BALADI – Prisonniers 18 – Aout 2013
« Nés libres, nous le resterons »
Soutenir la lutte des prisonniers
détenus dans les geôles sionistes
Juste avant la
reprise des négociations entre l’Autorité Palestinienne et l’entité sioniste,
26 prisonniers détenus depuis avant les accords d’Oslo en 1993 ont été
libérés. Il ne fait nul doute que le peuple palestinien, dans toutes ses
composantes politiques, les a reçus comme doivent reçus les héros, qu’ils
soient arrivés à Gaza ou en Cisjordanie. Les familles des prisonniers
originaires des territoires occupés en 1948 et de la ville d’al-Quds, ont cependant reproché à l’Autorité de n’avoir pas
exigé la libération des leurs. En effet, les autorités de l’occupation
ont-elles-mêmes procédé à dresser la liste des prisonniers
« libérables ». Les responsables de l’Autorité promettent la
libération d’autres prisonniers au mois de septembre prochain.
Une étude rapide de
la liste des prisonniers libérés montre que sur la totalité des prisonniers
libérés, trois appartiennent au FPLP, deux au mouvement Hamas, un au FDLP et
un au mouvement du Jihad islamique, tous les autres sont membres du mouvement
Fateh. Sur les 26 prisonniers libérés, 17 étaient
condamnés à la perpétuité, un seul d’entre eux est membre du FPLP, les autres
étant du mouvement Fateh. Quant aux autres
prisonniers, ils étaient condamnés à 20, 22, ou 25 ans de détention, soit
libérables dans quelques années. Cette liste établie par les autorités de
l’occupation visait à favoriser le mouvement du Fateh,
seule organisation favorable aux négociations avec l’entité de l’occupation.
1 - Solidarité avec les prisonniers jordaniens
4 des 5 prisonniers
jordaniens ont arrêté la grève de la faim qu’ils ont mené pendant plus de 100
jours. Le prisonnier Alaa Hammad
a refusé d’arrêter le mouvement. Un accord a été conclu entre les prisonniers
et les autorités de l’occupation : le droit de visite de tous les
membres des familles, régulièrement, pour une durée de 4 heures au début,
puis 1h 30 ensuite, le regroupement des prisonniers jordaniens dans une seule
prison et section, et la fin de leur isolement.
2 - Prisonniers grévistes de la faim dans les
prisons de l’occupation
Le prisonnier Darrar Abu Sissi, enlevé en Ukraine par les services du
Mossad, en collaboration avec la police ukrainienne, au mois de février 2011,
a décidé d’entamer la grève de la faim, le 16 août, réclamant la fin de son
isolement. Depuis son enlèvement, Darrar Abu Sissi,
accusé d’appartenir au mouvement Hamas, est isolé et ne peut voir personne, à
l’exception de la visite rare de son avocat.
Le résistant Darrar Abu Sissi a été transféré au dispensaire de la prison
de Ramleh, suite à la détérioration de son état de santé. Les prisonniers
détenus dans les prisons de Ramon, Nafha, Eshel, Satta, Gilboa et Haddarim menacent la
direction de la prison d’entrer en lutte et de mener la grève de la faim pour
réclamer la fin de son isolement.
Le prisonnier Abdel
Majid Khdayrat de Toubas
est toujours en grève de la faim depuis le mois de juillet dernier. Le
résistant refuse son arrestation alors qu’il a été libéré lors de l’accord
d’échange en octobre 2011 et qu’il risque de devoir mener à terme sa
condamnation première.
Au 21 août, les
prisonniers en grève de la faim
-
Ayman Hamdan, en grève de la
faim depuis 114 jours
-
Ayman Itbeich, en grève de la
faim depuis 101 jours
-
Adel Huraybat, depuis 88 jours
-
Hussam Matar, depuis 80 jours
-
Awad Saîdi, depuis 61 jours
-
Yassin Abu Lafah, depuis 9 jours
-
Darrar Abu Sissi, depuis 4 jours
-
Issa Abu Arqub, depuis 3 jours
Le prisonnier résistant,
Ayman Daoud, de la ville d’al-Khalil, a arrêté la
grève de la faim, suite à la décision de l’occupation de le libérer en
contrepartie de son expulsion vers la bande de Gaza, pour 10 ans. Il avait
mené la grève de la faim pendant 40 jours, pour protester contre son
arrestation, à nouveau, en février 2012 alors qu’il avait été libéré en
octobre 2011 dans le cadre de l’échange. Les autorités de l’occupation
envisageaient de lui imposer de terminer la condamnation initiative (28 ans
de prison).
