BALADI – Al-Quds 18 – Février
2015
Al-Quds au cœur de la Palestine et de
la nation :
Soutien à la résistance maqdisie palestinienne
Au fur et à
mesure que les élections du Knesset approchent, les menaces pèsent de plus en
plus sur al-Quds, et sur la bande de Gaza, plus
particulièrement. En effet, les partis sionistes de tous bords ont décidé la
surenchère entre qui profanera le mieux et le plus la mosquée d’al-Aqsa, entre qui couvrira le mieux la ville occupée de
colonies et de colons, entre qui frappera le plus fort la bande de Gaza et
détruira la résistance. Si les sionistes sont certainement incapables de
détruire la résistance militaire dans la bande de Gaza, qui se prépare déjà à
riposter à toute attaque, les maqdissis résistent,
autant qu’ils le peuvent, à la volonté sioniste de judaïser la ville et les
lieux saints. D’une part ils affrontent les soldats, policiers et colons de
l’occupation, et d’autre part, ils poursuivent leurs projets économiques,
éducatifs et sociaux, affirmant leur présence ancestrale dans leur ville. Ils
sont poursuivis, arrêtés, emprisonnés, et notamment les plus jeunes d’entre
eux, et c’est le tribut qu’ils paient à cause du silence complice de la
communauté internationale.
I - Al-Quds occupée : résistance palestinienne
Les militants
de plusieurs associations construisent un village « la porte d’al-Quds » sur des terres confisquées, situées à Abu
Dis, et prévues par l’occupant pour une colonie. Les forces de l’occupation
ont détruit, tout au long du mois, le village et volé tout le matériel, mais
les militants insistent à le reconstruire, dans une volonté d’empêcher
l’extension de la colonisation et le maintien des bédouins menacés
d’expulsion.
Les fidèles
palestiniens des territoires occupés en 1948 poursuivent leur visite
quotidienne, venus en car, à al-Quds et la mosquée
al-Aqsa. La campagne « al-Bayareq »
lancée par le mouvement islamique reprend ses tours quotidiens, malgré le
décès de 8 palestiniennes, lorsqu’un car transportant des fidèles du Naqab a été percuté, en pleine tempête, par un engin
conduit par un colon. Presque tous les jours, ce sont 300 fidèles qui
prennent le chemin d’al-Quds, pour affirmer la
présence palestinienne et musulmane dans cette ville.
Le 11
février, ripostant à une provocation des forces sionistes, la population de
Ras al-Amoud attaque les policiers et les colons.
Le 5 février, des jeunes ont fermé la route menant au quartier Sweyh, dans Ras al-Amoud devant
l’avancée des forces sionistes qui tiraient des bombes sonores et autres
projectiles. Le 9/2, des affrontements ont eu lieu à Ras al-Amoud entre les jeunes et les forces de l’occupation qui
ont essayé d’encercler l’école des filles. Des affrontements ont eu lieu
également devant Bab al-Amoud.
Le dimanche
21 février, un colon est poignardé près de la maison du maire de
l’occupation. Dans la nuit du 20 au 21 février, des affrontements ont opposé
les jeunes du quartier Al Issawiya aux soldats et
policiers de l’occupation.
Deux
jeunes ont lancé des bouteilles incendiaires contre les voitures de colons
dans la nuit du 3/2, sur la route Ayn Lawzé –Selwan, le 2 février. Le
3, des affrontements ont eu lieu entre l’occupant et les Palestiniens dans le
camp de Qalandia et Kfar Aqab, au nord d’al-Quds. Ils
ont duré toute la nuit. Le premier février, des jeunes lancent des
projectiles sur le tram dans la zone de She’fat.
Fin janvier,
une rencontre à Bir Zeit
a eu lieu pour proclamer le soutien et l’engagement envers la ville occupée
d’al-Quds, organisée par le conseil islamo
chrétien, sous la direction du père Manuel Msallam.
II - Al-Quds occupée : asphyxie et purification
ethnico-religieuse
La
judaïsation « touristique » de la ville d’al-Quds
bat son plein, avec le projet de construction de 850 chambres d’hôtel dans Jabal al-Mukabber, à l’est de
la ville occupée, sur 70 dunums confisqués par
l'occupant. Ce projet date de 2003, mais il fut gelé. Netanyahu le reprend,
dans le cadre de la campagne électorale. Cependant, la judaïsation
« touristique » est plus large encore, puisque des quartiers sont
visés à Wadi al-Joz,
Sheikh Jarrah, Beit Safafa.
Début
février, les bulldozers de l’occupant ont démoli une maison à Selwan, appartenant à Ma’mun Abbassi. Selon des chercheurs maqdissis,
l’occupation a prévu la démolition de plus de 20.000 maisons dans la ville
d’al-Quds, toutes appartenant à des Palestiniens,
en vue de les expulser, sous le prétexte de construction sans autorisation.
