BALADI –
Prisonniers 3 - Janvier 2013
« Nés libres, nous le resterons »
Soutenir la lutte des prisonniers
détenus dans les geôles sionistes
I - Abolir la
détention « administrative »
Le prisonnier Ayman Sharwaneh a décidé de reprendre sa grève de la faim,
qu’il avait arrêté pendant quelques semaines, en
attendant que le tribunal sioniste revoie son dossier. Or, il ne l’a pas
fait. Ayman Sharawneh a
mené une grève de la faim de presque 6 mois réclamant la fin de sa détention.
Le prisonnier maqdisi
Samer Issawi a été emmené d’urgence dans un hôpital
« israélien » suite à la détérioration de son état. Il mène une
grève de la faim depuis 180 jours.
Dans une lettre adressée à une association solidaire
avec les prisonniers, les prisonniers Tareq Qaadane et Jaafar Izzidine, alors à leur 55ème jour de grève de
la faim, annoncent qu’ils refusent dorénavant tous les médicaments et toutes
les visites médicales malgré la détérioration de leur état de santé. Ils
réclament la libération immédiate de tous les grévistes de la faim et des
détenus « administratifs ». Ils écrivent : « nous menons
une grève sans précédent dans l’histoire du mouvement des prisonniers. Notre
grève sert à colmater les brèches qui ont traversé ce mouvement, essayant de
préserver sa pureté et les nobles buts nationaux qu’il a accomplis tout au
long des années passées. Dès le début de notre grève, nous avons voulu
redonner à la grève sa dignité et son audience. Nous avons décidé de refuser
tous les médicaments et tout contact avec les médecins..
Nous étonnant du silence assourdissant envers notre cause, nous nous demandons
si nous sommes devenus une charge pour notre peuple dont il faut se
débarrasser ? Des centaines de prisonniers souffrent de maladies les
unes plus graves que les autres, sans compter le froid qui ronge nos corps,
et l’humidité qui gèle notre sang. Nous allons poursuivre notre chemin…
jusqu’à obtenir notre liberté (17 janvier). Le conseil dirigeant du mouvement
du Jihad islamique dans les prisons sionistes a rendu responsable les
autorités pénitentiaires et le gouvernement sioniste de la vie des cadres du
mouvement, en grève de la faim, Tareq Qaadane, Jaafar Izzidine et Youssef Shaabane.
Il a appelé à la solidarité avec les résistants en lutte et a promis
« qu’il ne les laisserait pas seuls dans le champ de bataille ».
L’épouse de Jaafar Izzidine
poursuit la grève de la faim (29 jours), en solidarité avec les prisonniers
en lutte.
Le prionnier Nazih Abu Aoun (50 ans), de Jbaa
près de Jénine, a décrit la détention
administrative comme étant « une lente exécution à mort du prisonnier et
de sa famille », puisque le prisonnier ignore de quoi il est accusé et
quand sa détention s’achèvera. Dans une lettre envoyée à un centre de
solidarité avec les prisonniers, Abu Aoun a précisé que le but de la
détention administrative est de briser la volonté des prisonniers. Le
prisonnier Nazih Abu Aoun est en détention
administrative depuis juillet 2011. Il avait été fait prisonnier entre 1993
et 1997, puis entre 1998 et 2004, puis entre 2007 et 2010 (soit au total 14
ans d’incarcération).
La détention « administrative » a été
renouvelée à l’encontre du prisonnier Ghanem Tawfic Sawalmeh (46 ans) de Nablus, le 18 janvier dernier, quelques heures seulement
avant la fin de son incarcération. Les services de renseignements sionistes
ont prétendu que sa libération constituait une menace sur la sécurité de la
région. Le prisonnier avait rangé toutes ses affaires et salué tous ses
camarades de cellules, attendant sa libération. Ghanem
Sawalmeh avait été détenu pendant plus de 8 ans, la
majeure partie en détention « administrative ». Il avait été
refoulé vers Gaza en 2004, puis revenu en Cisjordanie, il a été maintes fois
arrêté depuis. Sa dernière arrestation date du 21 juillet 2011, et sans
aucune charge contre lui, les autorités de l’occupation prononcent la
détention « administrative », renouvelée 3 fois.
