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La ville occupée
d’Al-Quds : colonisation et
judaïsation sur fond de négociations Rapport trimestriel
octobre-décembre 2013 département d’études de
l’Institution Internationale al-Quds – QII Résumé par Baladi L’année 2013
s’est achevée, pour la ville d’al-Quds, dans un
contexte de négociations, contexte qui a toujours servi à l’occupation pour
asseoir sa domination et confirmer sa politique. Peu auparavant, les
élections municipales organisées par l’occupant furent l’occasion pour les Maqdisis d’affirmer leur refus de l’occupation en
boycottant ces élections, alors qu’au même moment, on assistait à la
normalisation arabe avec l’occupant par le biais de rencontres ou de projets
communs avec des personnalités ou des institutions de l’occupation. La
judaïsation religieuse et culturelle subie par la mosquée al-Aqsa n’est pas tant le fait des incursions répétées, et
devenues quotidiennes, de la mosquée, que les tentatives incessantes visant à
entériner la présence juive dans la mosquée et « la liberté de prier sur
le mont du temple ». Les députés du parti « la maison juive »
ont présenté un projet de loi le 1/11/2013 proposant de réserver des heures
pour les juifs dans la mosquée, alors que la présidente de la commission
intérieure, Miri Regev, a considéré qu’il faut
prendre des mesures similaires à celles en cours concernant le mois de
Ramadan pour les musulmans, concernant l’accès à la mosquée pour les juifs
pendant leurs fêtes religieuses (ce qui veut dire en fait interdire la
présence des musulmans). La commission intérieure a également discuté le 24
décembre les travaux d’entretien de la mosquée réalisés par le département
des Awqaf islamiques, considérant que ces travaux
« détruisent les vestiges juifs » et réclamant la cessation de ces
travaux. La mosquée
al-Aqsa fut également présente dans la réunion
annuelle du Likoud le 18 décembre, qui a affirmé que la « liberté de la
prière des juifs dans tous les lieux sacrés », et notamment « le
mont du temple ». Cependant,
face à la recrudescence des demandes réclamant la présence juive dans la
mosquée al-Aqsa, la principale autorité juive dans
l’Etat de l’occupation a confirmé à nouveau son opposition à ces incursions,
pour raisons religieuses. Les deux rabbins élus le 24 juillet 2013 ont
renouvelé l’interdiction prononcée la première fois par le principal rabbin
en 1921. Leur position avait été précédée par le communiqué émis par le
rabbin sépharade Shlomo Ammar le 6 mars 2013, et signé par plusieurs rabbins,
qui rappelle que « l’entrée des juifs au mont du temple contredit les
enseignements de la loi juive ». Malgré cela, les appels lancés par les
groupes du « mont du temple » s’appuyant sur les considérations
politiques sont largement suivis par les extrémistes. Concernant
la judaïsation démographique, les constructions de colonies et l’approbation
de la construction dans les colonies existantes vont de pair avec la
destruction des maisons des Maqdisis et les ordres
de destruction qui les menacent. Le 9 octobre, la commission locale de la
planification et de la construction dépendant de la municipalité de
l’occupation a approuvé à l’unanimité la construction de 58 unités de
logement dans la colonie « Pesgat Za’iv » à l’est d’al-Quds.
Le 3 novembre, le ministre de l’Habitat de l’occupant a annoncé son intention
de proposer la construction de 1700 logements, dont 700 dans les colonies
« Ramat Shlomo » et « Gilo », situées dans al-Quds.
Au même moment, la municipalité de l’occupation a remis des ordres de
destruction de 200 logements dans les quartiers Ras Khamis
et Ras Shehadé, près du camp de She’fat,
à l’est d’al-Quds. Ces deux quartiers, bien que
faisant partie de la « juridiction » de l’occupant, ne bénéficient
pas des services municipaux. Bien que leur population paie les taxes,
l’occupant les maintient en situation d’instabilité et ne leur accorde pas de
permis de construire. « Les
jardins nationaux » sont une autre caractéristique de la judaïsation.
L’occupant essaie, à travers ces jardins, de promouvoir une image de
développement, alors que ce sont les terres des Maqdisis
qui en font les frais, puisqu’elles sont confisquées et que leurs maisons
sont détruites pour construire ces jardins. La commission régionale de la
planification et de la construction de l’occupation a proposé la construction
d’un « jardin national » sur les pentes orientales du Jabal al-Masharef, au moment où
les négociations avec l’Autorité palestinienne étaient reprises. Selon même
une employée du département des vestiges de l’occupant, le but de la
construction du jardin n’est pas l’amélioration de l’environnement, mais
répond à des considérations politiques. Ce jardin vise en fait à limiter le
développement et l’extension des bourgs d’al-Issawiya
et d’al-Tur, limités d’ailleurs par le mur de
l’annexion, l’Université hébraïque et les colonies. La
judaïsation de la capitale de la Palestine n’a pas empêché la position arabe
de se ruer vers la normalisation des relations avec l’occupation, sous
prétexte que cela profiterait à l’économie palestinienne. Les médias ont
dévoilé l’instauration d’une zone industrielle
jordano-« israélienne » qui profitera d’abord à l’industrie de
l’occupation et brisera le boycott des marchandises
« israéliennes ». Si la
position formelle de l’Union européenne est opposée à la colonisation dans
les territoires occupés en 1967, l’Union européenne continue à être le
principal marché pour les produits de l’occupation. De même, cette position
n’engage pas les pays membres, puisque la république tchèque a annoncé, lors
de la visite de son président à l’entité de l’occupation au mois d’octobre
qu’elle souhaite transférer l’ambassade de son pays de Tel Aviv vers al-Quds. Dans la
ville occupée d’al-Quds, les élections municipales
ont renouvelé le mandat de Nir Barakat,
champion de la politique de judaïsation. Le conseil municipal élu par les
seuls colons, puisque les Maqdisis ont boycotté les
élections, comprend des extrémistes comme Arieh
King qui a mené sa campagne électorale sous le slogan de la judaïsation d’al-Quds et qui a affirmé, sitôt élu, que sa priorité
consiste à faire taire les appels à la prière issues de mosquées d’al-Quds. Entre les
tentatives de s’emparer de la mosquée al-Aqsa et la
judaïsation de la ville d’al-Quds, une nouvelle
année est entamée. Elle risque d’être une période où l’occupant poursuivra la
même politique, de manière aggravée si la mosquée al-Aqsa
est partagée effectivement et si les colonies s’étendent. |