AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   


Traduction d’un texte d’analyse publié le 6 janvier 2005 sur stopthewall.org
Original et cartes à l'adresse http://stopthewall.org/analysisandfeatures/843.shtml

" PIEGES COMME DES RATS "

LES PALESTINIENS ET LE NOUVEAU CONCEPT
 ISREALIEN DE " DESENGAGEMENT "

 

La Palestine fait à nouveau la une des principaux media occidentaux. Les préparatifs des élections donnent à chacun assez d’évènements à couvrir ou plutôt ils donnent aux media suffisamment de nouvelles pour masquer ce qui se développe sur le terrain. Mais c’est cette même situation sur le terrain qui, si elle n’est pas stoppée à temps, va effectivement modeler le futur du peuple palestinien plus qu’aucun processus électoral ne pourrait le faire.

Loin de l’attention internationale, les nouveaux plans israéliens présentés à la population depuis quelques mois préfigurent de la destinée qui est en préparation pour le peuple palestinien et montre les véritables intentions d’Israël. Le mur d’Apartheid, avec ses horribles conséquences sur la vie des Palestiniens et sur l’état de leur terre n’est pas le seul point noir. A cela s’ajoutent la politique israélienne constante de colonisation et la création d’infrastructures pour " juifs seulement " qui concrétisent le schéma de conquête et de domination coloniale.

Un plan consternant pour le futur de la Palestine prend forme

  1. derrière le slogan " évacuation "
  2. derrière l’initiative britannique de réactiver la " feuille de route "
  3. derrière la campagne américaine poussant à la mise en place du plan israélien pour terminer la bantoustanisation du peuple palestinien.

Ces 3 paramètres se combinent pour annihiler la résistance palestinienne dont la fin est vue comme un préalable au contrôle du Moyen Orient, de Jérusalem à Bagdad.

L’administration américaine en particulier est pleinement consciente que toutes les chances de succès pour l’occupation de l’Iraq et pour le plan américano-israélien du futur " grand Moyen-Orient " dépendent de sa capacité à imposer la pérennité du projet colonial israélien d'annexion, expulsion et occupation de la Palestine.

Parmi les plans récents annoncés par Israël, certains étaient de vraies mascarades pour les media internationaux, alors que d’autres révélaient les projets sérieux d’Israël. La dernière retouche au plan d’Apartheid fut une brillante comédie. Les modifications supposées ne sont que le résultat des pressions américaines et internationales réclamant des cartes qui leur permettent de défendre " le mur " face à leurs électeurs et leurs opinions publiques car la " nouvelle carte " du mur représente un jeu tordu de chiffres et de définitions qui a diminué le pourcentage de terre volée et saccagée par le mur d’Apartheid de 6.1 %.

Mais bien sûr, alors que les media et les leaders d’opinion louent le nouveau plan ils oublient inévitablement les 6,1 % qui doivent être ajoutés aux 11,8 % annexés par les colonies et les 29,1 % coupés du reste du monde dans la Vallée du Jourdain, sans parler de la terre additionnelle qui a aussi été volée aux Palestiniens pour la construction des routes " pour colons seulement ", ce qui fait un total de 47 % de la Cisjordanie, ce qui correspond exactement aux 47% qu’Israël avait l’intention d’annexer avant les prétendues modifications.

Ce jeu de chiffres a pour but de redonner une autre image de la façon dont on parle de la situation sur place, et d’attirer l’attention sur la dimension des bantoustans que les Palestiniens seront contraints d’accepter. Comme si ce n’était pas une réalité que notre peuple soit enfermé derrière des murs qui créent des monstruosités plutôt que la question de savoir si ces ghettos devraient être légèrement plus grands. Nous ne nous battons pas pour des ghettos plus grands ou des murs plus pittoresques, mais pour la libération et la justice sur notre terre.

Pendant ce temps, le vrai projet politique d’Israël existe dans le " plan de retrait " et les initiatives liées à ce plan. Le plan de " désengagement ", loin d’être un retrait où le droit des Palestiniens à une patrie serait possible, ne donne en fait que les contours d’un bantoustan pour notre peuple. La rhétorique du plan dissimule des projets soigneusement élaborés et les plus efficaces projets pour la réduction en esclavage et la destruction du peuple entier.

