. Les Israéliens devraient
se retirer des villes et enlever les checkpoints pour que la
campagne électorale puisse commencer.
Mais les Israéliens sont peu disposés à le faire, parce qu'ils
aiment la situation telle qu’elle est aujourd'hui. Bien qu'ils
controlent la sécurité dans les secteurs palestiniens, en fait,
ils ne prennent pas de responsabilité officielle envers les
Palestiniens. Ils voudraient continuer à apprécier ce privilège,
et ils continueront donc à s'opposer aux élections jusqu'à ce
qu'ils soient convaincus que les élections mèneront à une fin de
la violence contre eux, et les élections ne leur fournissent pas
cette garantie.
PR : Vous ne paraissez pas très confiants sur la tenue de ces élections
?
Shikaki : Je pense que c’est une affaire de volonté
politique. Les choix pour la vieille garde, les Américains et les
Israéliens ne sont pas très nombreux. S'ils ne prennent pas le
risque des élections, les risques qu’impliquent toutes les autres
solutions seront bien pire pour tout le monde.
PR : Quel est le rôle des Islamistes dans tout cela ?
Shikaki : Il y a deux divisions basiques dans la société
palestinienne. Dans le camp nationaliste, c’est entre la jeune et
la vieille garde. Dans la société toute entière, c’est entre
les Islamistes et les Nationalistes.
Pendant les quatre dernières années, en raison de l'Intifada, les
divisions entre les Nationalistes et les Islamistes ont été
brouillées, parce que le jeune garde nationaliste et les Islamistes
se sont alliés pour combattre les Israéliens, combat dans lequel
ils s'entraident.
En conséquence, les Islamistes ont pris de l’avance dans la société
palestinienne et la jeune garde a pris de l’avance sur la vieille
garde, et cela satisfait les deux parties.
Il ne fait aucun doute que les Islamistes observent ce qui se passe
dans la crise impliquant les Nationalistes, parce qu’ils détermineront
avec qui ils iront en fonction du résultat, en particulier à
Gaza.? |
|
Source
: www.palestinereport.org |
|
Traduction
: MG pour ISM-France |
Source: ISM France
|