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Les Bédouins, citoyens israéliens, ne
doivent pas être expulsés du Néguev ! Courrier adressé aux 21 députés et députées du
Nord, aux 7 députés et députées européens du Nord, et aux 11 sénateurs et
sénatrices du Nord :
Objet : Expulsion massive de citoyens
israéliens du Néguev Dunkerque,
le 22 novembre 2013 Monsieur le Député, Nous vous écrivons pour vous exprimer notre
inquiétude sur les conséquences d’une loi actuellement en débat au Parlement israélien
(la Knesset) et pour vous demander d’intervenir à l’Assemblée Nationale. Cette loi est
connue des médias sous le nom de Plan Prawer :
elle a pour objet de chasser la majorité d’un peuple indigène, les
Bédouins, des terres où il vit depuis plusieurs centaines d’années. De quoi s’agit-il ? Près de 90% des
populations bédouines du Néguev ont fui leurs terres à la suite de la guerre
qui a vu la création de l’Etat d’Israël. Les tribus qui y sont restées ont
été rassemblées par l’autorité militaire dans une « réserve » au cours des
années 1950, chacune constituant un ou plusieurs villages. Vingt ans plus
tard, le gouvernement israélien a cherché à sédentariser les Bédouins en les
rassemblant dans sept villes bâties à la hâte, sept cités aux infrastructures
inférieures aux standards israéliens. Il y a aujourd’hui environ 180 000 Bédouins
dans le Néguev. La moitié vit dans ces sept villes, les autres dans
différents villages sur les terres où ils avaient été regroupés par l’armée.
L’Etat d’Israël veut aujourd’hui récupérer ces terres et a décidé d’en
chasser les Bédouins à l’aide d’une loi de circonstance, le plan Prawer. Selon l’organisation israélienne Adalah qui réunit des juristes juifs et palestiniens, cette
loi viole de nombreux articles de la Déclaration des Nations Unies
relative aux droits des peuples autochtones. Elle est en particulier
contraire à son article 10 : « les peuples indigènes ne doivent pas
être expulsés de force de leurs terres ou territoires ». En effet,
ceux qui refuseront de quitter leur terre y seront contraints par la force.
De fait, selon les sources, ce seront entre 45 000 et 70 000 Bédouins à terme
qui seront « déplacés ». En juillet 2012, le Parlement européen avait
appelé le gouvernement israélien à « protéger les communautés bédouines,
dans la région du Néguev et en Cisjordanie à respecter leurs droits » et
donc au « retrait du plan Prawer ». En
mars 2012, c’est le Comité des Nations-Unies pour l’élimination de la
discrimination raciale qui demandait à Israël de ne pas mettre en œuvre
le plan Prawer. En effet ce plan n’est dirigé
que contre une population particulière alors que les Bédouins sont des
citoyens israéliens à part entière : ils paient leurs impôts, votent,
font leur service militaire, etc. En Israël même, de nombreuses voix se sont
émues et ont écrit aux plus hautes autorités pour que leur pays ne se rende
pas coupable d’une telle honte comme par exemple Amos Oz, Abraham B. Yehoshua, Shulamit Aloni. Ils ont été soutenus par des organisations
israéliennes comme les Rabbins pour les droits humains. Cette situation est totalement choquante pour
un Etat qui se dit démocratique et qui nous est lié par de nombreux accords
commerciaux et programmes européens. Il est inadmissible qu’une partie de nos
impôts servent à financer des activités dans un pays qui ne respecte pas les
droits de l’Homme. C’est à ce titre que nous vous demandons
d’agir pour dénoncer le sort intolérable qu’Israël réserve à ses propres citoyens
et pour remettre en cause les avantages que nous octroyons à cet Etat. A l’heure actuelle ce plan n’a pas encore
force de loi, il doit être présenté à la Knesset en décembre prochain ; vous
avez donc la possibilité d’influer sur ce vote ! Dans l’attente de votre réponse, nous vous
prions d’accepter, Monsieur le Député, nos meilleures salutations citoyennes
et solidaires. J.M.
Bruneel, Président |