4 prisonniers libérés
lors de l’échange de 2011 ont été arrêtés puis éloignés vers la bande de
Gaza. Mais 15 prisonniers libérés au total par cet échange ont été de nouveau
arrêtés. Les prisonniers libérés puis arrêtés et expulsés vers Gaza
sont : Hana’ Shalabi,
qui avait entamé une grève de la faim de 44 jours, puis Ayman
Sharawneh, qui a mené la grève de la faim pendant 8
mois et demi, puis Iyad Abu Funun,
qui a été arrêté le 20 avril 2012, puis expulsé et Ayman
Abu Daoud, récemment.
L’expulsion des
prisonniers de la Cisjordanie vers la bande de Gaza est un crime, même s’il
s’agit du même pays.
3 – Abolir la détention « administrative »
La détention
« administrative » est une forme de torture. Tous les Palestiniens
qui refusent l’occupation de leur pays sont passibles de cette forme de
détention, puisque c’est le Shabak (service de
renseignements) sioniste qui décide qu’un tel Palestinien est une
« menace pour la sécurité de l’Etat ». Arrêté, puis traduit devant
le tribunal, la détention « administrative » est prononcée, pour 4
ou 6 mois, mais cette détention est sans cesse renouvelée, au point que des
Palestiniens ont été maintenus en prison pendant plusieurs années, sur
jugement du Shabak. C’est la torture morale des
détenus « administratifs » qui vivent constamment dans
l’incertitude, puisqu’ils ne savent jamais quand ils seront libérés. C’est
pourquoi les détenus « administratifs » luttent et mènent la grève
de la faim pour faire arrêter cette menace contre le peuple palestinien.
Deux nouveaux
prisonniers refusent la détention « administrative » en menant la
grève de la faim. Il s’agit du journaliste Yassin
Abu Lafah et de Issa Abu Arqub, qui ont déclaré entamer la lutte. Yassin est détenu depuis le mois de juin 2013 et Issa
depuis le mois de juillet dernier.
Le prisonnier
résistant Ayman Itbeich,
cadre du mouvement du Jihad islamique dans la ville d’al-Khalil, mène une
grève de la faim depuis son arrestation le 9 mai dernier. Prisonnier libéré,
il avait été détenu pendant 11 ans pour appartenance au Jihad islamique et en
tant que détenu « administratif ». Il refuse d’être à nouveau
détenu « administratif » et réclame sa libération.
Le prisonnier
résistant Hussam Matar, en grève de la faim depuis
plus de 80 jours, a été transféré à l’hôpital Barzalay,
suite à la détérioration de sa santé.
Le prisonnier Imad Batrane, gravement malade, en grève de la faim depuis le
5 mai 2013, a arrêté son mouvement de protestation. Il semble avoir reçu des
promesses quant au non renouvellement de sa détention « administrative ».
Il a été arrêté au mois de novembre 2011 et depuis cette date, sa détention
« administrative » est sans cesse renouvelée. Il avait refusé de
prendre des vitamines, mesure ultime avant de mourir, afin que la direction
sioniste accepte la fin de la détention « administrative ». Mais la
direction a tergiversé, envoyant des religieux et des psychologues juifs pour
le convaincre d’arrêter son mouvement. L’avocat de Imad
Batrane a réussi, semble-t-il, à faire conclure un
accord où Imad serait libéré le 15 novembre 2013.
4 – Libérer les prisonniers malades
Le résistant Thaer Halahla, arrêté le 10
avril 2013 après avoir été libéré suite à 67 jours de grève de la faim pour
réclamer la fin de sa détention administrative, a été infecté au foie par les
services médicaux de l’occupation. Les autorités refusent toujours de le
soigner ou de laisser une équipe médicale palestinienne s’en charger.
