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Pour vous, un message d’Elsa Lefort Paris, le11 février 2016 Mesdames,
Messieurs, Dans deux
jours je ne pourrai plus prendre l’avion, enceinte de 8 mois, pour aller
accoucher là où je vis, à Jérusalem, près de mon mari, Salah Hamouri, un
franco-palestinien. Jusqu’au bout
je ferai tout mon possible pour y parvenir et
votre soutien m’est particulièrement précieux dans ce moment difficile
à vivre que je ne souhaite à personne de connaitre, même à mon pire ennemi. J’ai été
expulsée d’Israël à mon retour de France où j’ai pu, enfin, venir pour passer
les fêtes de fin d’année avec ma famille et mes amis. Je n’étais pas sortie
du territoire israélien depuis 18 mois pour cause d’impossibilité
administrative. C’était une
grande joie pour moi et mon mari, une joie qui s’est terminé en cauchemar à
mon retour. Le 5 janvier,
à mon retour à Tel Aviv, les gardes-frontières israéliens m’ont bloquée puis
jetée en prison pendant deux jours malgré ma grossesse. J’avais
pourtant un visa officiel valable un an, jusqu’en octobre 2016. Ce “visa de
service” avait été délivré par les autorités israéliennes elles-mêmes à la
demande du Consulat français de Jérusalem où je suis employée. C’est donc
non seulement moi mais notre pays, la France, qui a été ainsi atteinte par
les autorités israéliennes sans la moindre humanité ni respect de leur propre
engagement attaché à ce visa “multiples entrées et sorties” qu’ils avaient
délivré en toute connaissance de cause. On m’accuse
d’être “dangereuse” pour la sécurité d’Israël ! Ceci sur la seule base d’une
affirmation du Shin Beth qui n’a pas eu à fournir, car tel n’est évidemment
pas le cas, la moindre preuve de leur accusation. Seule leur parole vaut. Quand je suis
venue en France le 21 décembre, je n’étais pas “dangereuse” et le 5 janvier
je l’étais devenue ! Cet
arbitraire absolu n’est pas sans arrière-pensées. Si notre enfant ne nait pas
à Jérusalem, il sera uniquement Français et il sera exposé à toutes les
tracasseries, voire à l’impossibilité, de se rendre à Jérusalem pour vivre
avec nous et, plus tard, pour voyager et revenir à Jérusalem. Ce statut des
plus précaires pour notre enfant, le soumettrait à la seule discrétion des
autorités israéliennes. C’est inacceptable d’envisager cela pour la mère que
je suis et pour son père qui est Jérusalémite. Je
continuerai jusqu’au bout à clamer le respect du droit qu’on a bafoué pour
des raisons politiques. Jérusalem,
comme vous le savez, est annexée par Israël malgré cette non acceptation ni
reconnaissance par l’ONU. La partie orientale, arabe, est vidée de mille
manières de ses habitants par la “Force occupante”, selon l’expression
employée par l’ONU. Je suis, nous
sommes mon mari, moi et notre enfant, dans le “viseur” de cette politique.
C’est effroyable mais c’est ainsi. Les autorités
françaises ont fait savoir leur désaccord avec cette situation. Mais les
dirigeants israéliens ne cèdent pas. Je n’imagine pas que notre diplomatie
soit sans moyen pour régler ce “cas”. Je voulais
vous dire tout cela avant je ne sais quelle issue. Et saluer fortement votre
soutien, ce que vous avez fait pour nous venir en aide - dans votre grande
diversité sociale et politique - et saluer ce que vous ferez peut être
pendant qu’il est encore temps. Je voulais
vous remercier tout simplement et ne je manquerais pas de vous tenir informés
des évolutions de cette situation. Avec mes
meilleurs sentiments. |