La campagne pour l’abolition de la « détention
administrative » doit s’élargir. La pression internationale, le boycott
des institutions sionistes, la campagne médiatique pour la libération des
prisonniers, doivent s’intensifier. Ne laissez pas les prisonniers
mourir ! Participez à la bataille pour leur libération !
2 – Martyre du
prisonnier libéré Ashraf Abou Dhrey
Lundi 21 janvier, le prisonnier libéré Ashraf Abou Dhrey (Al-Khalil) est décédé des suites de plusieurs
maladies graves qui rongeaient son corps depuis sa détention. La négligence
médicale de l’occupation envers les prisonniers et les mauvaises conditions
de détention entraînent la maladie puis le décès de plusieurs résistants.
Abou Dhrey a été détenu pendant 6 ans et demi , il était à moitié paralysé lors de son arrestation.
Il fut libéré le 15/11/2012 et immédiatement transporté à l’hôpital
d’al-Khalil, étant donné que les autorités carcérales sionistes avaient
refusé, tout au long de sa détention, de le soigner. Seule l’occupation est
responsable de son martyre, ont affirmé les multiples associations de
solidarité avec les prisonniers palestiniens. La négligence médicale,
politique d’assassinat intentionnelle, menace plus d’un millier de
prisonniers palestiniens. 13 d’entre eux souffrent de cancer, 90 de maladies
cardiaques et de diabète. Des milliers de Palestiniens ont participé à ses
funérailles, alors que les familles des prisonniers malades craignent de plus
en plus pour la vie de leurs parents détenus.
3 – la saison du
froid dans les prisons sionistes
Les associations palestiniennes de solidarité avec
les prisonniers ont rédigé plusieurs rapports sur les conditions inhumaines
dans les prisons sionistes, notamment pendant la période du grand froid qui a
envahi la région. Dans les prisons, c’est l’eau froide et l’interdiction
absolue de la réchauffer pour se laver. Les autorités carcérales ont interdit
l’entrée de vêtements chauds et de couvertures supplémentaires pour les
prisonniers palestiniens. Dans la prison de Hawwara,
l’eau est entrée dans les celllules par les
fenêtres, que l’occupant a refusé d’isoler. Les eaux ont envahi les cellules
de la prison militaire de Atzion
au sud de Beit-Lehem,
ainsi que la prison de Shatta. De plus, la plupart
des prisons sont humides, alors que celles qui sont situées en plein désert
comme celles du Naqab, de Nafha
et de Ramon, sont très froides en hiver, notamment pendant la nuit.
4
– Enfants prisonniers
L’association « Defence
for Children International – section Palestine »
a déposé une plainte auprès du conseiller juridique du gouvernement sioniste,
accusant les forces sécuritaires de l’occupation d’avoir torturé des enfants
dans la prison de Jalame. L’association a déclaré
qu’au mois de septembre 2012, ces forces ont arrêté 5 enfants, avant de les
emmener au centre d’interrogatoire d’al-Jalame,
situé dans l’entité sioniste, ce qui représente une violation de l’article 76
de la 4ème convention de Genève, qui interdit le transfert des
civils de la zone occupée (Cisjordanie, reconnue par l’ONU comme étant une
zone occupée). Les enfants ont été enfermés dans des cellules étroites, entre
4 et 29 jours, et privés d’avoir des contacts avec l’extérieur. Ils ont été
soumis à des interrogatoires longs, attachés sur des chaises. L’association
signale qu’en 2008, 59 enfants avaient été détenus en isolement dans le
centre d’interrogatoire d’al-Jalame, de Petah Tikva et de la prison de Hasharon.
