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Ha¹aretz, le 21 février 2005
QUAND L'ACCALMIE
PRENDRA-T-ELLE FIN ?
par Danny Rubinstein
(trad. Charles Szlakmann pour LPM)
L'impression que l'on peut retirer de l¹évolution au sein de l'opinion
et de la direction palestiniennes est celle-ci : il ne s¹agit pas de
savoir si l'affrontement sanglant se reproduira ou non, mais plutôt quand
il reprendra. Autrement dit, à quel moment surviendront la fin de la période
de calme relatif et la reprise du cycle des violences et des attentats.
Le petit nombre d'attentats ces dernières semaines ne s¹explique pas
seulement par les efforts du nouveau gouvernement d'Abou Mazen, ou par
l'accord qu'il a conclu avec le Hamas et le Djihad, mais surtout par le
nouvel état d'esprit de l'opinion dans les Territoires, lasse des misères
entraînées par l'Intifada. En Cisjordanie et à Gaza, on désire un peu
de calme. Le leader du Hamas à Gaza, Ismail Hanieh, a bien exprimé cela,
en expliquant à la fin de la semaine dernière que son mouvement avait
accepté de maintenir le calme, car il a pris l'engagement de construire
et
développer les territoires palestiniens, de la même façon qu¹il avait
pris l'engagement de se battre. Mais cette fatigue a ses limites, et des
ferments de troubles peuvent s'observer sur le terrain.
Le premier est l'affaire des prisonniers. La publication de la liste des
500 détenus qu'Israël a libérés (les détenus de Jérusalem-Est non
compris) a été accueillie par des manifestations de protestation en
Cisjordanie et à Gaza, et des menaces de grève de la faim. Les
porte-parole palestiniens ont déclaré qu'il s'agissait d'une offense, un
crachat au visage d'Abou Mazen. Ghassan el Hattib, membre du cabinet,
affirme - en exagérant peut-être un peu - que depuis la rencontre de
Sharm-el-Sheik, Tsahal et le Shin Beth ont arrêté à peu près le même
nombre de Palestiniens qu'ils viennent d¹en libérer. Dans les
Territoires, on s'était attendu à la libération de 3 000 détenus
(Mohammed Dahlan), ou 5 000 (Marwan Barghouti), et non pas à la répétition
du truc israélien qui consiste à libérer des détenus condamnés à de
courtes peines et dont la sortie de prison devait de toutes façons
intervenir dans un proche avenir.
La deuxième cause de trouble est la barrière de séparation, dont la
construction se poursuit, tout comme le renforcement et l'expansion de
blocs de colonies en Cisjordanie. A certains endroits il y a eu des
actions d'opposition à la barrière, ou plus exactement au tracé de la
barrière, qui porte atteinte aux services et au travail de nombreuses
personnes. Le fait que le Parti travailliste ou la Haute cour de justice
approuvent le tracé laisse indifférent le Palestinien qui en souffre.
Dans ce contexte, Abou Mazen continue d'annoncer qu'il n'acceptera
nullement l'idée d'un accord intérimaire ou d'un État aux frontières
provisoires, comme stipulé dans la Feuille de route. Il veut un accord définitif,
et sans délai. En d'autres termes, il exige dès maintenant de traiter de
sujets sur
lesquels il n'y a aucune chance d'aboutir à un accord : Jérusalem, les
blocs de colonies, les frontières et les réfugiés.
Abou Mazen déclare également que le cessez-le-feu actuel ne signifie pas
la fin de l'Intifada, et que l'opposition non-violente se poursuivra
(Yasser Arafat avait employé les mêmes termes pour justifier les
manifestations qui avaient précédé le déclenchement de l'Intifada). De
même a-t-il précisé à la fin de la semaine dernière qu'il ne
craignait pas que le Hamas remporte des gains
substantiels lors des élections au Conseil (Parlement palestinien) dans 4
mois.
Entre temps, on ne voit pas d¹amélioration des taux de chômage et de
pauvreté dans les Territoires. Pour modifier cela, il faudrait lever des=
barrages, autoriser l'entrée de travailleurs plus nombreux en Israël, et
mettre en activité les ports et aéroports de Gaza.
Il ne semble pas que cela soit sur le point d'arriver. Dans ce contexte,
on peut évaluer le moment où la période de calme pourrait s¹achever et
l'Intifada reprendre. La date à envisager est dans quelques mois, au
terme du retrait ; autrement dit, à la fin de l'évacuation par Israël
de Gaza et
du nord de la Samarie. Il y aura alors un nouveau parlement palestinien,
comprenant une représentation significative du Hamas et d'autres forces
d'opposition. L'horizon politique se couvrira de nuages, et il ne faudra
rien attendre de bon. Marwan Barghouti a estimé (voir l¹interview qu¹il
a donnée à Maariv depuis sa prison) qu'Abou Mazen disposait de 6 mois.
Il sait
de quoi il parle.
Source
: La Paix Maintenant
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