BALADI – Prisonniers 23 – Novembre 2013
« Nés libres, nous le resterons »
Soutenir la lutte des prisonniers
détenus dans les geôles sionistes
Les prisonniers palestiniens détenus dans les
prisons sionistes risquent à tout moment de mourir. La négligence médicale
intentionnelle de l’occupant ne fait plus de doute, après le décès de
plusieurs prisonniers, par manque de soins appropriés. Les autorités de
l’occupation, parce qu’elles ne subissent aucune pression de la part de la
communauté internationale, poursuivent leurs crimes. Ni l’ONU, ni l’Union
européenne, ni les associations internationales qui prétendent défendre les
droits de l’homme dans le monde, ne s’inquiètent du sort des prisonniers
palestiniens, parce que l’Etat criminel a décidé qu’il s’agit de
« terroristes », alors qu’ils sont des combattants pour la liberté.
La communauté internationale se plie aux critères du colonialisme sioniste en
Palestine, ce qui signifie qu’elle est entièrement responsable de la mort de
chaque détenu dans les sinistres prisons de l’occupation. Bien qu’abandonnés,
les résistants prisonniers poursuivent leur combat, individuellement ou
collectivement. Telle est la culture du peuple palestinien : jamais vaincu, malgré la défection des « amis » et la
coalition des ennemis. L’histoire du mouvement des prisonniers palestiniens
est à elle seule une leçon de courage et d’abnégation adressée au monde
entier.
1 - Prisonniers grévistes de la faim dans les
prisons de l’occupation
-
Le prisonnier jordanien Alaa Hammad
poursuit la grève de la faim depuis le mois de mai 2013, réclamant sa
libération. Privé de la solidarité et de la médiatisation de sa longue grève
de la faim, le résistant Alaa Hammad
subit les pratiques de torture morale et psychologique, l’occupant ne cesse
de le transférer d’une prison à l’autre, pour qu’il arrête son mouvement. Il
a récemment refusé qu’un avocat puisse le rencontrer
-
Le prisonnier Akram Al-Fassissi
du village Idhna dans la province d’al-Khalil a
arrêté la grève de la faim qu’il a menée pendant deux mois pour protester
contre sa détention « administrative ». L’occupant a finalement
accepté que la détention « administrative » soit réduite à trois
mois. Néanmoins, Al-Fassissi entend participer à la
lutte des détenus administratifs, commencée au cours de la dernière semaine
de novembre.
-
Deux prisonniers en détention « administrative » ont entamé la
grève de la faim, il y a environ dix jours, pour réclamer leur libération
immédiate. Il s’agit des frères Mohammad(25 ans) et
Islam (20 ans) Saleh Badr, de Beit Laqya. Mohammad avait été arrêté en 2008 et condamné à 4
ans de prison, pour appartenance au mouvement du Jihad islamique. Son frère
Islam avait été arrêté et mis en détention administrative en 2011, pour 9
mois. Ils ont été récemment arrêtés, le 28 octobre 2013 et immédiatement
placés en détention administrative, dans la prison de Ofer. Les autorités de l’occupation ont isolé les
deux prisonniers pour les inciter à arrêter leur mouvement.
2 – Libérer les prisonniers malades
Le ministre aux affaires des prisonniers et libérés,
dans l’AP de Ramallah, Issa Qaraqe’, a affirmé que
les sections de l’isolement dans les prisons sionistes sont consacrées en
partie aux détenus palestiniens atteints de maladies psychiques. Au lieu de
les soigner, les autorités carcérales les isolent. Concernant le sort des
prisonniers malades, il a ajouté que les conditions d’emprisonnement sont la
première cause de leurs maladies » et que l’AP consacre ses efforts pour
les libérer.
Yusri
al-Masri, 30 ans, condamné depuis 2003 à 20 ans de
prison pour appartenance aux Brigades al-Quds
(branche armée du mouvement du Jihad islamique) a été opéré, dans la prison
de Ramleh. Mais les autres prisonniers affirment que sa situation ne s’est
pas améliorée. Ils craignent son décès, d’autant plus que des informations,
non publiques, rapportent que les sionistes envisagent sa libération (après
dix ans de détention) afin de ne pas supporter les charges de son décès.
