AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP |
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La problématique de l’eau en Palestine Ziad Medoukh professeur
de français -Cette étude a été présentée lors de ma participation à la première rencontre universitaire francophone au Caire en Egypte entre le 6 et le 13 février 2005- Introduction : La question de l'eau est un des enjeux majeurs pour le siècle à venir, dans le cas de notre pays la Palestine, l’eau est devenue une problématique, car à part le manque de cette ressource naturelle dans notre pays, il y a aussi les mesures israéliennes qui empêchent les Palestiniens de contrôler et d'utiliser leur eau. Aujourd’hui, le partage de cette ressource reste très inéquitable, Le manque d'eau est ainsi devenu une des causes majeures du sentiment d'injustice développé par les habitants des Territoires palestiniens. 1) Les ressources de l’eau en Palestine : Toutes les ressources de l’eau en Palestine sont contrôlées, gérées et exploitées par le gouvernement israélien. Environ
40% de l'eau utilisée en Israël provient du Jourdain et de la mer de
Galilée, le réservoir national. Les 60% restant proviennent de deux
nappes aquifères, celle située en Cisjordanie (30 à 40%) et celle qui
passe sous la Bande de Gaza. Pendant l'occupation les Israéliens ont
autorisé 23 nouveaux puits palestiniens en Cisjordanie. Les quotas qui
leur ont été distribués n'ont augmenté en 30 années que de 20%,
contre une croissance de la population de 86%. Les Israéliens refusent de discuter d'une nouvelle répartition des sources d'eau en Cisjordanie (pour l'heure 80% des ressources sont orientés vers Israël, contre 20% pour les Palestiniens) et ils continueront de contrôler l'alimentation en eau des territoires pendant quelques années encore. Valeurs chiffrées
Source: Palestine Hydrology Group datas 2003 2) L’eau dans la Bande de Gaza : La Bande de Gaza qui se situe au bord de la mer Méditerranée, avec une population qui dépasse 1millions habitants souffre de cette crise d'eau avec l'absence de ressources suffisantes en eau. A Gaza, il n'existe pas de sources permanentes d'eau superficielle: lacs, fleuves, il y a certaines vallées qui reçoivent l'eau de pluie qui coulent durant la période de forte pluie. Normalement, toutes les eaux de pluie de Cisjordanie et du Néguev s'accumulent à Wadi Gaza, mais Israël empêche une partie très importante de cette eau de parvenir à Gaza, notamment en construisant des barrages, des lacs artificiels .Ainsi Wadi Gaza ne satisfait plus les besoins de plus en plus croissants de la population. Dans la Bande de Gaza, il y a trois vallées : Wadi Gaza, Wadi Assalqua au centre de la Bande de Gaza, et wadi Bit Hanoun au nord de la Bande de Gaza. Il y a environ 400 puits. Les habitants sont essentiellement dépendante de l'eau potable extraite des nappes d'eau souterraine, qui sont minimes et insuffisantes vu la consommation importante des agriculteurs et des habitants, ainsi, les réserves en eau s'épuisent très rapidement. Les réserves souterraines, elles, s’éparpillent sur toute l’étendue du Territoire mais différent en degrée de salinité et de la présence de nitrite et d’ammoniac.Lorsque la quantité de l’eau de pluie diminue, les réserves souterraines s’abaissent de niveau, dans ce cas l’eau de mer pénètre vers le bassin. C’est pourquoi certains puits sont inexploitables. Le déficit hydraulique est estimé à 55 millions de m3 par an. Le secteur agricole consomme 85 millions de m3 par an. Les besoins de la population et l’industrie représentent 53 millions de m3.C’est pour cela que le pourcentage de l’eau pour chaque habitant est 60litres par jour en comparaison avec Israël : 350 litres par jour. Dans la bande de Gaza la situation est encore plus catastrophique puisque les nappes phréatiques sont pompées pour alimenter les colonies (soit 7000 habitants) ce qui laisse 1200 000 palestiniens sans une quantité suffisante. Avec de l’eau devenue saumâtre par l’arrivée de l’eau de mer dans les nappes phréatiques. De nouvelles maladies font leur apparition notamment des cas de plus en plus fréquent chez les Palestiniens d’hépatites ce qui n’était pas le cas avant. La quantité moyenne annuelle de pluie est estimée à environ 350-400 mm seulement en hiver. Une partie de cette eau s’évapore, l’autre s’écoule dans la mer, une petite quantité s’infiltre dans le bassin. 