[Puisque nous en sommes aux sondages, en voici un autre, tout à fait
passionnant, car réalisé en miroir, auprès des Israéliens et des
Palestiniens. D'où il ressort que d'un côté comme de l'autre, le
soutien à une solution de type Genève est forte augmentation
(l'augmentation étant spectaculaire du côté palestinien), et que les
opinions radicales sont en baisse. Sauf pour Jérusalem, où les positions
semblent se durcir.]
http://www.haaretzdaily.com/hasen/spages/528457.html
Haaretz, 18 janvier 2005
Les opinions israélienne
et palestinienne en faveur de deux Etats
par Akiva Eldar
Trad : Gérard pour La Paix Maintenant
Environ 54% des Palestiniens sont en faveur d'une solution à deux Etats
sur la base des lignes de 1967 avec corrections de frontières, et sans
retour massif des réfugiés, ce qui confirme qu'il s'est produit un
changement dans l'opinion palestinienne depuis le décès de Yasser
Arafat.
Ces chiffres figurent dans une étude d'opinion à grande échelle auprès
de 1.319 personnes, réalisée fin décembre. Ils contrastent avec un
sondage similaire effectué en décembre 2003, qui montrait que seuls 39%
des Palestiniens étaient en faveur d'un accord avec Israël. Une étude
parallèle réalisée en Israël montre que 64% des personnes interrogées
sont aujourd'hui en faveur d'un accord de paix définitif, contre les 47%
qui soutenaient le même accord l'année dernière.
Les sondeurs ont présenté aux personnes interrogées une série de
propositions qui s'inspirent des paramètres Clinton de 2000 et des
Accords de Genève de 2003, mais sans les nommer. La plupart des résultats
des sondages parallèles montrent une augmentation significative du
soutien à la réconciliation entre les peuples et à un accord de paix,
et ce depuis que Mahmoud Abbas a remplacé Yasser Arafat.
Le Dr Khalil Shikaki, qui dirige le Center for Palestinian Policy and
Research à Ramallah, a réalisé son sondage au cours des derniers jours
de 2004, alors que l'armée israélienne menait des opérations en
Cisjordanie et à Gaza. Le Dr Yaakov Shamir, de l'institut Truman de
l'Université hébraïque de Jérusalem, a réalisé son sondage avec la
collaboration de l'institut Dahaf les 9 et 10 janvier 2005, en pleine
crise des roquettes lancées sur Sderot.
Pour une reconnaissance mutuelle
Environ 63% des Palestiniens sont en faveur de la proposition selon
laquelle, après la création de l'Etat de Palestine, et après que seront
résolus les problèmes difficiles (dont les réfugiés et Jérusalem),
soit publiée une déclaration reconnaissant l'Etat d'Israël en tant qu'Etat
du peuple juif et l'Etat de Palestine en tant qu'Etat du peuple
palestinien. Environ 35% des Palestiniens sont contre cette déclaration.
En juin 2003, 52% étaient pour, et 46% contre. Du côté israélien, 70%
se sont prononcés pour la reconnaissance mutuelle, et 16% contre. En
2003, 65% étaient pour, et 33% contre.
Environ 63% des Palestiniens se sont dit tout à fait d'accord ou d'accord
avec la proposition suivante : "l'Etat de Palestine sera créé sur
toute la bande de Gaza et sur toute la Cisjordanie, à l'exception des
grands blocs de colonies qui seront annexés à Israël, étant entendu
qu'ils ne représenteront pas plus de 3% [du territoire]. Israël évacuera
le reste des colonies, et les Palestiniens recevront en échange un
territoire identique en taille contigu à [la bande de] Gaza."
Environ 35% se sont déclarés contre ou tout à fait contre cette
formule.
En décembre 2003, 57% étaient pour, et 41% contre.
En Israël, la même proposition est soutenue par 55% des personnes
interrogées, 43% se déclarant contre. En 2003, 47% étaient pour, et 50%
contre.
