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DOSSIERS PRESSE Le mur et la Cour internationale de La Haye Le mur, malgré et contre tout Le gouvernement israélien a décidé, jeudi 12 février, de boycotter les délibérations de la Cour internationale de justice de La Haye, qui examinera à partir du 23 février la légalité du mur de séparation construit en Cisjordanie. “Après avoir examiné les recommandations formulées par les experts et la position de plusieurs autres pays sur ce sujet, Israël a décidé de ne pas participer aux audiences de la Cour internationale de justice de La Haye (CIJ) qui commenceront le 23 février”, a annoncé, jeudi 12 février, Alan Baker, le conseiller juridique du ministère des Affaires étrangères israélien, relate Ha’Aretz. D’ailleurs, poursuit le quotidien, selon Irit Kahan, le responsable du département des affaires internationales au bureau du procureur, “la présence ou l’absence d’Israël au tribunal de La Haye ne changera en rien la décision de la Cour qui sera certainement contre Israël.” Le boycott de la CIJ a quasiment recueilli l’unanimité lors de la réunion de la commission ministérielle, sous la présidence du Premier ministre Ariel Sharon. En effet, sur les sept ministres présents, “seul le ministre de la Justice, Yosef Lapid, était favorable à la présence d’Israël aux délibérations de la CIJ afin de défendre son droit à ériger un mur de sécurité contre la terreur”, précise le quotidien israélien. “Ce refus israélien est soutenu par le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’Union européenne”, remarque le quotidien anglais The Guardian. Conçue pour empêcher l’infiltration de kamikazes palestiniens, la ligne de séparation devait, au départ, suivre le tracé de la “ligne verte” séparant Israël de la Cisjordanie, mais son tracé actuel s’enfonce profondément dans les Territoires palestiniens occupés afin de protéger des colonies juives. Les Palestiniens, qui qualifient cette barrière de “mur de l’apartheid”, dénoncent le fait qu’elle annexe de facto des secteurs entiers de l’Etat qu’ils ambitionnent de créer, relève Ha’Aretz avant de rappeler que “c’est suite à la demande de l’Assemblée générale des Nations unies que la CIJ a accepté de tenir des audiences pour délibérer sur la légalité de la construction de ce mur”. Mais Israël ne sera pas totalement absent. En janvier “un document de 150 pages, certifié sous serment, a été adressé par le gouvernement israélien à la CIJ. Ce document explique la position d’Israël, qui estime que ce tribunal n’a pas compétence pour débattre de la question de la clôture de prévention du terrorisme, car il s’agit du droit fondamental d’Israël à assurer sa défense”, rapporte Ha’Aretz. Par ailleurs, Israël sera également présent à La Haye à travers la manifestation prévue par les services de sauvetage israéliens ZAKA, qui se chargent de rassembler les corps des victimes déchiquetés après les attentats. En effet, rapporte le Los Angeles Times, “ZAKA a annoncé sa décision d’envoyer sur place la carcasse d’un bus attaqué par un kamikaze palestinien ainsi que des volontaires pour expliquer aux passants de quoi il s’agit.” Le Jerusalem Post signale de son côté l’initiative d’un comité nommé “coalition civile” qui organise avec une agence de voyages le transport à des tarifs réduits “de plusieurs centaines de manifestants pour participer à la démonstration organisée sur place par des groupes de juifs et de chrétiens. La manifestation qui aura lieu ne prend pas position pour ou contre le mur, mais souhaite dénoncer la démarche de la Cour qui s’est saisie du mur sans prendre en considération les causes de sa construction, à savoir le terrorisme. En focalisant sur un seul élément, la complexité de la situation est ignorée, et Israël est réduit au rôle de bouc émissaire.” Ce comité affirme qu’il n’a aucune affiliation politique et que, malgré certaines réductions obtenues auprès des compagnies de voyages, “en l’absence de subventions gouvernementales ou d’aide provenant d’organisations juives, une grande partie des frais devra être supportée par les participants qui seront tous logés dans le même hôtel”, poursuit le quotidien israélien. “La décision du gouvernement israélien de boycotter les délibérations de la Cour internationale de justice de La Haye (CIJ), n’a rien d’étonnant”, estime Al Quds al-Arabi. Pour ce quotidien palestinien édité à Londres, les Israéliens prétendent que la CIJ n’est pas compétente pour se saisir de cette affaire car “en fait Israël est à court d’arguments pour justifier la construction du mur”. D’ailleurs, poursuit Al Quds al-Arabi, “ils le disent eux-mêmes, pour eux c’est perdu d’avance”. Le quotidien rappelle que les décisions de la CIJ n’ont pas un caractère obligatoire, à l’instar des résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies. Néanmoins, de manière générale, ses jugements sont respectés par la communauté internationale qui tient compte de ses décisions et les applique, précise Al Quds al-Arabi, avant de déplorer “qu’Israël se place au-dessus de la loi internationale”. Et de conclure : “Si les Etats-Unis avaient un droit de veto à la CIJ, Israël s’y serait rendu sans rien craindre.” Hoda Saliby Courrier international |