AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP |
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Entretien avec Khaled par Silvia Cattori 5 février 2005 Khaled habite dans le camp de réfugiés de Jabaliya comme en prison. Agé de quarante ans, Khaled n’est membre d’aucun mouvement politique ou religieux. Il est représentatif de cette génération de Palestiniens qui sont rentrés en Palestine en 1994, qui n’ont aucun statut et qui, faute de papiers ne peuvent aller nulle part. Il lui est donc impossible d’aller voir des membres de sa famille en Cisjordanie. La bande de Gaza, est entièrement encerclée et contrôlée par la police des frontières israélienne. S’il tombait entre leurs mains, il se ferait arrêter ou expulser de Palestine. Malgré la dureté de son sort, Khaled se dit heureux d’avoir un petit salaire qui lui permet de nourrir sa famille. Silvia Cattori Comment interprétez-vous le succès du Hamas aux élections municipales de fin janvier à Gaza ? - Le fait que le Hamas ait remporté 75 % des votes n’est pas une surprise ici. Sa popularité ne date pas de hier. Elle est due au dévouement de ces militants, qui pendant toutes ces années où les Palestiniens n’étaient plus gouvernés se sont souciés d’améliorer le quotidien des plus démunis, de leur apporter quelques moyens de survie. Le Hamas a assumé des tâches que l’Autorité palestinienne a été incapable d’assumer. Il a mis en place un réseau d’aide sociale, éducative et sanitaire. Au dehors le Hamas n’est-il pas considéré comme un mouvement extrémiste nuisible ? - Nous sommes sous occupation. Le Hamas se bat sur le plan politique et militaire, par la négociation et la lutte armée. C’est un mouvement qui, avec d’autres forces démocratiques, fait partie de la résistance palestinienne. La lutte armée c’est Israël qui l’impose. C’est Israël qui oblige à riposter par les armes. Le Hamas n’est pas intéressé par la violence. Je crois que, au-dehors il y a une vision erronée de notre lutte et de notre religion musulmane. Les gens devraient venir voir la qualité de l’enseignement de l’Université islamique de Gaza. Des jeunes sortent de là bien préparés sur le plan académique, économique, politique. Qu’attendez-vous des négociations engagées par le Président Abou Mazen ? - Nous espérons qu’il obtienne d’Israël un cessez le feu durable et l’ouverture de la frontière pour que les ouvriers puissent retourner travailler. Chaque fois que des trêves ont été conclues par le passé, Israel les a toujours violées. Le Hamas et les autres mouvements de résistance sont d’accord pour la trêve, à condition qu’Israël cesse les assassinats ciblés de leurs membres et de leurs dirigeants ; cesse d’attaquer les familles et les enfants. Etes-vous inquiets pour demain ? - Nous espérons qu’il y ait, au-dehors, une pression forte contre Israël pour qu’il cesse de nous étouffer. Nous espérons aller vers une période calme, sans compétition pour le pouvoir. Le risque de guerre civile est la chose que l’on craint le plus en ce moment. Craignez-vous des dissensions entre Palestiniens ? - On espère que non. Mais quand Abou Mazen demande de négocier avec Israël, que veut-il négocier? Notre démilitarisation ? Notre reddition ? Mais vous avez élu Abou Mazen à la présidence sur la base de ce programme-là ? - Abu Mazen ne représente pas tout le peuple. Il a été élu par une toute petite partie de Palestiniens : un quart de l’électorat des territoires seulement a voté pour lui. (1) Trois quart du pays s’est, soit abstenu, soit a voté pour d’autres forces. Sans parler des millions de Palestiniens qui vivent dehors. La paix en Palestine n’est possible que si Israël commence par se retirer des territoires occupés. C’est un espoir mêlé de crainte le vôtre ? - Arafat ou Abou Mazen, pour nous il n’y a pas de changement. Israël continue de nous tirer dessus, de tuer nos enfants, de nous enfermer. A quoi bon négocier ? Il faut forcer Israël à respecter le droit international. Donc la paix promise lors des élections n’est pas pour demain ? - La paix qu’on nous fait miroiter est un os que l’on nous jette quand il faut donner le change. Comment le monde peut-il croire qu’un peuple mis à genoux, sous la botte d’Israël, peut négocier avec lui ? Les Palestiniens n’ont rien à donner. Il ne leur reste que la lutte pour défendre leurs droits. Fin. (1) L’analyse par Khaled de l’élection présidentielle d’Abou Mazen à la présidence - que l’on disait élu avec 62 % des suffrages et que les chefs d’Etats, suivis par des médias peu regardants, ont donnée comme un succès de démocratie - est confirmée par le chercheur du CNRS Jean-François Legrin. Selon ce dernier, il ressort des élections du 9 janvier 2005 : - que sur le million cent mille électeurs inscrits, 775'000 personnes se sont rendues aux urnes, soit 71 %. - les 71% de votants ne représentaient en vérité que 60% de un million huit cent mille électeurs potentiels. - donc la participation réelle ne représentait que 43 % de l’électorat potentiel. Ce qui veut dire que le score d’Abou Mazen n’est pas de 62%. Il ne représente en réalité que le 27 % des électeurs potentiels. - le chiffre de 27% relativise le succès que l’on attribue à Abou Mazen. Cela démontre que la mobilisation de la société palestinienne a été très faible. Donc, Abou Mazen, avec son parti le Fatah, qui ne représente plus qu’un quart de l’électorat, négocie aujourd’hui l’avenir pour tous les Palestiniens. Cela est lourd de dangers.
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Ce texte n'engage que son auteur et ne correspond pas obligatoirement à notre ligne politique. L'AFPS 59/62, parfois en désaccord avec certains d'entre eux, trouve, néanmoins, utile de les présenter pour permettre à chacun d'élaborer son propre point de vue." |
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