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Palestine occupée : Akka n’est pas à
vendre (Akka
= Saint Jean d’Acre) Par Fadwa
Nassar 8 janvier 2014 « Même
s’ils boivent la mer, abattent les murs ou s’emparent de l’air, je ne
vendrai pas Akka … » Ainsi commence la chanson
du groupe musical « Walla’it » (=« ça
chauffe ! »), 100% de Akka, ville côtière de la Palestine occupée
en 1948. « Akka n’est pas à vendre » est devenu le slogan des
Palestiniens demeurés dans leur patrie occupée depuis 1948, en opposition aux
projets de judaïsation de la Palestine occupée en 1948 : modification
des noms des villes et villages, destruction du patrimoine palestinien, dépossession
des Palestiniens de leurs terres et de leurs biens, leur expulsion de leurs
villes appelées « villes mixtes », invasion de ces villes par des
colonies citadines sous la forme d’écoles « talmudiques » et leur
encerclement par des colonies agricoles sous la forme de « parcs
attractifs » et de forêts. Le ministère
sioniste du tourisme a décidé de mettre aux enchères le patrimoine historique
de la ville de Akka,
notamment Khan al-Umdan, qui appartient d’ailleurs
aux Awqafs musulmans palestiniens. Tout autour de
ce Khan, habitent plusieurs familles palestiniennes, menacées d’expulsion
afin que le paysage soit entièrement « juif » et que ce patrimoine
arabe palestinien puisse être vendu à un prix intéressant pour l’occupant.
Son but est de transformer le Khan al-Umdan en
hôtel, après qu’il ait procédé à la fermeture de 36 échoppes tenues par des
Palestiniens dans le quartier. Akka, ville historique
palestinienne, refuse d’être judaïsée. Cette ville a résisté aux invasions
(notamment des Européens croisés) et s’est défendue contre Napoléon qui n’a
pu l’occuper en 1799. A l’époque de Dhaher al-Omar,
gouverneur qui s’est révolté contre le pouvoir ottoman et qui a élargi sa
zone jusqu’à Gaza au sud, en passant par Haïfa, Akka
devint une des villes méditerranéennes les plus fréquentées par les
marchands. Des khans furent construits pour accueillir ceux qui venaient
d’Europe ou des villes et contrées musulmanes. Dans cette ville arabe, les
mosquées historiques (Mosquée al-Jazzar, Mosquée
al-Zaytouna, mosquée Dhaher
al-Omar) côtoient les églises aussi historiques. Construit en 1784 par Ahmad
al-Jazzar, Khan al-Umdan
est l’un des sites les plus prestigieux de la ville. En 2001, il fut mis sur
la liste du « patrimoine mondial » de l’UNESCO. L’occupation
sioniste ne menace pas uniquement le patrimoine palestinien. Elle vise
également la population. Déjà en 1948, lors de l’occupation de la ville par
les bandes sionistes, les Palestiniens de la ville et des autres villes qui
s’y étaient réfugiés, furent expulsés, une grande partie d’entre eux obligés
par les occupants Britanniques à s’entasser sur des barques et à s’en aller.
