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Khalida Jarrar devant le tribunal militaire d’Ofer: les aveux des témoins obtenus par la torture et la contrainte Par Samidoun (Réseau de Solidarité avec les Prisonniers
Palestiniens) Le 30 aout 2015 (traduit de
l’anglais par Y. Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers) Khalida Jarrar, la parlementaire palestinienne de gauche et féministe qui est emprisonnée depuis le 2 avril par l’armée d’occupation israélienne a fait face le lundi 24 août à un tribunal militaire israélien à Ofer. Son audition devant le tribunal militaire court a déjà été différée deux fois auparavant. L’audition s’est déroulée pendant environ six heures et continuera le 20 septembre. Deux des trois témoins amenés par l’accusation ont été l’objet d’une descente et ont été arrêtés afin d’être amenés pour témoigner devant le tribunal et le troisième a été amené de prison étant donné qu’il est actuellement détenu. Deux témoins ont témoigné, et le troisième sera ramené le 20 septembre pour témoigner. Les deux témoins ont nié les renseignements contenus dans leurs aveux et ont témoigné qu’ils s’agissaient de faux aveux arrachés sous la contrainte et la torture: privation de sommeil, mise en isolement et menaces d’arrêter des membres de leur famille. Alors le procureur militaire, avec l’approbation du juge, a traité les témoins de “témoins hostiles”, tandis que les avocats de la défense, de l’association Addameer (=Conscience) de Soutien aux Prisonniers et de défense des Droits de l’Homme ont insisté sur le fait que de tels aveux arrachés sous la torture et la contrainte sont non fiables et faux et doivent être rejetés. Jarrar a été arrêtée le 2 avril 2015 par les forces d’occupation israéliennes qui ont envahi sa maison de Ramallah au cours d’une descente nocturne. Jarrar est une avocate réputée des prisonniers politiques palestiniens, présidente de la commission sur les prisonniers du Conseil Législatif Palestinien (=Parlement), ancienne directrice exécutive d’ Addameer et actuelle vice-présidente du bureau des directeurs d’ Addameer. En août-septembre 2014, elle est sortie victorieuse d’une tentative de l’état israélien de la déplacer de force à Jéricho, en installant une tente de protestation permanente à l’extérieur du bâtiment du CLP et en manifestant jusqu’à l’annulation de l’ordre. Une fois arrêtée, elle a été l’objet d’un ordre de détention administrative sans inculpation ni jugement; suite au tollé énorme à la suite de sa détention, son cas a alors été transféré aux tribunaux militaires. Elle a été inculpée selon 12 chefs d’accusation totalement politiques, parmi lesquels son appartenance et son soutien à une organisation interdite (ce qui s’applique aux principaux partis politiques palestiniens), ses discours publics et son soutien aux prisonniers politiques palestiniens. Samidoun, Réseau de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens salue Khalida Jarrar et demande instamment sa mise en liberté immédiate. La solidarité et l’indignation dans le monde entier, en même temps que sa détermination, ont obligé à annuler sa détention administrative et l’ordre de déplacement; il est temps maintenant d’intensifier la lutte pour obtenir sa liberté et de continuer à organiser des manifestations. Une manifestation a été organisée aujourd’hui à Copenhague pour soutenir Jarrar; s’il vous plaît, informez-nous de vos actions et de vos évènements par un message à <samidoun@samidoun.net>. Voici ci-après la déclaration d’ Addameer: Hier, 24 août 2015, s’est tenue la première audience pour entendre les dépositions des témoins dans le procès de la députée Khalida Jarrar. Trois des témoins de l’accusation ont comparu, et deux ont présenté leur témoignage en raison des contraintes de temps. Les deux témoins ont parlé des conditions dans lesquelles leurs aveux ont été obtenus, avec notamment tortures et mauvais traitements. Ensuite, l’accusation a demandé que les témoins soient considérés comme des “témoins hostiles” et la cour a accepté la requête. Ceci a permis à l’accusation de contre-interroger les témoins et de prétendre que les aveux obtenus initialement étaient sincères, tandis que les témoins faisaient de fausses déclarations dans la salle d’audience. La défense a toutefois cherché à prouver le contraire – que leurs aveux initiaux étaient boiteux, étant donné qu’ils avaient été obtenus sous la contrainte. Les témoins ont parlé de pressions et de mauvais traitements pendant l’interrogatoire, parmi lesquels la privation de sommeil, le fait d’être attaché pendant de longues heures dans des positions douloureuses, le fait d’avoir été menacé de tortures supplémentaires et de l’arrestation de membres de leur famille. En plus, il a été mis en évidence que les témoins ont été interdits de visites de leur avocat pendant de longues périodes, ce qui montre que leurs aveux ont été recueillis hors de la présence d’un conseil juridique. La prochaine audience pour les témoignages est fixée au 20 septembre 20. |