A Gaza,
les Forces d’Occupation Israéliennes ont assassiné au moins 47.583
Palestiniens dont plus de 17.881 enfants et 12.316 femmes, on y compte plus
de 111.633 blessés, 14.222 personnes disparues, et 2.000.000 citoyens déplacés.
En Cisjordanie dont Jérusalem, on dénombre 913 martyrs dont 186 enfants, plus de 6.500 blessés et 14.300
personnes arrêtées dont 1.065 enfants.
Paltoday le 6 février
2025
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…J’ai dû attendre d’être arrivé au bureau pour apprendre
l’info de la nuit : « Rami, tu as entendu les déclarations
de Trump ? » J’étais choqué, mais pas étonné de cette
sortie de la part d’un homme qui ne voit le monde qu’à travers des
opportunités de business. Il ne voit pas les êtres humains qui sont
devant lui. C’est l’homme le plus fort du monde, celui qui a la main sur
le bouton qui peut détruire le monde entier. L’homme qui se permet de
dire qu’il veut annexer le Canada et le Groenland, affronter la Chine et
le Mexique, et plus encore. Je n’étais donc pas étonné de l’entendre
affirmer que Gaza passerait sous la tutelle des États-Unis, ou même lui « appartiendrait »
pour en faire « la Côte d’Azur du Proche-Orient ».
Apparemment, quand on habite dans une grande tour, on ne voit pas comment
les gens vivent en bas. Trump vit dans sa bulle de businessman, entouré
de milliardaires, comme Elon Musk. Il ne peut pas comprendre ce que
signifie être occupé, résister contre l’occupation, et vouloir rester
chez soi.
« Ses
euphémismes ne trompent personne »
Ce qui est curieux, c’est que Trump veut construire chez lui
le plus grand mur du monde pour stopper l’immigration, et demande en même
temps aux Palestiniens d’émigrer. Il ne comprend pas que, malgré ces
quinze mois pendant lesquels nous avons vécu sous les bombes et subi
des massacres, des boucheries, des « israéleries », des
tueries, nous voulons toujours rester à Gaza. Oui, des gens sont partis,
parce qu’ils avaient peur de la mort, pour fuir la machine de guerre. Ils
ont payé de grosses sommes à une agence égyptienne. Mais ça n’a rien à
voir avec l’émigration massive que Trump a en tête.
Autour de moi, on réagit par l’humour. Les blagues
circulent : « Combien il va nous payer pour qu’on
parte ? Moi, je ne pars pas à moins de deux millions de
dollars. — Moi, je n’irai pas en Égypte, je préfère les
États-Unis. » D’autres demandent en rigolant : « Est-ce
qu’il veut que le Hamas parte avec nous, ou qu’il reste ici ? Et les
autres factions de la résistance, elles vont aussi aller en
Égypte ? » On traite les déclarations de Trump par
l’ironie, tout en sachant qu’il faut vraiment le prendre au sérieux.
Au moins, il est clair. Il dit ce qu’il pense, il met tout
sur la table. Ses buts sont déclarés. Il dit : voilà, je vais régler
le problème de cette façon. Et là, on comprend très bien que les vrais
buts de guerre ne sont plus sous la table, mais dessus, en plein jour.
C’est ce que je dis depuis le début de la guerre : le but des
Israéliens, dont Trump se fait l’interprète, ce n’est pas d’éradiquer le
Hamas, ni de libérer les prisonniers israéliens, mais d’expulser toute la
population de Gaza vers le Sinaï ou d’autres lieux. Les
euphémismes de Trump —, « raisons humanitaires »
au lieu de nettoyage ethnique, « chercher une meilleure vie pour
eux » — ne trompent personne.
À Jénine, la même
stratégie qu’à Gaza
Malheureusement, le terrain est fertile pour ce projet Trump
- Nétanyahou. La période de la mort est terminée — pour l’instant —,
mais elle a fait place à la phase de la non-vie. Ce nouvel épisode est
entièrement sous contrôle des Israéliens. Les gens vivent toujours dans
les rues, aucune aide n’entre pour la reconstruction, pas même des tentes
ni des caravanes. Il y a toujours des problèmes d’eau et d’électricité.
Il n’y a plus ni jardins d’enfants, ni écoles, ni universités, ni système
de santé, ni système d’éducation, ni systèmes de secours. Il n’y a plus
rien à Gaza. Les Israéliens ont bien compris qu’en fermant la porte, il y
aura des gens qui choisiront de partir. Pour ne plus revenir ? Je
crois que les gens n’envisagent pas un départ définitif ; ils
veulent revenir à Gaza, ou en Palestine en général.
On qualifiera ces départs de « volontaires ». On
vous tue, on détruit tout, même la prison dans laquelle vous êtes enfermé
et, s’il ne vous reste que la solution de l’exil, on dit « ce n’est
pas nous qui vous avons poussés dehors, c’est votre décision ».
Malheureusement, c’est la position de la « communauté
internationale ». Personne ne dénonce réellement un plan de transfert,
un nettoyage ethnique. Pendant la guerre, on a assisté à un génocide en
direct, 24 heures sur 24, et personne n’a osé l’arrêter. Je crois
que ce sera la même chose avec le transfert forcé, s’il est présenté
comme « volontaire ». Personne ne dira non à l’Amérique, papa
de l’enfant gâté Nétanyahou.
C’est pour cela que je crains vraiment qu’à la fin, on voie
une émigration importante. Beaucoup de gens veulent partir pour échapper
à la non-vie, pour l’avenir de leurs enfants. J’ai déjà dit que Trump allait
ouvrir les portes de Gaza. Je crois que les conditions s’y prêtent
maintenant. Et pas seulement à Gaza. Voyez ce qu’il se passe actuellement
en Cisjordanie. Les Israéliens sont en train de vider le camp de réfugiés
de Jénine, en appliquant la même stratégie qu’à Gaza : terroriser
les habitants, détruire les infrastructures et les maisons, tuer tout le
monde. Avec bien sûr le feu vert du monde entier, qui regarde sans
bouger. Et après on lit des déclarations affirmant « nous sommes
contre le nettoyage ethnique ». Mais vous ne faites rien contre ces
déplacements. Vous ne faites rien contre l’arrogance de l’occupation, qui
se déroule dans l’impunité totale.
La Palestine ne sera
jamais une principauté de Trump
Nous sommes toujours dans une période critique, entre la
reprise ou non de la guerre, le passage ou non à la deuxième phase des
négociations, et sans savoir quelle méthode employer. Et c’est là que
Trump dévoile ses vrais buts de guerre, qui sont aussi ceux
d’Israël : envoyer les Palestiniens ailleurs, surtout en Égypte,
voisine de Gaza, et en Jordanie, voisine de la Cisjordanie. L’Égypte,
avec ses quelque 115 millions d’habitants, peut bien en absorber
2 millions de plus. La Jordanie, c’est un peu différent, car une
arrivée massive de Palestiniens romprait un équilibre démographique
délicat entre Jordaniens d’origine palestinienne et les autres ; un
danger pour le trône.
5 février,
conférence «La société israélienne entre fracture et cohésion» par Nitzan
Perelman avec stand AFPS, organisée par le SNESUP-FSU de l'université de
Lille
1 février,
conférence « Palestine & Moyen-Orient: Comprendre pour agir »
par Jean Pierre Bouché, Michel Collon et Saïd Bouamama à Lille