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Europe
et antisémitisme Lorsqu'on
lit dans le texte de l'OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération
en Europe), cette définition de l'antisémitisme : 1-
L'Europe n'a pas réglé son problème avec les Juifs. Incapable de lutter
contre l'antisémitisme au moment où il le fallait, elle croit atténuer
ses responsabilités envers les Juifs en renchérissant sur la lutte
contre l'antisémitisme, ce qui la conduit à remplacer la judéophobie
qui a marqué son histoire, de l'antijudaïsme chrétien à l'antisémitisme
des temps modernes, par une judéophilie tout aussi douteuse. C'est cela
qui l'amène à soutenir l'Etat d'Israël et à se contenter de critiquer
sa politique avec parcimonie. C'est cela qui l'amène aussi à oublier
l'injustice de 1948 commise à l'encontre des Palestiniens, comme si la création
de l'Etat d'Israël en Palestine, dans la " patrie ancestrale ",
comme on peut le lire chez nombre d'idéologues sionistes, valait
compensation, après la Shoah, pour les siècles d'antijudaïsme et
d'antisémitisme. L'un des grands penseurs européens contemporains, Jürgen
Habermas, n'a pas hésité à proclamer, dans un entretien dans le
quotidien français Le Monde : 2-
On ne doit pas oublier que ce n'est qu'après la seconde guerre mondiale
et le massacre des Juifs par les nazis, que les Juifs ont obtenu le droit
d'être considérés comme des Européens. Il aura fallu six millions de
morts pour une telle reconnaissance. En échange, le nouvel Etat juif
devenait culturellement et politiquement un Etat européen ; la critique
européenne de la politique israélienne devenait ainsi une critique
interne et l'intérêt pour les Palestiniens venait en second, jusqu'à
encore aujourd'hui ; on peut à la rigueur faire remarquer aux Israéliens
qu'ils vont trop loin, mais il n'était pas question de juger les crimes
commis par l'armée israélienne comme on juge les crimes commis par un
Etat étranger comme l'Irak ou la Serbie. Aucun Etat européen n'a dénoncé
la contradiction entre la pression sur la Syrie pour qu'elle évacue le
Liban après les grandes manifestations anti-syriennes de Beyrouth et
l'acceptation par ces mêmes Européens de l'occupation israélienne de la
Palestine ou du Golan syrien, ce dernier annexé au mépris de toute règle
du droit international. Aujourd'hui on félicite Sharon pour le retrait de
Gaza alors qu'au même moment le gouvernement israélien renforce la
colonisation en Cisjordanie et construit un mur qui annonce des annexions
de fait en Palestine. 3-
Il ne faut pas oublier non plus que la reconnaissance par l'Europe de son
passé antijuif et les actes de contrition qui l'accompagnent permettent
d'occulter d'autres crimes comme ceux de la colonisation ou de la traite négrière.
On entend beaucoup moins parler de repentance pour ces derniers crimes,
comme si le fait de reconnaître une ignominie permettait d'oublier les
autres. Une façon aussi de jouer la concurrence des victimes, ce qui ne
peut que profiter au mouvement sioniste qui se considère encore
aujourd'hui comme le représentant des Juifs du monde. Il importe alors,
pour le mouvement sioniste, non seulement de mettre l'accent sur leur
statut d'éternelles victimes, mais de présenter les Juifs comme les plus
grandes victimes, quitte à provoquer les ressentiments des autres
victimes de l'Europe. Mais n'est-ce pas un objectif du mouvement sioniste
que de provoquer ce ressentiment pour mieux crier à l'antisémitisme. On
peut alors considérer le texte européen comme faisant partie de ce jeu. Rudolf Bkouche Membre du Bureau National de l'UJFP |
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