Mais les occupants sionistes accordent des permis de construction aux
Palestiniens, moyennant 40 à 50.000 dollars, avec un délai de 5 à 8 ans. Le
10/2, l’occupant a démoli la maison de Mohammad Abbassi,
qui abrite 14 personnes, dans Ras al-Amoud. La
famille a été expulsée de force de la maison et ses membres battus, avant la
démolition.
Le maire
sioniste de la ville occupée d’al-Quds a déclaré
vouloir consacrer plusieurs centaines de millions de shekels pour judaïser la
ville, notamment dans le tourisme et la culture « à caractère juif et
biblique » et dans l’enseignement des Maqdissis
qui devrait être modifié, soit sionisé.
Le village de
Lifta à l’entrée occidentale d’al-Quds, est menacé
par la judaïsation « touristique ». Village dont les maisons n’ont
pas été détruites, mais d’où ses habitants ont été expulsés, le village de
Lifta assiste à une nouveau plan sioniste, visant à le faire considérer par
l’UNESCO comme un patrimoine juif, à cause d’une prétendue source d’eau
datant de la Bible. En inventant une histoire biblique en Palestine occupée,
les sionistes tentent de s’emparer du pays tout entier.
Un plan de
confiscation renouvelé par l’armée sioniste vise à s’emparer de la zone
située à l’est d’Abu Dis, pour rattacher des milliers de dunums
aux colonies existantes et poursuivre le projet du « grand
Jérusalem ». Des 35.000 dunums appartenant à
Abu Dis, l’occupant a confisqué 30.000 dunums, du
côté Est. Pour ce faire, il compte expulser les bédouins, environ 10.000
personnes.
Le tourisme
au service de l’occupation : en construisant les hôtels sur les terres
palestiniennes confisquées, l’occupant essaie de promouvoir le tourisme dans
la ville d’al-Quds, qui n’est pas uniquement un
projet financier, mais surtout idéologique, où il essaie de mettre en avant
une histoire falsifiée grâce à des moyens technologiques modernes, au
détriment de la vraie histoire de la ville et du pays.
L’occupant
prévoit d’expulser des centaines de Palestiniens et de confisquer 520 dunums pour construire une déchetterie. Les terres
confisquées appartiennent à des Palestiniens de Issawiya
et She’fat. En plus des expulsions et des terres
confisquées, les associations des habitants de la zone visée ont expliqué que
leur santé est en danger puisque la déchetterie prévue se trouve à proximité
de leurs maisons. Pour Khalil Tefakji, directeur du
centre de cartographie dans al-Quds, ce projet est
en fait une tentative de prendre les terres de Anata
pour agrandir la colonie de Tallat Faransia et rejoindre plus tard la colonie de Maale Adomim.
Un nouveau
projet de judaïsation est en cours, vers la porte al-Jadid,
une des portes de la ville ancienne. Les sionistes prévoient de changer les
dalles historiques et de faire des travaux de voirie pour attirer les
touristes, et de mettre une plaque célébrant la thora sur la porte,
« pour que la porte devienne juive », de modifier les devantures
des magasins et les signalisations. La porte al-Jadid
a été construite en 1886, et est connue par le nom de « Bab Abdel Hamid II ». La porte donne accès au
quartier chrétien et à l’Eglise du St sépulcre. Pour l’institution al-Aqsa, la modification des traits du quartier vise à
dominer toute la zone, notamment à cause de la proximité du tram. 350
millions de shekels (90 millions de dollars) ont été consacrés entre 2013 et
2019 à judaïser la vieille ville, sous le prétexte de rénovation et de
développement touristique.
III – Al-Quds occupée : répression
L’arrestation
des Maqdissis se poursuit, que ce soit dans les
divers quartiers palestiniens de la ville ou dans la mosquée al-Aqsa. Un des gardiens de la mosquée, Muhannad
Idriss, a été condamné le 16/2 à trois mois de prison ferme pour avoir
empêché la police sioniste d’aider les colons à profaner la mosquée.
Les colons
tentent d’enlever l’enfant du martyr Ghassan Abu
Jamal alors qu’il jouait devant sa maison. Ses oncles parviennent à le
libérer. Un colon tire des coups de feu sur le jeune Mohamad Burqan, 17 ans, au quartier Thawri,
au sud de la mosquée al-Aqsa. Mohammad a été
transporté d’urgence à l’hôpital.