3 ) La crise de l'eau en Palestine : En Palestine, on parle souvent d'une crise d’eau et cela revient à plusieurs raisons: Le problème de l’eau est en fait un des plus graves en Palestine, car les ressources ne sont pas totalement entre les mains des Palestiniens. Israël contrôle encore plus de 85 % de ces ressources et nous ne pouvons en utiliser qu’un infime pourcentage. De ce que les précipitations peuvent apporter chaque année, nous ne sommes autorisés à utiliser que 130 millions de mètres cubes sur un total de 675 millions. Le reste est à la disposition des Israéliens. De plus, nous n’avons aucun contrôle sur la gestion de l’eau ou sur toutes les questions étroitement liées à celle de l’eau. La crise de l’eau en Palestine apparaît dans les points suivants : 1- L'eau est rare, notre pays est considéré en situation de pénurie, les ressources en eau sont inférieures à 500 m3 par an et par personne. 2-La nappe phréatique vers la côte est polluée à cause de l'agriculture et surexploitée. 3- Un partage inégalitaire. En fait, Israël contrôle les ressources hydrauliques vitales, et l’absence d'un réseau hydrologique .palestinien 4- Des restrictions pour l'accès à l'eau par Israël pour les Palestiniens, depuis la guerre de 1967 et l'implantation de colonies dans les territoires palestiniens. Cette colonisation permet de contrôler directement sur le terrain le niveau d'utilisation de l'eau par la population palestinienne. En effet, Israël impose des interdictions pour l'agriculture et le forage de puits. 5- La pénurie d'eau viole les droits humains fondamentaux des résidents palestiniens vivant dans les Territoires occupés, y compris leur droit de jouir de leurs ressources naturelles. 1. Quelques chiffres qui montrent l’ampleur de cette crise d’eau en Palestine : 1-Ainsi, 40 % des eaux palestiniennes sont perdues en raison du mauvais état des canalisations et pour citer un exemple, ce sont 60 % des eaux de Tulkarem et 20 % des eaux de Ramallah qui s'évanouissent dans la terre. 2-A l'heure où la survie de l'Etat hébreu passe par l'approvisionnement en eau, quelques 354 mètres cubes par Israéliens - ce qui est faible comparé aux normes internationales - contre 85 mètres cubes pour les Palestiniens, il est plus urgent que jamais de conserver le Golan - au risque d'escarmouches du coté des fermes de Cheba'a - et surtout la Cisjordanie. La répression de l'Intifadas Al-Aqsa n'est donc, en fait, qu'une bataille de l'eau pour les Israéliens. 3-Avec 2000 m3 d'eau par an et par personne, l'eau est considérée comme abondante ; 1000 m3 est le seuil critique. A son embouchure, le Nil qui est considéré comme le plus grand fleuve du monde et qui traverse neuf pays africains a un débit de 84 milliards de m3 par an; en se déversant dans le lac de Tibériade, le Jourdain a un débit de 500 millions de m3. Un colon israélien de Cisjordanie consomme 260 litres d'eau par jour contre 70 litres pour un Palestinien. 4- En fait, le prix de l'eau agricole est quatre fois plus élevé pour les Palestiniens que pour les Israéliens ! A Gaza, la situation est plus dramatique encore car l'aquifère côtier surexploité s'infiltre maintenant d'eau de mer. 5-Tous usages confondus, la consommation moyenne en eau des Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza représente environ 150 m3 par personne et par an, alors que les colons de Cisjordanie en consomment, eux, entre 700 et 800 m3. Or, depuis 1967, les ressources en eau de ces territoires sont sous contrôle israélien. 6-La consommation moyenne et annuelle d'un Israélien (357 mètres cubes) est quatre fois plus élevée que celle d'un Palestinien de Cisjordanie (84,6 mètres cubes). La consommation domestique d'un citoyen israélien est trois fois supérieure à celle d'un Palestinien. La consommation agricole est également largement plus forte, et la politique israélienne de subventions encourage, de fait, une consommation élevée. Douloureux handicap pour l'agriculture palestinienne: les colonies irriguent 60% de leurs terres cultivables, contre 45 % en Israël et 6% en Cisjordanie. 7-Les eaux souterraines ont été surexploitées. Depuis l’occupation en Cisjordanie et à Gaza, 70 à 80% des villes et villages palestiniens ne reçoivent que quelques heures d’eau par semaine, obligeant la population à faire des réserves dans des bidons soit dans des conditions d’hygiènes hasardeuses. Tandis que les postes militaires israéliens et les colonies sont alimentées 24 heures sur 24. Ces populations vivent comme si elles étaient dans un pays européen, alors que la population palestinienne a toujours géré son eau en connaissant l’aridité de la région. De plus le développement agricole israélien se fait aussi en contradiction avec les ressources en eau disponibles. Les Palestiniens n’ont pas le doit de forer des puits, alors que les colons le peuvent et sur de grandes profondeurs (300 à 500 mètres). 