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Disparition de Henning Mankell,
grand défenseur des Palestiniens Le 5 octobre 2015 Par Yves Goaër
(AFPS) Henning Mankell est mort à l’âge de 67 ans dans la nuit de
dimanche à lundi. Outre le fait qu’il était un grand écrivain suédois, avec
son commissaire Kurt Walander et plein d’autres
romans, il était un grand défenseur des Palestiniens. En 2010 il faisait,
avec une dizaine de suédois membre d’un des bateaux de la Flotille
de la Liberté et il avait raconté la fin de son voyage : « Ce qui me travaille beaucoup, c’est la stupidité
israélienne. S’ils avaient voulu nous stopper sans perdre la face, ils
n’avaient qu’à détruire les hélices ou les gouvernails et remorquer les
navires vers le large. Mais s’engager consciemment dans une confrontation
violente et tuer des gens, cela me dépasse", ajoute-t-il. Puis il raconte
ce qui s’est passé à bord. "J’étais de quart de minuit à trois heures.
C’était calme. Je suis allé me coucher, mais je n’ai pas eu le temps de
m’endormir car quelqu’un est venu me dire qu’il se passait quelque chose.
Nous avons vu des hélicoptères qui larguaient des hommes et nous avons
entendu des rafales. Il était alors 4h30. À 4h35, ils ont pris notre navire à
l’abordage. Nous étions réunis sur la passerelle, et ils nous ont dit de
descendre à l’intérieur du bateau. Il y en a peut-être quelques-uns qui ont
pris un peu leur temps et ils se sont immédiatement fait tirer dessus avec
des pistolets type Taser. Un autre a reçu une balle
en caoutchouc", explique-t-il. "Au bout d’un moment, un soldat
cagoulé est venu nous dire qu’ils avaient découvert des armes. Et ce parfait
crétin est arrivé avec mon rasoir et un cutter qu’il avait trouvé dans la
cuisine. Puis il a déclaré qu’il devait nous emmener avec lui, car nous
étions des ’terroristes ». Déjà en juin
2009, lors du Palestine Festival of Literature, il
avait témoigné : « La cérémonie d'ouverture devait se tenir au
Théâtre National Palestinien à Jérusalem. Nous venions juste de nous
rassembler quand des soldats et des policiers Israéliens lourdement armés
sont arrivés et ont annoncé qu'ils allaient interrompre la cérémonie. Quand
nous avons demandé pourquoi, ils ont répondu : vous êtes un risque pour la
sécurité. » Et il avait
continué : « Prétendre que nous posions à ce moment une menace
terroriste réelle pour Israël est absolument dépourvu de sens. Mais en même
temps, ils avaient raison : nous représentons une menace quand nous venons en
Israël et exprimons ouvertement nos points de vue sur l'oppression de la
population palestinienne par Israël. Elle peut se comparer à la menace
que moi-même ainsi que des milliers d'autres avaient autrefois représenté
pour le système d'apartheid en Afrique du Sud. Les mots sont
dangereux. » Les
organisateurs du festival avait transférer toute la cérémonie d'ouverture au
Centre Culturel Français. Avec son épouse, Henning Mankel
il avait profité pour voyager et témoigner longuement de ce qu’il avait
observé en Palestine, par exemple : « En Cisjordanie,
l'aggravation est une affaire de degré. Le pire de tout, c'était à Hébron. Au
milieu d'une ville peuplée de 40 000 Palestiniens, 400 colons Juifs ont
confisqué une partie du centre de la ville. Les colons sont brutaux et
n'hésitent pas à attaquer leurs voisins Palestiniens. Pourquoi ne pas uriner
sur eux depuis les fenêtres des étages supérieurs? Nous avons vu des
documents où des femmes colons et leurs enfants donnent des coups de pied et
frappent une femme Palestinienne. Les soldats Israéliens qui voyaient ce qui
se passait ne faisaient rien pour les en empêcher. C'est la raison pour
laquelle il y a des gens à Hébron qui, au nom de la solidarité, se portent
volontaires pour suivre des enfants palestiniens sur le chemin de l'école et
du retour à la maison. 1500 soldats Israéliens protègent ces 400 colons, nuit
et jour ! Chaque colon est protégé en permanence par 4 ou 5 gardes du corps. » Ce n’est là
qu’un extrait de son texte qu’il termine ainsi : « L'Etat
d'Israël ne peut s'attendre qu'à être vaincu, comme toutes les puissances
occupantes. Les Israéliens détruisent les vies. Mais ils ne détruisent pas
les rêves. La chute de ce scandaleux système d'apartheid est la seule chose
concevable, car elle est impérative. La question n'est donc pas si mais quand
elle se produira. Et comment ! » |