Positions plus dures sur Jérusalem
Sur Jérusalem, les opinions se sont durcies des deux côtés. Du côté
palestinien, 44% des personnes interrogées se sont déclarées pour, et
54% contre, un accord où "Jérusalem sera la capitale des deux Etats,
Jérusalem Est capitale de l'Etat de Palestine et Jérusalem Ouest
capitale d'Israël. Les quartiers arabes de Jérusalem, dont la Vieille
Ville et Haram el Sharif / Mont du Temple, seront sous souveraineté
palestinienne. Les quartiers juifs, dont le Quartier juif [de la Vieille
Ville] et le Mur des Lamentations, seront sous souveraineté israélienne."
En 2003, 46% étaient pour et 52% contre. Du côté israélien, 39% sont
pour et 60% contre (41% et 57% respectivement en 2003).
Solution pour les réfugiés
Le sondage révèle un changement majeur dans la position des Palestiniens
concernant les réfugiés. D'après les paramètres Clinton et les Accords
de Genève, la solution du problème serait fondée sur les résolutions
194 et 242 des Nations Unies, et prévoirait cinq possibilités parmi
lesquelles les
réfugiés pourraient choisir : rester dans leur pays d'accueil actuel,
retourner en Palestine, retourner en Palestine dans le cadre d'un échange
de territoires, émigrer en Europe ou vers d'autres pays comme l'Australie
ou le Canada, ou retourner en Israël, retour qui serait limité et contrôlé
par
Israël, Israël fondant sa décision à partir du nombre moyen de réfugiés
qui émigreraient vers des pays comme l'Australie, le Canada et l'Europe.
De plus, tous les réfugiés auraient droit à une indemnisation financière,
fournie par un fonds international.
Le sondage de 2003 montrait que seules 25% des Palestiniens interrogés se
prononçaient pour cette solution au problème des réfugiés, alors que
dans le présent sondage, ce sont maintenant 46% qui se déclarent pour,
et 50% contre. Du côté israélien, 44% sont pour cette solution (35% en
2003).
Fin du conflit
Quelque 69% des Palestiniens interrogés soutiennent un accord qui
comprendrait une déclaration mettant fin au conflit avec Israël, sans
autre revendication d'un côté comme de l'autre. L'année dernière,
seuls 42% des Palestiniens soutenaient cette déclaration, alors que 55%
étaient contre.
Du côté israélien, 76% soutiennent une pareille déclaration, 23% y
sont opposés (respectivement 66% et 23% en 2003).
Une grande majorité de Palestiniens (61%) sont opposés à la proposition
suivante : "l'Etat de Palestine en Cisjordanie et à Gaza n'aura pas
d'armée, mais une solide force de sécurité, et il y aura une force
multinationale pour garantir la sécurité des deux côtés. Israël et la
Palestine s'engageront à mettre fin au terrorisme et à la violence des
deux côtés." Seuls 27% des Palestiniens interrogés ont accepté
cette proposition. En décembre 2003, quand elle a été soumise pour la
dernière fois (mais sans l'élément de la force multinationale), 36% étaient
pour et 63% contre.
Environ 53% des Palestiniens se disent favorables à la proposition
suivante : "Israël aura l'autorisation d'utiliser l'espace aérien
palestinien pour manœuvrer, mais l'Etat de Palestine jouira de la
souveraineté sur son espace aérien, sa terre et ses ressources en eau.
De plus, deux stations de surveillance israéliennes seront établies en
Cisjordanie pendant 15 ans, et une force multinationale demeurera dans l'Etat
palestinien et sur les frontières pendant une période indéterminée. La
fonction de la force multinationale est de veiller à l'application de
l'accord, défendre l'intégrité territoriale de l'Etat palestinien et
surveiller les passages frontaliers, la Palestine étant démilitarisée."
45% sont contre. En 2003, 23% y étaient favorables, et 67% opposés.
Du côté israélien, 61% soutiennent cette approche, alors que 37% sont
opposés à la l'inclusion de cette proposition dans tout accord de paix définitif.
Source
: La Paix Maintenant
|
|