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La dégradation de la situation économique
dans la bande de Gaza en 2015 Par Ziad Medoukh Le 8 février 2016 L’année 2015,
dans la bande de Gaza, a été marquée par le maintien du blocus israélien
inhumain imposé de façon illégale par les forces de l’occupation depuis plus
de neuf ans, mais aussi, notamment, par la poursuite des agressions
israéliennes contre cette région isolée, sans oublier les conséquences
dramatiques de la dernière offensive militaire israélienne de l’été 2014, la
troisième offensive en cinq ans, et la plus meurtrière. Une offensive
qui a détruit les infrastructures civiles de toute une région, ce qui aggrave
une situation déjà difficile pour toute la population civile, dans tous
les domaines. Sur le plan
économique, la situation ne cesse de s’aggraver, notamment à cause de
l’augmentation du chômage et du niveau de pauvreté, sans oublier l’incapacité
de bâtir une véritable économie dans la bande de Gaza. Pour beaucoup
d’économistes locaux et internationaux, l’année 2015 est considérée
comme la plus catastrophique pour l’économie palestinienne depuis 20
ans. L’économie de
la bande de Gaza souffre d’une crise très grave due aux agressions
israéliennes, à la fermeture des passages commerciaux et au blocus. Cette
situation empêche tout développement d'une économie en faillite qui ne trouve
pas les ressources nécessaires pour sortir d'une crise qui touche tous
les secteurs. La fermeture
totale des passages commerciaux qui relient la bande de Gaza au monde
extérieur depuis 2007, et son ouverture aléatoire, sporadique,
arbitraire et partielle, ont rendu l’économie gazaouie chaotique, sans aucun
espoir de redressement, tous les secteurs économiques sont paralysés en raison
de l’arrêt complet de tous les projets en cours. La
dégradation de l’économie dans la bande de Gaza, et les conséquences
dramatiques de la dernière offensive militaire pour toute une population civile,
ont même rendu les projets de reconstruction très difficiles, et ont paralysé
l’économie locale. La situation
économique catastrophique dans la bande de Gaza en 2015 se manifeste
par : - Un
recul des indicateurs de l’économie palestinienne, car l’économie de la
bande de Gaza contribue pour 45% au PIB palestinien. Cette situation a rendu
l’économie palestinienne dépendante de l’économie israélienne et de l’aide
internationale. Le pouvoir d’achat est devenu très faible pour les
Palestiniens de Gaza en 2015, ayant connu un recul de 9% selon le ministère
palestinien de l’économie dans son rapport annuel de 2015. - L’infrastructure
civile : Selon le Comité national de la reconstruction de Gaza, 36% de
l’infrastructure civile de la bande de Gaza ont été détruits sans aucun
espoir de reconstruction immédiate, notamment avec le retard dans le début
des projets de reconstruction privé et public. - Les
pertes financières directes ou indirectes dues à cette dégradation
dépassent les 4 milliards d’euros selon l’autorité des finances dans les
territoires palestiniens, l ’équivalent de la Banque Centrale. - Le
secteur privé a été le secteur le plus touché, d’après la Chambre de
Commerce et d’Industrie de Gaza, ce secteur qui employait environ 50.000
personnes avant 2015, et qui représentait 40% du marché de travail dans la
bande de Gaza, est actuellement paralysé. A cause de la destruction de
90% des usines, des entreprises privées et des ateliers, avec l’interdiction
d’entrée des matières premières pour tous les projets et plus de 700
installations industrielles fermées sans réouverture, avec la fermeture
définitive en juillet 2014 de la seule zone industrielle du nord de la
bande de Gaza, après la destruction de toutes ses usines, à cause de tout
cela, le secteur privé emploie actuellement moins de 9.000
personnes. - Le
secteur de l’agriculture qui employait 20.000 travailleurs a aussi été
touché. Les chiffres du Ministère palestinien de l’Agriculture montrent
qu’actuellement, 4200 personnes seulement travaillent, avec une baisse
permanente de revenu. Ce secteur souffre, en dehors de la destruction
des terres agricoles et des fermes, de l’interdiction israélienne permanente
d’exporter les produits agricoles de Gaza, connus pour leur qualité,
notamment les fraises, les roses, les tomates et les oranges, vers les
marchés extérieurs. Sans oublier la diminution des terrains cultivables, des
espaces ayant été détruits par les différentes incursions israéliennes
sur les différentes régions de la bande de Gaza. La surface cultivée a
