N’ayez pas peur.
Le Hamas est un mouvement de la résistance palestinienne.
Il a la faveur de la grande majorité des Palestiniens.
En effet le Hamas, comme l’on pouvait s’y attendre, a obtenu
dans certaines municipalités des scores qui vont de 60 à 93 %.
Ceux qui ont donné leur voix au Hamas dans les récentes élections
ne sont pas des fous ni des extrémistes.
Ce sont des gens sensibles à la justice et à la beauté comme vous
et moi.
Ne croyez pas ceux qui les noircissent.
Le Hamas incarne à Gaza, à Hébron, à Naplouse, à Jénin, la
fierté et la dignité d’un peuple qui a payé le prix fort et
entend rester debout, ne pas accepter des concessions sur les droits
internationalement acquis.
Les gens qui votent Hamas ne veulent pas "jeter les juifs à la
mer".
Ils n’ont rien contre les gens de confessions juive.
Ils combattent l’occupant, le soldat qui au nom de l’Etat juif,
les spolie et les assassine.
Nous avons eu la curiosité de les rencontrer, de parler avec leurs
membres.
Nous avons été reçus par Abdelazis Al Rantissi – leader
politique du Hamas - et avons gardé de ce médecin et père de
famille aimant les siens, souffrant pour la tragédie qui frappait
son peuple, l’impression d’un homme de culture, de droiture et
de générosité.
Rien à voir avec cette caricature parue dans Le Monde il y a
quelques années (je crois me souvenir) le montrant sous un angle
repoussant, avec des obus sous le bras.
Ce dirigeant du Hamas avait toute légitimité à défendre son
territoire. Israël l’a sauvagement assassiné, tout comme Scheick
Yassine, ainsi que leurs fils.
Le peuple palestinien a toute légitimité à voter Hamas, à
honorer la mémoire de ses "martyrs". Mais Israël et les
Etats-Unis ne l’entendent pas ainsi. Ils se préparent à les empêcher
d’exister.
Silvia Cattori
Silvia Cattori : Le Hamas a gagné la majorité des voix dans les
Conseils municipaux durant les élections qui se sont déroulées
par phases ces derniers deux mois. Comment cela se traduit-il dans
les faits sur le terrain ?
Khaled : La réussite du Hamas est spectaculaire. Il a encore
une fois, ce 5 mai 2005, obtenu d’excellents résultats dans
plusieurs municipalités. Les gens ont vu de quoi il est capable.
Après le succès du Hamas en mars dans la ville de Bet Anoun les
gens ont vu un changement radical.
La municipalité s’est montrée efficace. Elle a fait ce qu’elle
a promis.
On assiste à de vraies améliorations.
Les rues ont été refaites et sont éclairées la nuit, il n’y a
plus de nids de poules, des bus vont chercher les enfants pour les
transporter à l’école.
Rien de tout cela n’avait été fait quand le Fateh (le parti d’Arafat
et d’Abou Mazen, ndl) administrait la ville.
Dans le camp de Der Balla la population souffrait toujours de manque
d’eau potable.
Maintenant il y a assez d’eau et les rues sont bien balayées.
Nous assistons à un vrai changement.
Silvia Cattori : Cela peut ne pas durer. Israël et les
Etats-Unis ont annoncé qu’ils
ne vont pas reconnaître les élus du Hamas tant que ce
mouvement n’a pas été désarmé par Abou Mazen.
Khaled : Ils vont d’un chantage à l’autre. Il s’agit
de faire pression sur la direction palestinienne - qui est dans
leurs bons papiers pour l’instant - pour qu’elle n’accepte pas
le Hamas comme partenaire dans le jeu politique.
Une façon de diviser, de nous amener vers une guerre civile.
Ce n’est pas la première fois qu’ils agissent de la sorte.
Israël a déjà fait savoir que si le Hamas entre dans le Conseil législatif,
gagne les élections législative en juillet 2005, il ne se retirera
pas de Gaza.
Silvia Cattori : Abou Mazen va-t-il finir par céder, désarmer
l’aile militaire du Hamas ?
Khaled : Les dirigeants de l’Autorité palestinienne ont déclaré
récemment qu’il n’y aura jamais un désarmement de la résistance.
Nous espérons que ce qu’ils disent correspond aux faits. Il faut
rappeler que nous sommes sous occupation.
Que la lutte armée se justifie aussi longtemps qu’Israël opprime
les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie.
(1) Khaled habite dans le camp de réfugiés de Jabaliya comme en
prison.
Agé d’une quarantaine d’années, Khaled n’est membre
d’aucun mouvement politique ou religieux.
Il est représentatif de cette génération de Palestiniens qui sont
rentrés en Palestine en 1994, qui n’ont aucun statut et qui,
faute de papiers ne peuvent aller nulle part.
Il lui est donc impossible d’aller voir des membres de sa famille
en Cisjordanie.
La bande de Gaza, est entièrement encerclée et contrôlée par la
police des frontières israélienne.
S’il tombait entre leurs mains, il se ferait arrêter ou expulser
de Palestine.
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