http://www.haaretz.com/hasen/spages/550193.html
Haaretz, 10 mars 2005
Fini de jouer
Editorial de la rédaction
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
Le rapport sur les avant-postes, qu¹Ariel Sharon a commandé à la
procureure Talia Sasson, révèle ce que tout le monde savait, y compris
Sharon lui-même, sur la façon détournée dont des fonds de l¹Etat
parvenaient aux colonies, avec l¹aide de ministres et de fonctionnaires
travaillant pour le lobby des colons. Pendant des années, il a été
difficile de savoir précisément quels
postes du budget avaient contribué à l¹expansion de ce qu¹il est
convenu d¹appeler les " avant-postes illégaux ".
Officiellement, les ministres exprimaient leur désapprobation. Mais derrière
la coulisse, leurs ministères continuaient à allouer à ces avant-postes
infrastructures, argent,
structures et soldats pour faciliter leur main mise sur la terre.
Depuis le début, les avant-postes ont constitué un plan en trompe-l'œil
destiné à maintenir le rythme de la colonisation dans les territoires
sans en faire état en public. Le concept d¹"avant-poste",
comme le terme de "bastion" ("maah¹az" en hébreu)
utilisé dans les années 70, était destiné à donner l¹impression que
les colonies en question n¹étaient que provisoires, et de nature sécuritaire.
La véritable intention a toujours été de créer un continuum de
colonies qui servirait à empêcher toute possibilité de création d'un
Etat palestinien.
S¹il y a quelque chose que, plus que tout, nous apprend le rapport Sasson,
c¹est le fait que le jeu est terminé, et que l¹ère des colonies finit
par toucher à sa fin. La raison en est que le promoteur principal de l¹entreprise
de colonisation est devenu premier ministre, et qu¹il a commencé à
prendre en compte l¹opinion internationale. Si Sharon a commandé un
rapport sur les avant-postes, ce n¹est pas pour apprendre quoi que ce
soit qu¹il aurait ignoré, mais pour en minimiser les dégâts, et pour détourner
l¹attention du sort des colonies en général vers celui des seuls
avant-postes. Il semble néanmoins que cela ne l¹aidera pas beaucoup. La
demande insistante de Washington de permettre la création d¹un Etat
palestinien ayant une "continuité territoriale" qui ne soit pas
entravée par des colonies, George Bush et Condoleezza Rice prenant bien
soin de
mentionner l¹expression chaque fois qu¹ils le peuvent, finira par mener
à l¹évacuation de toutes les colonies qui gêneront une continuité
acceptable.
Il est fort probable que la frontière Est de l¹Etat d¹Israël sera
beaucoup plus proche de la Ligne verte qu¹il ne le croit. La différence
entre les termes d¹ "avant-postes" et de "colonies"
appartiendra à la mythologie, qui se référera à un phénomène d¹auto-tromperie
à usage interne qui a cours en Israël depuis des années. La carte de l¹accord
de paix définitif avec les
Palestiniens n¹est en rien liée par cette terminologie trompeuse. Un
avant-poste est une colonie en train de se faire. Les avant-postes sont
tous des colonies créées depuis qu¹Israël s¹est engagé à ne plus en
créer. Il faut considérer le rapport Sasson, avant tout, comme une étude
qui aidera les ministères à trouver les brèches à travers lesquelles l¹argent
a été redirigé par des fonctionnaires vers des endroits non conformes
aux politiques desdits ministères. S¹il donne lieu à des soupçons à l¹encontre
de fonctionnaires qui ont abusé de leur position, ces individus doivent
être inculpés, afin que d¹autres, à l¹avenir, ne soient pas tentés
de plaire aux politiciens aux dépens de l¹intérêt public. Il est
probable que des inculpations étaleront au grand jour la totalité de la
tromperie, tromperie dénoncée par la gauche parle depuis des années.
Il faut, au-delà de tout, considérer le rapport Sasson comme le début d¹une
nouvelle ère. La question du timing de l¹évacuation des avant-postes,
avant ou après le désengagement, dépend avant tout de la capacité opérationnelle
de la police et de l¹armée à traiter de leur évacuation aujourd¹hui,
et n¹est pas une question de première importance.
|