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Gaza et la position de la France

Question écrite posée par J.J.Candelier à l’Assemblée Nationale, réponse du ministre des AE et mise au point de T.Tahani

 

 

QUESTION ECRITE n° 70880 publiée au JO le : 09/12/2014

 

 

M. Jean-Jacques Candelier interroge M. le ministre des affaires étrangères et du développement international sur les mesures prises qui font suite aux bombardements qui ont eu lieu à Gaza en août 2014. Dans une réponse à la question écrite n° 61331 du député, M. le ministre fait état de « mesures prises » qui « doivent demeurer conformes au droit international et notamment respecter les dispositions de la quatrième Convention de Genève et de la Convention de La Haye ». Il lui demande quelles sont ces mesures.

 

 

REPONSE publiée au JO le : 03/02/2015

 

 

Dès le début de la guerre à Gaza au mois de juillet, la France n'a ménagé aucun effort pour l'instauration d'un cessez-le-feu durable. La France, convaincue que la tragédie de l'été traduit l'impasse politique du processus de paix, souhaite que le conseil de sécurité des Nations unies puisse définir des paramètres consensuels pour une résolution du conflit. Elle plaide pour un accompagnement international des parties accru. La France a participé à la conférence des hautes parties contractantes à la IVème convention de Genève, organisée le 17 décembre dernier par la Suisse, Etat dépositaire des conventions de Genève. Cette Conférence a permis de rappeler les principes qui s'imposent à toutes les parties dans le cadre de l'application du droit international humanitaire. Par ailleurs, la France plaide en faveur de l'application de la légalité internationale, en particulier en matière de droits de l'Homme et de droit international humanitaire, en toute circonstance. Les principes encadrant tout conflit armé, notamment les principes de nécessité, de proportionnalité, d'humanité et de distinction entre les civils et les combattants, doivent être respectés. La France soutient la commission d'enquête internationale indépendante chargée d'enquêter sur les événements de Gaza, prévue par la résolution du conseil des droits de l'Homme adoptée le 23 juillet dernier, qui rendra son rapport en mars 2015.

 

 

MISE AU POINT de T.Tahani, président de l’AFPS le 20 février 2015

 

 

Le texte de la réponse est très intéressant. Il montre clairement le double langage de la diplomatie française. Qui va de paire avec sa politique de deux poids deux mesures.

 

En ce qui concerne la conférence de Genève (résolution : http://www.news.admin.ch/NSBSubscriber/message/attachments/37760.pdf  votée également par la France), la France a l'obligation d'agir pour « permettre le libre passage de secours humanitaires et garantir leur protection ». Ce qu'elle ne fait pas. Faire de sorte que les « violations graves du droit international humanitaire doivent donner lieu à une enquête, et que tous les responsables doivent être traduits en justice. ». Là, non plus, la France n'accompagne pas la demande palestinienne à la CPI, comme elle l'avait fait dans les cas de la Côte d'Ivoire et de la République Démocratique du Congo. Au contraire, elle fait pression dite « amicale » sur les Palestiniens pour qu'ils abandonnent ce chemin. Elle doit également prendre des mesures concrètes après avoir, avec l'ensemble des Hautes Parties contractantes qui ont participé à la Conférence de Hautes Parties contractantes à la quatrième Convention de Genève du 17 décembre 2014, exprimer sa « profonde préoccupation, du point de vue du droit international humanitaire, quant à certaines mesures prises par la Puissance occupante dans le Territoire palestinien occupé, y compris le blocus de la bande de Gaza» et réaffirmer le «caractère illégal des colonies de peuplement dans ledit territoire, de leur expansion et des saisies illicites de biens correspondantes, ainsi que du transfert de prisonniers vers le territoire de la Puissance occupante». Mais là aussi, ce qui domine au MAE ou à l'Elysée c'est de ne rien faire avant le 17 Mars, date des élections israéliennes. Comme si ces élections pourraient amener au pouvoir des forces dont la politique serait différente des actuelles.

 

Sur la dernière phrase du texte de la réponse, il s'agit d'une flagrante supercherie. On apprend que la France soutient la « commission d'enquête internationale indépendante chargée d'enquêter sur les événements de Gaza ». Or non seulement la France s'était abstenue lors du vote pour la constitution de cette commission mais elle avait en plus fait pression sur deux pays africains pour que le quorum, nécessaire pour la réunion du Conseil des Droit de l'homme, ne soit pas atteint. Le quorum a finalement été atteint, la commission a été constituée avec mandat d'enquêter sur tous les événements qui se sont produits depuis le 13 Juin. Mais cette commission n'a pas pu se rendre à Gaza, ni en Cisjordanie, ni en Israël à cause du veto israélien. Elle a mené son enquête depuis la Jordanie. La France n'a pas bougé le petit doigt pour obliger Israël à honorer ses obligations internationales. Donc de quel soutien parlent-ils ?

 

 

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