- Le club des prisonniers a déclaré que plusieurs
prisonniers détenus dans la prison de Meggido
souffrent de la détérioration de leur état de santé, dont Anas Jaradat de la ville de Jénine
et Ammar Hammour.
- Le résistant prisonnier Mu’tassam
Raddad écrit, de l’intérieur de la prison de Haddarim, appelant à exercer des pressions pour le faire
libérer, ainsi que tous les prisonniers malades. Gravement malade depuis des
mois, ne recevant aucun remède, alors qu’une opération chirurgicale est
nécessaire, il explique qu’il ne parvient plus à dormir à cause des maux
qu’il ressent. Détenu depuis 2006, Mu’tassam Raddad est condamné à 20 ans de prison.
- Dans une lettre écrite de la prison, le résistant Thaer Halahla réclame un
mouvement d’ampleur pour faire libérer les prisonniers malades, détaillant
les agressions dont il est l’objet depuis son arrestation. Il fait état
de la haine des médecins de l’occupation, qui soi-disant le soignent, mais
qui en fait, ne font qu’aggraver sa maladie. Il y raconte tous les actes
malveillants, sauvages et humiliants que les gardiens de prison, les médecins
et les prisonniers juifs lui ont fait subir, depuis son arrestation et au
cours des interrogatoires.
3 – Abolir la détention « administrative »
Lundi 25 novembre, les détenus
« administratifs » décident de mener une grève de la faim, pour un
jour, pour préparer leur mouvement de lutte collectif contre cette forme de
détention arbitraire et criminelle. Dans un communiqué, ils annoncent qu’ils
mèneront la grève de la faim à partir du 10 décembre, jusqu’à la fin du mois,
deux jours par semaine. Ils poursuivent leur boycott des tribunaux militaires.
Si l’occupant ne réagit pas, ils prendront des mesures plus importantes le 30
décembre, y compris la grève de la faim illimitée.
Le prisonnier palestinien Samer al-Barq qui devait être libéré ce mois-ci, suite à la
promesse faite après sa grève de la faim, restera en prison : les
autorités de l’occupation l’accusent à présent de faire partie d’al-Qa’ida, alors qu’aucune charge n’a été retenue contre
lui, tout au long de la détention administrative qu’il a subie. Issa Qaraaqe’, ministre chargé des prisonniers auprès de l’AP,
dénonce cette nouvelle mascarade affirmant qu’aucune preuve n’a été apportée
pour justifier sa détention. La presse sioniste a commencé à publier
mensonges sur mensonges, concernant sa vie et son parcours, pour justifier son
maintien en prison.
L’occupant a renouvelé la détention
« administrative » de 6 mois pour deux députés du conseil
législatif, Mahmoud Ramhi de Ramallah et Yasser
Mansour de Nablus. Les deux députés ont été
kidnappés le 24 novembre 2012, au cours de la bataille du « ciel
bleu » contre Gaza. Deux autres prisonniers ont subi le renouvellement
de leur détention, il s’agit de Mouayyed Sharab et Isma’il Suyuti.
Un détenu « administratif », Samir
Mohammad Bhis, 39 ans, de la région d’al-Khalil, a
été convoqué pour des séances d’interrogatoire dans la prison de Ascalan. Samir Bhis est un
prisonnier libéré, ayant passé 9 ans dans les prisons sionistes, dont 5 en
détention « administrative ». Réarrêté le
4 février 2013, et mis en détention administrative pour 6 mois, renouvelé
pour 6 mois encore, sa convocation récente pour des interrogatoires, l’a
surpris.
Le ministre sioniste de la sécurité intérieure a
réclamé au conseiller juridique du gouvernement la prérogative d’émettre des
ordres de détention « administrative » et d’expulsion des
Palestiniens des territoires occupés, pouvant aller jusqu’à une période de 5
ans.