L’occupant a
arrêté le jeune Atiya Rajabi
au poste militaire installé devant le camp de She’fat
(10/2), et le jeune Yihya al-A’war,
22 ans, dans le quartier Ayn Lawze,
à Selwan, après l’avoir roué de coups. Deux mineurs
ont été arrêtés le 15/2 dans Selwan et 4 jeunes ont
été arrêtés le 16/2, dont deux du bourg Izariyyé,
et le mineur Ahmad Abu Fuli, 16 ans, a été arrêté à
sheikh Jarrah, Mohammad Ziyad Abu Isbitan, 16 ans à At-Tour. Mohammad Abu Tayeh a
été arrêté pour « contacts avec l’ennemi » (Hamas) à Selwan. Les enfants Mohammad Jaffal,
15 ans et Salameh Hadidoun,
16 ans, ont été arrêté à Abu Dis et immédiatement
transférés vers un centre de l’armée de l’occupation, pour interrogatoires.
L’enfant Hassan Nasser, 14 ans, a été arrêté à Ras al-Amoud
et emmené au poste de police de l’occupant, où il fut roué de coups.
L’enfant Mahmoud
Daoud Abul Hawa, 10 ans,
a été arrêté à Tour, le 4 février, et emmené au poste de police. Les
autorités sionistes ont réclamé le paiment de 750
shekels pour le faire sortir. Selon le centre d’informations de Wadi Helwa, les sionistes ont
arrêté 150 Maqdissis au cours du mois de janvier,
dont 65 enfants, 27 femmes et 8 hommes âgés entre 40 et 60 ans. Le 10
février, les jeunes Kadhem Abu Sbeih
(17 ans) et Majd Shqayrat
(19 ans) ont été arrêtés à Jabal Mukabber, au sud d’al-Quds.
Le 2/2, 5
Palestiniens ont été arrêtés dans le camp de Qalandia,
ainsi qu’une étudiante, Jihaz Ghazzawi,
30 ans, lors de sa sortie de la mosquée al-Aqsa. Le
3/2, le jeune Jihad Qaws, 21 ans, a été arrêté dans
sa maison dans la vieille ville.
Des colons
installés dans la colonie Maale Hazeetim,
sur les terres de Ras al-Amoud, se sont constitués
en milices armées, pour seconder les forces armées sionistes dans la
répression des Palestiniens. Sous la direction d’un membre ultra de la
municipalité de l’occupation, la milice des colons, dont les membres ont fait
partie de l’armée d’occupation, est un nouveau pas dans l’intensification de
la lutte entre l’entité coloniale et les Palestiniens.
Les autorités
de l’occupation ont libéré les jeunes Ayman Abbassi, 16 ans, de Ras al-Amoud,
après 17 mois de prison, et Bassem Baana, 23 ans, après deux mois de prison à Haddarim, accusé d’avoir frappé un soldat et lancé des
pierres.
Les
adolescents Mohammad Mustafa (14 ans) et Fadi Atiyyeh
(17 ans) ont été libérés, après versement de 3000 shekels, et leur détention
à domicile.
IV - Al-Quds occupée : les lieux saints
Une pancarte
a été installée par l’occupant devant une des portes de la mosquée al-Aqsa, portant le nom de « mont du temple » en
indiquant la mosquée. Le département des Awqafs
musulmans a protesté, disant que le changement de nom vise à s’emparer de la
mosquée al-Aqsa.
Le ministre
sioniste du logement, Uri Ariel, a déclaré que « cette année assistera à
la possibilité pour les juifs de pratiquer leurs droits religieux et
nationaux dans le Mont du Temple », ce qui signifie, pour le conseil
islamo-chrétien, qu’il s’agit d’une claire déclaration du partage de la
mosquée al-Aqsa et la poursuite de sa judaïsation, car
« les droits » dont parle le ministre signifie la mise en place
d’une synagogue à l’intérieur de la mosquée. Par ailleurs, sheikh Raed Salah a annoncé sa
crainte que les sionistes ne fassent exploser une bombe à l’intérieur de la
mosquée, après les élections de la Knesset, ce qu’il aurait entendu dire par
des responsables officiels arabes.
L’institution
Al-Aqsa pour le waqf et
le patrimoine a dénoncé les creusements à l’ouest de la mosquée al-Aqsa, soi-disant pour installer une pièce centrale de
contrôle de l’électricité. Ces creusements se déroulent dans la place al-Bouraq et le quartier al-Maghariba
détruit en 1967 par l’occupant. De nombreux vestiges musulmans ont été
détruits par les creusements.
Plusieurs
sites historiques musulmans sont transformés en salles d’eaux pour les
touristes et les colons. Dans le cadre de Bab al-Maghariba, dans la zone historique appelée « Jisr al-Banat », située à 50 mètres à l’ouest de la
mosquée, les autorités sionistes ont consacré un lieu historique musulman
pour servir de salles d’eaux.
