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DOSSIERS PRESSE Les accords de Genève Les extrémistes
palestiniens contre l'initiative de Genève
Le nouveau plan de paix non officiel élaboré par des personnalités
politiques israéliennes et palestiniennes est solennellement lancé
aujourd'hui à Genève, alors que les discussions au niveau officiel sont
au point mort.
"Le gouvernement israélien a catégoriquement rejeté cet accord, qui a en revanche bénéficié du soutien du président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat", poursuit le quotidien palestinien édité à Londres. Un soutien exprimé du bout des lèvres et qui a laissé la porte ouverte aux pressions et aux menaces formulées par différentes mouvances palestiniennes, y compris le Fatah, le parti de Yasser Arafat. Ainsi, dans la bande de Gaza, des manifestants partisans des mouvements radicaux comme le Hamas et les Brigades d'Al Aqsa (branche armée du Fatah) ont tenté d'empêcher le départ d'une délégation palestinienne qui devait rejoindre Genève. Faute de soutien interne, certains responsables du Fatah, signataires du document de Genève, ont renoncé à leur voyage, alors que d'autres maintenaient leur participation. Cependant, un haut responsable du Fatah, le ministre sans portefeuille Qadoura Farés, a déclaré après une journée d'hésitations qu'il se rendait à Genève "à la demande expresse du président Yasser Arafat". Il a critiqué la "campagne menée contre l'initiative de Genève au sein même du comité central du Fatah", accusant l'instance dirigeante du parti "d'avoir un double langage", rapporte Al Quds al-Arabi. Mais un autre responsable du Fatah dans la bande de Gaza (et qui a souhaité garder l'anonymat) a déclaré que "Yasser Arafat est au courant de tous les détails des termes du document de Genève. Si l'initiative réussit, il sera le premier à signer. Si elle échoue, il pourra toujours se rétracter, car son engagement n'est nullement officiel." Ha'Aretz est du même avis et demande : "Pourquoi Arafat garde-t-il le silence ?", avant de constater que "parfois il se déclare en faveur de l'initiative et parfois il adopte une position négative. C'est un comportement classique de la part d'Arafat. Il préfère attendre et voir de quel côté va tourner le vent." En effet, compte tenu du refus indiscutable de cette initiative de la part d'Ariel Sharon et de son gouvernement, "Arafat préfère ne pas se ridiculiser en concluant un accord avec quelques gauchistes israéliens". Dans ces conditions, rien n'indique que "l'activité diplomatique qui se déploie avec frénésie depuis quelques semaines aboutira à quoi que ce soit." Al Quds al-Arabi estime également que "cette initiative est vouée à l'échec, car elle implique l'abandon du droit au retour pour plus de 5 millions de Palestiniens". Pour Yossi Beilin, le négociateur israélien, le document de Genève "sauve l'Etat israélien et lui garantit son identité juive", cite Al Quds al-Arabi. Pour sa part, Abed Rabbo justifie sa participation à l'initiative de Genève en arguant qu'elle "met un terme aux souffrances quotidiennes des Palestiniens vivant sous l'occupation et traduit le soutien de la communauté internationale à l'édification d'un Etat palestinien indépendant" ; Mais pour Al Quds al-Arabi ce document ne servira que les intérêts israéliens. En revanche, les droits du peuple palestinien et sa souveraineté sont bafoués. "Le plus grand danger réside dans l'abandon du droit au retour, qui est garanti par la résolution 194 des Nations unies. Y renoncer revient à précipiter le peuple palestinien dans des guerres internes." Mais deux autres quotidiens palestiniens, Al Qods et Al Hayat al-Jadida, sont plus nuancés dans leur appréciation de l'initiative de Genève. Ainsi, Al Hayat al-Jadida consacre un long article au droit de retour des réfugiés palestiniens. Le quotidien constate que les choix sont difficiles, car, "pour être réaliste, il faudra accepter l'édification de l'Etat palestinien au prix d'une renonciation à ce droit". Dans ce contexte défavorable aux Palestiniens, Al Hayat al-Jadida recommande cependant la prudence : "Il est inutile d'offrir des concessions, notamment sur la question des réfugiés, en l'absence d'un engagement israélien en faveur d'une solution équitable." Mais, toujours dans Al Hayat al-Jadida, un autre article reprend l'historique des diverses négociations de paix, pour finalement défendre l'initiative de Genève et la qualifier "de dialogue serein qui se déroule à l'abri des slogans pompeux. C'est un moyen de lutte politique." Al Qods revient également sur les multiples rencontres israélo-palestiniennes "qui ont eu lieu sous le parrainage des Etats-Unis et d'autres pays amis. Régulièrement, ces démarches se noient dans des discussions stériles concernant le quotidien des Palestiniens et leurs souffrances. Et l'on oublie l'essentiel : mettre un terme à l'occupation israélienne." Et, dans le même quotidien, un autre article voit dans les récentes rencontres israélo-palestiniennes "un espoir pour ressusciter le processus de paix au Proche-Orient". De son côté, le gouvernement israélien d'Ariel Sharon a demandé aux Etats-Unis de se garder de soutenir l'initiative de Genève, qui "ne peut qu'encourager le terrorisme et porter atteinte à la feuille de route", rapporte Al Quds al-Arabi. Sans soutenir explicitement l'initiative, le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a adressé une lettre d'encouragement à ses auteurs. Il est même question d'une possible rencontre entre Powell, Beilin et Abed Rabbo. "Une telle rencontre constituerait une percée diplomatique plus qu'embarrassante pour Ariel Sharon", a déclaré le représentant palestinien en Suisse, Anis al-Qaq, rapporte Al Quds al-Arabi. Selon ce journal, Sharon, qui est à la tête du gouvernement israélien depuis février 2001 et qui avait promis la sécurité à Israël en cent jours, devra prouver à la communauté internationale et à son opinion publique qu'il est prêt à discuter avec les Palestiniens et qu'il est capable d'apporter la paix et la sécurité à Israël. |