4 – Répression
Avant même de commencer la « journée de la
colère » dans le Naqab occupé contre le plan Prawer,, prévue pour le 30
novembre, les forces de l’occupation mènent depuis plusieurs jours une
campagne d’arrestations des jeunes, dans tout le pays, et ont arrêté sheikh Sayyah al-Touri, grande figure résistante du Naqab
et plus particulièrement du village al-Araqib,
détruit 61 fois depuis deux ans.
Les prisons d’Eshel et du Naqab ont été visées par des incursions de plusieurs
unités de forces de la répression sionistes. Les cellules ont été fouillées
et inondées d’eau. Une autre incursion a eu lieu dans la prison de Nafha, au sud du pays, dans la section 14, prétextant la
recherche de téléphones portables. Plusieurs prisonniers de la prison du Naqab ont été transférés dans des cellules « de
châtiment » dont Mohammad Saleh Nattah. La
porte-parole du centre d’études sur les prisonniers, à Gaza, a indiqué que la
prison du Naqab subit depuis plusieurs semaines des
incursions presque quotidiennes de la part des unités spécialisées dans la
répression.
4 prisonniers détenus dans la prison du Naqab ont été placés en isolement, et les forces de la
répression sont intervenues pour briser le mouvement de solidarité et de
révolte des prisonniers.
La prison de Ascalan
est en ébullition depuis deux semaines, après l’incursion menée par les
forces de répression, qui ont gravement frappé et blessé des prisonniers (9
prisonniers blessés). Cet acte sauvage a été dénoncé par les prisonniers qui
ont mené une grève de la faim de quelques jours, avant de l’arrêter suite à
un accord intervenu avec les autorités de la prison. Mais quelques
jours plus tard, les prisonniers menacent de nouveau de recourir à la
grève de la faim.
L’occupant interdit de visite la famille de la
prisonnière Mona Qaadan, bien qu’il lui ai délivré une autorisation de visite. Mona Qaadan est de la ville de Arraba, près de Jénine.
Libérée lors de l’accord d’échange des prisonniers, en octobre 2011, elle a
été à nouveau arrêtée, sans avoir été « jugée ». Le responsable du
club des prisonniers dans la ville de Jénine, Ragheb Abu Diyak a signalé que
l’interdiction de visite est une claire violation de la 4ème
convention de Genève, à l’article 116. Il a fait remarquer que cette pratique
de la part des sionistes vise à soumettre la famille à des pressions
psychologiques et sociales. La famille d’un prisonnier des territoires
occupés en 48, Ibrahim al-Bikri, 33 ans, a été
interdite de visite par le Shabak, alors qu’elle
avait reçu l’autorisation de la visite. Le prisonnier résistant est condamné
à 9 perpétuités, la condamnation la plus élevée parmi les prisonniers de
l’intérieur.
Les forces de l’occupation ont mené une incursion
dans le camp de Jénine pour arrêter sheikh Bassam Saadi, dirigeant au mouvement du Jihad
islamique. N’ayant pu l’arrêter, elles ont arrêté des membres de sa famille,
son fils Suhayb Saadi, 22 ans, et son frère. Cette
incursion est intervenue immédiatement après une poursuite menée par les
forces sécuritaires de l’AP dans le camp de Jénine.
10 enfants maqdisis ont
été arrêtés à Issawiya, par l’occupant, accusés de
lancer des pierres et des cocktails molotov contre
une caserne de l’occupant. Deux enfants feraient partie de cellules du FDLP,
selon l’occupant. Deux jeunes filles ont été arrêtée dans la ville
d’al-Khalil, Fida’ et Fatmé
Awad (15 et 16 ans).
5– Libération
Imad al-Batran, qui a mené
une grève de la faim contre sa détention administrative pendant 105 jours,
enfin libre ! Dès sa libération, il a affirmé que les prisonniers
malades sont en danger et a réclamé une large campagne pour les faire
libérer. Il a également dénoncé les incursions menées par les unités
spéciales contre les prisonniers, pour réprimer les prisonniers, disant que
ces incursions sont devenues de plus en plus fréquentes. Il a souligné que
les prisonniers qui mènent la grève de la faim sont réprimés et mis en
isolement, dans des conditions très difficiles, pour les obliger à arrêter
leur mouvement. Sa longue grève de la faim a abouti à un accord, qui est le
non renouvellement de sa détention « administrative » qui s’est achevée
le 15 novembre 2013.
