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Mardi 30 mars 2004 – Session de Strasbourg Monsieur
le Président, le monde
entier l'a affirmé, l’assassinat du cheikh Yassine par l’armée israélienne
est une provocation totalement irresponsable. Après
avoir participé à l’implantation et au développement du Hamas avec,
à l'époque, la volonté d'affaiblir l'OLP, le pouvoir israélien cherche
aujourd’hui à torpiller toute idée de solution pacifique. Cette
logique de la force brutale n'a qu'un objectif: éliminer tout espoir de
paix négociée. Le corollaire étant d'imposer la construction du Mur
comme seule solution acceptable. Ce mur de la honte qui emprisonne tout un
peuple, qui annexe toujours plus ses territoires et ses ressources, et que
l'opinion mondiale condamne massivement, comme en témoignent encore les débats
de la Commission des droits de l'Homme des Nations-Unies. Face à
cette politique suicidaire pour les deux peuples, palestinien et israélien,
l'appel de soixante personnalités palestiniennes à renoncer à venger la
mort du chef du Hamas est extrêmement digne et courageux. Il est grand
temps pour l'Union européenne de les soutenir en désignant clairement
Sharon comme l'obstacle fondamental à la paix. En s’engageant concrètement
dans des discussions officielles avec les opposants à cette politique du
pire, notamment les initiateurs du Plan de Genève. En demandant
officiellement l'envoi immédiat d’une force internationale de
protection de la population dans les territoires palestiniens. En
suspendant l’accord avec Israël, comme notre Parlement l'a exigé il y
a maintenant deux ans. Bref, en joignant les gestes à la parole pour le
respect du droit international. Toute autre position est vouée à l’échec
et ne peut en aucun cas être prise au sérieux, notamment par les pays
arabes. Alors que
le président américain persiste dans son encouragement à Sharon en le
recevant dans quelques jours, l’Union ne peut plus s’abriter derrière
les mots. Dans un tout autre esprit que les plans américains d'un
"Grand Moyen-Orient" au service de leurs seuls intérêts économiques
et stratégiques, l'Europe, si elle veut concrétiser l'ambition affichée
à Barcelone d'une région de paix et de prospérité, doit enfin agir.
Les mensonges avérés sur les raisons de l'intervention armée en Irak et
le nouveau souffle donné au terrorisme jusqu'en Europe poussent à
prendre des initiatives bien plus audacieuses que ce que Le Conseil et la
Commission nous ont dit aujourd'hui. La fin de l’occupation, la
reconnaissance d'un Etat souverain et viable de Palestine, retireraient
aussi un terreau fertile aux terroristes. C'est la paix dans la région et
dans le monde entier qui est en cause. |
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