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Ha¹aretz, le 21 février 2005
LE RETRAIT, FAUTE
DE MIEUX ?
par Akiva Eldar
(d'après la trad. de Kol Shalom pour LPM)
Au moment où nous écrivons ces lignes, dimanche matin [le 21 février],
on peut dire que seule une catastrophe naturelle pourrait empêcher la décision
du gouvernement d¹approuver le plan de désengagement et, par la même
occasion, le tracé de la clôture de séparation.
Aucun des membres du cabinet, dont un Prix Nobel de la Paix, ne remet en
question l¹hypothèse de base qui fonde la décision de renoncer à la
voie de la discussion avec notre voisin en faveur d¹actions unilatérales.
Un leader palestinien meurt et un leader palestinien paraît, un
gouvernement
israélien arrive et un gouvernement israélien s¹en va, et l¹hypothèse
de base demeure : il n¹y a pas de partenaire palestinien pour avancer
vers la paix.
Même le Yahad soutient la décision unilatérale du gouvernement de
Sharon, et tourne le dos à l¹accord Beilin-Abu Mazen, aux accords de
Taba et au document de Genève.
Des milliers de Palestiniens ont été transformés en sans-abri emplis de
ressentiment avant qu¹un groupe d¹experts ne révèle au commandant en
chef que la destruction des maisons fait plus de mal que de bien.
Le rapport final d¹un groupe de réflexion travaillant avec l¹accord du
chef d¹état-major Moshé Ya¹alon et en étroite collaboration avec le
colonel Amos Lehman, son conseiller aux Affaires stratégiques, met en
doute l¹idée que la politique de la main dure et des punitions
collectives suffise à décourager un peuple qui se bat contre l¹occupation.
Le groupe a démontré qu¹« Israël n¹a pas réussi à Ograver dans les
esprits¹ des Palestiniens la notion que la violence ne sert pas leurs
objectifs, voire leur nuit gravement ».
De plus, le document, ici publié pour la première fois, établit que
durant les années de l¹Intifada, le sentiment prévalait parmi les
Palestiniens qu¹ils n¹avaient rien à perdre, augmentant d¹autant leur
motivation à prendre part au cycle de la violence.
Le comité, qui s¹est réuni régulièrement depuis novembre 2003 au
Jerusalem Institute for Israel Studies se composait d¹anciens membres des
services secrets : Ephraim Halevy, Reuven Merhav et Yossi Ben-Ari, du
Mossad ; Efraim Lavie, du Renseignement militaire ; Kobi Michael, de l¹unité
de Liaison et de Coordination ; et d¹universitaires comme Yaakov
Bar-Siman-Tov (qui a
présidé le groupe), Daniel Bar-Tal, Ruth Lapidoth, Dan Zakai, Ezra Sadan,
Tamar Herman, Yifrah Zilberman et Yitzhak Reiter. Ils ont interrogé des
experts des services secrets et des spécialistes du Moyen-Orient, dont
Mati Steinberg, ancien conseiller aux Affaires palestiniennes du directeur
des Services de sécurité intérieure (Shin Beth).
Leur rapport accuse l¹armée israélienne sous le commandement de l¹actuel
ministre de la Défense, Shaul Mofaz, alors chef d¹état-major ; puis
sous celui de Moshé Ya¹alon d¹avoir attisé le violent conflit qui a
éclaté en septembre 2000 :
« Les moyens de pression qui ont été mis en oeuvre sur la population
palestinienne et sur les forces de sécurité, dont la plupart des membres
n¹avaient pas pris part au conflit au début, ont engendré des résultats
opposés. La colère et l¹envie de se venger ont mené au resserrement
des
liens de coopération au sein des groupes terroristes et entre ceux-ci et
les services de sécurité palestiniens, lesquels se sont joints au
conflit en réaction aux coups qui leur étaient portés par l¹armée
israélienne. En conséquence, le phénomène des attentats suicide a
grandi jusqu¹à des dimensions jamais atteintes, s¹étendant à des
organisations non religieuses. »
Le rapport démolit l¹idée qui prévaut dans l¹opinion [israélienne]
quant aux raisons de l¹échec du processus de paix et du déclenchement
de l¹Intifada, de l¹escalade et de la poursuite des hostilités. C¹est
cette même conception qui apporte de l¹eau au moulin des initiatives
unilatérales.
Les experts mettent en garde : mener un conflit sans issue diplomatique en
perspective est « une mauvaise recette, qui joue en faveur des éléments
extrémistes des deux camps et pourrait mener à une escalade... Aujourd¹hui
déjà le soutien de la rue palestinienne à l¹idée de deux États se
fait plus flou, et le danger existe que l¹opinion palestinienne se désintéresse
d¹un tel accord et qu¹un climat s¹instaure qui conduise à l¹empêcher.
»
Le groupe de réflexion voit le plan de désengagement comme un nouveau
concept de conduite du conflit découlant de l¹aveu que la méthode
militaire a fait son temps. Il note qu¹« une stratégie unilatérale de
gestion de conflit constitue une option par défaut et n¹est pas
souhaitable, à moins qu¹elle ne pousse l¹autre partie à revenir à un
mode commun de règlement du conflit. »
Avec espoir (désespoir ?), les experts affirment qu¹en pareil cas
bien que la nouvelle stratégie se fonde sur le sentiment que l¹interlocuteur
palestinien manque pour une avancée diplomatique le désengagement
pourrait avoir de grandes conséquences, non seulement en ce qui concerne
la
gestion du conflit, mais aussi quant à la possibilité de le résoudre.
Source
: La Paix Maintenant
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