8- Il est interdit pour les Palestiniens de forer de nouveaux puits sans autorisation militaire israélienne, ensuite, leurs puits ne doivent pas dépasser 140 mètres de profondeur, alors que ceux des colons juifs peuvent atteindre 800 mètres. Enfin,si l’eau est facturée dans les Territoires aux tarifs israéliens,les colons juifs bénéficient,contrairement à la population arabe,de subventions élevées,et payent ainsi l’eau plus de quatre fois moins cher que les agriculteurs palestiniens. La consommation moyenne d’un Israélien est 2,4 fois plus importante que celle d’un palestinien. 9- La quantité moyenne annuelle de pluie est estimée à environ 350-400 mm seulement en hiver. Une partie de cette eau s'évapore, l’autre s'écoule dans la mer, une petite quantité s'infiltre dans le bassin. 10- Depuis la deuxième Intifada,la situation s'est encore dégradée puisque l'armée israélienne et les colons,attaquent de manière presque systématique les puits,empêchent les Palestiniens d'accéder à l'eau et à terme essaient de les pousser à partir de ce fait le coût de l'achat de tanks d'eau à considérablement augmenté passant de 3 $ par mètre cube à 7 $.Les hélicoptères israéliens bombardent les tanks sur les toits des maisons ainsi que les puits importants comme ce fut le cas cette année à Rafah en juin dernier. 4) Les mesures israéliennes : Ces mesures qui empêchent les Palestiniens d’exploiter leurs ressources d'eau à travers des lois et des décrets discriminatoires, Une loi datant de 1959 faisant de l'eau "une propriété publique soumise au contrôle de l'Etat". La législation militaire est introduite. En pratique, elle empêche les Palestiniens de forer des puits. Sur les 350 puits palestiniens qui fonctionnent actuellement en Cisjordanie, 23 d'entre eux seulement ont été forés depuis le début de l'occupation. A Partir de 1975, des quotas sont imposés et leur dépassement entraîne de lourdes amendes. Enfin, les terres des absents sont confisquées, leurs puits avec, des zones militaires sont établis, ce qui limite davantage encore l'accès des palestiniens à l'eau. 2-Immédiatement après leur conquête, les Israéliens ont mis en place une législation discriminatoire quant à l'exploitation de l'eau. En pratique, le forage de puits par les Palestiniens est soumis à des autorisations qui ne sont données que très restrictivement. L'eau, propriété de l'Etat qui a appliqué ses lois en la matière aux territoires occupés, est achetée au prix fort, celui de l'eau potable, par les agriculteurs palestiniens pour les besoins de l'irrigation. 5) Les conséquences de ces mesures sur les Palestiniens : Quelles sont les répercussions de ce problème sur la population palestinienne ? Plus de 250 villages ne sont pas encore reliés à un système de distribution. L’eau récupérée des précipitations n’est pas suffisante pour passer l’été. Vers la mi-juillet, les habitants doivent acheter de l’eau acheminée par camion-citerne. D’autre part, à cause des fermetures de certains accès ou des couvre-feux imposés, ces camions-citernes n’arrivent pas toujours à approvisionner les populations. Prenez en compte aussi le prix très élevé de cette eau acheminée que certains ne peuvent se permettre. Si bien que ces personnes boivent parfois de l’eau de très mauvaise qualité. On voit apparaître des cas de malaria, d’amibes, des problèmes de peau. Dans un village, Tamoun, on a enregistré plus de 900 cas d’amibes et de problèmes cutanés. Il ne faut pas oublier aussi la pollution, suite au traitement des déchets industriels dans certaines colonies, comme à Barkan, au sud-ouest de Naplouse. Et on ne peut rien y faire ! Nous avons par exemple des preuves que l’eau d’un village, Azzoun, où quarante cas de cancers ont été répertoriés, fut polluée à cause d’une décharge israélienne se trouvant proche d’une source. Mais on ne peut pas s’immiscer dans ce qui se passe dans ces colonies. Depuis la deuxième Intifada, la situation s’est encore dégradée puisque l’armée israélienne et les colons attaquent de manière presque systématique les puits, empêchent les Palestiniens d’accéder à l’eau et à terme essayent