Le CICR s’est dit
inquiet à propos de la détérioration de la santé de 7 grévistes de la faim,
notamment du prisonnier Imad Batran, qui frôle la
mort depuis plusieurs jours. Le CICR a rappelé aux autorités de l’occupation
le devoir de respecter le choix de grève des prisonniers et la préservation
de leur dignité.
5 – Répression
La direction des
prisons a interdit la visite familiale pendant deux mois, à la section 23 de
la prison du Naqab, où se trouvent 120 prisonniers
palestiniens. Les résistants avaient mené une vague de protestation à
l’intérieur des cellules, refusant les raids nocturnes menés par les forces
spéciales chargées de la répression dans les prisons, qui avaient confisqué
les affaires personnelles et mis à sac les cellules.
L’occupation interdit
au prisonnier libéré de la ville d’al-Quds, Alaa Ali, d’entrer en Cisjordanie pendant 6 mois, sous le
prétexte de « préserver la sécurité de l’Etat ». Le résistant Alaa Ali a été libéré il y a trois mois, après 12 ans
d’incarcération dans les prisons de l’occupation.
4 prisonniers maqdisis entament leur 12ème année
d’incarcération : Wael Mohammad Qassem, 42 ans, condamné à la perpétuité 35 fois + 50
ans, Alaa Dine Abbassi,
40 ans, condamné à 60 ans de prison, Mohammad Ishaq
Awda, 40 ans, condamné à 9 perpétuités + 40 ans, et
Wissam Abbassi, 36 ans,
condamné à 26 perpétuités + 40 ans.
Le ministre de
« la justice » dans le gouvernement de l’occupation a déclaré avoir
achevé le projet d’une loi visant à casser la grève de la faim des
prisonniers palestiniens et arabes. Cette loi permet aux tribunaux sionistes
de déclarer possible l’alimentation forcée des prisonniers grévistes, ce qui
risque les de tuer. La loi permet également aux tribunaux d’émettre leurs
décisions, même en l’absence du prisonnier au tribunal.
6– Libération
Le prisonnier Maher al-Aqqad de Khan Younes a
été libéré après 8 années de détention. Deux frères de la bande de Gaza, Shaybub et Nazeh Halass ont été libérés après 7 ans de détention, pour
avoir lancé des fusées à partir de la bande de Gaza en direction d’objectifs
sionistes.
7 – Statistiques
Après l’arrestation de
trois militantes actives dans le soutien aux prisonniers (Myassar Itani, de Nablus, Linan Abu Ghalme, sœur du prisonnier Ahed
Abu Ghalme, et Lina Jawabra)
qui avaient « osé » se rendre en Palestine occupée en 48 pour
rendre visite à la prisonnière libérée Wurud Qassem), le nombre des prisonnières palestiniennes
s’élève, au 21 août, à 12 prisonnières, la plus ancienne étant Lina Jarbouni, des territoires occupés en 1948, dont l’état de
santé s’est à nouveau détérioré.
20 enfants ont été
arrêtés au cours de la première moitié du mois d’août 2013. Une association
de droits de l’homme a déclaré dans son rapport que la police sioniste a
torturé des dizaines d’enfants pour arracher des « aveux », souvent
inventés.
125 Palestiniens
parmi les détenus « administratifs » sont des prisonniers libérés,
ayant été détenus pendant des années en tant que détenus
« administratifs » ou condamnés.
8 – Enlèvement
Les forces de
l’occupation ont arrêté le frère de deux prisonniers grévistes de la faim, Ayman et Mohammad Itbieh, du
village Kharsa, près de Doura-al Khalil. Khaled Itbeich (24 ans) a été contraint de se livrer aux forces
de l’occupation après plusieurs raids menés contre la maison familiale et
celles de leur proches.
Elles ont également
arrêté Aref Hraybat, et ont
failli arrêté le frère de Imad Batrane,
pour arrêter son frère, qui ne se trouvait pas chez lui. Les autorités de
l’occupation arrêtent les membres des familles des prisonniers en grève de la
faim, pour faire pression sur eux.
9– Solidarité
Plusieurs
mouvements de protestation et de solidarité avec les prisonniers en lutte ont
été menés dans différentes parties de la Cisjordanie, notamment dans la ville
d’al-Bireh, et devant la prison de
Ofer.
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