LES TEMPS SONT MURS POUR UNE
INITIATIVE ISRAELIENNE
par Ze'ev Schiff
http://www.haaretz.com/hasen/spages/497896.html
Ha'aretz, vendredi 5 novembre 2004
Selon moi, nous avons connu quatre occasions majeures, au cours des
ans, d'opérer un changement de cap significatif dans le conflit israélo-palestinien.
La première suivit la victoire décisive de la guerre des Six
Jours, en 1967, qui vit la bande de Gaza et la Cisjordanie passer aux
mains d'Israël. S¹il est vrai que les pays arabes, sous la conduite de
Gamal Abdel Nasser, adoptèrent le "non a la paix, non a la
reconnaissance et non a la négociation", Israël pouvait prendre de
son propre chef une initiative envers les Palestiniens et ne l'a pas fait.
Une seconde occasion surgit dans la foulée des accords avec l'Égypte et
des négociations engagées avec Le Caire sur l'autonomie palestinienne. Israël
se replia sur soi, au lieu de lancer en direction des Palestiniens une
initiative susceptible de bénéficier du soutien égyptien.
Puis survint la troisième, avec la Conférence de Madrid, en 1991, et les
accords d'Oslo, en 1993, entre Israël et les Palestiniens. Israël fit un
pas en avant, mais l'accord se réduisit a néant - et les Palestiniens ne
sont pas la seuls à blâmer.
La quatrième occasion fut le sommet de Camp David (auquel le Premier
ministre de l'époque, Ehud Barak, participa aux cotes du président de l'Autorité
Palestinienne, Yasser Arafat) et la publication par le président Bill
Clinton, en décembre 2000, de principes généraux pour la résolution du
conflit.
Le reste - avec ses milliers de morts de part et d'autre - appartient a
l'Histoire. Et cette histoire n¹est pas close. [...]
Il y eut aussi des circonstances favorables, comme le moment ou Mahmoud
Abbas (Abu Mazen) fut nomme Premier ministre de l'Autorité palestinienne.
Si Israël lui avait accorde, sur la question des prisonniers, ce qu'il
donna a son ennemi jure, le Hezbollah, beaucoup de choses auraient pu être
différentes ; le Premier ministre Ariel Sharon eut-il alors fait un
geste et accorde ce qu'il est prêt a céder, peut-être sans
contrepartie, au Hamas dans le cadre du plan de désengagement, qu¹Abu
Mazen y aurait puise un peu d¹oxygène.
Le passé montre que sitôt parue une chance de changement déterminant,
elle fait lever crainte et tremblements(1) dans le cœur des politiciens.
Au lieu de démonstrations de courage, la tendance est au gel, en
attendant pour sauter le pas une éventuelle confirmation des cieux.
Entretemps, la fenêtre se clôt.
Autre leçon de l¹expérience, nous pouvons aussi faire naître l¹occasion
a la croisée des chemins, comme aujourd'hui, alors que l¹autorité d¹Arafat
et la domination qu¹il exerçait sur les Palestiniens s'estompent. Pour l¹instant,
il nous faut attendre en nous gardant d¹intervenir dans le couronnement
des prétendants comme nous l¹avions fait, en 1982, pendant la guerre
du Liban.
Il nous revient cependant de préparer une initiative israélienne. Tout
comme Sharon a lance un plan de désengagement unilatéral, il faut
structurer une initiative israélienne en rapport avec les changements a
venir au sein de la direction palestinienne.
[S]
Deux principes devraient présider a l¹initiative israélienne, avant même
toute négociation : le premier est l¹acceptation des grandes lignes de
la proposition de règlement global du président Clinton de décembre
1982 ; celles-ci concernent la division du territoire, la partition de Jérusalem,
des échanges de territoires et le problème des réfugiés palestiniens.
Le second, par lequel il nous faut commencer, est une déclaration d¹intention
israélienne de se retirer, en Cisjordanie, sur les lignes du 28 septembre
2000, a la veille du conflit actuel. C¹est la une initiative
positive, dans l¹attente d¹une reprise des negociations avec la nouvelle
direction palestinienne.
__NOTES______________________________________________
(1) "h'arad ve-pah'ad", celui dont le cœur frémit et craint,
l'expression est
reprise de la Bible (voir par exemple Juges 7,3
- ou Isaïe 19,16, dont le contexte est le plus proche).
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