Retour

 

Vendredi 16 février à Lille

Journée “Colonisation, guerre et paix en Palestine: ce que disent les sciences sociales”

organisée par des membres de la FSJPS et l’association SciencesPopNord

 

 

2024-02-16AfficheFSJPSa.jpg

 

 

2024-02-16AfficheFSJPSb.jpg

 

 

 

A la Faculté des Sciences Juridiques, politiques et sociales de Lille, une journée entière consacrée à la « question palestinienne » divisée en 3 moments et faisant intervenir des chercheurs spécialisés sur la « question ».

L’amphithéâtre n'a pas désempli de toute la journée : des personnes extérieures à la fac dont un bon nombre appartenant aux associations de solidarité avec la Palestine, mais aussi beaucoup d’étudiants de la fac même, certains venant là entre 2 cours…

A féliciter : l’excellent travail des organisateurs dans leurs choix des sujets et des intervenants ainsi que dans l’organisation et le déroulement de la journée.

 

Dans la matinée, Nitzan Pelerman du CNRS (Entre continuité et radicalisation : l’état de la société israélienne depuis le 7 octobre 2023) et Sarah Daoud du CERI (« Au nom de la sécurité nationale : l’activité de négociation des services de renseignement égyptiens dans le « dossier palestinien ») se sont complétées pour présenter la situation politique « des 2 cotés » et « planter le décor » sur le terrain.

 

Le début de l’après-midi a été consacré aux Palestiniens eux-mêmes.

Deux universitaires se sont adressés au public français par vidéo pour exposer la réalité vécue sur le terrain : de Jérusalem, Taher Labadi de l’IFPO et de Birzeit, Mouna Ibayyeh.

 

Taher, sociologue économique, a fait une analyse des discours et des pratiques économiques en Palestine et au Moyen-Orient. L’appareil productif palestinien s’est continuellement érodé depuis 1967. Le secteur agricole et industriel a été réduit de 2/3. Les entreprises sont très petites et se concentrent sur les services, en ville, car moins dangereux vis-à-vis des spoliations de terre ou des fermetures forcées. Beaucoup de contraintes pour les producteurs palestiniens désirant exporter leur production. Un agriculteur fait face à la spoliation des terres, l’expansion des colonies, etc… L’économie palestinienne est une économie sous perfusion. 20% de la main d’œuvre (150k-200k travailleurs palestiniens) travaillent dans l’économie israélienne (en Israël et dans les colonies israéliennes en Cisjordanie). Ils ont un permis de travail. Les différents rapports internationaux montrent des conditions de travail très difficiles : taux d’accidents sur les chantiers le plus important au monde.

 

Mouna a exposé les problèmes de l’éducation en Palestine et la répression des mouvements d’étudiants et d’enseignants. La liberté des déplacements des Palestiniens est entravée par des barrages, des fouilles, des humiliations, des arrestations, des attaques… « Israël contrôle nos choix de vie, nos conditions de vie… L’occupation est sur le terrain et sur l’espace numérique : interdiction d’exprimer douleur, opinion, désespoir sur l’espace numérique… ».

Par rapport au département français de Birzeit : après le 7/10/23, les étudiants qui apprennent à s’ouvrir à la culture française et la langue, éprouvent en fait un rejet envers les médias français qui manipulent leur vécu, leur histoire et leur réalité… Ils sont déçus et se sentent trahis par le soutien inconditionnel de la France à Israël…

 

En complément, l’anthropologue Véronique Bontemps du CNRS, ayant effectué de nombreux séjours en Cisjordanie, a été capable de faire partager au public les problèmes éprouvants de la population sous occupation. Que fait la situation coloniale aux Palestiniens? Que deviennent les vies quand la violence devient un fait structurant de la vie quotidienne ? La circulation est une question structurante: elle confronte les habitants à la fragmentation territoriale et à différents statuts: à chaque statut (souvent une zone territoriale) correspond une façon de se déplacer différente. La violence dans les Territoires occupées retarde ou empêche les déplacements, crée des files d’attente, diffère ou reporte les activités quotidiennes, étire le temps d’attente quel que soit ce que l’on attend, et force les gens à traîner « aux mauvais endroits aux mauvais moments ».

 

Pour sa part, le sociologue palestinien Sbeih Sbeih a élargi la « question » en exprimant avec force la souffrance palestinienne d’une vie passée à devoir « attendre » (des solutions) et en remettant en question : les buts réels de l’économie imposée par les occidentaux, la transformation des ONG en « bailleurs de fond », les aides (par microprojets). Le peuple palestinien est acculé dans une impasse…

Le marché de l’emploi qu’on construit pour l’Autorité Palestinienne est totalement dépendante des aides internationales. « Les US jouent, l’UE paye, la banque Mondiale domine et Israël occupe »

Ici en France, il fait face à d’autres problèmes dont le discours scientifique sur la Palestine où sévit la pensée coloniale : le Palestinien c’est l’autre, le « barbare » car la Palestine est lue à travers l’eurocentrisme.

 

Après une courte interruption, Karine Lamarche et Catherine Bandini, deux chercheuses en sociologie ont exposé les tentatives de coexistence entre Palestiniens et Israéliens, en Cisjordanie et en Israel…

 

Puis ce fut le tour à 2 associations lilloises de se présenter : Amitié Lille Naplouse entretenant des relations et des liens entre les citoyens de Naplouse et les Lillois, et l’AFPS 59/62 dont l’intervention a porté sur "qui sommes nous, quelles sont nos actions, que faire pour amplifier les mobilisations...".

 

La boucle s’est bouclée sur un temps culturel de poésie et musique palestiniennes.

Un stand de l’AFPS 59/62 s’est tenu pour répondre aux demandes et proposer du matériel militant.

 

Un événement exceptionnel qui a été apprécié par son travail sérieux et de qualité !

 

 

Retour