BALADI – Prisonniers 6 - Février 2013
« Nés libres, nous le resterons »
Soutenir la lutte des prisonniers
détenus dans les geôles sionistes
I - Abolir la détention « administrative »
Samer Issawi, dont la grève de la faim a
dépassé les 209 jours, sera-t-il finalement libéré ? Dans un
message adressé au peuple palestinien, il déclare que son martyre sera la
bombe lancée à la face de l’occupation. Il déclare : « je suis plus
fort que l’armée de l’occupation et ses lois racistes, je suis Samer Issawi, fils de la ville d’al-Quds.
Je vous demande, lorsque je tombe martyr, de porter mon âme comme un cri en
faveur de tous les prisonniers et prisonnières, que ce soit le cri pour la
liberté, la libération et la fin du cauchemar des prisons et de leurs
ténèbres étouffantes. Mon combat est plus grand qu’une question de liberté
individuelle. Moi-même et mes compagnons héroïques, Tareq,
Ayman et Jaafar, menons
une lutte pour tout le peuple palestinien, contre l’occupation et ses
prisons, afin que nous soyions libres et maîtres
dans notre Etat libéré et dans notre ville d’al-Quds….
Ne craignez pas pour mon cœur s’il s’arrête de battre, ni pour mes mains si
elles deviennent paralysées, je suis vivant et je vivrai après ma mort, car
al-Quds bouge dans mon sang, dans ma foi et ma
doctrine ».
Devenu le symbole de la résistance palestinienne à l’occupation, Samer
Issawi sacrifie sa vie pour que la Palestine vive
et se libère. Samer Issawi, cadre dirigeant du
FDLP, a été emprisonné par les forces de l’occupation pour acte de
résistance. Il fut libéré dans le cadre de l’accord d’échange en octobre
2011. Revenu dans sa ville, al-Qods, il a refusé le
diktat sioniste l’empêchant de se rendre en Cisjordanie. Il est arrêté par
l’occupation et placé en « détention administrative », ce qui
signifie que sa simple présence hors de prison constitue, pour les services
sécuritaires sionistes, une menace à leur domination. Cette forme de
détention est barbare (torture physique, morale et psychique) et humiliante
(tout Palestinien qui « gêne » l’occupation est menacé
d’arrestation et de détention). Abolir la détention administrative en
Palestine occupée est devenue une priorité. D’où la nécessité de lancer une
large campagne de dénonciation et d’explication sur ce qu’est cette forme de
détention, et exiger son abolition. Le centre palestinien Addameer
a décidé de lancer une nouvelle campagne internationale dans ce sens, à
partir du 17 avril prochain, qui correspond à la Journée du Prisonnier
palestinien.
Shadi Issawi,
le frère de Samer Issawi, a été arrêté le 17
février dernier par les forces de l’occupation. La tente de la solidarité
avec les prisonniers en lutte installée à Issawiya
dans al-Quds a été détruite pour la 24ème
fois. Les forces de l’occupation ont attaqué une manifestation allant de
Sheikh Jarrah à Issawiya.
L’Etat sioniste craint le développement de la solidarité avec les prisonniers
en lutte et croit qu’en arrêtant les membres de la famille Issawi, la révolte croissante des Palestiniens prendra
fin. Mais c’est le contraire, puisque sheikh Khodr Adnane a appelé les Palestiniens, lors d’une
journée de solidarité dans la ville d’al-Khalil, à entrer en confrontation
avec les soldats de l’occupation.
Ce cadre dirigeant du mouvement du Jihad islamique, déclencheur de la
lutte des prisonniers pour la dignité, a entamé la grève de la faim, en
solidarité avec les prisonniers en lutte. Il a annoncé sa participation à la
grève de la faim au lendemain d’une journée nationale de solidarité, tenue à Bethlelem, en Cisjordanie, réclamant la libération
immédiate des prisonniers grévistes et l’abolition de la détention
« administrative ». Réalisant que l’ennemi sioniste profite du
silence et de la complicité internationale, il a décidé de réagir en appelant
les Palestiniens à accentuer leur soutien et leur lutte contre l’occupation.
La mère et les deux frères de Ayman
Sharawneh ont entamé la grève de la faim. Au cours
d’une journée organisée dans la ville d’al-Khalil en soutien aux grévistes,
les membres de la famille de Ayman
Sharawneh ont décidé de rejoindre la lutte pour la
dignité.
Le CICR réagit de manière honteuse à la lutte des prisonniers et du
soutien de leurs familles. Prétextant la présence de sheikh
Khodr Adnane dans ses locaux, il a décidé d’empêcher
les familles des prisonniers de s’y rassembler, que ce soit à Gaza ou à
Ramallah. Bilal Diab, prisonnier libéré ayant
également une grève de la faim pour obtenir sa libération, a commenté :
« le CICR devrait plutôt fermer ses locaux qui se trouvent dans Tel Aviv ». Le CICR prétend que la présence de sheikh Khodr Adnane gêne les
parents des prisonniers, qui souhaitent recevoir leur autorisation pour les
visites. La tentative du CICR de diviser entre les grévistes de la faim et
les familles de prisonniers a été refusée par les familles même, qui ont
affirmé leur soutien à sheikh Khodr
Adnane, tout comme les prisonniers ont soutenu la démarche du résistant du
Jihad islamique.
