Témoignage de
2 adhérents marcheurs,
lu à la
manifestation du 14 juin 2025 à Lille
AFPS 59/62
« Bonjour à toutes et tous,
Avec beaucoup d’émotion et de rage,
nous partageons avec vous aujourd'hui ce que nous avons vécu en Égypte les
11 et 12 juin, lors de notre participation à la Global March to Gaza.
Nous étions 2 camarades de l’AFPS 59/62 qui avions fait le choix de
répondre à cet appel international pour exiger la fin du blocus et de
l’agression contre Gaza, et pour manifester notre solidarité active avec
le peuple palestinien.
Tout a commencé normalement : départ de
Paris, arrivée au Caire le 11 juin à 21h30. Jusqu’ici, rien d’anormal.
Mais dès les contrôles douaniers, les choses ont dégénéré. Une trentaine
d’entre nous, tous avec des origines maghrébines, avons été retenus sans
explication pendant près de 4 heures. Un interrogatoire classique "
Quel est le but de votre visite" "vous allez loger où"
etc, puis un tampon d’entrée sur le passeport… on pensait être enfin
libres de rejoindre notre hébergement.
Mais à la sortie, nos sacs ont été
fouillés. Et là, tout a basculé. La découverte de sacs de couchage a
suffi pour nous faire à nouveau interpeller, cette fois par des agents en
civil. Passeports confisqués. Téléphones saisis et fouillés de force. Et
nous voilà enfermés dans une salle de 30m² transformée en cellule
collective, sans eau, sans nourriture, sans explication.
Nous étions près de 80 personnes
entassées, avec seulement 7 lits superposés. 2 toilettes pour tout le
monde.
Aucun respect, ni des corps ni des
droits. Les policiers fumaient dans les bureaux, insultaient et
frappaient, et des subalternes qui se comportaient comme des esclaves vis
à vis de leurs supérieurs.
À 4h du matin, on nous propose un
"choix" : payer 80€ pour être expulsés, ou passer en garde à
vue au Caire. Collectivement, nous avons refusé ce chantage.
Mais à dès 5h, les expulsions ont
commencé, de force. À 10h, c’était notre tour. Entourés par des agents
comme si nous étions des criminels ou des terroristes, nous avons été
embarqués dans un avion vers Paris. C’est là que nous avons compris que
d’autres salles de détention existaient, dans l'avion nous avons retrouvé
d'autres français expulsés, arrêtés ailleurs.
Arrivés à Paris, même la police
française était confuse. Aucun motif officiel transmis. Expulsés sans
justification.
Ce que nous avons vécu en Égypte, c’est
une détention politique arbitraire, un mépris total des droits humains,
une complicité ouverte avec l’occupant sioniste pour réprimer et criminaliser
les soutiens à la Palestine.
Ce régime, dirigé par le dictateur
Sissi – oui, le même qui a reçu la Légion d’honneur à l’Élysée en 2020 –
joue la carte de médiateur dans la guerre à Gaza, mais agit en sous-main
comme un chien de garde des sionistes.
Alors oui, on a été expulsés en 24h.
Oui, il y a de la colère, de la frustration, le sentiment de ne pas avoir
pu accomplir ce qu’on était venus faire. Mais on repart aussi avec
quelque chose de précieux : la solidarité. Ce lien humain et politique tissé
dans cette cellule improvisée, entre des militantes et militants venus du
monde entier, unis par la même cause, il y avait des espagnols, italiens,
suisses, belges, grecques, anglais, sud-africains, algériens et
tunisiens, et même un égyptien, un hollandais égyptien expulsé de son
propre pays parce qu'il avait un drapeau palestinien dans sa valise !
Nous avons chanté ensemble des slogans de liberté, de résistance et de
soutien au peuple palestinien — dans toutes les langues, dans toutes les
voix. Un moment humain, puissant, que ni la répression ni les murs n’ont
pu briser.
Ce qu'il faut souligner aussi surtout,
c'est que les deux premiers objectifs de la Global March to Gaza sont
atteints :
• Le soulèvement historique des peuples
et le passage à l'action.
• La médiatisation massive de cette
répression, qui révèle au grand jour la duplicité du régime égyptien.
Et ce n’est que le début.
Comme les flottilles et sûrement les
caravanes, cette marche sera la première d’une longue série, donc on invite
chacun de vous à se préparer pour la prochaine, cette fois on était
quelques milliers la prochaine fois on doit être des millions
Liberté pour Gaza. Justice pour la Palestine. À très bientôt, dans
la rue, dans la lutte, dans la dignité. »
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