Voici
un compte-rendu de la rencontre du 12 janvier avec le président de
l'Assemblée nationale dans le cadre de la campagne contre le mur.
La
question du mur portée à la présidence de l’Assemblée nationale
Mercredi
12 janvier, une délégation de la "Plateforme des ONG françaises
pour la Palestine" et du "Collectif national pour une paix juste
entre Palestiniens et Israéliens" a porté les 200 000 pétitions
contre le Mur au Président de l'Assemblée nationale, Jean-Michel Debré.
La rencontre s’est avérée positive selon les membres de la délégation.
" Nous avons rencontré un homme qui partage nos points de vue "
a ainsi indiqué Stéphane Hessel, lors de la conférence de presse.
La délégation, composée de Bernard Ravenel, Michel Roy, Mouloud Aounit,
Stéphane Hessel, Jean-Pierre Dubois[1], et d’une représentante des
Femmes en Noir, a présenté les premiers résultats de la Campagne
Internationale contre le Mur, lancée en septembre 2003 auprès des
citoyens et des élus, parlementaires ou non. Au total, 200 000 signatures
de pétitions citoyennes demandant l'arrêt de la construction du mur et
le démantèlement de la partie déjà construite et 300 signatures de
parlementaires français et européens demandant à l'Union européenne
" d’agir sur le plan diplomatique pour mettre fin à ces violations
de Droit International qui mettent en péril la paix et la sécurité
".
La campagne s’appuie actuellement sur l’avis du 9 juillet 2004 de la
Cour Internationale de Justice et sur la résolution de l'Assemblée générale
des Nations Unies du 20 juillet 2004 exigeant le démantèlement du Mur.
Un échantillon de ces pétitions a été présenté au président de l’Assemblée
nationale, dont notamment le Conseil général d’Ille et Villaine qui a
adopté le vœu à l’unanimité.
La délégation, reçue pendant près d’une heure, a pu présenter à
Jean Michel Debré ses quatre principales demandes : qu’il se
positionne, en tant que représentant de l’Assemblée nationale, contre
la construction du mur dans les territoires palestiniens afin que la
France respecte la décision prise par la CIJ ; qu’il prenne
l’initiative de mettre en place des débats au sein de l’Assemblée
nationale, de développer la coopération interparlementaire et enfin
qu’il encourage des missions parlementaires dans les territoires
palestiniens avec des représentants des sociétés civiles française,
palestinienne et israélienne œuvrant pour la Paix entre les deux
peuples.
Pour l’essentiel de ces questions, " les réponses ont été pour
le moins très encourageantes " a déclaré Stéphane Hessel. Jean
Michel Debré aurait ainsi rappelé qu’il était depuis très longtemps
un adversaire déterminé du Mur. Ce " Mur est illégal et doit être
condamné. C’est inacceptable ". De plus, le président de l’Assemblée
nationale a affirmé avoir des relations très sympathiques avec beaucoup
de Palestiniens. Stéphane Hessel a qualifié la position de Debré "
équilibrée et favorable à la paix ". Le Président de l’Assemblée
Nationale a en effet insisté sur le fait qu’il était important de ne
pas seulement condamner mais d’aller vers la paix. Quant aux autres
points abordés, ce dernier a clairement indiqué que c’était de son rôle
d’essayer de travailler en bonne liaison avec les différentes
personnalités du Parlement. Il réfléchirait ainsi à l’idée
d’effectuer un voyage en Palestine avec des Parlementaires et envisage
également d’engager un débat sur le mur au sein du Parlement français
avec réponse du Premier ministre.
Cette " entrevue fructueuse " s’inscrivait de plus dans un
contexte favorable selon Bernard Ravenel. Le contexte nouveau pourrait
permettre aux Palestiniens d’entrer dans un processus de négociations.
" Des pressions et des sanctions à l’égard du gouvernement israélien
sont plus que jamais nécessaires afin de réaliser une paix basée sur le
respect du droit international " indique la pétition à
l’initiative de la Coordination des ONG européennes travaillant sur la
Palestine. Une mesure concrète en serait le démantèlement du mur.
Néanmoins, Stéphane Hessel a insisté sur l’énorme travail qui reste
encore à accomplir : " Ne soyons pas naïfs. Ne soyons pas non plus
trop optimistes. L’obstacle qui reste à franchir est très sérieux.
Aucun Parlement européen, aucun Parlement français n’est encore
suffisamment courageux pour faire véritablement une pression, accompagnée
de véritables menaces, pour qu’elle soit vraiment efficace ".
Une manière de rappeler que cette rencontre s’inscrivait dans une véritable
continuité et ne constitue pas un aboutissement de la campagne contre le
Mur. Celle-ci est loin d’être terminée, et ce malgré les 200 000 pétitions
recueillies en France, malgré le fait que 150 Etats aient pris acte de
l’avis de la CIJ dans la résolution de l’association générale des
Nations Unies. Mouloud Aounit a insisté durant la conférence de presse
sur l’importance de la continuité de cette action qui elle-même
s’inscrit au nom de la justice, du droit et de l’universalisme.
Les nouveaux défis à relever ? La délégation a insisté sur trois
grands axes à suivre : accentuer les actions de sensibilisation et
d’interpellation des élus politiques, officialiser le débat via des réunions
parlementaires puis s’adresser directement, " à un moment ou un
autre ", au Président de la République. Des revendications plus que
jamais d’actualité dans cette période de transition politique en
Palestine.
[1] Bernard Ravenel (Président de la Plateforme des ONG françaises pour
la Palestine). Michel Roy (Directeur du Secours catholique-Caritas
France). Mouloud Aounit (Président du MRAP). Stephane Hessel (Ancien
Ambassadeur de France), Jean-Pierre Dubois (Vice-président de la Ligue
des Droits de l'Homme).
Claire L
L'Agenda du Proche-Orient
agendaprocheorient@yahoo.fr
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