Très peu de Palestiniens originaires de la ville purent y demeurer. Et la
plupart des familles palestiniennes qui y vivent à présent sont originaires
des villages détruits par les colons sionistes. Elles furent installées dans
les maisons des réfugiés, que les autorités coloniales ont confisquées et
placées sous la tutelle de l’administration « des biens des
absents » (les réfugiés et les déplacés, appelés « absents
présents »). De même, les biens et terres des Awqafs musulmans, dont fait partie Khan al-Umdan entre autres, furent placés sous cette tutelle. Depuis 1948,
la population de Akka, comme dans d’autres villes
palestiniennes, s’est développée et étendue jusqu’aux nouveaux quartiers
construits par les autorités coloniales pour les juifs, ces derniers
préférant se mouvoir vers les colonies industrielles et commerciales situées
entre Haïfa et Akka. Après la révolte palestinienne
de 2000 (Intifada al-Aqsa et soulèvement
d’octobre), les autorités coloniales décident de briser le courant national
palestinien qui s’est manifesté au cours du soulèvement, en utilisant tous
les moyens politiques, juridiques et sécuritaires qu’elles se sont
elles-mêmes instaurées depuis 1948 et en renforçant la colonisation et la
judaïsation. Outre les lois racistes votées par l’organe législatif des
colons (Knesset) visant à marginaliser la présence palestinienne, la
répression a visé les mouvements politiques, les associations nationales, les
structures culturelles et religieuses, et même les membres palestiniens élus
à la Knesset. Les Palestiniens furent désormais décrits comme étant une
« menace démographique » et les services sécuritaires se chargèrent
de les surveiller, traquer et humilier. Leur « citoyenneté » étant
devenue suspecte, il leur fut demandé de la prouver en adhérant aux valeurs
racistes du sionisme, celles précisément qui ont légitimé l’expulsion de leur
peuple et la destruction de leur patrie. Les
Palestiniens de Akka furent encerclés par les
vagues de colons et par la politique d’apartheid menée par les différentes
administrations de l’occupation. Les plans de « développement »
forgés par les sionistes les ont non seulement ignorés, mais ils en firent
des victimes : les quartiers où ils vivent, qu’ils soient dans la
vieille ville ou au-delà, sont menacés de destruction, prétextant soit le
passage de chemins de fer ou autres constructions, soit le « développement »
touristique. Les lois coloniales ayant interdit aux Palestiniens de rénover
les maisons placées sous tutelle, l’Etat attend tout simplement qu’elles
tombent en ruine pour s’en emparer et expulser ceux qui y habitent depuis
1948. C’est ainsi
que l’Etat ou la société » Amidar » et
maintenant « la société de développement de Akka »,
organes de judaïsation, se sont emparés de nombreuses maisons typiquement
palestiniennes pour en faire des lieux attractifs pour les touristes :
des échoppes d’art, des hôtels et autres, expulsant les Palestiniens hors de
la ville. Mais depuis
2000, et notamment depuis leur révolte en octobre 2008, les Palestiniens de Akka refusent les tentatives de judaïsation et leur
expulsion. Plusieurs comités de quartiers se sont mis en place, et lorsque le
colon raciste Merzel avait décidé de mener son
incursion à Akka, en 2012, en compagnie de quelques
députés de la Knesset, pour briser l’élan national de la population Akkaouie et affirmer la « judéité » de la
ville, ce sont des quartiers entiers qui se sont opposés à son entrée dans la
ville. Il n’a pu « faire son cinéma » qu’aux abords des quartiers
arabes. Le 4 janvier
dernier, une manifestation s’est déroulée dans la ville, rassemblant toutes
les forces politiques palestiniennes, à l’appel du comité de suivi des masses
arabes, pour s’opposer à « la judaïsation et l’expulsion ». Le
communiqué du Haut comité rappelle que ce nouveau projet (mise aux enchères
de Khan al-Umdan) s’ajoute aux anciens qui visent à
effacer l’histoire arabe palestinienne de la ville. Cette manifestation n’est
que la première action décidée d’ailleurs par les comités des quartiers
réunis à la mosquée al-Jazzar une semaine
auparavant. Au cours de
la manifestation, les Palestiniens de Akka ont
affirmé qu’ils resteront dans leurs maisons et qu’ils s’opposeront à la
judaïsation de leur ville. « le but des autorités
« israéliennes » est de nous expulser, mais nous demeurerons sur
leurs corps et nous ne quitterons ni nos maisons ni notre ville » a
déclaré l’un des manifestants. De Akka au Naqab (= Néguev), Les
Palestiniens vivant dans les territoires occupés en 48 se mobilisent. La
jeunesse palestinienne a décidé de se faire entendre, au-delà des partis
politiques, jugés trop « mous ». Que ce soit dans le Naqab ou dans al-Jalil (=
Galilée), dont Akka reste une des principales
villes, les autorités coloniales auront à affronter une nouvelle génération
décidée à affirmer sa volonté de libération, et qui ne craint ni les
arrestations, ni la répression. Là aussi, c’est le prix à payer pour retrouver
l’unité du peuple palestinien et affirmer le choix de la résistance, sans
laquelle la patrie ne pourra être libérée. |