BALADI – Prisonniers 14 – Juin 2013
« Nés libres, nous le resterons »
Soutenir la lutte des prisonniers
détenus dans les geôles sionistes
Solidarité
avec les prisonniers jordaniens en grève de la faim
Un mois
déjà ! Ils sont 28 prisonniers de nationalité jordanienne (mais
Palestiniens pour la plupart) à mener la grève de la faim dans les prisons
sionistes, réclamant des visites médicales de la part des autorités
jordaniennes et l’attention de ces autorités jordaniennes sur leur sort,
ainsi que des visites familiales régulières et les prisonniers jordaniens
réclament l’intervention des autorités jordaniennes pour les faire libérer.
La lettre envoyée par les prisonniers au gouvernement jordanien dénonce leur
abandon et les tentatives des autorités jordaniennes de supprimer leur carte
d’identité, pour éviter de les compter parmi les sujets de « Sa
Royauté » ainsi que la clôture du dossier des 29 prisonniers jordaniens
disparus dans les prisons de l’occupation, qui faisaient partie des forces
armées jordaniennes.
Trois des
prisonniers en grève ont été récemment déplacés vers la prison de Ramleh. Hamzé Dabbas, à partir de la
prison du Naqab, Mohammad Rimawi
et Alaa Hammad de la
prison de Remon. Ils se trouvent à présent dans une
seule cellule dans la prison de Ramleh et ce qui tient lieu d’hôpital. Ils
ont rejoint le prisonnier Abdallah Barghouty,
dirigeant dans les Brigades d’al-Qassam. Abdallah Barghouty avait déjà entamé la grève de la faim il y a un
an, pour dénoncer son isolement. Il est vrai que son isolement a pris fin,
mais il avait été transféré à la prison de Gilboa
où il fut maintes fois battu. A présent, il se trouve dans la prison de
Ramleh, après que son état de santé se soit détérioré.
Les parents
des prisonniers jordaniens ont manifesté à Amman, devant les sièges du
pouvoir, mais les autorités jordaniennes font la sourde oreille et ne veulent
pas prendre en main ce dossier qu’elles jugent « problématique »,
puisque la Jordanie a signé des « accords de paix » avec l’Etat
sioniste. Les familles des prisonniers jordaniens détenus dans les prisons sionistes
dénoncent le silence jordanien et réclament un soutien plus vaste pour faire
plier les autorités jordaniennes. Certains prisonniers, comme Mounir Mar’î ,
condamné à 5 perpétuités, sont en prison depuis plus de dix ans. La Jordanie
n’a fait aucun geste, ni pour améliorer leurs conditions de détention, ni
pour envoyer une équipe médicale, comme le réclament les prisonniers, ni pour
faciliter les visites familiales.
De leur côté,
les autorités de l’occupation font pression sur les prisonniers grévistes
pour les amener à cesser leur mouvement, en leur proposant des visites et des
soin médicaux, ce que les prisonniers ont refusé,
car ils veulent l’intervention de la Jordanie.
Vendredi 31
mai, des milliers de Jordaniens ont défilé dans les rues de
Amman réclamant l’attention des autorités jordaniennes sur le sort des
prisonniers jordaniens détenus dans les prisons de l’occupation. Les
manifestants ont levé les portraits des prisonniers grévistes de la faim et
réclamé leur libération immédiate. Plusieurs manifestations se sont déroulées
à Amman pendant le mois de mai, dont celles organisées par le « comité
de lutte contre le sionisme et la normalisation » toutes les semaines
devant l’ambassade sioniste, et qui réclament par ailleurs la fermeture de
l’ambassade et l’expulsion de l’ambassadeur. Les forces de l’occupation et
les autorités jordaniennes espèrent que le mouvement prenne fin. Mais les
prisonniers ont déclaré vouloir poursuivre leur mouvement, jusqu’au martyre,
s’il le faut.
1 - Abolir la détention « administrative »
Ayman Hamdan
est toujours en grève de la faim pour réclamer sa libération, depuis le 27
avril dernier. Il refuse sa détention « administrative ». Il a été
transféré à la prison de Ramleh pour être soi-disant suivi médicalement,
après la détention de son état de santé.
