BALADI – Prisonniers 24 – Décembre 2013
« Nés libres, nous le resterons »
Soutenir la lutte des prisonniers
détenus dans les geôles sionistes
La vague de froid dans la région n’a pas épargné les prisonniers, dont
les conditions de détention sont déjà précaires et inhumaines. Les
prisonniers palestiniens lancent des cris d’alarme, ils ont froid et les
autorités carcérales les empêchent de recevoir des vêtements chauds
supplémentaires, des couvertures et des appareils pour chauffer les cellules
et les camps de détention. C’est ce que vient de déclarer le ministre chargé
des affaires des prisonniers, dans l’AP de Ramallah, expliquant que le
ministère, en accord avec le CICR, a tenté de faire introduire vêtements chauds
et couvertures, mais la direction de la prison de Ofer
a refusé. Il a souligné que dans les prisons situées dans le sud du pays,
dans le Naqab, le froid a atteint des proportions
catastrophiques et que les centres de détention sont dépourvus de tout moyen
de chauffage. Mais les autorités carcérales de l’occupation se réjouissent
plutôt et ont ajouté aux châtiments courants envers les prisonniers, le fait
de les placer une heure en plein air sous la pluie. La barbarie de l’occupant
est illimitée.
1 - Prisonniers grévistes de la faim dans les
prisons de l’occupation
- Le prisonnier jordanien Alaa Hammad (34 ans) a
momentanément arrêté la grève de la faim, déclenchée au début du mois de mai
2013, avant de la reprendre quelques jours plus tard. La direction carcérale
sioniste a autorisé les membres de sa famille au second degré, vivant dans la
ville d’al-Quds, de lui rendre visite. Mais
quelques jours plus tard, elle a refusé la visite à son épouse et ses
enfants, vivant en Jordanie. Il a donc repris la grève de la faim. Le
résistant Alaa Hammad,
qui a mené une longue grève de la faim, sans aucun appui médiatique, a été
arrêté en 2006 et est condamné à 12 ans de prison.
- Trois prisonniers en détention
« administrative » mènent une grève de la faim, depuis le 16
novembre dernier. Il s’agit des frères Mohammad (25 ans) et Islam (20 ans)
Saleh Badr, de Beit Laqya
et Thaer Nabil Ubaydo.
Ils subissent des pressions de la part des autorités carcérales pour arrêter
leur mouvement : leur cellule est constamment fouillée et les incursions
des forces de la répression sont multipliées. Ils ont refusé une proposition
du Shabak (service de renseignements sioniste)
d’arrêter leur mouvement en contrepartie d’une promesse verbale que leur
détention ne serait pas renouvelée. Le 11 décembre, les trois prisonniers ont
été transférés à l’hôpital « Mijan » à
cause de la détérioration de leur état de santé. Dans la cellule où ils ont
été isolés, ils n’ont que de minces matelas et couvertures, ils ont interdits
de sortie de leur cellule sauf une heure, pour se laver. Islam Badr est le
plus jeune détenu « administratif » (20 ans).
- Les prisonniers
« administratifs » de la prison du Naqab
ont mené une grève de la faim de trois jours, en pleine tempête, pour
protester contre les mesures punitives de l’administration carcérales prises
à leur encontre.
2 – Libérer les prisonniers malades
- le résistant Mu’tassam Raddad,
arrêté en 2006 condamné à 20 ans de prison, a été transporté d’urgence à
l’hôpital. Au regard de son état de santé qui s’est dégradé, les autorités de
l’occupation ont prévu une séance du tribunal pour le libérer avant la fin de
la période. Une fois encore, au lieu de soigner les prisonniers malades, la
direction sioniste préfère se dégager de sa responsabilité, et envoyer les
prisonniers à la mort, en les libérant in-extremis.
- Le ministre chargé des prisonniers dans l’Autorité Palestinienne,
Issa Qaraqe’i a affirmé que les prisonniers malades
sont des « morts en puissance », car l’Etat de l’occupation ignore
leur cas et refuse de les soigner. Il a ajouté que dans l’entité de
l’occupation, ce sont les services sécuritaires qui décident du sort des
prisonniers, et non les médecins.
Le prisonnier malade, Na’im Shawamreh, détenu dans la prison de Ascalan,
est en situation critique : il perd quotidiennement le contrôle de ses
membres. Son état de santé se détériore rapidement.
Plusieurs
prisonnières palestiniennes souffrent de divers maux. Un rapport d’une
association de solidarité avec les prisonniers palestiniens fait état de
plusieurs maladies qui frappent les prisonnières résistantes à l’occupation.
Qu’elles soient condamnées ou non, les détenues palestiniennes vivent dans
des conditions inhumaines, ce qui favorise et aggrave les maladies dont elles
souffrent. La résistante Lina Jarbouni souffre des sequelles de l’opération chirurgicale subie il y a
quelques mois, Intissar Sayyad
souffre des poumons, Tahrir Qanni
a les yeux infectés depuis son arrestation le 12 mai 2013, Nawal Saadi, du
camp de Jénine, souffre de tension.