Ce plan consiste en 4 principaux projets de constructions qui ont été présentés au public et qui sont intimement liés à la construction du mur d’Apartheid :

1/ La construction de nouvelles colonies et l’expansion des colonies existantes : les colons ont toujours été l’âme du projet colonial pour contrôler la Palestine. Le plan de " retrait " revendique être un démantèlement des colonies situées dans la Bande de Gaza et de 4 colonies mineures sises en Cisjordanie près de Jenine. Mais dans le même temps, Israël a annoncé l ‘annexion d’environ 200 colonies en Cisjordanie occupée et à Jérusalem. De Plus, Israël construit et agrandit des colonies nouvelles à Tulkarem et à Qalqiliya, assurant ainsi l’annexion des terres palestiniennes isolées par le mur.

2/ De plus en plus de routes de " contournement " pour les colons : les routes de " contournement " à hautes murailles largement militarisées sont pour les colons israéliens seulement, les Palestiniens n’ont pas le droit de les emprunter ni de les traverser. Ces voies s’infiltrent à travers les routes de Cisjordanie, détruisant le système routier existant. Ils donnent aux colons libre accès partout, annexant du même coup la terre, isolant les communes palestiniennes les unes des autres de la même façon que le mur d’Apartheid. Israël a annoncé la construction de 500 km supplémentaires de routes pour renforcer ce réseau de routes d’Apartheid. Le résultat fait que les agglomérations palestiniennes ne sont rien que des " îlots " fermés, totalement isolés parmi les colonies.

3/ Ponts et tunnels : Israël planifie la construction de 16 croisements, superposés (qui seront des autoroutes gardées pour Israéliens seuls). Ils seront les seuls points de passage autorisés aux Palestiniens qui doivent voyager d’un endroit à un autre à l’intérieur de la Cisjordanie. Ils donnent ainsi à la communauté internationale une façade maximum de continuité territoriale de la Palestine, après tout, ces croisements raccordent bien les bantoustans palestiniens les uns aux autres, fournissant la " continuité territoriale ". Le but de ce projet est de garantir à Israël un contrôle total sur la Cisjordanie, même après un " simulacre de retrait " de l’armée israélienne. Tous les tunnels seront équipés de portes (c’est déjà le cas dans le village de Habla, dans le district de Qalqiliya où la population palestinienne est à la merci de forces d’occupation pour aller et venir dans leurs villages, ce qui permet à Israël d’imposer un couvre-feu total en Cisjordanie, d’appliquer des punitions collectives à sa discrétion et de contrôler toute la vie palestinienne.)

Pour ce faire, seulement 16 véhicules militaires sont nécessaires : un à chaque carrefour.

4/ Les CBIZ (Zones Industrielles aux croisements de frontières) : le projet d’asservissement du Peuple palestinien, une fois dépossédé de sa terre, de ses ressources, de son commerce et de ses moyens de subsistance, sera achevé par la construction de zones industrielles bâties sur notre propre terre volée et qui seront situées en dehors des ghettos, matérialisées par les colonies formées par le mur d’Apartheid, les colonies et leur réseau routier.

Ceci est la clé de voûte qui doit apporter une crédibilité économique aux plans israéliens.

Ces zones industrielles (propriété d’Israël) seront des zones d’industries dévoreuses de main d’œuvre où les Palestiniens seront forcés de travailler comme main d’œuvre exploitée, enrichissant ainsi l’économie israélienne, seul choix possible derrière les portes de nos " ghettos ". Israël a demandé aux USA et à l’Europe de financer les CBIZ afin de légitimer sa politique sous prétexte d’offrir " des opportunités d’emploi " pour la population palestinienne. Les CBIZ sont aussi présentés comme une réponse économique pratique au désastre humanitaire potentiel qui risque de se produire si la communauté internationale ne subventionne pas ce projet.

La population palestinienne dépendra de l’aide humanitaire (ou tout simplement mourra de faim dans les ghettos, ce qui sera peut-être gênant à regarder pour le monde entier. Cette aide humanitaire, comme bien d’autres frais occasionnés par l’occupation de la Palestine et l’expulsion des Palestiniens de leur terre, devra donc être payée par la communauté internationale. Dans tous les cas, soumis au plan CBIZ, les Palestiniens resteront assujettis, réduits en esclavage et privés de toute possibilité d’autodétermination.