Mayssar Itani (47 ans) a été libérée, après 3 mois
d’incarcération, pour s’être rendue « illégalement » dans les
territoires occupés en 48. Elle a décrit la situation intenable des
prisonnières palestiniennes qui souffrent de maladies et de mauvaises
conditions de détention, mais aussi d’incursions répétées dans leurs
cellules. La militante Mayssar Itani
a déploré la marginalisation des femmes prisonnières.
Le prisonnier résistant Hani Mohammad Sharif, de la
ville d’al-Khalil, a été libéré après 16 ans de détention pour résistance à
l’occupation.
6 – Statistiques
Un rapport du ministère chargé des prisonniers, à
Ramallah, indique le nombre de 4900 prisonniers palestiniens détenus dans les
prisons sionistes, répartis sur 17 prisons et centres de détention. 190
enfants âgés de moins de 18 ans font partie des prisonniers. 14 prisonnières
sont détenues dans des conditions inhumaines, parmi elles Lina Jarbouni, doyenne des prisonnières détenue depuis 11 ans.
495 prisonniers sont condamnés à une ou plusieurs perpétuités, le prisonnier
Abdallah Barghouty étant condamné à 67 perpétuités
plus 250 ans (Brigades d’al-Qassam, branche
militaire du mouvement Hamas). 14 députés du conseil législatif palestinien
font partie des prisonniers, la plupart en tant que détenus
« administratifs ». 52 prisonniers sont considérés comme anciens
prisonniers, détenus avant les accords d’Oslo, la plupart étant de la ville
d’al-Quds et des territoires occupés en 1948. Le
résistant Karim Younes est le doyen des prisonniers, étant détenu depuis 31
ans.
Le nombre des prisonniers
« administratifs » est de 165 prisonniers, selon le club des
prisonniers.
7 – Solidarité
Plusieurs associations de soutien aux prisonniers et
leurs familles lancent une campagne pour faire libérer les prisonniers
malades. L’association européenne U Free y participe.
Une rencontre a eu lieu à Ramallah, rassemblant les
familles des prisonniers et des militants, pour protester contre
l’incarcération des prisonniers malades et pour réclamer leur libération. Au
cours de cette rencontre, le médecin Afou Aghbarieh, des territoires occupés de 48, a confirmé la
politique de négligence médicale intentionnelle pratiquée par l’occupant, en
détaillant plusieurs cas de prisonniers malades que les autorités de
l’occupation ont refusé de soigner.
Le coordinateur des Nations-Unies pour les affaires
humaines a réclamé au gouvernement de l’occupation la nécessité de libérer
les prisonniers « administratifs », étant donné qu’ils ne sont pas
accusés et qu’ils n’ont pas été « jugés ».
A Bethlehem, un rassemblement des familles des
prisonniers et de militants devant le siège de la Croix-Rouge a réclamé la
fin de la détention « administrative ». Dans la bande de Gaza, les
rassemblements devant le siège du CICR se poursuivent. Les participants
veulent rappeler à toutes les forces politiques de la résistance la nécessité
de se mobiliser pour la libération des prisonniers.
Les forces sécuritaires de l’AP poursuivent les
militants palestiniens
Un étudiant de l’université de Nablus
adresse une lettre au président Mahmoud Abbas et au premier ministre
palestinien, leur réclamant de mettre un terme aux poursuites contre les
étudiants palestiniens, accusés de soutenir la résistance. L’étudiant Farouk
Moussa, 25 ans, de Arraba
près de Jénine, explique que les services de
renseignements de l’AP s’en prennent aux étudiants et leur envoient des
convocations, juste au moment des examens.
L’ancien député, prisonnier et détenu
« administratif » Hussam Khadr, a dénoncé
les arrestations pratiquées par les services sécuritaires de l’AP contre les
étudiants, membres du mouvement Hamas et du mouvement du Jihad islamique.
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