de les pousser à partir. De ce fait le coût de l’achat de tanks d’eau a considérablement augmenté passant de 2,5$ par mètre cube à 7,5$. Les hélicoptères israéliens bombardent les tanks sur les toits des maisons ainsi que les puits importants comme ce fut le cas cette année à Rafah, dans la bande de Gaza. En surexploitant leurs nappes phréatiques, les habitants consomment davantage d’eau que ce que la nature peut leur fournir de manière renouvelée.Les conséquences seront désastreuses à moyen terme. Déjà polluée par les engrais agricoles,la nappe phréatique sous la Bande de Gaza baisse de 15 centimètres par un à cause de sa surexploitation.Cette situation conduit à des infiltration de plus en plus fréquentes d’eau de mer et provoque des effondrements de terrain. On estime qu’environ un puit sur cinq est susceptible d’être fermé à cause de cette pollution par les sels et par les nitrates. 6) Les solutions: 1- une bonne utilisation de l’eau dans les maisons 2- Désinfection et purification de l’eau par des produits chimiques et réparation des réseaux hydraulique détériorés. 3- la construction des stations d’épuration. 4- Collecter les eaux de pluie dans des bassins et la laisser s’infiltrer dans les terrains. 5- Conseiller les agriculteurs dans l’utilisation des insecticides pour éviter la pollution de l’eau souterraine. 6- Séparer les réseaux d’eau potable des égouts. 7- Utiliser des systèmes modernes d’irrigation. 7- Ne pas jeter les produits chimiques dans le sol. 8- Ne pas jeter l’eau usée dans la mer ou dans le sol sans la traiter 9- Utilisation correcte de l’eau souterraine. 10-l'eau des aquifères de Cisjordanie doit être déclarée internationale conformément à la loi qui régit les nations. 11-des solutions alternatives comme la désalinisation de l'eau de mer ou le traitement des effluents. Mais ces procédés prendront du temps pour être mis en oeuvre et dans l'immédiat, il convient de prendre des mesures de conservation, en d'autres termes de rationner l'eau et de pomper plus judicieusement dans les nappes phréatiques de la rive occidentale, pourtant trop sollicitées. 12- une nouvelle orientation de l'agriculture qui s'imposera, avec la suppression des cultures d'agrumes très consommatrices d'eau, et en fin de compte, une agriculture réduite à sa plus simple expression qui ne pourra garantir l'indépendance alimentaire du pays. 13- Développer des techniques d’irrigation plus économiques et développer de nouvelles variétés de plantes moins gourmandes en eau. Conclusion : Comme vous le voyez, le cas de cette région du monde est un symbole fort pour le monde entier puisque la question de l’eau est un des enjeux majeurs pour le siècle à venir. Dans le cas de Palestine/Israël toute négociation de paix est tributaire de l’établissement d’un accord juste et équitable, conforme à la Convention du 14 mai 1997 et ce ne peut être que dans un cadre global (avec la Syrie, le Liban et la Jordanie) que la paix pourra se construire entre israéliens et palestiniens. Les derniers évènements nous poussent au pessimisme, tant les destructions opérées par l’armée israélienne risque de rendre toute solution tardive et coûteuse. En effet, toutes les infrastructures administratives de l’Etat palestinien naissant, financées par la Communauté européenne principalement, ont été détruites et pour le moment Israël, soutenu par les Etats-Unis refuse d’en endosser le prix à payer soit des milliards d’Euros Tout l’avenir économique de la Palestine dépend de son approvisionnement en eau, et seul l'application du droit international permettra aux Palestiniens de contrôler de nouveau leurs ressources en eau, un élément important pour l'avenir de la Palestine, afin d’éviter une bataille de l’eau, Et celle-ci risque bien d'être celle du Moyen-Orient au XXIème siècle. . Un règlement à cette question vitale devra néanmoins intervenir pour rééquilibrer le partage de cette ressource rare dans la région. Si l'Etat d'Israël souhaite un jour la Paix, il devra cesser de surexploiter les ressources disponibles en terre de Palestine. Ziad Medoukh Février 2005
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Ce texte n'engage que son auteur et ne correspond pas obligatoirement à notre ligne politique. L'AFPS 59/62, parfois en désaccord avec certains d'entre eux, trouve, néanmoins, utile de les présenter pour permettre à chacun d'élaborer son propre point de vue." |
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