3 – Abolir la détention « administrative »
Depuis le 25 novembre, les détenus « administratifs » sont
en lutte contre cette forme de détention arbitraire et criminelle. Il ont défini la troisième étape de leur lutte, qui est la
grève de la faim, tous les lundis et jeudis. La prochaine étape prévoit le
boycott des centres « médicaux » de la direction carcérale, le
refus des médicaments et la grève illimitée de la faim. Ils poursuivent le
boycott des tribunaux militaires. Si l’occupant ne réagit pas, ils prendront
des mesures plus importantes le 30 décembre, y compris la grève de la faim
illimitée.
Les autorités de l’occupation se vengent : les détenus
« administratifs » détenus dans la prison de Meggiddo
ont été dispersés dans les différentes sections de la prison, et dans la
prison de Ofer, ils ont
été interdits de visite pendant un mois.
Abdallah Ja’idi, 42 ans, du mouvement Hamas,
arrêté le 28 novembre, a été condamné à 4 mois de détention
« administrative » par un tribunal militaire sioniste. Il avait
déjà été arrêté et détenu pendant 28 mois.
Juste au moment où il devait être libéré, le tribunal militaire de
l’occupation prononce une détention « administrative » à son
encontre : Le prisonnier Raed Moussa, de la
région de Jénine, arrêté le 30 octobre dernier, a
été transféré au tribunal de Ofer
qui l’a condamné à 6 mois de détention « administrative » alors que
le tribunal de Salem avait demandé sa libération.
26 ordres de détention « administrative » ont été prononcés
par les tribunaux militaires sionistes contre les Palestiniens arrêtés, au
mois de novembre. La détention «administrative » signifie la détention
basée sur des rapports secrets des services de renseignements, qui jugent si
le Palestinien représente un danger pour l’occupation. Tout Palestinien est
menacé par l’occupation par cette forme de détention.
4 – Interdiction d’étudier
Les autorités de l’occupation avaient supprimé, après l’enlèvement du soldat
sioniste Shalit, la possibilité pour les
prisonniers de poursuivre leurs études, par le biais de « l’université
libre hébraïque », seule autorisée à remettre des diplômes aux
prisonniers. De nombreux résistants, qui ne leur restaient que quelques mois
avant d’achever le cycle universitaire choisi, ont dû arrêter leurs études,
la direction de l’université ayant refusé sa poursuite. Après l’accord
d’échange entre la résistance et les sionistes, cette mesure punitive est
discutée par la Knesset sioniste, où les partis politiques font la surenchère
pour montrer lequel est le plus terroriste.
En poursuivant leurs études, les résistants prisonniers de l’entité
occupante poursuivent leur défi à l’occupation. De nombreux prisonniers ont
réussi à obtenir des diplômes qui leur ont permis de travailler, après leur
libération. Pour les prisonniers, étudier c’est non seulement espérer, mais
c’est aussi affirmer sa volonté de poursuivre, en prison même, la lutte du
peuple palestinien. Etudier c’est lutter et résister à l’occupant, qui
cherche à faire des prisonniers des êtres dépourvus de toute humanité, des
êtres qui ressembleraient aux colons. En interdisant la poursuite des études
et en confisquant les livres introduits en prison, en déchirant les
manuscrits écrits par les prisonniers, l’occupant tente de briser la volonté
des prisonniers. Malgré tout, les prisonniers résistent.
5 - Répression
Suite aux manifestations et protestations à Haïfa (en soutien aux
Palestiniens de Shefa’Amr traduits devant le tribunal
pour avoir mis fin à la terreur de Natan Zadé, en
août 2005) et dans le Naqab lors de la Journée de
colère le 30 novembre dernier, des dizaines de Palestiniens des territoires
occupés en 48 ont été arrêtés. Certains ont été relâchés, mais d’autres risquent
d’être condamnés.
Arrestation des deux fils du député maqdissi
Ahmad Attoun et convocation de la mère, de l’épouse
et de son frère par l’occupant au poste de la prison de Moskobiyya.
Pour la dixième fois, la comparution de la résistante Mona Qaadan devant le tribunal sioniste est reportée.
Arrêtée au mois de novembre 2012, Mona Qaadan (42
ans) ancienne prisonnière libérée, n’est toujours pas « jugée », et
sa famille est toujours interdite de visite.
Le tribunal militaire de l’occupation, à Salem, au nord de Jénine, a prolongé pour la huitième fois la détention de
deux gosses de la famille Abu Rabb, Ibrahim et Yazid, qui est blessé. Les deux enfants avaient été
battus et torturés lors de leur arrestation. Les pères des deux enfants ont
adressé des appels à l’UNICEF et le CICR pour intervenir et faire libérer
leurs enfants, arrêtés depuis le 24 avril 2013.
3 prisonniers détenus dans la prison de Meggido
ont été asphyxiés le 11 décembre, lorsque les forces répressives de
l’occupation ont aspergé les prisonniers de gaz, suite à la protestation de
ces derniers contre les gardiens.