L’attitude de l’équipe du CICR installée en Palestine soulève colère
et indignation au sein des familles des prisonniers, et de larges couches du
peuple palestinien. A l’exception d’un communiqué laconique s’inquiétant de
la santé des prisonniers en lutte, le CICR n’a apporté aucune aide et n’a
fourni aucun effort pour interpeller les instances internationales sur le
sort des prisonniers palestiniens. Il continue à être le fidèle serviteur de
l’occupation, et sous prétexte de « neutralité », poursuit une
politique de collaboration indigne de quiconque prétend vouloir servir la
cause de la liberté et de la justice dans le monde.
Il faut rappeler que les locaux du CICR dans al-Quds
ont été envahis par les forces sécuritaires sionistes pour enlever les
députés maqdisis qui s’y étaient réfugiés, ayant
cru à la « neutralité » du CICR. Mais au fur et à mesure que le
peuple palestinien se soulève et revendique son droit à la liberté, il se
heurte à tous ces organismes soi-disant humanitaires et droits de l’hommi(stes), internationaux et
locaux, qui ont, pendant des années, assuré une couverture légale à
l’occupation.
La détention « administrative » des professeurs et
journalistes palestiniens : Le dr. Muhammad Izzat Mohammad Yahya, 47 ans,
de la ville de Jénine, a été arrêté la première
fois en 2000, pendant deux mois. Professeur à l’université al-Qods (université ouverte), il a de nouveau été arrêté le
30 janvier 2012, et détenu « administratif » pendant 7 mois. A la
date prévue pour sa libération, sa détention est renouvelée le 8/8/2012, puis
de nouveau renouvelée le 5/11/2012 pour 6 mois. Le tribunal sioniste a refusé
l’appel de la famille. Le professeur utilise sa détention pour enseigner et
diffuser son savoir auprès des autres détenus. ‘Amer Abou Arfa
(29 ans), journaliste, est détenu depuis le 21 août 2011 dans les prisons de
l’occupation, en tant que détenu « administratif ». Sa détention a
été renouvelée le 6 février dernier. Il avait été détenu
« administratif » pendant 4 ans, lorsqu’il fut arrêté en 2003.
L’Etat de l’occupation vient de décider que tous les prisonniers
libérés au cours de l’accord d’échange en octobre 2011 sont sous la menace de
la détention « administrative » prétextant l’existence de
« preuves secrètes » pouvant entraîner l’arrestation et la
détention. La nouvelle déclaration des sionistes menace également les
prisonniers libérés de les obliger à « accomplir » les peines pour
lesquelles ils avaient été arrêtés auparavant. Ce qui signifie que l’Etat de
l’occupation bafoue, une fois de plus, ses propres engagements, ce qui n’est
pas étonnant ni surprenant d’un Etat colonial illégal, mais c’est à l’Egypte
qui a supervisé l’accord d’échange, de faire pression pour l’obliger à les
respecter.
2 – Statistiques
Le nombre de prisonniers détenus dans les geôles de l’occupation
depuis plus de 20 ans s’est élevé à 73 prisonniers. Deux prisonniers de Jénine ont rejoint la liste : Ahmad Sa’îd Qassem Abdel Aziz, détenu
depuis le 10 février 1993 a été condamné à la perpétuité pour acte de
résistance, et Usama Khaled Silawi, détenu depuis
le 16 février 1993, a été condamné à 4 perpétuités et 55 ans, pour avoir mené
des opérations de résistance et dirigé le groupe « Panthère noire »
dans la province de Jénine. Le combattant
prisonnier Usama Silawi a récement
réussi, avec trois autres camarades prisonniers, à briser les barreaux pour
pratiquer une insémination artificielle de leurs épouses. Il sera, si Dieu le
veut, bientôt père.
4 – Portrait
Le combattant prisonnier Khaled Daoud Azraq
(43 ans) du camp de ‘Aïda près de Bethlehem est détenu depuis le 12 février
1991. Il a été condamné à la perpétuité pour résistance à l’occupation. Le
combattant prisonnier a été détenu alors adolescent, en 1982, pendant deux
ans et demi dans la prison de Damon, qui était réservé aux enfants
palestiniens. Khaled s’est ensuite marié à Amal Utabi
qui l’a secondé dans la résistance. Deux mois après leur mariage, et au cours
d’une opération armée contre l’occupation, en décembre 1990, Amal Utabi, enceinte, tombe martyre. Khaled fut arrêté deux
mois après. Il a subi un interrogatoire très douloureux.