diminué de 15% en 2015. Les pertes
agricoles quotidiennes, à cause de la non exportation des produits agricoles
vers l’étranger, est de 50.000 euros par jour. Conséquence grave :
beaucoup de personnes sont en train d’abandonner leur terre agricole à
cause de ces pertes, cette terre étant remplacée par des constructions et des
bâtiments. Une autre raison, la décision israélienne de porter la
profondeur des zones tampons, au nord et au sud de la bande de Gaza, à
500 mètres, ajoute à la détérioration du secteur agricole. De plus, la
mort de nombreux animaux a rendu l’élevage très difficile, et les prix ne
cessent d'augmenter. Les pertes du secteur agricole ont dépassé 200 millions
d’euros en 2015. Avant 2015,
la zone cultivée dans la bande de Gaza s'élevait à 120 000 mètres
carrés. Actuellement, il est estimé que 50 % de la zone cultivée, dont
des vergers et des serres, ont été gravement affectés. Selon le rapport
de la Chambre de Commerce de Gaza, le coût de l'impact sur les moyens de
subsistance des agriculteurs, combiné à celui des mesures de nettoyage
nécessaires, s'élève à environ 12 millions d'euros. - L’industrie
: 90% des usines existantes sont fermées sans réouverture à cause de la destruction
de plus de 300 sites industriels, et du manque de matières premières,
d’exportation comme d’importation. La bande de Gaza est connue pour ses
industries de qualité, notamment les vêtements, le tissu et le bois, les
pertes dans ce secteur, en 2015, sont de 7 millions d’euros par mois
selon le Programme des Nations-Unies pour le Développement. - Le
secteur de la pêche souffre énormément des attaques permanentes de la
marine israélienne. Celle-ci interdit aux pécheurs Gazaouis de s’éloigner de
plus de 500 mètres dans les eaux de Gaza. Ces restrictions et ces
limites ont influencé ce secteur et plus de 700 pêcheurs, ont, soit
changé d'activités, soit continué à pêcher mais avec un revenu minimum. - Le
chômage a augmenté,. Le taux de chômage a dépassé les 67% en
novembre 2015. Mais le phénomène le plus dangereux, selon l’Organisation
Mondiale du Travail, dans son rapport sur Gaza en novembre 2015, est la
hausse du chômage chez les jeunes et les diplômés de moins de 30
ans, qui atteint 77%. Suite à la dernière attaque israélienne, plus de
25.000 personnes e sont ajoutées aux chômeurs. - La
pauvreté : 67% de la population de Gaza vit en dessous de seuil de
pauvreté, depuis Juillet 2014. Selon le bureau palestinien des statistiques,
le taux de l’insécurité alimentaire dépasse les 73% chez les familles. - L’augmentation
du nombre de personnes qui dépendent des organisations humanitaires. Selon
les sources du bureau des Nations-Unies pour les réfugiés palestiniens -
UNRWA - dans la bande de Gaza, plus de 950.000 personnes ont bénéficié du
programme de l’aide alimentaire géré par le bureau. Ce programme a élargi ses
services pour cibler les citoyens et non seulement les réfugiés. - Les
passages commerciaux : Actuellement, par jour, 150 à 200 camions entrent
à Gaza via le seul passage commercial ouvert cinq jours par semaine. Ce
passage se situe au sud de la bande de Gaza, mais la moitié de ces camions
sont pour les organisations internationales et leurs projets de
reconstruction d'écoles et de stations d’eau. Parmi ces camions, 5 ou 6
seulement contiennent des matériaux de construction, notamment le ciment. Ce passage se ferme sous n’importe quel prétexte, par
décision israélienne, sans prendre en considération les besoins énormes
de la population civile. D’après
les chiffres de nombreuses organisations internationales qui travaillent dans
la bande de Gaza, ce passage a été fermé pendant145 jours en 2015, ce qui
représente 34% des jours de l’année. Gaza n’a
droit qu’à 120 produits au lieu de 770 avant le blocus. Certains produits et
médicaments n’entrent pas, ce qui a aggravé la situation. Selon les
estimations des organisations internationales, la bande de Gaza a besoin de
900 camions par jour pour répondre aux besoins énormes d’une population en
augmentation permanente. Sans oublier la liste des 120 produits toujours
interdits d’entrer par ordre militaire israélien. Cette
fermeture a empêché la libre circulation des importations et des exportations
des biens et produits de Gaza, en particulier les matières premières et
les produits semi-finis. - L’électricité :
La seule centrale électrique de la Bande de Gaza - qui a été bombardée lors
de la dernière agression - fonctionne à seulement 30% de sa capacité.