La
profanation de la mosquée al-Aqsa est devenue
presque quotidienne, avec un nombre de plus en plus importants de
profanateurs, au fur et à mesure que les élections de la knesset
sioniste se rapprochent. Policiers, colons anciens et nouveaux, hommes des
renseignements, armée et hommes politiques, tous considèrent que la
judaïsation de la mosquée al-Aqsa doit être
réalisée au plus tôt. Les profanateurs sont accueillis par les Palestiniens
par des « Allahu Akbar », et parfois un peu
plus, ce qui entraîne une répression des fidèles musulmans, qui sont arrêtés,
bousculés, frappés, avant d’être emmenés aux postes de police, et jugés puis
interdits d’entrer dans leur mosquée pour un temps précis. Selon le centre
d’informations de Wadi Helwa,
660 colons ont profané la mosquée au cours du mois de janvier dernier. Ces
derniers ont insulté les fidèles musulmans qui s’y trouvaient, et tenté de
monter sur le dôme du Rocher.
V – al-Quds occupée : le quartier al-Buqaa
(d’après un article de l’écrivain historien Ussama Ayssa)
Malgré les
efforts de judaïsation incessants depuis 1948, le quartier d’al-Buqaa a préservé son caractère arabe. Près de la gare
ottomane du chemin de fer al-Quds-Yafa, les maisons du quartier sont là, depuis des dizaines
d’années. Le quartier est situé au sud de la vieille ville, près de la route
de Bethlehem. Le voyageur Elia Chelebi mentionne le
quartier en 1670, disant que la zone n’était pas construite mais qu’elle
était plantée de vignes et de vergers. Certaines sources mentionnent le
palais du mufti des Shafi’ites à al-Quds, Mohammad Khalili, à la
fin du XIXème siècle. Al-Buqaa fut également connu
par la « vallée des roses », à cause de l’abondance des roses qui
servaient à fabriquer de l’eau de rose pour les églises et pour les
habitants. Les sionistes avaient réclamé, lors de l’occupation britannique, à
changer le nom du quartier, mais les britanniques ont refusé, pour ne pas
susciter la colère des Arabes.
Les sionistes
parlent de projets de colonies dans al-Buqaa dans
les années cinquante et soixante du XIXème siècle, mais qui ne furent pas
exécutés. Le quartier d’al-Buqaa s’agrandit avec la
construction de « la colonie allemande » en 1873, puis « la
colonie grecque », puis le quartier Namamra,
qui sera connu par al-Buqaa al-Fawqa
(en hauteur), et le quartier Wa’riya (Buqaa al-Tahta, en bas). C’est
avec la construction de la ligne de chemin de fer en 1892 que l’urbanisation
du quartier se développe. Des maisons modestes furent construites près du
chemin de fer pour les employés, puis ces maisons ont été démolies, pour que
prennent place des maisons plus imposantes, pour les Maqdissis
et familles palestiniennes aisées et cultivées. Au cours de l’occupation
anglaise, fut inauguré le club orthodoxe arabe, qui avait une salle pouvant
accueillir 100 peronnes, et qui a accueilli des
activités sociales et culturelles. Le quartier avait son terrain de football,
son hôpital, et de nombreuses familles de la bourgeoisie palestinienne y ont
élu domicile.
Le 16
mai 1948, le quartier est dévasté par les colons sionistes, la plupart de ses
habitants se sont réfugiés dans la partie Est d’al-Quds,
en attendant le retour après la fin des combats. Très peu d’Arabes y sont
restés. Selon les témoignages, aucune résistance n’a eu lieu dans le
quartier. En juin, après le cessez-le-feu, les bandes sionistes pillent les
maisons, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. L’armée sioniste a envahi les
maisons, elle fut suivie par la population juive qui a tout pris, des
aliments jusqu’aux matériels électriques, les meubles, les tapis, les
armoires furent éventrées et leur contenu pillé, les vêtements, les bijoux…
pendant plusieurs mois. Les pilleurs ont arraché les dalles, les céramiques
des salles de bains, les boites électriques, les canalisations d’eau, rien
n’est laissé. Les portes et les fenêtres ont été démontées. Au mois de
septembre, les colons commencent à être installés dans le quartier. Les
quelques familles palestiniennes demeurées dans le quartier sont rassemblées
par l’armée sioniste dans un camp de concentration entouré de barbelés. Ce
n’est qu’en novembre 1949 que ces familles ont pu circuler, après avoir
obtenu des cartes d’identité de l’entité. Les maisons palestiniennes furent
confisquées et considérées « biens des absents ». Les familles qui
ont essayé de retourner dans leurs maisons, dans le quartier Namamra, alors qu’elles s’étaient réfugiées dans l’église
allemande, furent interdites de retourner par l’armée de l’occupation.
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