Le mur d’Apartheid permet à Israël de mettre en œuvre et de relier entre eux les projets exposés plus haut pour aboutir à un plan cohérent. Il complète les ghettos palestiniens qui ont été préparés par la politique des colonies et le réseau routier qui permet à Israël d’annexer complètement Jérusalem et de la couper de la Cisjordanie, fournissant ainsi un passage direct de la Mer Méditerranée à la Vallée du Jourdain, et dans le même coup enlevant le cœur même de la Palestine au peuple palestinien.

Au vu des faits sur place, il est évident que la création d’un Etat palestinien sera impossible. Il est aussi flagrant que les violations répétées des droits des Palestiniens et le rejet des lois internationales reste l’infrastructure du nouveau plan israélien. Le seul avenir envisagé pour le peuple palestinien est celui d’un pays de ghettos et de bantoustans et une vie sous domination et humiliation permanentes d’Israël.

A Beit Duqqu, un fermier palestinien debout face aux destructions causées par le mur d’Apartheid demande : " vous nous avez pris notre pays, tué nos enfants. Vous avez détruit nos maisons, éventré nos champs au bulldozer, construit vos colonies ; que voulez-vous de plus ? Pourquoi le mur ? Vous voulez nous mettre en cage comme des rats, vous voulez nous mettre face à une porte de prison, et commencer à nous compter comme si nous étions des animaux ? .

Le Peuple palestinien n’acceptera jamais une vie dans de telles conditions, alors que l’occupation a été renforcée par ce qui semble une colonisation définitive de la Cisjordanie. Ceci représente l’ultime étape du système d’Apartheid qui surpasse les plus noirs moments de l’Afrique du sud, car il inclut l’anéantissement de notre peuple. Nous n’accepterons jamais de voir notre terre volée et ravagée, notre dignité bafouée, nos droits les plus fondamentaux violés tous les jours, nos lieux saints confisqués devant nos yeux et la ville de Jérusalem, la capitale économique, historique et culturelle de la Palestine annexée et inaccessible à notre peuple.

Nous n’accepterons pas ce destin. Mais nous demandons une réponse immédiate au monde à ce projet clair et concret d’anéantissement de notre peuple.

Six mois après la décision de la Cour Internationale de Justice jugeant de l’illégalité du mur d’Apartheid, la politique de colonisation et l’occupation, l'Etat d'Israël n’a jamais donné un signe qu’il arrêterait la construction du mur d’Apartheid. Au contraire, il a consolidé ses plans coloniaux. La critique internationale n’a jamais eu la capacité d’apporter les changements nécessaires. La communauté internationale, comme avec toutes les résolutions des Nations Unies concernant les droits des Palestiniens, a une fois de plus failli dans sa mission d’assurer que les décisions de la CIJ soient appliquées et que le droit international soit respecté.

Nous en appelons aujourd’hui aux peuples du monde pour qu’ils défendent les valeurs de justice et de liberté, pour qu’ils isolent Israël au moyen du boycott, du retrait des capitaux, de campagnes de demandes de sanctions qui doivent être clamées de plus en plus fort dans toutes les villes du monde.

Des citoyens, des organisations, des réseaux et des institutions soutiennent déjà le boycott, le retrait des capitaux et la campagne de sanctions, et ils sont le soutien populaire sur lequel le peuple palestinien peut bâtir face à une faillite continuelle de la communauté internationale.

Ces diverses campagnes dans le monde doivent être le commencement d’un processus qui fera payer Israël pour ses crimes. Une telle mobilisation internationale est nécessaire pour mettre fin à ce mélange vicieux d’occupation, d’expulsions, de ghettoïsation menant, ainsi que le révèlent les nouveaux plans israéliens, lorsqu’ils sont examinés scrupuleusement hors du contexte des media très investis dans les élections, à l’esclavage total de tout un peuple.

Source : Silvia Cattori

 

Ce texte n'engage que son auteur et ne correspond pas obligatoirement à notre ligne politique. L'AFPS 59/62,  parfois en désaccord avec certains d'entre eux, trouve, néanmoins, utile de les présenter pour permettre à chacun d'élaborer son propre point de vue."

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