Beaucoup d’usines sont fermées à cause du manque de courant électrique et de
carburant. - L’eau :
Les dommages causés aux canalisations d’eau et d’assainissement ont été
immenses. En octobre 2015, plus de la moitié des Gazaouis n’avait plus aucun
accès à l’eau potable. - Les projets
de reconstruction de Gaza : Après dix-sept mois de la fin de la
dernière offensive israélienne de l’été 2014, aucun projet de reconstruction
n’a commencé. Tout ce qui a
été réalisé était une réparation partielle de quelques maisons et habitations
dans le cadre des projets de secours aux sans-abri. Actuellement,
il y a plus de 7000 personnes qui vivent toujours soit dans des caravanes
inhabitables, soit à côté des ruines de leurs maisons détruites. L’organisation
britannique Oksfam, a déclaré que si ce rythme de reconstruction en cours
devait continuer, Gaza aurait besoin de 100 ans pour être reconstruite à
nouveau. Le
gouvernement israélien refuse l’ouverture des passages et maintient son
blocus sur Gaza. Les organisations internationales n’arrivent pas à faire
pression sur ce gouvernement, et les Palestiniens de Gaza sont dans
l’attente. Seulement 10%
de l’argent promis lors de la conférence sur la reconstruction de la bande de
Gaza, les 11 et 12 octobre 2014 au Caire. - 5.6 milliards de dollars promis -
est versé, soit directement à l’autorité palestinienne, qui se heurte
à d’énormes difficultés pour mener des projets de reconstruction, à
cause des mesures israéliennes d’une part et des divergences politiques entre
les différents partis palestiniens d’autre part, soit aux organisations
internationales qui s’intéressent surtout à distribuer des aides alimentaires
aux sans-abri plutôt que de commencer la reconstruction des maisons
détruites. Les
conséquences de la dernière offensive et cette situation marquée par
des difficultés économiques, obligent de nombreux habitants à aller récupérer
des matériaux dans les zones tampons, au nord et au sud de la bande de
Gaza, des zones dangereuses contrôlées par l’armée de l’occupation
israélienne qui n’hésite pas à tirer, causant en 2015 la mort de plusieurs
personnes. On est passé,
suite à cette situation catastrophique dans la bande de Gaza, d’une économie
familiale non-violente à une économie dépendante d’Israël et des
organisations internationales. Ces conséquences
économiques sur la population montrent une fois de plus que le véritable
objectif de cette politique israélienne étouffant la bande de Gaza, dans le
silence complice de la communauté internationale officielle, est de
casser la volonté remarquable et la patience extraordinaire de cette
population, en pleine résistance malgré un blocus qui dure et qui dure, et
malgré différentes agressions israéliennes. Le problème
est, qu’au début de 2016, il n’y a aucun indicateur d’une amélioration
immédiate dans la situation économique pour la bande de Gaza, surtout avec le
maintien du blocus israélien et le retard dans les projets de reconstruction,
sans oublier les menaces israéliennes contre cette région de plus en plus
laissée à son sort. Les
questions qui se posent au début de cette nouvelle année : Quand la
reconstruction de Gaza commencera-t-elle ? Jusqu’à
quand la dégradation de la situation économique dans la bande de Gaza ? Jusqu’à quand
ce blocus israélien inhumain contre la population civile de la bande de
Gaza ? Jusqu’à
quand la souffrance des Palestiniens de Gaza ? Jusqu’à
quand cette impunité d’Israël ? Et jusqu’à
quand le silence complice de cette communauté internationale
officielle ?
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