Que sont nos
médias devenus ?
https://ujfp.org/que-sont-nos-medias-devenus/
Par la
Coordination nationale de l’UJFP, le 25 février 2025
En 1944, le Conseil
national de la Résistance proclamait le pluralisme des médias français.
On en est de plus en plus loin. La grande majorité des médias privés
appartiennent à 7 milliardaires qui sont tous dans le même camp. Et les
médias publics ont été progressivement « nettoyés » de toute voix
dissidente.
Dès le 7 octobre 2023,
une seule parole a été autorisée, celle des génocidaires. La fake news des
« femmes éventrées » et des « bébés décapités » a
continué à être diffusée alors qu’il n’y avait plus aucun doute possible.
La seule question à laquelle on avait le droit de répondre était
« est-ce que vous condamnez le terrorisme du Hamas ? »
Ces médias à la botte
portent une responsabilité énorme dans un génocide qui a tué des dizaines
de milliers de Gazaouis dont une majorité de femmes et d’enfants. Pendant
plus d’une année, ils n’ont rien vu et rien entendu : ni les immeubles et
leurs habitants pulvérisés, ni les civils palestiniens exécutés
sommairement. Ils ne nous ont pas dit que des prisonniers ont été
torturés. Ils n’ont pas exprimé de réprobation quand des manifestants
israéliens ont bloqué les camions d’aide humanitaire, quand des
dirigeants politiques israéliens ont déclaré « qu’il n’y avait pas
d’innocent à Gaza » et quand ils ont donné l’ordre de tuer les femmes et
les enfants. Ils nous ont à peine dit que des hôpitaux ont été rasés ou
que des soldats se sont filmés jouant avec des jouets d’enfants ou des
sous-vêtements pris dans des maisons détruites … Rien n’a changé. Dès la
signature de la trêve, on aurait pu croire que ces médias allaient enfin
renouer avec un minimum de professionnalisme et d’objectivité. Pas du
tout. L’exemple suivant est plus qu’affligeant. Le 25 janvier France Info
TV diffuse un bandeau sur l’échange entre 4 soldates israéliennes
détenues à Gaza depuis le 7 octobre et 200 Palestinien.nes. Le bandeau
qualifie ces dernier.es « d’otages palestiniens ». Tollé immédiat. Immédiatement,
Caroline Yadan, députée de la 8ème circonscription des Français de
l’étranger (dont bon nombre d’électeurs sont des colons israéliens, alors
que la colonisation est illégale dans le droit international) sonne le
tocsin en qualifiant le bandeau « d’indécent, abject et inacceptable ».
Elle le qualifie « d’injure à ce qui fait notre humanité ». La direction
de France Info a instantanément obéi aux ordres des relais du
gouvernement israélien. Elle a parlé « d’erreur inadmissible ». Elle a
présenté des excuses. Et surtout, le « responsable » de cette « erreur »
a été suspendu.
L’UJFP
se permet donc de donner quelques leçons basiques de déontologie à la
direction de France Info.
Depuis 1967, 900 000
Palestiniens ont connu la prison, c’est 40 % des hommes entre 18 et
50 ans. Vous ne saviez pas ?
Parmi les prisonniers
palestiniens pour lesquels vous refusez le terme « otage », il y a de
nombreux enfants, âgés souvent de 12-14 ans et condamnés pour jets de
pierre. C’est contraire au droit international. Vous ne saviez pas ?
Les Palestiniens
dépendent de la justice militaire. S’ils ne plaident pas coupable, la
peine est beaucoup plus lourde, vous ne saviez pas ?
Un tiers des
prisonniers palestiniens sont en « détention administrative ». Ils n’ont
jamais été jugés et leur peine peut être reconduite plusieurs fois. Vous
l’avez dit à vos auditeurs ?
La Cour suprême
israélienne a légalisé la « torture raisonnable » pour reprendre les
termes officiels. Cette information vous a-t-elle échappé ?
Parmi les otages palestiniens
libérés, il y avait Khalida Jarrar, députée du FPLP (Front Populaire de
Libération de la Palestine), plusieurs fois en détention administrative
et sortie, très affaiblie, de sa dernière détention. Vous n’avez pas
vu les images ? Ou vous avez refusé d’en parler ?
La prison de Sde Teiman
est décrite comme le « Guantanamo israélien ». Les photos de prisonniers,
ligotés et les yeux bandés, sont visibles partout. Plusieurs sont morts
sous la torture. L’information ne vous est pas parvenue ?
Israël refuse de
libérer des prisonniers emblématiques comme Ahmed Saadat ou Marwan
Barghouti. Ce dernier a été sévèrement battu en prison. Toujours un
trou de mémoire pour en parler ?
Vous n’avez jamais
parlé du plus vieux prisonnier politique palestinien, délocalisé en
France, le communiste libanais Georges Ibrahim Abdallah, en prison depuis
41 ans au mépris total du droit international et dont la libération est,
une fois de plus, ajournée. Il vous manque des journalistes pour
travailler sur ce scandale ?
Vous avez repris, sans
les commenter, les fake news de Benyamin Netanyahou accusant le Hamas
d’avoir tué Shiri Bibas alors qu’il n’y a strictement aucun doute : elle
et ses deux bébés sont morts dans un des innombrables bombardements sur
Gaza (50 000 tonnes de bombes, la nouvelle a dû, elle aussi, vous
échapper) et il est miraculeux qu’il n’y ait pas plus d’Israéliens
tués vu la violence des bombardements aveugles. Vous ne vous faites même
pas l’écho des familles israéliennes qui accusent Netanyahou d’avoir
délibérément sacrifié leurs proches.
Votre conduite est l’un
des éléments de l’effondrement moral en France (et dans d’autres pays)
qui rappelle à l’UJFP, association juive antisioniste, l’effondrement
moral de la France en 1940. Cette confiscation d’une véritable
information alimente la montée du néofascisme.
Vous
portez une lourde responsabilité.
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