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Lettre de Rudolf Bkouche à Publicis
J'apprends que Publicis est chargé d'une
campagne publicitaire par le gouvernement israélien pour expliquer le
Mur.D'une certaine façon cela ne m'étonne pas. On sait depuis longtemps
que le discours politique est devenu un discours commercial et que le
problème est celui de sa vente, problème essentiellement technique comme
vous le savez ou faites semblant de le savoir. Tout cela résulte de
l'escroquerie intellectuelle, mais du moment que la vente marche, on ne
s'arrête pas pour si peu.
Cela dit, en choisissant de vendre une politique de destruction d'un
peuple, l'escroquerie monte d'un cran et il s'agit d'une véritable
imposture. Ou vous défendez, pour des raisons idéologiques, la politique
israélienne, alors dites le sous cette forme. C'est votre droit et c'est
notre droit de dénoncer ce choix, mais nous savons, et ceux qui
entendront votre discours sauront quels sont vos choix politiques, sauront
aussi que vous choisissez la barbarie. Tout cela sera clair.
Ou vous faites semblant de mener une campagne publicitaire, et dans ce cas
nous devons dire que vous êtes les complices d'un crime. Et que l'on arrête
de parler de publicité alors qu'il ne s'agit que d'une opération
d'agit-prop. Dans les deux cas vous vous comportez en complice. L'aspect
publicitaire ne peut servir qu'à occulter le débat. La barbarie du
gouvernement israélien n'apparaît que comme un objet à vendre et la
question n'est plus de débattre d'une politique mais simplement de
convaincre les clients d'acheter une politique.
Tout cela est affligeant mais c'est un bel exemple de la malhonnêteté
politique actuelle, malhonnêteté à laquelle vous participez.
Je terminerai cette lettre en mettant l'accent sur le double mépris que
représente cette campagne publicitaire :
- Mépris envers les Palestiniens qui subissent l'occupation et
l'oppression et pour qui la construction du mur marque un pas de plus dans
la destruction de leur société.
- Mépris envers les Juifs que vous vous proposez d'amener à soutenir une
politique criminelle.
Sans parler du mépris envers tous ceux qui pensent que le débat
politique ne se réduit pas à une marchandise.
Que dire d'autre que mon mépris envers ceux qui vous achètent une telle
campagne et envers vous qui acceptez de la vendre.
Rudolf Bkouche
Professeur émérite, université de Lille
Juif antisioniste
rbkouche@wanadoo.fr
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