5 – Prisons secrètes
Une nouvelle fois, est soulevée la question des prisons secrètes dans
l’entité sionite occupante. D’après les sources
sionistes elles-mêmes, les services de renseignements ainsi que le ministère
de l’intérieur ont emprisonné un ancien membre du Mossad, qui aurait
participé à l’assassinat de Mahmoud al-Mabhouh,
cadre dirigeant du Hamas à Dubaï. De nationalité australienne, cet agent du
Mossad aurait communiqué, ou aurait eu l’intention de communiquer, des
informations sur l’assassinat, aux autorités de Dubaï. Il fut enfermé dans
une prison secrète, et son nom changé. Le prisonnier X se serait suicidé. Cette information confirme l’existence de prisons
secrètes et soulève à nouveau des questions sur le sort du prisonnier
libanais Yahya Skaf,
combattant du Fateh ayant participé à l’opération
Kamal Adouane, en mars 1978, à propos duquel les
sionistes refusent jusqu’à présent de communiquer des nouvelles, et sur le
sort des diplomates iraniens, enlevés au Liban par les Forces Libanaises et
livrés aux sionistes.
6 – Solidarité
Le soulèvement du peuple palestinien est en cours. Il affronte
vaillamment les forces de l’occupation, du nord au sud de la Cisjordanie, et dans
la ville meurtrie d’al-Quds. Autour des prisonniers
et de leur lutte, il s’est uni contre l’occupation. C’est la voie de l’unité,
la seule qui puisse mobiliser l’ensemble du peuple palestinien. L’unité
recherchée dans les pourparlers du Caire, de Doha ou de Riyad apparaît aussi
creuse que l’attente de la « communauté internationale ».
1000 prisonniers palestiniens détenus dans les prisons de l’occupation
entament la grève de la faim, ce mardi 19 février.
Les étudiants de Biz-Zeit
tentent de fermer les locaux de la représentation de l’ONU à Ramallah,
protestant contre cet organisme accusé de compromission avec l’occupant
sioniste. Plusieurs étudiants ont déclaré la grève de la faim, en soutien aux
prisonniers en lutte.
Le vendredi de « brisons les chaînes » (15
février) a été organisé en Palestine en soutien aux prisonniers en lutte. Que
ce soit à Gaza, en Cisjordanie, dans la ville d’al-Quds
ou dans les territoires occupés en 48, le peuple palestinien s’est soulevé.
Devant la prison de Ofer,
les militaires de l’occupation ont tiré : plus de 200 Palestiniens
furent blessés. A Bethlehem, les manifestants se sont rassemblés pour la
prière du vendredi. Les réfugiés du camp de Ayda ont affronté les soldats de l’occupation aux
abords du camp. D’autres manifestants se sont dirigés vers le barrage de Jalame, et ont coupé la route Nasra-Jénine. Sheikh Khodr Adnane, en
grève de la faim, a déclaré : « le meilleur soutien aux combattants
grévistes de la faim consiste à affronter l’occupation. ».
360 prisonniers palestiniens détenus dans la prison Ramon, aux côtés
des prisonniers du mouvement du Jihad islamique, ont déclaré la grève de la
faim, le 15 février, en solidarité avec les prisonniers en lutte. Mais
plusieurs mouvements de protestation dans les prisons de l’occupation se
poursuivent, soit par prisons ou sections, soit par formations politiques.
Certains expliquent ces luttes sectorielles et le manque de coordination par
la situation désastreuse de la division inter-palestinienne.
Pendant plusieurs jours, les Palestiniens vivant dans les territoires
occupés en 48 manifestent devant la prison de Ramleh, en soutien aux
prisonniers en lutte. Mais des voix s’élèvent de plus en plus pour réclamer
des députés (arabes palestiniens) qui siègent à la Knesset sioniste de
boycotter les séances de cet organisme, en signe de solidarité avec les
prisonniers. Il est vrai cependant que les députés agissent mais leurs
actions ne dépassent pas celles des militants ou dirigeants des mouvements
politiques. A quoi sert-il d’être député dans cet organisme sioniste, s’ils
ne profitent pas pour élever la voix et mobiliser les députés européens ou
autres dans le monde ?
A Tulkarm, une journée de grande
mobilisation autour de la lutte des prisonniers le 14 février dernier a réuni
des milliers de personnes. Des photos des prisonniers en lutte ainsi que des
fleurs ont été distribués aux passants. Selon un responsable de la
mobilisation, même les forces de sécurité de l’AP ont rejoint le
rassemblement central, en vêtements civils, cependant.
Plus de 200 jours de grève de la faim pour faire réagir l’ONU, l’Union
européenne et malheureusement, quelques forces politiques arabes et leurs
médias. La commission des droits de l’homme à l’ONU a publié une lettre de
solidarité avec les détenus en lutte.
Au moment où le peuple palestinien se soulève en Cisjordanie occupée
réclamant la libération des prisonniers en lutte, les services sécuritaires
de l’Autorité palestinienne de Ramallah arrête les militants. Deux militants
du mouvement du Jihad islamique de la ville d’al-Khalil ont été arrêtés le
lundi 18 février. De nombreux militants du Hamas avaient également été
arrêtés dès le début du mois de février, dont des prisonniers libérés.
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