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Déclarations
de Nabil EL HAGGAR L’Europe est coupable, première partie 25 février
2009 Par Nabil El-Haggar, Universitaire, Quand la vérité n’est pas
libre, la liberté n’est pas vraie Prévert Le massacre
de 22 jours et nuits est suspendu dans l’attente de l’arrivée de la nouvelle
équipe gouvernementale israélienne. Les heureux survivants
sont toujours punis d’un blocus total. Ils respirent encore du Phosphore
blanc mélangé à la poudre noire. Ils sont menacés par des tonnes de déchets,
des matières toxiques et des munitions non-opérées qui peuvent mettre en
péril leur vie à chaque instant. Ils n’ont
pas encore fini de ramasser les corps et ce qu’il en reste, d’un fils ou
d’une fille, d’un mari ou d’un cousin recouverts par les décombres. Ils sont des
milliers à devoir survivre sous une tente pour la deuxième fois, soixante ans
après avoir étés expulsés par les milices sionistes et avoir étés réduits à
la condition de réfugiés à Gaza. Les survivants de Gaza et tous les Palestiniens du monde cherchent à
comprendre pourquoi le monde a laissé le monstre nommé Israël faire ce qu’il voulait
d’eux pendant plus de 22 jours. Pourquoi la Civilisation a laissé faire,
alors qu’elle a été informée du massacre en préparation par l’exécuteur,
lui-même membre prestigieux du club
des « civilisés ». Nous savons
que le voyou est protégé et considéré comme une exception par ceux qui l’ont
fabriqué. Nous savons qu’il n’a pas pour habitude de demander autorisation.
Il décide, informe, exécute sa décision et exige la bénédiction de la famille
nommée Europe, laquelle a toujours pensé avoir pour obligation de le
cautionner. C’est ainsi que l’Europe se rend complice du monstre depuis
soixante ans. L’Europe est deux fois coupable : d’abord par cette
complicité, ensuite, ce qui est plus grave, parce qu’elle a trahi ce qu’elle
incarnait aux yeux des Palestiniens, le seul espoir qui restait pour eux de
voir un monde plus juste ! Un monde qui soit capable d’arrêter le crime
qu’ils subissent depuis 60 ans! L’Europe est
définitivement deux fois coupable ! D’abord,
afficher le ton Dès le 29 décembre Le Monde [1] affiche, à sa une, le ton qui sera celui
des médias et des Etats européens : « Israël s’apprête à intervenir
militairement dans la bande de Gaza »… « Même l’écrivain Amos
Oz, connu pour ses idées pacifistes, estime que les souffrances des civils
vivant à la périphérie de la bande de Gaza ne peuvent plus continuer ». Ne doit-on
pas comprendre qu’Israël doit se défendre, parce que c’est lui qui est
agressé ? Le Monde
ajoute : « une intervention de Tsahel n’est pas sans risque, la
population civile risque d’en être la première victime ». Le ton est
donné, le massacre aura lieu ! mais il ne devra ni ne sera appelé par
son nom. On dira « Offensive », « intervention »,
« riposte », « actions anti-terroristes » que l’enfant
prodige nommé le Tsahel mènera en notre nom à nous tous ! Quelle est
sympathique cette proximité qu’éprouvent les médias européens, comme la
grande majorité de la classe politique européenne, avec cette
« chose » qui porte une si jolie appellation : Tsahel ! C’est si
mignon de s’appeler Tsahel que l’on en oublie qu’il s’agit de la cinquième
puissance militaire du monde, ayant en sa possession 200 têtes nucléaires
opérationnelles. Le lundi 29
décembre, le Quai d’Orsay décline la position officielle de la France en
trois points : 1- « La priorité », selon Paris, est « la
fin des hostilités et le retour de la
trêve ». 2- La France
estime, ensuite, que « l’urgence est aussi humanitaire » et
propose « une aide médicale et alimentaire supplémentaire à la
population de Gaza ». 3- Enfin, à
moyen terme, « dans la perspective d’une trêve renouvelée qui
permettrait de réexaminer les modalités du bouclage de Gaza par Israël, la
France a fait part de la disponibilité européenne pour reprendre un rôle
« dans l’assistance aux points de passage de Gaza qui doivent rester
ouverts »[2]. A la lecture
de ce communiqué au nom de la République, on pourrait croire qu’il s’agit
d’une crise humanitaire : on parle d’hostilités que l’on ne juge pas. Il
y a des victimes que l’on doit aider, sans jamais en désigner les
responsables. Pas un mot sur l’occupation, encore moins sur la colonisation,
une acceptation du blocus de Gaza que l’on pourrait améliorer… Mardi 30
décembre, les ministres européens se réunissent à Paris. « En dépit de
leurs divergences sur l’opération – jugée légitime par les uns,
disproportionnée par les autres – les Européens sont parvenus à une
déclaration commune réitérant les appels au cessez-le-feu. » Voilà tout
ce dont, après une longue discussion, les responsables européens ont été
capables pour tenter de sauver les centaines et les milliers de palestiniens
dont le sort avait déjà été scellé ! Le premier
janvier le président français reçoit la ministre israélienne des affaires
étrangères. Il demande un cessez-le-feu qui lui sera refusé ! Depuis le
premier janvier, les Européens n’ont fait que des allers retours entre
l’Europe et le Moyen-Orient pour l’obtention d’une trêve ! La vérité
est que pendant ce temps, ils laissaient sciemment le temps à Israël pour
continuer sa sale besogne. Selon des
médecins français, La diplomatie de notre pays a refusé l’autorisation de
