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Les Occidentaux face au repli sur soi d'Israël Editorial Dans les livres d'histoire, à la
rubrique Benyamin Nétanyahou, il sera forcément
fait mention de sa remarquable capacité de survie. Mais les commentaires ne
seront guère laudateurs sur ses méthodes et ses idées. La victoire inattendue
du Likoud aux législatives du 17 mars a été obtenue, notamment, grâce à
des messages racistes contre les électeurs arabes israéliens et à un
reniement, par M. Nétanyahou, de son engagement en
faveur d'un Etat palestinien. Avec un mélange de cynisme et d'ardeur
idéologique, le premier ministre a réussi à se maintenir au pouvoir. Après un
mois et demi de négociations harassantes avec ses partenaires de la droite
nationaliste et ultraorthodoxe, " Bibi "
s'est assuré une majorité rachitique de 61 députés sur 120 à la Knesset. Dire que le nouveau gouvernement ne
jouira d'aucun état de grâce est très en dessous de la réalité. Le navire
quitte le port en pleine tempête et sans voile. Confirmé jeudi, le
gouvernement réserve de nombreux postes clés à des figures politiques ou
religieuses radicales. Que deviendra l'éducation, sous la houlette du leader
d'extrême droite Naftali Bennett ? Quelle sera
l'ampleur des attaques contre la Cour suprême, gardienne des Lois
fondamentales, dès lors que la ministre de la justice, Ayelet
Shaked, n'a cessé de la critiquer ? Sans parler du poids des ultraorthodoxes, qui ont obtenu des concessions inouïes
de la part de M. Nétanyahou, prêt à défaire
tout ce que les centristes de son gouvernement précédent avaient accompli. Israël donne le sentiment d'une fuite en
avant, qui finit par exaspérer ses meilleurs amis, américains et européens.
Ce repli identitaire n'est pas seulement le fait des partis de droite, mais
d'une grande partie de la société, qui s'est accommodée d'un déni collectif
sur la question palestinienne. Il n'y aurait pas d'interlocuteur crédible :
le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, en se réconciliant
avec le Hamas, aurait lié son sort à l'organisation terroriste. Il n'y aurait
donc plus rien à négocier, seulement à gérer un statu quo sécuritaire, en
poursuivant la colonisation en Cisjordanie. L'Autorité palestinienne s'est lancée,
en 2014, dans ce qu'elle appelle une " Intifada diplomatique
". L'idée est d'attaquer Israël sur tous les terrains politiques et
juridiques, pour contester l'occupation. Les diplomates occidentaux et arabes
tentent de promouvoir une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies
qui définirait une solution de paix et surtout un calendrier contraignant,
inacceptable pour Israël. Une première tentative s'est heurtée, en décembre
2014, au veto américain. La France met en place actuellement une
concertation en vue d'une nouvelle résolution. Longtemps, l'idée de pressions ouvertes,
voire de sanctions contre Israël, était taboue en Occident. Seule démocratie
au Moyen-Orient, terre refuge des juifs européens après l'Holocauste, l'Etat
hébreu, protégé par le parapluie américain, n'a jamais eu à répondre de ses
violations répétées de la loi internationale et des résolutions de l'ONU.
Mais, aujourd'hui, un vent inédit souffle contre Israël, illustré par la
multiplication des reconnaissances de la Palestine, dont la dernière vient du
Vatican. Les Etats-Unis, concentrés sur la conclusion des négociations avec
l'Iran d'ici au 30 juin, réservent leur stratégie. Mais le débat est
lancé en Europe et la question des sanctions est sur la table. |