Arrêtés il y a presque un an, les 8 enfants du
village de Bayt Ummar
sont privés de tous leurs droits humains. Le 7 mars 2012, les forces de
l’occupation lancent une attaque contre leurs maisons et les emmènent pour
interrogatoire. Saed Salibi,
Muhan Adi, Sami Abu Jawde
ont juste 15 ans. Bilal Awad, Ayesh
Awad, Bassel Abu Hashem, Ahmad Issa ont à peine 16 ans. Ils sont détenus
dans la prison de Ofer, dans la section 13 réserve
aux adolescents. L’enfant Zayn Abu Maria (14 ans) a
été condamné à la « détention à domicile » après que ses parents
aient été obligés de payer 5000 shekels.
5 – Libérés
25 ans après, l’occupation libère le prisonnier Maqdisi Jihad Mustafa Ubaydi.
Né en 1967, il fut arrêté en janvier 1988. Torturé dans le centre
d’interrogatoire al-Moskobiyya, il fut accusé
d’appartenir au FPLP et de participer à la résistance, en poignardant des
soldats israéliens. Il fut condamné à 25 ans de prison, au cours desquels il
connut toutes les prisons de l’occupation et ses centres d’interrogatoire.
20 ans après, le prisonnier Ahmad Arida (42 ans), du village Arraba
près de Jénine, a été libéré. En janvier 1993, il fut condamné à 20 ans
de prison, pour appartenance au mouvement du Jihad islamique en Palestine.
Ahmad Arida se trouve dans la prison de Shatta avec son frère Mahmoud (38 ans) détenu depuis 1996
et condamné à la prison à vie. Son second frère, Raddad
(36 ans) est enfermé dans la prison de Meggido,
depuis 1999 et a été condamné à 19 ans de prison. A sa sortie de prison,
Ahmad Arida a réclamé une forte mobilisation pour
la libération des prisonniers en lutte et de tous les prisonniers, qui
subissent une répression amplifiée depuis quelques années.
6 – Les prisonniers
ont-ils le droit de manifester leur joie ?
Les geôliers
de la prison « Eshel » (prison du Naqab) disent non : les prisonniers palestiniens
n’ont pas le droit le faire. C’est pourquoi ils doivent être punis et
réprimés. Suite à la découverte d’un passage vidéo qui montre des prisonniers
en train de féliciter l’un de leurs camarades, qui vient de se fiancer, ce
passage circulant sur les sites facebook, la
direction carcérale de l’occupation a envoyé ses forces spéciales contre les
prisonniers : ceux qui paraissent sur la vidéo ont été isolés (27
prisonniers), les cellules de la
section 10 ont été fouillées de fond en comble, c’est-à-dire que les
affaires privées des prisonniers ont été dispersées, les prisonniers ont été
interdits de visites familiales et des visites inter-cellules, pendant deux
mois. Les prisonniers ont refusé ces mesures punitives et ont commencé un
mouvement de protestation, refusant les repas, et dans un communiqué, ils ont
donné 48 h à la direction carcérale pour arrêter ses attaques, avant qu’ils
n’envisagent d’autres mesures (20 janvier).
Les unités spéciales formées pour la répression des
prisonniers sont intervenues le 21 janvier contre la section 8 de la prison
du Naqab.