faire venir en France des jeunes palestiniens atteints des blessures
graves ! Pourquoi ce
refus, qui semble étonnant, étant donné que la France a beaucoup insisté
sur l’humanitaire ? La seule réponse convaincante est que notre
diplomatie a cédé aux pressions d’Israël qui ne voulait pas de témoins de sa
barbarie sur le territoire français. Le temps du massacre est passé ! Dernier geste
« symbolique » : celui d’envoyer en mission la frégate
française "Germinal", qui a procédé pendant deux semaines à des
actions de surveillance dans les eaux internationales au large de la Bande de
Gaza. Ce bâtiment agissait "en appui aux actions menées par l'Egypte et
Israël contre la contrebande d'armes à destination de Gaza", précise la
présidence française dans un communiqué. Le symbole est fort : La France
se considère comme militairement alliée à Israël. C’est ainsi que pour la
première fois depuis la guerre de Suez de 1956 elle participe à une opération
militaire au profit d’Israël. Le symbole est aussi fort car il indique sans
ambiguïté une position politique appuyée par une participation armée au côté
d’Israël. Ce soutien solennel à Israël fait définitivement tomber les
masques ! Selon l’Europe, l’agressé c’est Israël, les agresseurs sont
les Palestiniens. Ces agresseurs doivent être traités comme des bandes
armées, qu’il faut empêcher de s’équiper. Par là même, l’Europe dénie aux Palestiniens
le droit à la résistance. Quant à Israël, bien sûr, on trouve naturel qu’il continue à
développer son impitoyable et meurtrière machine de guerre. L’Europe est
coupable ! Deux mondes, deux mesures Alors que le blocus barbare affamait et tuait les Palestiniens à Gaza
et que le mur de l’apartheid comme les centaines de barrages continuent à
pourrir quotidiennement la vie à des centaines de milliers de Palestiniens en
Cisjordanie, alors qu’Israël continue la colonisation de la Cisjordanie à un
rythme effréné, alors que plus de onze mille Palestiniens croupissent dans
les prisons israéliennes depuis de longues années sans jugement, sous la
torture et souvent pour de raisons de résistance politique, l’Europe sous
présidence française a décidé de rehausser ses relations avec Israël. Ce qui
est contraire à la charte européenne. L’Europe est
coupable ! Le cas du
soldat Gilad Shalit, capturé en juin 2006 par le Hamas est instructif. Le
Hamas, rappelons-le n’est pas un Etat mais un groupe armé de résistance. La
capture de Shalit a mobilisé les autorités françaises, alors que celui-ci est
caporal dans l’armée israélienne, il s’est fait capturer en uniforme dans une
mission de guerre (Israël est en guerre permanente contre « le
terrorisme »). Il n’a pas été à Gaza dans une mission politique et
encore moins humanitaire ! La famille du soldat a été reçue trois fois
par le président de la République ! Le 16
décembre 2008, le Conseil de Paris a décidé d’attribuer le titre de Citoyen
d’Honneur de la Ville de Paris à Gilad Shalit, en signe de solidarité de
l’ensemble des Parisiens envers ce jeune franco-israélien de 22 ans. Faut-il
en déduire que le Maire de Paris et son conseil considèrent que la guerre que
mène Israël contre les Palestiniens est une guerre franco israélienne ?
Serait-elle une guerre dont les intérêts sont liées à ceux de la France et
des Français? Dans l’autre
monde, Salah Hamouri, un jeune Français citoyen ordinaire de père palestinien,
qui aura 24 ans en avril prochain, va entamer sa 5e année d'emprisonnement en
Israël. Condamné à 7 ans de prison par un tribunal militaire israélien le 17
avril 2008, il a été jugé et condamné sans preuves ni aveux et sans que sa
défense puisse être assurée selon les règles fondamentales du droit de la
défense. Ce que les autorités israéliennes appellent « une punition
préventive ». Son arrestation, comme sa condamnation et son
emprisonnement, sont illégaux au regard du droit international (car réalisés
en territoire occupé par une puissance occupante). Aucune
autorité française, ni l’Etat ni « saint Kouchner », ni le Maire de
Paris n’ont été émus d’une telle injustice à l’encontre d’un citoyen français
qui n’a rien fait de répréhensible. Plus grave,
ils ne semblent pas plus que l’ensemble des autorités européennes, être
scandalisés des pratiques israéliennes vieilles de 60 ans telle que
« la punition collective », « la punition préventive » et
« l’assassinat préventif ». Autrement, comment comprendre que les
autorités de notre pays n’ont pas cherché à obtenir au moins, les preuves
d’accusation fournies par le tribunal d’un Etat très ami !
Pourquoi rien n’a-t-il été fait pour libérer ce jeune homme ? Les exemples
qui attestent une permanente complicité de la France et de l’Europe avec
Israël sont trop nombreux pour êtres tous cités. Cette complicité européenne est bien grave
pour l’Europe elle- même pour au moins deux raisons : La première
est que le massacre de Gaza engendre naturellement une facture à acquitter dont une part non négligeable
devra être acquittée par l’Europe. La deuxième raison est que cette
complicité éthiquement et politiquement scandaleuse donnerait raison à Henry
Kissinger qui disait : « Les grandes puissances n’ont pas de
principes, elles n’ont que des intérêts ». A suivre : |
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