Avant la libération de Midhat Issawi, les forces de l’occupation ont mené une incursion
dans le boug Issawya et
dans la maison de Samer Issawi, à la recherche de
Samer et Midhat Issawi.
La famille des deux personnes recherchées leur a déclaré qu’ils sont en
prison.
Arrestation pour refus de servir dans l’armée de
l’occupation
Le jeune Omar Saad, du village al-Maghar,
dans la Galilée occupée en 1948, a envoyé une lettre au bureau du service
militaire, expliquant son refus d’être enrôlé dans l’armée de l’occupation.
Comme tous les Palestiniens druses, Omar est obligé de servir cette armée qui
tue son peuple. Omar a été condamné à la prison. Bien qu’il ne soit pas le premier druse à refuser d’être enrôlé, Omar Saad a tenu
à médiatiser son refus, au moment où les sionistes pensent enrôler les
chrétiens palestiniens dans leur armée.
6– Libération
Nasser Abu Saoud, de la ville occupée d’al-Quds, a été libéré après 26 mois de détention dans les
geôles de l’occupation.
Le résistant Midhat Issawi,
a été libéré après 20 mois de détention. Frère de Samer Issawi,
et cadre dirigeant du FDLP, Midhat a subi un
emprisonnement de 25 ans dans les prisons de l’occupation. La famille Issawi a déclaré que leur joie ne sera complète qu’à la
libération de Samer Issawi, qui a mené une grève de
la faim durant 9 mois et qui devrait être libéré.
Aprè 10 ans d’emprisonnement pour
résistance à l’occupation, Muss’ab Brayim (Jihad islamique) et Adel
Sadeq ont été libérés début décembre. Le résistant Brayim a envoyé un message aux organisations de la
résistance palestinienne leur réclamant des actions pour faire libérer les
prisonniers, décrivant ceux-xi comme étant les représentants
de la nation, tant au niveau de leur patience que de l’affrontement avec
l’ennemi.
Le résistant prisonnier Bashir Shbayta a été libéré.
6 – Statistiques
Nadi al-Assir
(club des prisonniers) a affirmé que les autorités de l’occupation détiennent
dans 26 prisons, centres et camps de détention 5000 Palestiniens, dont 15
prisonnières et environ 200 enfants. 95% des prisonniers détenus subissent
des tortures diverses, dès leur arrestation et avant et pendant les
interrogatoires. Au cours de cette année, 4 prisonniers ont été assassinés
par l’occupant à cause de la négligence médicale. 165 Palestiniens sont en
détention « administrative ». 1400 prisonniers sont malades, et
parmi eux, 150 prisonniers souffrent de graves maladies.
52 anciens prisonniers, détenus avant les accords d’Oslo en 1993,
n’ont pas encore été libérés.
Selon le centre Wadi Helwa,
dans al-Quds, les forces de l’occupation ont arrêté
75 Maqdisis au mois de novembre, dont 40 enfants et
4 femmes. Les enfans arrêtés ont entre 10 et 17
ans. Un ordre d’arrestation a été prononcé à l’encontre d’un enfant de 4 ans,
Mohammad Zein al-Majed.
7 – Solidarité
Plusieurs manifestations et rassemblements de solidarité avec les
prisonniers malades, et notamment Mu’tassam Raddad, ont eu lieu dans les provinces de Tulkarm et d’al-Khalil, au début du mois de décembre.
D’autres manifestations ont eu lieu, avec la participation des familles de
prisonniers, dans la ville d’al-Khalil pour exiger la libération des détenus
« administratifs », en solidarité avec leur mouvement de
protestation.
L’association européenne U-Free demande la libération du journaliste
et caricaturiste Thamer Sabaaneh,
arrêté en mars 2013 par l’occupation et détenu « administratif ». Thamer Sabaaneh a longtemps
milité pour la libération des prisonniers, et a écrit de nombreux textes pour
populariser leur lutte. Agé de 35 ans, il est le père de trois enfants, le
dernier étant né après son arrestation.
Les forces sécuritaires de l’AP poursuivent les militants
palestiniens
Des incursions « de la honte » sont menées par les forces
sécuritaires de l’AP dans la province de Nablus, et
notamment dans le camp de Balata. De nombreux prisonniers libérés ont été
arrêtés. Les services de renseignements de l’Autorité palestinienne ont
arrêté le prisonnier libéré Ibrahim Shrayem, cadre
du mouvement du Jihad islamique, à Qalqylia. Shrayem avait été arrêté par l’occupation deux fois, pour
une durée de trois et demi.
Les forces sécuritaires de l’AP ont mené une incursion dans le camp de
Jénine pour arrêter le cadre dirigeant du mouvement
du Jihad islamique, Mahmoud Saadi, et le fils du dirigeant du Hamas toujours
détenu par l’occupation, Hamza abul-Haija. Elles ont été accueillies par les jeunes du camp
qui ont lancé des pierres.
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