7 – Portrait
La dernière arrestation de Mohammad Kanaane (Abu Asaad),
Palestinien originaire du village de ‘Arrabe en
Galilée (occupée en 1948) date d’avril 2012. Il a été condamné à 15 mois de
prison ferme. Son crime ? Ne pas avoir repecté
la « détention à domicile » prononcée contre lui un an plus tôt,
parce qu’il avait participé à la journée d’al-Nakba,
dans le Golan occupé et soutenu les réfugiés palestiniens, venant de Syrie,
qui avaient pu y entrer. Mohammad Kanaane a été
secrétaire général du mouvement Abnaa al-Balad, jusqu’au début de 2012, date à laquelle le
mouvement fut recomposé et sa direction collégiale unifiée. Au cours de l’été
2003, il est arrêté pendant quelques semaines pour avoir organisé un camp de
jeunes, au cours duquel le drapeau palestinien fut hissé. Quelques mois plus
tard, en février 2004, il est arrêté alors qu’il se trouvait chez lui, ainsi
que son frère Hussam Kanaane et un autre membre du
mouvement, Sahar Abdo, au cours d’une opération
policière de grande envergure, notamment à Arrabe :
sa maison est fouillée de fond en comble, ses affaires et celles de son
épouse et de ses enfants confisquées ou dispersées, sa propre mère agressée.
A Haïfa, les locaux du mouvement sont vandalisés. Si Sahar
Abdo est libérée un mois plus tard, Mohammad sera détenu pendant 4 ans, alors
que son dossier « sécuritaire » est vide, et son frère Hussam sera
condamné à 9 ans de prison. En 2010, son propre fils, Asaad,
est arrêté, accusé d’avoir pris à partie un Palestinien de ‘Arrabe, engagé dans l’armée de l’occupation. Il sera
condamné à dix mois de prison.
Abu Asaad fut maintes fois
détenu « administratif » (ce qui correspond dans les territoires
occupés en 48 à une « détention à domicile »). Militant
nationaliste infatigable, il participe, lorsqu’il est libre de ses
mouvements, à toutes les manifestations et les actions en faveur des droits
de son peuple. En prison, il a écrit de nombreux poèmes, et écrit
régulièrement des articles diffusé sur internet, à propos de la situation palestinienne
et arabe. Il est détenu dans la prison de Shatta,
mais sa famille est souvent empêchée de lui rendre visite.
8 – Solidarité
A l’initiative du FDLP, un rassemblement de
solidarité est organisé à Salfit, en Cisjordanie,
avec les prisonniers grévistes de la faim, et notamment Samer Issawi. 7 jeunes Palestiniens mènent une grève de la faim
en solidarité avec les prisonniers, dans la tente dressée dans ce but.
Un mouvement de solidarité avec la lutte des
prisonniers palestiniens, sur internet, a vu le jour. C’est la campagne
« Who’s Samer ? » lancée par des
jeunes de Gaza en collaboration avec plusieurs militants américains. Il
s’agit de faire connaître la bataille menée par Samer Issawi,
prisonnier « administratif » d’al-Qods,
qui avait été libéré lors de l’opération d’échange en octobre 2011 contre le
soldat sioniste Shalit.
Les réfugiés palestiniens du camp al-Am’ari (Cisjordanie) se sont révoltés en soutien aux
prisonniers détenus dans la prison d’Eshel,
sauvagement réprimés par les autorités carcérales. Les forces sécuritaires
sont intervenues pour réprimer les manifestants, qui avaient coupé la route
avec des pneus en flamme. Par ailleurs, le silence de la télévision de
l’Autorité sur le mouvement de grève de la faim mené par les prisonniers et
la solidarité avec eux a été dénoncé par sheikh Khodr Adnane, qui s’est inquiété du degré d’insouciance
de l’Autorité et de ses médias, alors que les prisonniers en grève de la faim
risquent la mort à tout instant.
Cependant, le président de Nadi
al-Assir, Kaddoura Farès, ancien prisonnier libéré suite aux accords d’Oslo,
a annoncé la formation d’un « conseil de défense des prisonniers en
grève de la faim » à Ramallah afin de coordonner toutes les activités de
solidarité avec les prisonniers. Il a également annoncé que le gouvernement
égyptien est en cours de négociations avec l’entité occupante pour la remise
en liberté de tous les prisonniers qui avaient été libérés lors de
l’opération d’échange en octobre 2011.
|