Le prisonnier Ayman Abu Daoud poursuit la
grève de la faim pour protester contre son arrestation après qu’il ait été
libéré en octobre 2011 dans le cadre de l’échange des prisonniers. Le
prisonnier Imad Batran est en grève de la faim,
ainsi que les prisonniers Adel Hraybat
et Ayman Btaich, contre
leur détention « administrative ». Le prisonnier Samer al-Barq a repris la grève de la faim, qu’il avait arrêtée,
suite à la promesse des autorités de l’occupation de le libérer, mais
celles-ci ont renié leur engagement. Le prisonnier Iyyad
Abu Khdayr a entamé la grève de la faim, lorsque
les forces de l’occupation ont refusé sa libération, à la fin de la période
fixée pour sa détention. Les autorités de l’occupation lui ont proposé le
bannissement vers un pays européen, ce qu’il a refusé.
La détention « administrative » est une forme de torture
morale, quand elle n’est pas accompagnée de séances de torture physique,
lorsque le militant arrêté est « interrogé » par les services de
renseignements de l’occupant. La pratique de la
détention « administrative » a été inaugurée par l’occupant
britannique en Palestine, lorsqu’il s’est retrouvé face à des révoltes
populaires réclamant son départ et la fin de sa politique favorable aux colons
sionistes. La détention « administrative » fut intense lors de la
première intifada en 1987 puis pendant l’Intifada al-Aqsa,
c’est-à-dire lorsque l’occupant commence à craindre le soulèvement et la
révolte populaires. Cette pratique s’appuie sur l’état d’exception, régime
sous lequel vivent les territoires occupés en 1967.
Les victimes de la détention « administrative » ne sont pas
les combattants armés, mais plutôt tous ceux qui militent par leurs écrits,
leurs dessins, leurs études, par leur participation aux manifestations et
actions contre l’occupation. Malgré cela, la « communauté
internationale » refuse de faire pression sur l’occupant pour qu’il
arrête cette pratique barbare. La communauté internationale dévoile encore
une fois son visage hypocrite et son alignement aux côtés de l’occupation et
de la colonisation sionistes.
Thaer Halahla,
détenu « administratif » libéré suite à une longue grève de la
faim, a de nouveau été arrêté, parce qu’il a mené la campagne pour la
libération des prisonniers et en soutien aux prisonniers grévistes. Sa
présence à Ramallah a été jugée insupportable par l’occupant. L’arrestation
d’un cadre dirigeant du Jihad islamique en Cisjordanie, le 29 mai, sheikh Sa’îd Nakhlé, dans le camp al-Jalazoun,
est une réponse à la participation de ce dernier au soutien actif à la lutte
menée par ses frères de combat, Tareq Qaadan et Ja’far Izzidine, libérés après une longue grève de la faim
contre leur détention « administrative ». Pour l’occupant, le
simple fait d’afficher sa solidarité et d’agir en soutien à la lutte des
prisonniers est un crime et notamment dans la zone de Ramallah, que
l’occupant considère comme une « ligne rouge ». C’est ce qu’a
d’ailleurs noté sheikh Khodr
Adnan, ancien prisonnier « administratif » ayant déclenché la lutte
des prisonniers par la grève de la faim : « exercer une activité
politique de résistance dans la ville de Ramallah est jugé par l’occupant une
ligne rouge qu’il ne peut accepter ». Mais l’arrestation du cadre
dirigeant du mouvement du Jihad islamique signifie également que la récente
lutte des prisonniers, déclenchée depuis plus d’un an et demi maintenant, par
la grève de sheikh Khodr
Adnane, gêne l’occupant, qui essaie coûte que coûte de mettre fin à cette
lutte, en proposant des « solutions » et en réprimant les actions
de solidarité. Mais ce que l’occupant n’a pas prévu, c’est que lorsque des
prisonniers sont libérés, d’autres prennent la relève, même s’ils ne sont pas
des détenus « administratifs », comme c’est le cas pour les
prisonniers jordaniens.
Malgré les écrits et les déclarations de quelques personnalités
politiques, qui ont remis en cause le mouvement de grève de la faim
« individuel » jugeant qu’il épuisait les prisonniers, ce mouvement
s’étend, et les prisonniers, las d’attendre l’unanimité à cause de la
division interne palestinienne, qui empêche tout mouvement collectif, entrent
dans le mouvement, à tour de rôle, ce qui gêne l’occupant qui transfère les
prisonniers d’une prison à l’autre, pour isoler les plus
« dangereux », et qui lance ses troupes de répression contre les
prisonniers, par vengeance contre un mouvement qu’il ne sait pas par quel
bout prendre, et avec qui négocier.
