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Ha'aretz, 16 mars 2005
Le Hamas n'a plus
le choix
par Danny Rubinstein
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
Ce soir, sous les auspices de l'Egypte, et
vraisemblablement en présence de représentants syriens, les différents
groupes palestiniens vont se rencontrer au Caire pour ce qui pourrait bien
entrer dans l'histoire comme l'une des rencontres les plus importantes
dans l'histoire du mouvement
national palestinien.
La réunion aura essentiellement pour objet le dialogue entre l'Autorité
palestinienne (ou, pour être plus précis, le parti palestinien dominant
: le Fatah) et le mouvement Hamas et de Résistance islamique. Les
pourparlers entre le Fatah et le Hamas ont débuté il y a 12 ans, et ils
ont connu des
hauts et des bas, surtout des bas.
En janvier 1993, à Khartoum, les représentants du Hamas exigeaient une
représentation de 40% dans les institutions du mouvement palestinien, en
échange de leur entée dans l'Organisation de Libération de la
Palestine. En colère, Yasser Arafat avait répondu : "je ne suis pas
venu au Soudan pour brader l'OLP. Je leur [au Hamas] donne une chance d'être
l'organisation n° 2, pas la n° 1".
Depuis cette date, des représentants du Fatah et du Hamas se sont
rencontrés maintes fois, mais très peu de rencontres se sont soldées
par des succès, même partiels. Si accords il y a eu, ils ont concerné
en priorité la nécessité d'éviter à tout prix une guerre civile.
A la racine du désaccord, il y a la volonté du Fatah d'en finir avec la
lutte armée et de reconnaître Israël, en conformité avec les accords
d'Oslo.
Le Hamas, au contraire, exigeait de poursuivre la lutte armée jusqu'à
l'obtention de la totalité de la patrie palestinienne, de la Méditerranée
au Jourdain. D'après Mahmoud Abbas, qui est parti hier pour Le Caire, la
voie est maintenant dégagée pour que toutes les factions, à commencer
par le Hamas, acceptent un cessez-le-feu avec Israël. Les Egyptiens ont
préparé un document détaillé sur cette question, où tous les groupes
s'engagent à préserver le cessez-le-feu sur une période d'une année.
Les pourparlers autour du cessez-le-feu ne vont constituer qu'une partie
du dialogue entre les parties. Plus importantes seront les conditions sous
lesquelles le Hamas pourrait être inclus au sein des institutions de
l'Autorité palestinienne et de l'OLP. En d'autres termes, le Hamas est en
train de devenir un mouvement politique légitime et de faire partie intégrante
de toutes les institutions palestiniennes.
La réponse à la question de savoir dans quelles conditions le Hamas
rejoindrait les institutions de l'AP et l'OLP devrait être déterminée
par les résultats des élections législatives palestiniennes, prévues
en juillet prochain.
Il faut voir cela comme la toile de fond derrière les récentes déclarations
de porte-parole du Hamas sur la volonté du mouvement de participer à ces
élections.
Ve changement révolutionnaire dans les positions du Hamas signifie un
certain degré d'acceptation du processus de paix. On peut évidemment
pointer un certain nombre de développements internationaux qui expliquent
ce changement, mais il existe aussi une cause interne : le Hamas a obtenu
de très bons résultats aux élections qui ont lieu il y a quelques
semaines dans les Territoires. Après ces élections, l'un de ses
responsables a déclaré : "nous avons aujourd'hui une responsabilité
envers les masses qui ont voté pour nous, et nous ne pouvons pas assumer
ces responsabilités si nous ne jouons pas un rôle dans les institutions
gouvernementales des territoires".
En d'autres termes : après avoir décidé de participer aux élections
municipales, le Hamas n'a plus d'autre choix aujourd'hui que d'aller
jusqu'au bout et de se transformer en un parti politique.
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