|
|
|
Lille le 25 novembre 2014 Jean-François Larosière Président A Madame le Maire de Lille Hôtel de Ville Place Augustin Laurent 59000 LILLE Cedex Madame le Maire J’ai pris connaissance avec satisfaction de la décision prise par le Conseil municipal de Lille du lundi 06 octobre 2014, de « mettre en veille » le jumelage de la Ville avec celle israélienne de Safed. Ceci répond à un mouvement citoyen que l’Association France Palestine Solidarité Nord-Pas de Calais a initié dès janvier 2011, devant les exactions racistes, officialisées, dans cette ville. De nombreuses organisations ont joint le combat citoyen de notre association. Le rejet de ce jumelage a été porté, dans les rues de Lille, à partir de juillet dernier, par la mobilisation de solidarité avec le peuple palestinien, s’élevant contre le massacre commis par Israël à Gaza, et contre les crimes de cet Etat dans toute la Palestine. En pensant notamment à Naplouse martyrisée, jumelée avec Lille. Cependant vos propos, lors de ce Conseil municipal, comme ceux de
votre adjointe, Madame Marie Pierre Bresson, qui s’inscrivent, dans la
démarche générale du Président de la République, (1) doivent être relevés sur
deux points : la destination des secours de 15 000 euros pour Gaza,
décidés par la Ville de Lille, et l’existence de propos antisémites dans les
manifestations de soutien au peuple palestinien en juillet et août. Ces assertions sont inadmissibles et
erronées. Politiquement elles ne sont guère tolérables. Concernant les secours pour Gaza, selon le script de votre intervention au Conseil municipal du 06 octobre vous indiquez : « il n’est évidemment pas question de les verser à une association proche du Hamas (2). » Pourquoi pénaliser cette organisation de résistance ? Notre position, et sa pratique, est de travailler en direction de toutes les associations à Gaza, qui agissent en direction de la population, toute la population, sans discrimination politique ou autre. J’ai indiqué, lors de la réunion de la plate-forme Lille Naplouse du 1er octobre, qu’il ne fallait pas se cantonner aux objectifs restrictifs indiqués et la nécessité d’intervenir pour assurer la rentrée scolaire. A propos des manifestations de cet été vous affirmez :
« j’ai ressenti (…) cette émotion par rapport à la force de la riposte israélienne, mais je n’ai pas pu accepter que
parmi ces manifestants, je dis bien parmi car ils étaient minoritaires,
fusent des slogans antisémites (… ). Je suis
au regret de vous contredire : rien ne justifie dans les vingt manifestations
de l’été, à Lille, cette étiquette infamante d’antisémitisme, même d’une
minorité, qui aurait entaché le mouvement de soutien au peuple palestinien. C’est ni plus ni moins un mensonge.
Jamais la presse régionale, nationale et internationale, comme les nombreux
observateurs, attentifs à ce qui se passait cet été à Lille, n’ont relevé de
tels propos. Le représentant du préfet, rencontré le 16 juillet, en
délégation, n’y a pas fait l’ombre d’une allusion. Non pas que Lille soit une exception dans notre pays, mais il m’apparaît nécessaire de réaffirmer ce
que furent ces manifestations de l’été clamant « halte au massacre à
Gaza » : un mouvement populaire, jeune et féminin marqué par la
volonté de soutenir le peuple palestinien devant l’agression dont il est
victime à Gaza. J’attire votre attention sur
le fait qu’il est inadmissible de laisser croire que l’antisémitisme serait
une espèce de mauvaise pousse qui fleurirait dans les manifestations à
caractère populaire. Ce fut la force de ce mouvement populaire d’exister,
d’abord comme mouvement de solidarité
avec le peuple palestinien, profondément anticolonial, et de solidarité avec
les peuples du monde. Je vous précise qu’il est hors de question de laisser
mettre en cause le droit de manifester, comme cela est tenté, actuellement en
France. C’est un droit fondamental, inscrit dans la constitution. Je vous rappelle que l’agression dont fut victime la synagogue de
Lille, durant la précédente opération de guerre israélienne contre Gaza, dite
« plomb durci », fut le fait de membres d’une organisation d’extrême droite. Ils furent arrêtés et condamnés.
L’Association France Palestine Solidarité Nord-Pas de Calais, avait à
l’époque condamné cette agression fasciste, et aujourd’hui, elle condamne avec la plus grande clarté les
agissements du Front National et ses satellites, qu’elle combat. Un dernier point Madame le Maire, mais qui me paraît essentiel : non seulement il faut rompre le jumelage avec
Safed (et avec Haïfa guère plus fréquentable), mais est aussi nécessaire
d’apporter une aide réelle concrète, aux comités populaires des villages
autour de Naplouse, comme à la résistance dans la ville. Un élément décisif se trouve dans le combat pour la libération des
prisonniers de Naplouse. J’ai noté avec intérêt que vous êtes intervenu
auprès du Ministre des Affaires étrangères pour Sami Awad.
Cette intervention est à poursuivre et je vous rappelle l’exigence de la
résistance palestinienne : la libération de tous les prisonniers politiques.
Elle est celle de l’AFPS Nord-Pas de Calais avec le comité régional pour la
libération de Marwan Barghouti. Veuillez agréer, Madame le Maire, l’expression de mes sentiments très distingués. Jean-François Larosière (1) Voir ses déclarations des 9 et 24 juillet (2) Voir en PJ la motion adoptée au congrès de l’AFPS de juin 2013 |