Mais c’est surtout l’élan de solidarité dans les régions
palestiniennes qui inquiète l’occupant car, bien qu’il ait chuté depuis la
promesse de libération de Samer Issawi, il sait que
ce mouvement, faible à l’instant, risque de s’étendre et de prendre des
formes offensives, à tout moment. La lutte pour la libération des prisonniers
palestiniens, surtout les malades d’entre eux, l’abolition de la détention
administrative, est bel et bien entamée, en soutien à un mouvement de grève
qui ne cesse de s’étendre, d’autant plus que les arrestations et détentions
ont touché près d’un million de Palestiniens.
Que tous les moyens soient utilisés pour populariser la lutte des
prisonniers dans les geôles de l’occupation sioniste ! Leur libération
et l’abolition de cette forme barbare de répression sont des pas en avant
vers la libération de la Palestine.
2 – Libérer les prisonniers malades
La dégradation de l’état de santé des prisonniers est devenue une
politique intentionnelle de l’occupation. Depuis plusieurs mois, et notamment
depuis la lutte des prisonniers détenus « administratifs » et leur
victoire contre l’occupant, celui-ci se venge sur les prisonniers malades
mais aussi sur tous les prisonniers, en refusant d’améliorer les conditions
de détention. Les organisations internationales agissant pour les droits de
l’homme sont les premières responsables de cette situation, mais également
l’ONU et ses officines, qui n’exercent aucune pression sur l’occupant, qui
refusent d’aborder cette question dans les tribunes internationales, agissant
avec l’Etat colonial comme leur « enfant chéri » et justifiant, par
là, toutes ses pratiques criminelles.
Le résistant Thaer Halahla
(33 ans), prisonnier libéré puis à nouveau arrêté en avril dernier, a été
atteint d’hépatite virale B suite à des soins dentaires menés en prison. La
responsabilité de l’occupant est évidente, mais pourtant, il a essayé de
faire croire que le résistant Thaer a été atteint
lors de sa courte période de liberté. L’état de santé du résistant s’est
nettement dégradée, d’autant plus qu’il avait été libéré il y a environ un
an, après 78 jours de grève de la faim. La famille du résistant est très
inquiète et réclame sa libération immédiate afin qu’il soit soigné hors de
prison. Mais l’occupant refuse, et il a même reporté la date de son
« jugement », en renouvelant la période d’attente.
Le prisonnier résistant Mansour Mowqada , détenu dans la prison de Ramleh, n’a toujours pas
subi les examens que nécessite la détérioration de son état de santé. Il
attend depuis plus de deux mois que l’équipe soi-disant médicale des
sionistes examine la tumeur apparue sur son cou.
Le prisonnier Murad Abu M’aylek condamné à
22 ans de détention, est gravement malade. Le ministère chargé des
prisonniers à Gaza réclame sa libération immédiate. Arrêté depuis 2006, le
résistant Murad a subi la torture lors de l’interrogatoire, entraînant la
détérioration de son état de santé.
7 prisonniers souffrant de maladies chroniques ont décidé d’entamer la
grève de la faim début juin en protestation de la négligence médicale menée
sciemment par les autorités carcérales sionistes.
C’est au tour des prisonniers malades détenus dans la prison de Ramleh
de protester en refusant les repas servis par l’administration pénitentiaire.
Ils ont protesté contre l’absence d’un médecin dans ce qui tient lieu
d’hôpital.
3 – Libération
L’occupation a déclaré vouloir étudier une liste comprenant les noms
de 120 prisonniers palestiniens détenus avant les accords d’Oslo, en vue de
les libérer, comme mesure pour activer les négociations avec l’AP. La demande
a été faite par Kerry, le ministre des AE américain, qui souhaite la reprise des
négociations, sans que les sionistes n’arrêtent la colonisation : une
pression supplémentaire sur l’Autorité palestinienne. Cependant, l’AP de
Ramallah n’hésite pas à montrer sa bonne volonté envers l’occupant,
puisqu’elle continue à arrêter les militants et combattants de la résistance.
De plus, au sommet économique de Amman, qui s’est
tenu fin mai, le président Abbas a déclaré avoir rendu à l’occupant plusieurs
de ses soldats qui s’étaient aventurés en Cisjordanie « avec tous les
honneurs possibles » !!
Etudiant à l’université an-Najah de
Naplouse, Yasser Manna’ a été libéré après avoir
été détenu pendant 7 mois.
Mohammad Najjar, de la ville d’al-Khalil,
qui avait entamé une grève de la faim protestant contre la détention
« administrative », a été libéré après 7 mois de détention, sur
dossier « secret » du Shabak.
Après sept ans de détention, le résistant prisonnier Mas’oud Khalouf (29 ans), de la
région de Jénine, a été libéré. Il a demandé,
dès sa libération, d’agir pour la libération du prisonnier malade Na’im Khodr, condamné à 9 ans
de prison, qui souffre d’un cancer.
Le prisonnier libéré Ayman Sharawneh, qui avait entamé une très longue grève de la
faim pour réclamer sa liberté, et qui avait été « éloigné » vers
Gaza, a décidé de rejoindre la résistance palestinienne pour kidnapper des
soldats sionistes et les échanger contre les prisonniers.
4 – Statistiques
Au cours du moi de mai 2013, l’occupant a émis 50 ordres de détention
administrative contre les Palestiniens. Ce chiffre signifie que la révolte
des Palestiniens contre l’occupation et les services de l’AP qui la
secondent, est en progression. Selon le club des prisonniers, les autorités
de l’occupation ont renouvelé la détention de 6 mois pour 30 prisonniers, et
de 4 mois pour 15 prisonniers, et 3 mois pour 5 prisonniers. Depuis le début
de cette année, 95 Palestiniens de la région d’al-Khalil ont été arrêtés et
placés en détention « administrative ».
370 Palestiniens ont été arrêtés au cours du mois de mai, dont 9
femmes et 85 enfants. C’est surtout dans la ville d’al-Qods,
qui assiste à l’éclatement d’une révolte de sa jeunesse, que la répression
sioniste a été la plus forte, avec 105 Palestiniens arrêtés. Parmi les 370
Palestiniens arrêtés, 30 sont des prisonniers libérés, 6 sont de Gaza, 2 sont
journalistes (Mohammad al-Atrash et Uday Harbiyat. Parmi les
enfants arrêtés, certains sont âgés de dix ans et l’enfant Khaled Dweik n’a que 9 ans et Umru Dweik, juste 7 ans, dans la ville d’al-Qods.
L’occupation a enlevé 9 femmes, dont Zulaikha
Muhtaseb, 52 ans, dans la ville d’al-Khalil, Umayma Qara’in, 44 ans et sa
fille Alaa, 20 ans, dans Jabal
al-Mukabber dans al-Quds,
qui ne furent libérées que 6 heures après.
5 – condamnations
La prisonnière Alaa Issa Jubaa
(19 ans) de la ville d’al-Khalil a été condamnée à 27 mois de prison et le
paiement de 3000 shekels. La militante Alaa a été
arrêtée le 12 juillet 2011, et détenue dans la prison de Hasharon,
après avoir été interrogée.
17 prisonnières sont détenues dans la prison de Hasharon,
la plupart n’ayant pas été condamnées. La politique répressive de l’Etat
sioniste consiste à allonger autant que possible la détention avant la
condamnation, pour empêcher les prisonniers de voir leurs familles.
L’occupation a reporté le jugement des prisonnières Mouna Qaa’dan (plus d’un mois)
et Nawal Saadi (quelques jours), membres du mouvement du Jihad islamique.
L’occupation avait libéré sheikh Bassam Saadi,
époux de Nawal Saadi, détenu « administratif » après plusieurs
années de détention, il y a plus de deux mois, et libéré également Tareq Qaadan, le frère de Mouna Qaadan, suite à la grève
de la faim qu’il avait menée pour exiger sa libération, il y a un mois.
L’oncle du martyr Yahya Ayyash,
dirigeant des Brigades al-Qassam, âgé de 61 ans,
Hajj ‘Ata Ayyash, a été condamné à 4 mois de prison
et à une amende de 30.000 shekels pour avoir « apporté de l’aide à une
organisation ennemie ». Simple vengeance envers homme âgé, solide comme
un roc dans sa foi et sa détermination à combattre l’occupation.
6– Solidarité
Des manifestations et sit-ins en Jordanie en
soutien aux prisonniers jordaniens détenus dans les prisons de l’occupant. Le
silence des autorités jordaniennes envers la cause des prisonniers tourne
déjà à la crise politique, alors que le soutien populaire dû à la fermeté des
résistants prisonniers devient de plus en plus massif.
En Palestine, une manifestation à Saïda, dans la province de Tulkarm, a eu lieu en solidarité avec les prisonniers malades,
pour réclamer leur libération. Plusieurs sit-ins
ont lieu régulièrement à Gaza et à Ramallah et Bethlehem en solidarité avec
les prisonniers grévistes de la faim et tous les prisonniers.
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